Le grand sabotage climatique, Fabrice Nicolino

Editions LLL, sept.2023

 

Nicolino.jpegQuatrième de couverture: La crise climatique menace de dislocation les sociétés humaines et les écosystèmes, mais on ne fait rien. Ou presque… Il y a des conférences internationales (les COP 21,22,23….), les scientifiques en  parlent et écrivent, des militants crient dans leur désert… Ce livre raconte les raisons de ce qu'il faut bien appeler un immense sabotage….
Fabrice Nicolino: Journaliste, proche du LCR, tient un blog bien fourni (Planète sans visa), s'occupe de la chronique écologiste de Charlie Hebdo…, bref un homme engagé, toujours sur la même ligne contestataire de gauche, cohérent et utile !... 

p.10 Les oubliés de l'écologie: Georges Perkins Marsh, "Man and Nature", 1864, en pleine guerre de Sécession, tout est possible, l'homme blanc avance… Marsh est le premier à vouloir donner aux choses de la nature une qualité de personne morale, le premier à avoir fait le lien entre l'industrialisation et la dégradation de la nature. Totalement inconnu aujourd'hui, à peine cité quelques fois par de rares  universitaires américains.  C'est en effet le premier écologiste, collapsologue, celui qui avait raison plus d'un siècle avant tout le monde. Le même discours que celui de Jared Diamond, 150 ans après lui. Quoi qu'il en advienne, quoi que l'on entreprenne, ce que l'on fait aujourd'hui pour éveiller les consciences finira par germer. La seule différence, c'est que l'idée de Marsh a eu 150 ans pour germer et que nous avons un temps plus limité, quelques décennies au plus… Cette réflexion s'adapte parfaitement aux postmonétaires. En 1888, l'américain Edward Bellamy imaginait qu'en l'an 2 000 la société était devenue a-monétaire et en explique le fonctionnement. Il imagine comment les tâches essentielles sont organisées, les problèmes qui subsistent et la profonde mutation des mentalités. Étonnant d'actualité ! (traduit en français et publié en 2017 par CSIP -autoédition géré par Amazon) 
p.14: Fairfield Osborn publie en 1948 une synthèse de la situation mondiale, "La planète au pillage". Parfait inconnu est visionnaire et a annoncé tout ce qui se passe aujourd'hui. Il a inventé le concept d'anthropocène avant tout le monde.  Son livre est traduit en français, voir éd. Babel poche, oct.2008. Ce que nous raconte Nicolino, c'est la même histoire que celle de l'américain Edward Bellamy, Cent ans après ou l'an 2000 écrit en 1887 et qui annonce la fin de l'argent et la naissance d'une autre société postmonétaire. On peut s'interroger sur les raisons qui rendent l'humanité à ce point sourde aux prophètes et ce qui rend tant de prophètes inaudibles…
p.21 Accouchement acrobatique de la première conférence: Le point de départ, c'est le premier Sommet de la Terre  à Stockholm en 1972
p.21 Du 4 au 13 décembre 1968 au siège parisien de l'UNESCO, réunion intergouvernementale d'experts consacrée à "l'utilisation rationnelle et la conservation des ressources de la biopsphère."  (300 bureaucrates, techniciens, scientifiques, politiques de l'ONU et des agences spécialisées  comme l'OMS,  FAO, UICN… On y parle des ressources naturelles menacées par l'homme alors que l'homme "en a besoin pour survivre".  
p.24 22 avril 1970, des millions d'Américains défilent pour le premier Earth Day qui illustre selon les journaux la quête de l'humanité pour sa propre survie. Même Pompidou adhère à cette idée en ouvrant la première voie express qui permet de traverser Paris en 13 minutes, à 60km/h sans un seul feu rouge, en évitant 23 ponts et avec 7 passages souterrains!!!
