
Edward Bellamy - Cent Ans Après ou l'an 2000
traduit de l'anglais (Looking Backward) par Paul Rey, 215p,
téléchargement gratuit
Quatrième de couverture: Julian West, un jeune Bostonien aisé, né en 1857 et contemporain de l'auteur, se trouve mystérieusement projeté an l'an 2000, passant d'un monde d'injustice et de pauvreté noire à une société où règne l'harmonie, la justice et la prospérité. Sous l'aimable docteur Leete, de sa femme et de sa fille Édith, il découvre ce nouveau monde ne manquant pas de faire de tristes comparaisons avec son époque d'origine. Dans cette nouvelle société, le problème ouvrier a disparu quand la nation a rendu obligatoire le travail -réparti équitablement- de 21 à 45 ans, avec pour unique employeur, l'État: ainsi est constituée "l'armée industrielle". Chaque citoyen voit son temps de travail aménagé selon la pénibilité de sa tâche, librement choisie (excepté lors des premières années)…
Biographie: Edward Bellamy (1850-1898) est né à Chicopee, dans le Massachusetts. Son père, Rufus King Bellamy, était un ministre baptiste. Sa mère était calviniste fille aussi d'un ministre calviniste, mais franc-maçon. Après l'école, Bellamy passe un an en Europe et étudie brièvement le Droit. De retour en Amérique il devient journaliste socialiste. Atteint de tuberculose, il décide d'abandonner tout travail journalier et se met à écrire plus d'une vingtaine d'ouvrages. Son livre sur une société libérée de l'argent et de la misère a inspiré des légions de lecteurs. Bellamy a lui-même participé au mouvement politique qui a émergé de son livre. Il est considéré comme le père du postmonétarisme par les uns, du distributisme par d'autres.
Présentation:
Il est difficile de commenter une fiction sans lui en faire perdre tout intérêt. Vous n'aurez donc pas d'extrait commentés comme je vous ai accoutumé, mais juste un petit résumé de la forme de société que Bellamy avait inventé. Certes, ce modèle n'est plus reproductible tant le monde d'aujourd'hui est différent du Boston de la fin du 19° siècle. Mais il est étonnant de remarquer à quel point "l'expérience de pensée" que Bellamy nous présente ici est remplie de fulgurances, d'innovations techniques, d'utopies aussi et qui restent d'actualité.
L'argent reste comme simple outil de comptabilité, sous forme de carte de crédit, sans achats ni vente, deux actes incompatibles avec la bienveillance. Il n'y a donc plus de salaires, au sens que nous connaissons, mais des attributions de crédits calculés sur les activités, l'âge, l'utilité sociale de la qualification et réparti pour que nul ne manque de l'essentiel. Les magasins sont remplacés par des dépôts où chacun trouve ce dont il a besoin, en fonction du crédit qu'il a. Ce crédit correspond à la part du produit annuel de la nation et inscrit sur les livres de l'État. C'est l'État qui seul est propriétaire et gérant des usines, ateliers, services et nul ne peut profiter de la faiblesse d'un autre pour s'enrichir. Ce système s'est mis en place progressivement et sans conflit car la grande majorité y était gagnante. Les employeurs privés n'ont rien pu faire contre ce mouvement général qui en plus s'est mondialisé. Tout est fait pour que chaque individu trouve sa place, que chaque nation ait accès à tout ce qui lui est indispensable. Le travail est toujours choisi par les travailleurs qui ont tous les moyens de se former, de changer d'orientation. De zéro à 24 ans, les jeunes se cherchent et apprennent, de 25 à 45 ans les adultes doivent travailler au bien commun, de préférence dans ce qui les motive le plus. Les tâches ingrates, fatigantes ou dangereuse offre un crédit légèrement plus avantageux mais surtout beaucoup d'honneurs. La grande nouveauté du système c'est que l'on ne produit rien pour le seul profit. Donc dans les dépôts tous les produits se valent et la seule chose qui distingue deux outils ou deux vêtements identiques, ce n'est ni le luxe ni l'utilité, mais le goût de chacun. Il y a pleins de pantalons, robes ou meubles différents selon la personnalité des gens mais tous de bonne qualité et de même valeur. En somme, la valeur est toujours qualitative, jamais quantitative. Quelque soit la santé physique ou psychique chacun a sa place, partant du principe que nul n'est capable de se suffire à lui-même. La dépendance réciproque implique la garantie du secours réciproque. Celui qui est faible, sans énergie, sans compétence et même sans envie de progresser a quand il le souhaite un petit service à rendre, et autant de moyens de subsistance que l'hyper actif. Les techniciens et inventeurs ne font pas fortune comme avant, mais ils cherchent tous ce qui est utile et sans effets pervers. Ces gens sont très fiers d'avoir inventé les concerts permanents via un système de téléphone, d'avoir construits des tunnels reliant tous les dépôts et usines pour le transport des productions par air pulsé…
Bonne lecture à vous, si ce bref aperçu vous intrigue