Mark Boyle - L'homme sans argent
Éd. Les Arènes, 2014, 256p.
Quatrième de couverture: "Vivre sans argent cela vaut la peine. J'y ai trouvé plus de bonheurs que d'inconvénients. La libération intérieure et la reconnexion avec la nature n'ont pas de prix." (Mark Boyle)
Pendant des millénaires, l'humanité a vécu sans argent. Aujourd'hui, rien ne semble possible sans une carte bancaire et des billets de banque. " Et si je passais une année entière sans argent ? " Ce pari un peu fou va bouleverser la vie de Mark Boyle, cet ex-entrepreneur diplômé en économie. Dans L'Homme sans argent, il nous raconte son aventure. Que manger? Où vivre? Comment se laver? Comment avoir une vie amoureuse, des amis, garder contact avec sa famille ? Mark Boyle a appris tout cela à la dure. Son livre nous fait réfléchir à la fois sur la place de l'argent dans notre vie et sur les mille manières de s'en passer.
Mark Boyle nous parle d'échanges de savoirs, de frugalité joyeuse, nous raconte comment passer un Noël sans rien dépenser et glaner sa nourriture. En suivant les règles strictes qu'il a lui-même mises en place, il revient à l'essentiel et trouve des moyens ingénieux pour se débarrasser de ses factures et s'épanouir dans la gratuité. Avec humilité, sagesse et un grand sens de l'humour, Mark Boyle a écrit le livre culte de la décroissance.
Biographie: Né en 1979, Mark Boyle est un écrivain irlandais qui vit sans argent depuis 2008 et sans technologie depuis 2016, après avoir été diplômé en commerce, avoir dirigé deux entreprises et avoir découvert le film sur Gandhi. En bon commercial, Mark Boyle a réussi à médiatiser ses expériences de vie sans argent, en se faisant invité par des radios et télévisions australiennes, anglaises, françaises, états-uniennes, etc.
Commentaires: Mark Boyle a certainement des qualités indéniables, une grande rigueur dans sa vie personnelle, mais sa démarche, autant que ces livres, laisse planer quelques doutes:
- Tout d'abord, ses livres, vidéos, interviews sont présentés comme le récit d'exploits: vivre sans argent et sans technologie, donc sans aucun confort ni soins médicaux, cela nécessite en premier une excellente santé et relève en second d'une capacité de renoncement hors du commun. Que lui y réussisse, je n'en doute pas, mais comment le proposer comme modèle au plus grand nombre? Les saints et les héros ne font jamais une foule, mais sont toujours uniques et isolés. Leur compagnie en est même complexe puisqu'ils dépassent de loin tout ce dont est capable le commun des mortels. Au mieux ils génèrent des fidèles, avec tous les effets pervers que cela implique, ou des disciples avec tous les risques afférents pour les moins bons qui s'y risquent !
- Deuxièmement, on est en droit de se demander comment une vie aussi sobre et décroissante a pu être à ce point médiatisée. On ne doute pas que les médias soient fascinés par l'exceptionnel, le rare, l'excès. C'est le créneau le plus porteur en termes d'audience. Mais le message sur les bienfaits d'une vie débarrassée du poids de l'argent, lui, n'est pas spécialement médiatique, ce serait même un sujet de défiance, vite tabou dans une société de croissance et de consommation! La question est donc de savoir qui y gagne le plus du personnage ou de l'idée a-monétaire qu'il véhicule…
-Troisièmement, être médiatique et se passer de toute technologie, cela veut dire avoir accès à Internet et au téléphone de temps en temps, se déplacer autrement qu'à pied, faire appel à des éditeurs pour les livres, à des vidéastes pour l'Internet, autant de gens qui usent quotidiennement de la technologie. Être célèbre aussi bien en Afrique du Sud, en Australie qu'en Irlande, ne peut se faire sans la technologie des autres. Vivre sans argent dans un monde intégralement monétisé, c'est aussi compter sur l'argent des autres, à moins d'être en autonomie intégrale.