p.25 premier rapport Meadows en 1972: "Halte à la croissance". Il fait peur à Hayek (prix Nobel d'économie) qui parle de l'exploitation du rapport dont le prestige de la science peut être l'objet. (sic)
p.26 Les solutions technologiques émergent de suite: "pour faire vivre 7 à 10 milliard d'hommes sur cette planète, il faut faire un choix et ce choix se portera vraisemblablement sur l'énergie atomique." Le Tiers monde doit se moderniser, particulièrement sur l'agriculture, l'industrie, l'urbanisation!... Étonnant que cette vision soit toujours présente 50 ans après…
p.27 On lit dans Le Monde sous la plume de René Dubos: "Ce que nous appelons la nature, c'est ce qui a été créé par l'homme… Les problèmes d'environnement sont des problèmes humains et non écologiques."  Et 50 ans après le même type d'argument est utilisé partout, y compris pour la monnaie et l'échange marchand, deux catégories naturalisées en tant que production humaine. L'économie n'est pas à remettre en cause, il suffit de moraliser l'outil monétaire…
p.29 La question du développement (avec l'alibi humanitaire au sujet de l'Afrique sous-développée) s'aligne avec l'écologie. Un conseiller de l'ONU (resté anonyme) fait ajouter aux objectifs: "Il nous faut lancer un programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées."    Le premier blocage essentiel est désormais inscrit dans le marbre: l'écologie et le bien-être des humains viendra de la technologie et de la croissance. Nous en sommes toujours là, en 2023, au lendemain de la COP 28 à Dubaï. Et le pire c'est que cette perspective paraît aussi philanthropique que stratégique. Le développement qui va plonger le Monde dans le chaos écologique conclut Nicolino!
p.31 La COP 1 a permis de créer un registre des produits chimiques toxiques, une banque de gènes, et un carnet d'adresses. Et grâce à Nixon de l'argent est débloqué: une réserve de 100 000 dollars! A titre de comparaison l'Amérique a dépensé 120 milliards de dollars en défoliants chimiques et mitrailles en tout genres au Viêt-Nam.
Notons que l'argent est létal, qu'il manque drastiquement (pour éviter le pire) ou qu'il est en quantité astronomique (pour accomplir le pire). Le pire après le mésusage de l'argent, ce sont les Institutions internationales, sans pouvoir ni contrôles…
p.33 Le soporifique programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) créé endécembre 1972.
p.34: Événements déclencheurs: la thalidomide en 1961, la marée noire du Trrey Cayon en 1967, la publication du rapport du MIT sous le titre "Halte à la croissance" en 1972. Le PNUE est dirigé par Maurice Strong et ça donne des conférences internationales avec des notables de seconde zone, sur notes de frais faramineuses,  dès 1973, loufoques et illisibles (1973, 1975, 1980, 1985, 1991). Une vraie novlangue bureaucratique!   On retrouve là un vieux procédé bureaucratique: face à un problème insoluble ou dont on n'accepte pas les solutions, on crée une commission!...
p.39: En 1986 est publié un "État de l'Environnement" qui annonce une augmentation des températures moyennes de 1,5° à 4,5° s'accompagnant d'une élévation du niveau de la mer de 0,20cm à 1,40m d'ici 2030. Qui a produit ce rapport, 3 ans avant le premier rapport du GIEC?     
p.44: Scandale de l'essence au plomb (le plomb ayant causé des millions de morts) défendu avec de faux rapports scientifiques par Esso, Général Motors, etc alors qu'il existait déjà l'éthanol qui rendait exactement le même service sans les dégâts.  

     Nicolino dresse le portrait de quelque hauts fonctionnaires de ces Institutions qui donnent le ton…
p.48 L'impayable Erk Solheim: Politicien norvégien né en 1955, puis à Paris au Comité d'Aide au Développement, service sous contrôle du FMI, de l'OCDE (club de riches n'entendant que faire de bonnes affaires). Puis propulsé à la tête du PNUE. Il s'installe à Nairobi en 2016 où le PNUE a son siège. Il est viré au bout de 22 mois pour avoir passé 80% de son temps ailleurs en dépensant 500 000 DUS en billets d'avion et hôtels. En outre, il fait des dépenses hallucinantes et place sa femme à la tête d'une société privée.  Il travaille alors pour le compte du gouvernement chinois (sur les nouvelles routes de la soie), toujours avec l'étiquette environnementale et écologique!!!
