Voix des membres

Un espace dédié à l’expression individuelle des membres de l’ONG, où chacun peut partager ses idées, critiques, analyses et projets postmonétaires. Découvrez des perspectives variées et des réflexions originales qui enrichissent le débat et alimentent notre vision collective d’une société sans argent.

La fin du cash !....

        cadran circulaire d0bb5Régulièrement, ressort l'idée de la suppression du cash au profit de la monnaie digitale, tantôt par les fanatiques des cryptomonnaies, tantôt par les banques ou les pouvoirs publiques. Christine Lagarde en a fait son cheval de bataille depuis plus de dix ans, l'UE a fait une longue enquête pour tester l'intérêt ou les résistances des citoyens. La BRI, après de longues hésitations, a créé un service spécial consacré à cette idée. Plus vraisemblablement, l'usage des cartes bancaires et des paiements par téléphone va peu à peu remplacer la monnaie matérialisée et la rendre obsolète. Elle disparaîtra comme le téléphone fixe à cadran rotatif a disparu de l'espace public, puis de l'espace privé. Il n'était pas rentable d'entretenir deux systèmes non compatibles : les cadrans rotatifs, beaucoup plus lents que les claviers numériques ont fini par bloquer les transmissions des particuliers aux centrales.
        Certains pays ont testé l'abandon du cash, comme la Suède. Les commerçants qui n'avaient pas encore de terminaux de paiement ont été aidés par le gouvernement, les Églises aussi, pour recevoir les "deniers du culte ", les SDF ont reçu des portables gratuits avec compte bancaires intégrés pour "faire la manche"... Le cash existe encore mais a quasiment disparu. En France, 69% des usagers utilisent encore quotidiennement les espèces. L'expérience a été quelque peu réduite quand, en mars 2024, une cyberattaque menée par des hackers a paralysé les paiements en ligne dans tout le pays. Le tout numérique c'est avéré être d'une fragilité telle que le gouvernement suédois et les banques en sont revenus aux échanges en espèces, au moins pour les produits essentiels. Une piqûre de rappel !... Ce danger concerne tout autant les cryptomonnaies (bitcoin, ethereum...) puisque la blockchain conserve une trace publique, indélébile et infalsifiable de chaque transaction, ce qui ne garanti aucune confidentialité. Il est bon aussi de rappeler que le "darknet", utilisé par tous les réseaux de drogue, de prostitution, d'évasion fiscale ou de pédophilie, a prouvé ses capacités à brouiller les pistes et à avoir toujours un train d'avance sur les services officiels.
        Mais l'aventure du "sans cash" ne fait que commencer. Comme toujours, les solutions partielles résolvent des problèmes partiels mais en rien le système. Tout ce qui relève des dérives dues au fonctionnement de l'argent, se retrouve dans tout argent, qu'il soit sous forme d'espèces, de chèques, de lignes numériques ou de carambar ! C'est ce que démontre parfaitement la première question du quidam qui entend parler de notre souhait d'abolir l'argent : « Ah, vous voulez supprimer le cash ? », en général suivie par l'évidence : « Alors vous voulez revenir au troc ! ».... L'idée que l'argent, le troc, le paiement informatique serait des choses différentes et interchangeables est encore indéboulonnable dans beaucoup d'esprits...
        Il reste que les drogués de l'argent qui, malgré des discours écologiques, de gauche, anticapitalistes ou simplement égalitaristes, feront tout pour argumenter sur l'idée aussi simple que « l'argent tue ! » On peut déjà recenser les arguments pour (avantages) et quelques rares contre (inconvénients).
Les Avantages pour l'État : La fin du cash permet un contrôle économique et politique total. Nous ne sommes pas à l'abri d'un gouvernement totalitaire et rien ne dit qu'un gouvernement de type Trump, Le Pen, Méloni ou Orban, cède à la tentation de bloquer le compte numérique de quelqu'un sur un simple clic, faisant de l'opposant ou du délinquant un mort-vivant social ! Le modèle chinois, en donne une bonne idée avec son yuan numérique associé au "crédit social". Il donne à l’État la possibilité de limiter l'accès à des services essentiels en fonction d'achats "inappropriés" ou de comportements déviants (contester une directive de l’État ou traverser une rue hors des clous...). Big Brother enfin incarné !
Les avantages pour les banques : Sans cash, il n'y a plus aucun risque de "bank running" ! Il ne faut pas oublier que les meilleurs banques n'ont pour avoir qu'un dixième au mieux des dépôts des clients. Pour l'instant leur seul recourt est de ponctionner les avoirs de particuliers ou d'entreprises au-delà de 100 000€. C'est la loi ! Sans le cash, les clients ne pourrait tirer de l'argent liquide et les banques pourraient ponctionner tous les comptes dès de premier euro pour se renflouer. Christine Lagarde l'a un jour signaler lors d'une conférence de banquiers à Londres !... En somme, c'est le même avantage des retraites par capitalisation sur les retraites par répartition. Si un État est en défaut de paiement, il peut difficilement couper brutalement les retraites. Un fond de pension en faillite, met la clé sous la porte et laisse en rade des millions de retraités sans le moindre scrupule. Ce n'est pas une fiction, voir la faillite d'Enron en août 2001. Une belle arnaque financière sur fond de corruption politique, d'un montant de plus d'un milliard de dollars et mettant sur la paille 45 000 salariés...

Les avantages pour les citoyens : Ils sont rares : en dehors de la commodité de payer par contact avec son portable sans avoir à chercher de la monnaie, c'est un minuscule confort au regard des risques. Certes, les paiements sans contact de plus en plus fréquents avec les smartphones, y compris pour de toutes petites sommes. En revanche, plus rien n'échappe à la traçabilité, tout est enregistré. Et sachant que l’État et la banque ont la capacité d'y accéder, il est douteux que des acteurs moins bien intentionnés ne puisse aussi y accéder...
Les avantage pour les mafias en tous genres : Nous avons vu ce dont les hakers sont capable avec la Suède. Avec les seuls cryptomonnaies (devises classiques, bitcoin, ethereum...), puisque la blockchain conserve une trace publique, indélébile et infalsifiable de chaque transaction, rien ne garanti la moindre confidentialité. Il est bon aussi de rappeler que le "darknet", utilisé par tous les réseaux de drogue, de prostitution ou de pédophilie, a prouvé ses capacités à brouiller les pistes et à avoir toujours un train d'avance sur les services officiels. Et sachant que certaines mafias et autres cartels de la drogue ont des PIB supérieur à bien des États, nous aurons quelques soucis à se faire sans cash !...

      A l'évidence, et une fois de plus, l'évidence c'est que l'argent, quelle que soit sa forme, sa gestion, et la probité de ceux qui le détiennent est une source de problèmes qu'aucune configuration politique ne peut résoudre, aucun programme politique, dans aucun pays au monde. Une abolition pure et simple de l'argent, et donc de l'échange marchand, est l'unique solution que tous les économistes cherchent en vain depuis Aristote et Démosthène... L'abolition de l'argent peut se décréter, comme on a décrété la fin de l'esclavage, puisque c'est une simple convention sociale qui pourrait être toute autre...
       Alors pourquoi pas une société postmonétaire !...