Voix des membres

Un espace dédié à l’expression individuelle des membres de l’ONG, où chacun peut partager ses idées, critiques, analyses et projets postmonétaires. Découvrez des perspectives variées et des réflexions originales qui enrichissent le débat et alimentent notre vision collective d’une société sans argent.

Une écologie postmonétaire?...

        Dprimevère_e7091.jpgu 21 au 23 mars 2025 se tiendra à Lyon le Salon Primevère, les 39° rencontres des alternatives écologiques et sociales. Bien entendu, le groupe post monétaire lyonnais "Voter AM", y tiendra un stand comme chaque année. (Voir) Que viennent faire les postmonétaires dans un salon écologique? Faire le lien entre ces deux disciplines pardi! 
         Les écologistes ont mille combats à mener, souvent dans l'urgence, entre les "Grands Chantiers Inutiles et Imposés", les zones humides attaquées, les pollutions diverses, le climat, la biodiversité..., le choix des luttes est infini. Souvent, les écologistes nous disent que se mobiliser pour sauver une espèce menacée de crapauds, c'est maintenant, pas dans une ou plusieurs décennies. Et c'est vrai, leur argument est entendable.
        Mais nous pensons que si les crapauds sont menacés, c'est parce que la nécessité pour les entreprises de réaliser des profits monétaire, exige que l'on construise une autoroute au dépend des crapauds. Mettre dans la balance la survie d'un  crapaud vert (alias "bufotès viridis") et l'ouverture d'une usine qui emploierait 300 humains ou d'une bretelle d'autoroute qui  ferait gagner une heure de route à quantité de gens, emporte même l'approbation d'écologistes "non intégristes" comme disent les tenants du capitalisme. Dans ce monde, l'intérêt des travailleurs, des industriels, des politiques est en complète contradiction avec l'intérêt des écologistes. Le dissensus est irréparable tant la nécessité de trouver un travail, de gagner sa vie, de pouvoir se rendre rapidement vers son emploi est vital. 
          En outre, le capitalisme a monopolisé tous les pouvoirs, politique, médiatique, répressif, judiciaire... La lutte est inégale. Il faut moins de temps, de travail, de communication pour implanter un entrepôt Amazon sur une terre à blé qu'il n'en faut pour sauver un "bufotès viridis"! Pour une victoire écologique, mille dégâts sont causés ailleurs en moins de temps. Nous pensons donc qu'il faut à la fois sauver le crapaud et tuer le capitalisme. Et c'est un peu ce que résume le slogan "Fin du monde, fin du mois, même combat" lancé par un Gilet Jaune. La formule a même été reprise par Emmanuel Macron dans un discours sur la transition énergétique (sans doute au nom du "en-même-temps"!), et c'est la preuve que le capitaliste est capable de tout recycler, même nos slogans! Dans le journal Marianne, un journaliste écrit à propos de cette récupération: «Elle correspond bien à la vision méprisante qu’elles [les élites] ont d’une France périphérique aux idées étriquées, obsédée par le "pognon" indifférente au bien commun, là où nos dirigeants auraient la capacité à embrasser plus large, et à voir plus loin.» (Voir Marianne 29.11.2018)
        L'idéal pour que nous ayons une chance d'instaurer une "civilisation sans argent- écologique" ou une "écologie postmonétaire", c'est que chacun commence à écouter l'autre, et augmente sa capacité d'analyse avec une part de l'analyse de l'autre. Cela paraît logique, mais rien n'est moins évident. Plus les militants sont sérieux, engagés, combatifs, plus ils se concentrent sur leur point de vue, plus ils se laissent facilement embarquer dans l'action au dépend de la réflexion. Ce n'est pas neuf. Les anarchistes du 19° siècle ont été déjà confrontés à ce dilemme: la conviction que leur théorie était essentielle pour l'émancipation de la classe ouvrière, ils se sont lancés à corps perdu dans l'immersion au sein des pires usines, dans le combat syndical, dans la fin du mois, qu'ils ont parfois oublié la beauté des thèses de leurs "élites intellectuelles", le nez dans le guidon, comme dit le peuple!...
         S'il y a une chance que nous sortions du piège capitaliste néolibéral (et bientôt libertarien), de sa mondialisation, de sa marchandisation sauvage, de ses théories fumeuses sur la libre concurrence et la main invisible du marché, c'est en menant de front la lutte écologique et la lutte pour une démonétisation de la société. Cela n'empêche pas la "division du travail", chacun gardant sa spécialisation, mais en s'augmentant de la réflexion de l'autre. C'est pour cela qu'il me semble intéressant de voir un salon sur l'écologie acceptant un stand postmonétaire, un groupe postmonétaire se mêlant aux écologistes... C'est suffisemment rare pour être mis en exergue! Bravo les Lyonnais!...