p.52: Sloheim à la télé chinoise en français déclare: La Chine s'est tournée vers l'environnement plus rapidement que n'importe quelle autre nation. Ce que la Chine a fait en sept ans nous a pris trois ou quatre  décennies en Europe et en Amérique du Nord."
p.53: Elisabeth Downdeswell en poste au PNUE de 1992 à 1998, ex ministre du Canada dans une province pratiquant l'extraction des sables bitumineux pollution comprise sans en dire un seul mot.
p.55 Klaus Töpfer (PNUE de 1998 à 2006) universitaire qui entre à la CDU, plusieurs fois ministre de droite en Allemagne         
p.56 Achim Steiner directeur PNUE de 2006 à 2016, il reçoit de nombreux prix mais, en bon libéral ne fait rien de notoire pour l'environnement. Puis il passe au PNUD (développement) et siège comme vice président au Conseil Chinois de Coopération International, chargé de conseiller la Chine en matière d'environnement et de développement et couvre quantités de tragédies écologiques chinoises.
p.59: Inger Andersen, danoise, directrice du PNUE depuis 2019, elle aussi vice présidente du Conseil chinois et toujours en poste. Elle est réputée pour être la championne au service des multinationales.
     Les discours de ces personnages et des entreprises où ils collaborent peuvent être classées dans les langues vernaculaires (locales et dans ce cas propre à l'ONU)! 
p.75 Exemple donné par Total-Énergie: "Total Énergies inscrit le développement durable dans toutes ses dimensions au cœur de sa stratégie et de ces projets et opérations pour contribuer au bien-être des populations de la planète et veut être une référence en matière d'engagement pour les Objectifs de développement durable".   On se demande pourquoi tant de jeunes étudiants boudent les propositions d'embauche de Total à la sortie de leurs études, au point que l'entreprise s'affole et fait monter les enchères!...
p.76: Dans le même temps Total met en route le projet d'oléoduc entre Ouganda et Tanzanie… (31 zones d'extraction, 426 puits et une usine de traitement avec un pipeline chauffé de 1 440 km, en partie dans  une zone protégée pour sa biodiversité (parc de Murchison Falls), 100 000 personnes qui vont perdre leurs terres agricoles (19 000 foyers annonce Total, comme si cela faisait moins de personnes!)
p.81: Le sommet de Rio (1992), c'est 182 chefs d'État et de gouvernements + les délégations nationales, + 1650 ONG représentées par 2 400 délégués et de milliers de forums en ville, en "off".  Il en sortira un rapport  de 800 pages, 2 500 recommandations, divisé en 40 chapitres mais peu l'auront lu en entier (même pas les rédacteurs).
p.82: Le sommet de Rio (1992), accouche d'un livre traduit en 15 langues: "Changer de cap (réconcilier le développement de l'entreprise et la protection de l'environnement". On y développe le nouveau concept coopératif de l'éco-efficience.
p.85 Et puis vint le GIEC, cette obscure clarté! Maurice Strong, depuis le Sommet de la Terre qu'il a lancé et présidé en 1972, sa participation active au rapport Brundtland en 1983, continue à avoir de profondes intuitions. Il crée en 1988 le GIEC grâce à sa position au sein du PNUE
p.88: Thatcher et Reagan s'affolent à l'idée d'un GIEC entre les mains de scientifiques  non seulement militants mais en plus critiques des politiques économiques officielles. Il faut que les États en soient partie prenante. Et ça change tout puisqu'aucun rapport du GIEC ne peut être publié sans l'accord des États.  
p.91: Le GIEC, c'est trois groupes de travail (pas de recherches). Chaque groupe rédige un rapport abscond de 1 500 pages où ils parlent en scientifiques à d'autres scientifiques. Ils fournissent ensuite un rapport de 30 à 50 pages "pour les décideurs des États", lequel fait de nombreux aller-retour jusqu'au consensus entre États et rédacteurs.  Les médias se contentent souvent du résumé de ces pages fait par l'AFP.  Nul ne doit se sentir viser, ni les Chinois à propos de leur charbon, ni les Américains à propos de leur "américan way of live".
