MOCICA, trois étapes pour changer le monde, J.P. Huber
27p., 2014 PDF, Accès direct ici PDF, Accès direct ici
Site: https://mocica.org/
Jean-Philippe Huber est ostéopathe à Nancy et fondateur du MOuvement pour une CIvilisation Consciente et Autonome (MOCICA). Le mouvement s'est enrichi d'un Site d'Échange et d'Offre de Services (SEOS). SEOS et MOCICA ont le même idéal selon lequel seul la solidarité et le partage peuvent rendre la société plus harmonieuse. MOCICA explique très bien la réalité du marché : la monnaie n’est qu’un outil utilisé par le système monétaire, qui est lui-même un système de marché basé sur l’échange. Leur constat est simple et les études le prouvent : l’argent diminue l’altruisme et le contact social. De plus, il favorise toutes sorte de dérives et de problèmes comme les inégalités sociales, la faim dans le monde ou encore l’inaction climatique. Afin de relever les principaux défis de notre société moderne, MOCICA propose une alternative axée sur le partage, et s’engage à abandonner le rôle de la monnaie sur le marché. Si depuis sa création le mouvement a évolué et continue à s'enrichir de talents et d'idées, ce texte reste fondateur. Il décrit les trois étapes, simples, efficaces et rassurantes, qui peuvent nous faire basculer du monde capitaliste à une société sans argent, sans échange marchand.
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Étape 1° Le rassemblement qui permet de comprendre le projet, les valeurs morales qu'il induit et permet de se regrouper et de diffuser cette idée. Depuis le tout petit groupe du début, le mouvement s'est ainsi étoffé de plus de 13 700 membres, actifs ou sympathisants, présents sur les cinq continents. "Rester ouvert d'esprit, tolérant, empathique, bienveillant et souriant a un effet contagieux sur ceux qui en bénéficient. Nous devons petit à petit baigner dans cette atmosphère douce et rassurante, c'est la meilleure façon de la répandre." […] La gratuité, le partage, l'altruisme et le service sont bien évidemment applicables dès aujourd'hui. Le visage de notre civilisation s'illumine de jour en jour. Il existe de plus en plus d'associations partout à travers le monde qui mettent en avant l'entraide, la gratuité des biens et de l'alimentaire. N'hésitons pas à les rejoindre et à en créer toujours plus. […] L'objectif est d'atteindre une majorité suffisante de citoyens à travers le monde et d'assurer par la même occasion tous nos fondamentaux avant de décider le même jour comme un seul homme de ne plus se servir du système monétaire sous toutes ses formes: billets, carte bleue, chéquier, monnaies, virement. Ainsi, le jour J en question viendra de lui-même, au bon moment : celui où nous serons prêts.
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Étape 2° La maîtrise de la situation: il est important, dans un premier temps, que nous continuions notre vie habituelle sans utiliser le système monétaire. Nous serons reconnaissants envers ceux qui ont des métiers éprouvants de persévérer au moins le temps de l'étape 2. Exercez votre profession, que ce soit artisan, agriculteur, cultivateur, gardien de la paix, chauffeur de bus, dentiste, continuez à être boulanger, ouvrier, charpentier, coiffeur, routier, fleuriste, vendeur, pêcheur, électricien, etc. Vivez aussi normalement que possible. Faites vos courses comme vous l'avez toujours fait, ne consommez pas plus, éventuellement moins, toujours en laissant la priorité aux pauvres et précaires actuels…Pour ceux qui devront se reconvertir dans une autre activité, ils deviendront encore plus de mains d'œuvres disponibles…Nous ferons petit à petit des produits meilleurs pour notre quotidien et notre santé, car nul n'aura besoin de diminuer leur qualité pour augmenter les bénéfices…Discutons, proposons des solutions, agissons ensemble et humainement. Chacun devra se prendre en main pour lui et les autres. Faire simplement de son mieux répondra largement aux besoins de l'organisation commune…
p.15: Étape 3°: L'organisation: Tout en s'assurant de garder une base solide dans les pays dévelop: pés afin qu'ils restent rassurants pour eux même et efficaces pour les autres, nous devrons nous tourner le plus rapidement possible vers les pays pauvres ou dits "sous-développés". Nous seuls avons les forces et les capacités techniques pour changer notre monde, pas eux…Rien ne doit être imposé, la base est le volontariat. C'est un des piliers du nouveau paradigme….Qui va gouverner? Personne. Surtout aujourd'hui, ce ne serait ni un avantage ni un besoin. Ne plus avoir de dirigeant est une perspective non seulement concrète mais en plus incontournable. Cela nous assurera la base sociale la plus saine et durable que l'on puisse rêver…Les lois et les décisions doivent être le résultat d'un choix commun, et non d'une seule personne ni même d'une assemblée. Elles peuvent être beaucoup plus simples et réduites que la masse des lois actuelles en se basant uniquement sur des principes évidents, clairs et fondamentaux….L'organisation ne devra plus se faire dans une hiérarchie verticale mais dans une cohésion horizontale de la société. Par quartiers, puis villes, régions et pays pour une distribution intelligemment étudiée des besoins et des ressources…Nous ne pouvions pas imaginer un meilleur réseau de communication que celui dont nous disposons déjà : Internet. Par lui, nous avons la possibilité d'avoir une communication élargie, à plusieurs niveaux…Pour les besoins communs d'une ville ou d'une région (réseau routier, infrastructures, accès aux services, etc.) nous pourrons mettre en place des organismes qui ne répondront pas aux décisions d'un élu mais qui auront pour objectif de recueillir les demandes de tous, puis d'organiser la mise en place des besoins….
