Pornographie économique.
Le rapport d'information du Sénat n°900, intitulé "Porno: l'enfer du décor", a été publié en septembre 2022 et mis en ligne en texte intégral (Voir). Il est étonnant que depuis, si peu de médias et de chroniqueurs y ait fait allusion, malgré les faits divers qui s'enchaînent, l'un chassant l'autre, audimat oblige!!! Un PDF de 205 pages qui détaille l'apparition des "tubes" pornos, sur les téléphones portables, que la plupart des enfants possèdent, sans aucun contrôle, gratuits et libres d'accès. Il y a en plus les plateformes permettant le partage de contenus "personnels", des messageries privées qui permettent la mise en relation d'adultes et d'enfants. Certes, le rapport parle de la marchandisation abusive du sexe mais juteuse, de la porosité entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie. Mais il constate aussi l'absence total de moyen d'interdire l'accès au porno pour les enfants, contrairement au cinéma et aux établissements spécialisés dans le sexe. Il signale aussi le nombre d'accès "accidentels" donc subis, le tout entraînant un accès de plus en plus précoce à ces contenus (dès le primaire!). Nos Sénateurs parlent dans ce cas de "viols psychiques" sur mineurs non pubers. Ils préconisent alors l'interdiction de tout site adulte sans contrôle de l'âge des utilisateurs, des outils de contrôles parentaux et une véritable éducation sexuelle dans le cadre scolaire.
On croit rêver: si les enfants de moins de dix ans ans, pour beaucoup ont déjà eu accès à du porno, c'est que depuis l'irruption intempestive du numérique, cette industrie a toujours su s'adapter aux règles et les contourner. Et au vu des sommes d'argent qui sont en jeu et la concentration de ces plate-formes dans des pays fortement libertariens, donc contre toute limite à la liberté individuelle, il est probable que dans vingt ans (hors cas d'effondrement global) le porno a de beaux jours devant lui.
Ce serait un sujet de réfléxion parfait pour réfléchir aux dérives induite par la marchandisation du sexe, et pourquoi pas, sur la nécessité de d'abolir l'argent. Mais peut-on être Sénateur et prendre ce risque, quand les Sénateurs, eux, ne craignent plus rien du porno, glorifient l'accès à la richesse, tiennent à respecter la liberté d'expression, ont besoin d'un minimum de neutralité pour être réélus.
On peut d'emblée se poser quatre questions: 1°) Y a-t-il quelques moyens techniques d'interdire efficacement ces contenus aux enfants de moins de 16 ou 18 ans ? 2°) Y a-t-il un moyen techniquement efficace pour que les parents exercent un contrôle sur ce que les enfants regardent, volontairement ou par hasard? 3°) Y a-t-il un moyen d'nterdire l'accès aux écrans numériques à tout enfant? 4°) Peut-on imaginer une société sexuellement épanouie et sans viol, tant qu'elle est soumise à la marchandisation, donc à l'argent?
Réponses: 1° Depuis l'Antiquité, les gendarmes courent après les bandits sans régler le problème. La prostitution est le plus viaux métier du monde dit-on, le proxénétisme aussi. Par définition, la repression a toujours un train de retard sur l'innovation mafieuse. Avec le numérique, le jeu n'a fait que se compliquer pour les gendarmes!
2° Encore faudrait-il que les parents soient un peu plus performant en informatique que leurs bambins et que les géants du numérique et du porno deviennent de braves gens respectueux du droit!
3°) On a réussit à interdire l'alcool pour les enfants dans les cantines, à interdire le travail des enfants en âge d'être scolarisés, à interdire l'achat de cigarettes par des mineurs, etc. Protéger les enfants des écrans n'est qu'une décision des adultes et ils le feraient certainement s'il n'y avait pas la pressions des marchands du temple numérique qui pousse à la roue pour que les enfants soient intoxiqués dès le plus jeune âge. C'est un énorme profit en plus et des dégats environnementaux qui à leur tours génèrent du profit.
4°) Dès que l'on examine cette question un peu attentivement on se rend vite compte que sans argent, les proxénètes disparaîtraient, la prostitution serait cantonnée à des choix personnels et individuels. Sans argent, l'industrie du porno s'éteindrait immédiatement ne laissant place qu'à des initiatives locales, entre adultes consentants qui après tout ne ferait pas de mal à grand monde. Vous choissez quoi ? Avec ou sans argent, messieurs-dames du Sénat?....