       Nicolino nous offre là un bel exemple du rapport des forces en présence. Les scientifiques du GIEC  font un travail considérable pour dépouiller des milliers de rapports compliqués remplis de chiffres, de graphes dont on ne sait pas toujours quels protocoles ils ont suivi. Ils doivent en vérifier les sources, les hypothèses de bases et les conclusions, puis mettre tout cela en forme réduite accessible aux politiques rarement eux-mêmes scientifiques. Les intérêts des États sont tout autant inégaux: entre les USA et les Maldives, qui peut gagner la moindre bataille? Mais tous ces États, petits ou grands, sont imprégnés de pré-requis idéologiques, du néolibéralisme le plus conservateur au communisme le plus planificateur en passant par les spécificités culturelles du Bhoutan,  de l'Uruguay, du Malawi qu'on peine même à repérer sur une mappemonde!  Tout consensus a déjà la réputation d'être "mou", mais dans le cas qui nous occupe, le qualificatif approprié serait plutôt le "plus-petit-dénominateur-commun", ce qu'il reste après les objections des uns et des autres…  On ne peut que saluer l'acharnement de la communauté scientifique du GIEC, mais de là à prendre leurs rapports comme parole d'évangile…  Ce n'est qu'au fil du temps, donc toujours trop tard, que l'on peut découvrir l'aggravation d'un point particulier. Le réchauffement de la planète en est un bel exemple qui, partant de +1,5°C, se rapproche de plus en plus vite de +3°C. En outre, les scientifiques qui alimentent les études du GIEC sont eux-mêmes soumis à des impératifs budgétaires, aux politiques de recherches de leurs gouvernements respectifs. Cela explique certains aspects oubliés ou occultés, comme par exemple la fonte du permafrost dans toutes les zones froides qui pourrait bien changer brutalement les pronostiques les plus sérieux et rapprocher dangereusement l'approche d'un effondrement.
p.98 Qu'est-ce qu'un point de basculement?  C'est ce qui arrive quand on est dans la fiction. Dès novembre 2019 un rapport non traduit intitulé Production Gap  constate que le monde aurait dû réduire ses émissions de 7,6% chaque année alors que celles-ci augmentent. On est donc très loin du "Grand succès de la COP de Paris". Et c'est sans compter les boucles de rétroaction positive: un phénomène isolé (donc pas pris en compte) aggrave la perturbation globale, qui elle-même revient au point de départ en le renforçant. C'est ce qui risque d'arriver avec le permafrost qui contient 1 500 milliards de tonnes de GES.
       Pour autant les stratégies ne changent pas d'un iota… Ce qu'un ministre authentiquement écologiste (il y en a eu au moins un, Yves Cochet par exemple) n'a pas réussi à faire, les militants ordinaires continuent à le réclamer aux gouvernements successifs. D'où vient cet aveuglement des militants demande sans cesse à des sourds de les entendre? D'où vient cet aveuglement qui fait croire au peuple que ces milliers de politiques "œuvrant" au sein de ces lointains organismes officiels sont en mesure d'améliorer leur sort? D’où vient l'aveuglement des médias qui invitent ces "impuissants" sur leurs plateaux ou dans leurs colonnes pour se faire expliquer ce qu'il serait bon de faire pour sauver le monde?...       
p. 117 Christiana Figueres occupe le poste de la CCNUCC entre 2010-2016.Elle vient de l'oligarchie du Costa Rica, petit pays roi de l'écotourisme mais aussi le pays qui utilise le plus de pesticides au monde (20kg par ha contre 3,4 pour la France). A la COP  16 à Cancunelle invoque les dieux des Mayas mais déclare plus tard que le charbon est la solution au dérèglement climatique!
p.129: Aussi longtemps que l'UICN aura besoin de rapports répétant la même chose, de voter des résolutions sur des programmes gouvernementaux, de peaufiner des stratégies mondiales, ce sera le néant.