Autant je crois en la beauté du compromis qui nous permet de ne pas sombrer dans le délire immatériel du domaine spirituel, autant je me méfie du refus de toute compromission. C'est toujours une démarche qui met le "Je" en exergue en opposition avec le "Nous". Jacques Lacan, dirait que ce problème de "Ge-nou" rend boiteux!...
Il est possible de télécharger gratuitement ce livre en PDF, mais il est toujours accompagné d'une alerte. N'ayant pas les moyens de risquer un piratage, je me suis abstenu… En revanche, son autre livre, Manifeste pour une vie sans argent, dont j'avais noté en partie la table des matières, m'est passé entre les mains. Édifiante!
- La maison
- Une maison gratuite 134
- Des maisons pas chères à construire et à vivre 141
- Les toilettes sèches 146
- La nourriture et l'eau 150
- Glaner la nourriture sauvage 153
- Cultiver 158
- Le skipping 171
- Autres idées 173
- L'eau 177
- 9. Le nettoyage 180
- Le corps 182
- Les dents et la bouche 186
- Les cheveux 188
- Les vêtements 190
- La Maison 192
- 10. Les transports et logements de vacances 196
- Le transport 199
- Le logement 205
- 11. Vivre en dehors du réseau 208
- L'énergie électrique 210
- Cuisiner 213
- Le chauffage 216
- L'écologie "Open-source" 220
- Sécurité de l'information 223….
En résumé, il suffit de squatter des logements inoccupés, trouver une grotte habitable, ou construire sa maison avec les matériaux disponibles sur place (pierre, argile, paille, foin…), selon in design passif qui utilise le soleil. Les toilettes sèches et les urinoirs permettent de ne rien perdre si on a un bout de jardin et un composteur. Il est bon alors de créer un élevage de vers de terre. Pour la nourriture, les plantes sauvages poussent partout en abondance. Un peu de permaculture complète les ressources de la nature et les poubelles des supermarchés permettent de varier avec les légumes et fruits jetés.
Toutes les graines sont utilisables pour se nourrir ou ressemer. Si on n'a pas de terre, il y a le "guerilla gardening" (squatter des jardins non entretenus par leurs propriétaires…). Sinon, il reste encore le skipping (récupération dans les bennes des supermarchés)
Pour l'eau, aussi indispensable que la nourriture, il y a des sources et de l'eau de pluie. Ce judicieux conseil arrive au moment où l'eau de pluie est impropre à la consommation et la plupart des nappes phréatiques contaminées par la chimie des humains!
Le savon n'est plus utilisé par Mark Boyle. L'eau suffit pour se laver. Il n'y a que les humains qui éprouvent un grand besoin de cosmétiques divers. Pour les maniaques de ma propreté il y au aussi les saponaires et le lierre qui sont de parfaits détergents.
Le meilleurs moyen de se déplacer c'est de marcher pieds nus. Mettre des chaussures est aussi handicapant que de porter en permanence des gants de boxe! Et pour les plus douillets, il reste l'autostop!... Bon, on aura compris que tout est possible à qui veut en payer le prix autrement qu'en argent, mais que ce n'est pas un modèle acceptable par le plus grand nombre. Mark Boyle est né en 1979, moi en 1943. Je ne marche qu'en sandalettes, été comme hiver, et toujours sans chaussettes. Depuis quelques années, j'évite seulement la neige. Je demande aux plus jeunes de contrôler si notre "moneyless man" sera toujours convaincu des bienfaits de la marche pieds-nus quand il aura mon âge…
J'ai hésité à classer Mark Boyle parmi les Postmonétaires, pensant au départ à la catégorie du Pas suspendu de la cigogne. Mais malgré tout ce qui nous oppose, théoriquement et pratiquement, on ne peut nier qu'il soit authentiquement postmonétaire, même si on peut penser que quelques uns de ses écrits soit contre-productifs… La "biodiversité s'entendra bien jusque là!