Un monde sans argent ne suppose pas l'abolition du système judiciaire et de la police, qui doivent continuer à nous assurer la sécurité et le respect des lois…Nous pensons qu'il serait intéressant de redéfinir tous ensemble des textes de lois modernes, d'une société non-monétaire qui seront par le fait extrêmement réduits et simples en comparaison à la lourdeur et à la complexité de ceux d'aujourd'hui…Sans le système monétaire, et uniquement dans cette condition, nous pourrons définir le cadre adéquat de notre société en nous tenant qu'à une seule et unique finalité : assurer et protéger la liberté maximum de chaque individu…
Distribution des tâches? Pour commencer, les professions de demain ne seront pas tout à fait les mêmes, elles toucheront les secteurs du bâtiments, de la gestion des ressources, de la technologie, de la communication, des infrastructures, de la distribution, de l'enseignement, de la recherche, de l'habillement, de la santé, de l'art et la culture, de la justice et de la sécurité, du divertissement, du loisir, du sport et de l'écologie…Il est important de préciser que chacun sera considéré à niveau égal des autres. Tout le monde ne ferait pas 10 ans d'études pour devenir médecin, mais peu de médecins voudraient s'user physiquement comme un maçon pour une seule année d'apprentissage non plus. Si le maçon peut avoir sa vie sauvée par son médecin, ce dernier à nécessairement besoin de lui pour avoir un logement. Aux yeux d'une société moderne, faire de longues études ne prévaut en rien des faveurs vis à vis de quiconque et inversement…Vouloir maintenir un système qui obligerait des individus à travailler dans des conditions inacceptables pour le confort des autres revient à consentir l'existence de l'esclavage.
Tout a été pensé dans ce programme: la distribution des tâches, l'accès aux biens consommables et aux fournitures, la propriété, les transports et voyages, l'écologie, l'armée, l'éducation, l'art, la santé, les ressources naturelles… Bien sûr, on ne présente pas un projet de société radicalement innovant en 27 pages… Bien sûr, tout n'est pas prévisible et rien n'est figé dans ce programme. Ce sera à chaque citoyen de proposer, en fonction de ses compétences et de son expérience, de nouvelles possibilités d'organisations. Ce n'est d'ailleurs pas un programme au sens où les partis politiques nous ont accoutumés. C'est juste une ouverture de l'esprit pour que chacun réalise que le système monétaire et marchand nous a coincés dans un carcan impossible à dénouer. Il suffit d'accepter que tout dépend du "contrat social" que l'on se choisi et que chacun a son mot à dire, au moins pour ce qui fait sa vie est dont il est le meilleur expert.
Chaque jour, des postmonétaire qui se sont lancé dans cette aventure, découvrent des entraves qu'il nous faut arracher, des possibilités que seul l'argent empêchait, des capacités individuelles et collectives qui ne demandent qu'à s'épanouir. Le mouvement MOCICA a l'avantage de laisser une place à tous, sans exclusive ni dogme, sinon ceux de l'équité, de la liberté, de l'entraide enfin possible à écrire dans nos vies et non plus au fronton des mairies…