p.134 Maurice Strong occupe une place à part dans le livre de Nicolino en tant que parangon de l'hypocrisie.  Septembre 2020, congrès de l'UICN à Marseille: en 72 ans l'UICN a tout raté mais continue "à lutter contre l'érosion de la biodiversité pour parvenir à un développement vert, résilient et inclusif" Maurice Strong qui fête son 80ème anniversaire est présent, salué pour ses réalisations". Le président de l'UICN rappelle que "la plus grande cause de la pression insoutenable sur la terre est une croissance démographique incontrôlée?"  Putain de pauvres qui baisent comme des lapins!!! Mais ailleurs il ose déclarer:
p.137: «Je ne conteste pas la réalité démographique mais le problème crucial est bien celui d'un système économique délirant, inventé au Nord pour son plus grand profit, puis étendu au Sud dans des conditions désastreuses, mélange inextricable d'inégalités, d'injustices, de corruption et de destruction des écosystèmes. Le malheur, c'est le pouvoir sans contrôle des transnationales et le tournoiement sans fin de milliards d'objets inutiles par un commerce mondial qu'elles ont créé et continuent à dominer.» 
     Un de plus à faire ce juste constat sans encore en tirer les leçons. Il n'y a aucune raison pour que le système monétaire et marchand change de politique de lui-même et les profits sont tels que le seul moyen de les arrêter c'est de stopper ces profits. Tant qu'il y aura de l'argent et du commerce, il en sera ainsi et il faudra bien que les intellectuels, observateurs du massacre, l'admettent et écoutent les propositions des postmonétaires.
p.138: C'est une réunion d'amis qui a accompagné Maurice  Strong depuis 1972 à 2015. En tant que sous secrétaire à l'ONU, spécialiste de l'environnement et du développement, il n'a fait en réalité que la promotion de sa carrière.
p.169: Le président d'UICN de 2020 (Ruud Lubbers) qui encensait Strong a dirigé une grande entreprise de BTP, puis est devenu ministre pendant 8 ans, puis a tenté la direction de l'OTAN et, à défaut, a choisi l'UICN…
p.143-146 Le WWF est indissociable de tout ce qui précède. C'est l'argent du WWF qui renfloue l'UICN menacé de faillite en 1975.
       Quatre pages en encadré rappelle les sommités qui ont œuvré au WWF (une belle brochette de personnage pour le moins troubles), les "accidents de parcours" qui ont secoué le WWF mais sans aucune sanctions….(greenwashing pour camoufler des déforestations, des déplacements de population, des tortures et tabassages de pygmées en plus de salaires allant jusqu'à 60 000€ par mois pour les cadres…

p.147 Maurice Srong, Janus à deux visages:
p.148: Site perso: https://www.mauricestrong.net/ né en 1929 au Manitoba (Canada) traumatisé par la grande dépression de 1929 (sans précision de la situation familiale dans les années suivantes). Strong a répandu la légende d'une enfance où il ramassait les boulets de charbon tombés des trains pour chauffer sa famille (un chef de gare et une institutrice…). A 14 ans, grâce à un maître inspiré il a le niveau pour entrer à l'université (sic) mais préfère quitter sa famille et traverse les lacs en passager clandestin pour entrer dans la marine marchande. Vers 1943 il rencontre Churchill et Roosevelt  à bord d'un navire qui rédigent une charte prélude à l'OTAN  et le jeune homme décide que ce sera sa vie: apporter la paix et la justice au Monde! (sic) La rencontre de ces deux hommes était en 1941 donc Strong avait 12 ans! Admettons…  La saga du personnage que nous présente ici Nicolino ne manque pas de saveur. C'est isiblement une légende montée de toute pièce pour la gloire de ce personnage. Les dates ne collent pas, l'enchaînement des événements de son ascension non plus. Ses activités sont totalement contraditoire, à la fois pour la décarbonation et producteur de pétrole, il s'attache à des politiciens peu nets et déplore les effets nefastes des grands projets d'infrasctrucre de ces mêmes politiques. Il siège au CA de Rockefeller en tant que gestionnaire immobilier et prétend oeuvrer pour la "révolution verte" au Mexique et en Inde (d'ailleurs une catastrophe écologique). On peut se demander comment un tel personnage a pu être recommandé au poste de sous-secrétaire général de l'ONU! A peine en place, Strong acquiert 40 000 hectares de terres dans le Colorado au motif qu'il y a une importante nappe phréatique en-dessous. Il fnde la société Water Development qui déchaîne la colère des écologistes et agriculteurs locaux et qui fait vite faillite. Comment se fait-il que cet homme rate tout ce qu'il fait mais reste adoubé par des gens comme Schwab, comme le président de la banque mondiale et finit par mourir en laissant derrière lui l'image d'un "grand visionnaire écologiste capable de changer la face du monde" (sic). Il faut lire cela en détail (un vrai film de série B) pour comprendre que le ver est dans le fruit de l'ONU, de la BRI, de la Banque mondiale, des gouvernements et que le fric permet tout....       
