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Texte inédit, 18p.

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      Drogue et argent entraînent une accoutumance et donc une dépendance. Le propre de la dépendance est de priver le sujet qui en souffre de liberté. Cet essai propose une analyse simultanée de la toxicomanie et de l'économie.

Cet essai s'appuie sur la pratique du soin aux toxicomanes dans un centre spécialisé durant 20 ans et sur autant d'années de recherches épistémologiques sur l'argent. Les toxicomanes m'ont appris qu'il est aussi facile de se faire piéger par la drogue qu'il est difficile de s'en sortir. Et depuis que je réfléchis à l'argent, je constate qu'il en va de même pour l'argent. On en veut toujours plus, jusqu'à la folie, on y perd tout sens commun, tout équilibre psychique, et très vite on est enfermé dans un minuscule cercle, de riches ou de toxicomanes. A chaque prise ou rentrée d'argent on est euphorique, à chaque manque ou perte on est profondément perturbé. On commence par un petit rail ou un petit placement en bourse, on finit par une overdose ou dans le monde absurde des milliardaires. Il faut être totalement fou ou terriblement malheureux pour risquer sa vie à chaque prise, il faut être totalement fou ou terriblement perturbé pour rechercher perpétuellement des profits quand on sait que, quoi que l'on fasse, on ne pourra jamais dépenser les milliards que l'on a accumulés…

            Je ne sais qui seront les plus fâchés, des toxicomanes d'être assimilés aux milliardaires, ou des milliardaires d'être traités de toxicos. Mais vingt ans de partages quotidiens avec les toxicomanes et presque autant à lire tout ce qui se publiait sur l'argent, la finance, la sociologie des riches et les dégâts qu'ils produisent,  il faut se rendre à l'évidence, de l'héroïne ou de l'argent, je ne sais pas lequel est le plus mortifère…