Voix des membres

Un espace dédié à l’expression individuelle des membres de l’ONG, où chacun peut partager ses idées, critiques, analyses et projets postmonétaires. Découvrez des perspectives variées et des réflexions originales qui enrichissent le débat et alimentent notre vision collective d’une société sans argent.

Mais que fait la police !?!

police_7882b.jpg

           Une question revient sans cesse dans tout les débats sur la société postmonétaire que nous défendons : « Sans argent, sans État, comment assurer la sécurité des citoyens. La nature humaine ne changera pas par décret !... » Ce à quoi je réponds habituellement par une autre question: « Croyez-vous sincèrement que la police assure la sécurité du citoyen?» Et là, les arguments pleuvent, avec pour seul intérêt, de mettre en exergue tous les biais cognitifs que l'on peut imaginer. Par exemple: 
- "Si on vous vole votre voiture, votre premier réflexe est d'appeler la gendarmerie !..." 
     
C'est effectivement mon cas, car sans un dépôt de plainte, mon véhicule risque d'être flaché, identifié avec la seule plaque d'immatriculation, donc avec une amende qui arrivera chez moi. Sans une plainte enregistrée à la gendarmerie, je n'aurais aucun recours, aucun motif de contestation. Mais nous parlions d'une société sans argent, ce qui signifie sans "propriétaire" responsable du véhicule privé. Sans argent, on comprendra vite qu'il est plus simple d'organiser des garages collectifs où chacun pourra choisir un véhicule en rapport avec ses besoins, qu'il vaut mieux quelques dizaines de voitures utilisées à temps plein, plutôt qu'une voiture individuelle utilisée deux heures par jour et par une seule personne.  Et quel imbécile ira voler un véhicule qu'il peut obtenir sur simple demande légitime?... 
- "Comment va-t-on empêcher les gens de s'approprier les biens d'autrui s'il n'y a plus de police?"
     
 Et pourquoi s'approprier un bien que l'on peut avoir légalement? Avec l'argent nécessaire à toute activité humaine, à commencer par notre propre reproduction matérielle, les vols, trafics, extorsion, abus de biens sociaux, corruption,  proxénétisme, etc., remplissent 80 /% des prisons. Votre question omet de contextualiser l'environement, comme si les choses pourrait être semblable en période de guerre et de paix, dans un milieu douillet ou hostile, avec de l'argent en circulation ou pas... Personnellement, j'appelle cela le biais cognitif du saucisson: A voir la tranche qui représente les objets, les vols, la police, on oublie le saucisson entier, fait du dogme de la propriété privée, d'envies démultipliées par la publicité, d'immédiateté des pulsions décuplée par le productivisme, autant de systèmes de pensée qui sont, eux-aussi, biaisés par la banalité de l'argent.
 - "Sans la police, la moindre manifestation va dégénérer en émeute, avec voitures incendiées et magasins pillés!"
       Mais aussi sans main arrachée, sans visage éborgné, sans traumatismes crâniens, sans bavure mortelle venant d'une police endoctrinée par les partis d'extrême-droite comme aujourd'hui. Il faut lire le livre de Jean-Louis Arajol "Manifeste pour une police républicaine. Cet ancien policier, 
secrétaire général du Syndicat Général de la police (SGP), majoritaire à 54% dans les années 1990, explique comment, avec la complicité de l'Etat, le Front National, pour ne pas le nommer, a infiltré et radicaliser la grande majorité des policiers. (Voir), [éd.Héraclès, 2025].   Dans un monde sans argent, il ne pourrait y avoir de policiers salariés, dotés d'un esprit corporatiste, manipulés par une propagande politique. Il y aurait des policiers locaux, élus pour des tâches précises, dotés d'un mandat impératif et révocable au premier incident. Une cause juste pourrait scander avec succès "La police avec nous" sans risquer de recevoir des gaz lacrymogènes....
       Sans argent, tout le sytème politique, policier, judiciaire serait autrement géré. Les sanctions envers des policiers corrompus ou abusant de leur pouvoir seraient vite repérés et sanctionnés sans pour autant que leur vie soit gâchée! La proximité entre la police et les citoyens limiterait rapidement les propos racistes ou homophobes, les contrôle au faciès, les interrogatoires musclés... Changer de ministre de l'intérieur ou de préfet ne change rien, mais passer d'un  système monétaire à un système a-monétaire change tout. Libre à vous de ne pas le comprendre... 
          Sans argent, quelle nécessité y aurait-il d'un centralisme étatique. Nous avons Bruno Retailleau, qui rappelle si sérieusement les bienfaits de la police vichisoise, sans argent, les polices municipales, cantonales ou départementales sauraient bien s'organiser pour qu'on cesse de se demander "ce que fait la police".  Elle saurait certainement se fédérer si un réseau mafieu ou des terroristes semait la pagaille au niveau national. Jusqu'au milieu du 19° siècle et en dépit des efforts des "Javert" et du Buonaparte, la police avait peu de moyens de coordination, des langues différentes d'une région à l'autre et n'en avait pas pour autant raté la mise au pas de certaines bandes d'agitateurs. Toute une littérature en témoigne et pas des moindres... Allez!... Un petit effort et vous cesserez de "penser monétaire", de vous désargenter l'esprit pour entrevoir que l'utopie que nous défendons est en fait le seul réalisme qui vaille!