Une autre célébrité mérite les honneurs de ce livre:

p.167: Stephan Schmidheiny, criminel et philanthrope:      
         Cet homme hérite de la société Eternit (amiante) fonde un usine en Italie qui pollue toute la vallée et cause des milliers de morts. Cette affaire lui vaut 18 ans de prison qu'il n'effectue pas. Alors qu'il n'assiste à aucune audience, ni à son procès ni en appel, la cour de cassation annule sa condamnation. Il est de nouveau condamné à 12 ans de prison qu'il ne fera pas car il est "très occupé avec ses 120 000 héctares de terre au Chili, terre volé par Pinochet aux indiens Mapuche! Alors qu'il fait déboiser illégalement la forpet amazonienne, le magazine Forbes le présente comme un entrepreneur philanthrope suisse.... Schmidheiny a publié un livre intitulé "Changer de Cap" et son grand ami Strong le félicite d'y avoir écrit : « L'éco-efficience consiste à offrir des biens et des services à des prix compétitifs qui répondent aux besoins des hommes et leur apportent une qualité de vie, tout en réduisant progressivement les impacts environnementaux  et la quantité de ressources naturelles nécessaires tout au long du cycle de vie des produits pour atteindre finalement un niveau qui soit en harmonie avec ce que peut supporter durablement la planète.» Plus faux-cul que ça, tu meurts! Et tant qu'il y aura de l'argent il y aura des Strong et des Schmidheiny, admettons-le!  
p.178: En Italie, les victimes de l'amiante-Eternit ont été stupéfaites d'apprendre la présence de schmidheiny, leur bourreau, au Sommet de la Terre de Rio en 1992! Leurs lettres et protestations auprès de l'ONU n'ont rien donné.
p.179: Seul le Conseil fédéral suisse a répondu au victimes: « Monsieur Stephan Schmidheimy ne faisait pas partie de la délégation suisse. Le Conseil fédéral ignore s'il a participé à la conférence à titre privé. Vu qu'il n'a en aucun cas représenté la Suisse dans le cadre du Sommet de l'ONU, rien ne porte à croire que sa présence puisse avoir des répercussions sur l'image de notre pays.» Le langage diplomatique pur style!  En somme la Suisse se moque bien qu'un de ses ressortissants soit responsable de la mort de milliers de personnes s'il ne nuit pas à son image… 
p.193: Ce que savaient vraiment Total, Shell, Exxon et les autres.
p.199: Total et Elf ont trouvé en Dominique Strauss-Kahn leur sauveur, alors ministre de l'industrie en 1991 puis de l'économie en 1997 qui fera tout ce qu'il peut pour torpiller l'idée de la taxe carbone.
p.201 Au moment du protocole de Kyoto en 1997, le PDG d'Exxon Lee Raymond affirme, sachant très bien qu'il ment: Il est peu probable que la prise de mesures, aujourd'hui ou dans 20 ans, influe significativement sur la température au milieu du siècle prochain. 
