Dette, 5 000 ans d’histoire, David Graeber

Babel Poche, 667p., 2021.

 

 Graeber.jpegL'auteur:  David Graeber, 1961-2020, anthropologue anarchiste américain, figure de proue du mouvement Occupy Wall Street. Il a enseigné à Yale puis à la London School of Economcs. "Bullshit jobs", son dernier livre fut un succès.  Il meurt brutalement à Venise d'une nécrose pancréatique.  Dommage, il est probable qu'après toutes ses recherches, il  aurait finit par devenir postmonétaire!...

Quatrième de couverture: Un essai essentiel et foisonnant qui, remettant en perspective l’histoire de la dette depuis 5 000 ans, renverse magistralement les théories admises. Il démontre en particulier que l’endettement a toujours été une construction sociale fondatrice du pouvoir. Aujourd’hui encore, les économistes entretiennent une vieille illusion : celle que l’opprobre est forcément à jeter sur les débiteurs, jamais sur les créanciers. Et si l’unique moyen d'éviter l’explosion sociale était justement… d’effacer les dettes?

Il est difficile d'éviter un tel pavé fourmillant  d'idées et d'observations utiles quand on se dit postmonétaire. Il est aussi difficile (et long) de suivre ce cheminement intellectuel de 667 pages!  A aucun moment Graeber fait allusion à une quelconque abolition de l'argent. Mais son raisonnement  y fait penser si fort qu'on peut  classer a minima cet auteur dans la catégorie  "du pas suspendu de la cigogne". Mais l'envie m'a pris, par gratitude envers son oeuvre, de le classer parmi les Postmonétaires. 

p.22: Le propos du livre est de montrer  “l’aptitude de la monnaie à faire de la morale une question d’arithmétique impersonnelle et, ce faisant, à justifier des choses qui sans cela paraîtraient odieuses ou monstrueuses.”
      Qu'en terme élégants ces choses là sont dites… La monnaie ne sert qu'à justifier des choses odieuses, voire monstrueuses. C'est bien le gouffre que l'on constate entre l'opulence de certains et le scandale des millions de gens privés de nourriture, d'eau potable, de logement décent faute d'un minimum d'argent, l'horreur des guerres tuant autant de civils, de femmes, d'enfants de par le monde et ce pour la seule pérennité du système marchand. Ce gouffre en conduit beaucoup à remettre en cause le système, à cherche une autre alternative que la réforme ou l'humanisation du dit système. Mais il est légitime de se demander comment un tel gâchis a pu perdurer autant de siècles et qu'il ait fallu le massacre de tous  les écosystèmes pour que l'on commence à remettre en cause la globalité du système. 
     Plus personne ne pourra dire qu'il ne pouvait pas savoir, et pourtant la grande majorité, victimes comprises, font comme s'ils ne savent pas que l'humanité court à sa perte, comme de vulgaires dinosaures. Chaque page de Graeber donne à penser, dans le constat comme dans les possibles solutions. Je m'étais promis de faire des commentaires courts, dans le cas de ce livre, gros de 667 pages, quasiment chaque page mérite un commentaire. Je fais donc une exception et pour les plus courageux, je mets donc en lien la moitié de mes notes de lectures, soit 21 pages.... Voir Graeber commentaires