Nicolino tente de comprendre comment fonctionnent ces cerveaux malades…, nous aussi, à part que nous avons compris que le système monétaire donne un pouvoir immense à ces gens là et prive les usagers de toute maîtrise de leurs propres usages!....  

p.215: Dans la tête de Strong et Schmidheiny:
p.218 En supprimant les mots, on supprime la pensée qui ne saurait s'en extraire. La langue appauvrie des Strong et des COP est un chef d'œuvre de novlangue: Développement durable, éco-efficience, économie verte, économie circulaire, neutralité carbone, transition énergétique: répété ad nauseam, on ne s'aperçoit plus que cela ne veut rien dire… Freud parlait du "clivage du moi": la psyché voit et accepte le réel, l'autre partie de la psyché remplace le réel par ce que dictent les désirs  profonds. Une déchirure vitale… dissociation… 
p.219 Le déni semble nécessaire aux humains qui les a, des milliers de fois dans leur histoire commune, aidé  à faire face à une réalité trop menaçante. C'est un moyen de rassembler le groupe et de continuer à avancer. Mais le déni de la marche actuelle vers le mur se retourne contre nous tous car il tétanise les sociétés au moment où il faudrait les mettre en mouvement, à marche forcée. Mais rien n'exonère ceux qui sont dans le déni et quand les actes sont criminels, on peut et on doit chercher les coupables.
         C'est sans doute la limite de la pensée philosophique de Nicolino. La recherche des coupables, c'est aussi un déni. Par exemple, tout axer sur le 0,01% des plus riches qui seraient la cause des malheurs des 99,99% autres humains, cela ressemble bien à la tactique du bouc émissaire. Certes, cette petite minorité à construire le désastre, est sans doute énorme et partage assez bien la responsabilité du désastre. Mais, le système que les 99,9% acceptent comme un mal nécessaire et auquel ils participent permet ce grand cirque, pour ne pas dire qu'il l'induit mécaniquement. Il faut bien reconnaître avec Chomsky que la "fabrique du consentement" n'est pas un concept abstrait mais une réalité bien partagée. Et dans ce cas, le constat des dérives ne change rien, la critique du 1% et l'action militante non plus. Seule une remise en cause du système monétaire (et non pas du seul capitalisme) peut changer les rapports de force....   
p.225: Un mot me vient, celui de simulacre, une apparence qui ne renvoie pas à la réalité mais prétend la représenter. Platon l'avait déjà compris avec l'éikôn (l'icône, l'image) et le fantasma (le faux réel, le simulacre, le trompe l'oeil). Distinguer le vrai du faux est devenu difficile. L'informatique en a rajouté une couche avec la possibilité de coller truquer les voix sur une vidéo, de modifier l'apparence d'un personnage, de décontextualiser une situation, etc.      
Si le smarphone a réussi à gagner l'adhésion de la grande majorité, c'est peut être parce qu'il rend des services incontournables en plus du téléphone (toutes les fonction d'un PC, plus le GPS, l'accès aux sites plus rapide, des jeux, des photos et vidéos d'une qualité meilleur que la plupart des appareils dédiés…), mais à quel prix (financier, en addiction, en problème d'audition et de vue, en sociabilité… Mais la question est peut être d'imaginer ce que deviendrait le smartphone et les réseaux sociaux sans l'argent...
p.231: La géniale invention du "développement durable", aussitôt adoptée par les destructeurs des écosystèmes, valut à Strong une reconnaissance "universelle". Mais sachant que le système contraint à la croissance perpétuelle, il est normal que les possédants finissent par détruire les écosystèmes. Ils y sont contraints comme le citoyen lambda est contraint de consommer et de produire aussi des dégâts. 
p.235: Aux Etats-Unis, il est clairement démontré que le climatoscpticisme a été pensé, organisé, financé par l'industrie et des groupes politiques de droite, dont les libertariens. Mais les libertariens sont eux-mêmes pris dans la logique monétaire. L'abolition de l'argent serait une bonne chose pour la planète mais la fin du modèle sur lequel nous vivons depuis le siècle des lumières. On peut comrendre que cela dérange beaucoup de monde: les milliardaires, les entrepreneurs, les maffieux, les politiques, les ingénieurs, les partis politiques, tous ceux qui sont en passe d'accéder à la classe sociale suipérieure, etc. Alors, tous les moyens sont bons pour retarder la prise de conscience de l'aspect létal de l'argent et de l'échange marchand: les mots, le déni, le chantage, la répression, le dénigrement, le mythe de la réforme, la durabilité, la compensation écologique, la décroissance sans changer le système, la transition douce, les normes environnementales, les commissions et institutions-usines à gaz-inutiles, la bonne gouvernance, etc.
p.303: La simplicité est la pire chose (voir la lettre volée de Poe). De même la crise climatique: son moteur c'est la production, la consommation, l'accumulation sans fin de milliards d'objets matériels dont nos aïeux se sont constamment passés. Telle est la base du désastre aggravé dans des proportions gigantesques par un commerce mondial qui suit sa route et la suivra jusqu'à la mort de tout et de tous. Pourquoi aucune force politique constituée ne s'attaque-t-elle à cette nouveauté radicale? J'ajoute que je suis pour la distribution radicale des richesse. 
     L'idée d'une distribution ou d'une répartition des richesse est aussi vieille que l'argent. Il serait bon de se demander pourquoi la même juste et bonne volonté de limiter les inégalités sociales se retrouve dans la Bible (l'idée du jubilé, vers 1200 av. J.-C.) et chez Jacques Dubois (l'&conomie distributive,1934) sans que rien n'ait fondamentalement changé.  Vous y êtes presque cher Nicolino. Presque..., parce que l'argent des industriels pourrait aussi bien financer les maraîchers bio, les producteurs de fruits, de lait, de viande, de poissons, tous les produits sains que l'on peut produire localement et répartir dans des magasins gratuits où les scmicards viendraient se servir sans sortir le moindre centime. D'ailleurs, à quoi sert de dépenser des compteurs d'eau, de gaz, d'électricité pour facturer aux plus pauvres des consommations dérisoires qui de dépassent même pas le coût des dits compteurs ? T

p.327: Lettre à des jeunes gens sur le destin du monde:
p.328: Je sens monter, comme d'autres, un très considérable mouvement de la jeunesse qui rebattra enfin les cartes décisives, mais lesquelles? Celles de l'argent, de la valeur, de l'échange marchand et du marché, de l'Etat centralisé  et quelques autres choses de même importances... Certains sont dans le déni climatique, d'autres sont dans le déni de voir que l'argent associé à la justice, à l'agamité, à la paix, c'est le suprême oxymore!  
p.329: Vous vous levez déjà et pour un vieux combattant, c'est un immense soulagement. Il faut d'abord se mettre d'accord sur l'adversaire qui est le nôtre.  Lequel?... C'est dur pour des vieux militants de changer de cible. Il ne sert plus à rien de se battre contre le capitalisme, il faut abolir le système qui l'a produit 
p.330 La révolte doit être totale. Fabrice cite Louise Michel,  Reclus,Goldmann, Makhno, Durriti... Presque tous anarchistes. C'est un bon point de départ si les anarchisrtes d'aujourd'hui reviennent à leurs fondamentaux au lieu de défiler dans la rue pour le pouvoir d'achat!  
p.331: L'heure est venue de bruler les vaisseaux pour qu'il n'y ait pas de retour en arrière possible.  Nous devons inventer des formes nouvelles, adaptées à ce que l'homme n'a jamais connu. La crise climatique ne peut être combattue avec les armes du passé, quand on croyait les sociétés humaines impérissables. Bravo Fabrice, il ne te reste plus qu'à désigner le bateau, celui de l'argent et du commerce qui doit impérativement être coulé. On nous a assez  menés en bateau! Et les armes du passé sont franchement obsolètes. Les jeunes ont beau y mettre toutes leurs forces, leur enthousiasme, leur inconscience du danger, il leur manque un récit fédérateur et un ennemi clairement désigné…Par exemple l'argent qui est le paradigme chapotant tous le reste.....