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Jean Pierre Gallou - Petit traité utopiste
Éd. Écosociété, 2009, 118p.
Quatrième de couverture: Pas d'État, pas de propriétaire pour réclamer du profit, pas de propriété privée non plus créatrice de rapports de domination), mais une propriété du droit d'usage et des biens communs à gérer collectivement, pas d'argent mais une société du don et de la coopération, voila bien les bases, selon Jean-Pierre Callou, qui permettront d'imaginer ensemble cette société idéale. L'auteur prend pour exemple la création d'Internet et la dimension novatrice de ses débuts: partage des connaissances et des compétences, libre accès au programme source, gratuité, autogestion. Tous les ingrédients pour miner la société marchande sont réunis… et la recette à portée de nos mains.
Biographie: Ingénieur de recherche français et autodidacte, Jean-Pierre Gallou est aussi passionné par la photographie et féru de montagne. Il a achevé cet essai en avril 2006 et a disparu tragiquement au cours d'une excursion un mois plus tard. Ce livre est l'œuvre de sa vie…
p.7: La richesse matérielle accrue dissimule une détérioration généralisée: la qualité de l'eau et de l'air, le milieu naturel et les relations sociales se dégradent […] De ce fait, une insolente prospérité côtoie un dénuement extrême…
p.8: …nombreux sont ceux qui souhaitent combattre ces menaces et ces maux mais ne savent comment procéder. […] Les rares propositions d'amélioration qu'on peut lire ici pu là sont toujours partielles et sectorielles… […] Ce livre est dédié à tous ceux qui veulent restituer le gouvernement aux êtres humains, qui ne veulent pas de fatalité, à ceux qui veulent édifier une civilisation plus harmonieuse et plus riche pour le genre humain…
p.16: Après des siècles d'espoir de progrès social, l'humanité a perdu tout idéal social et ne conçoit plus d'autre avenir que le perfectionnement technologique. La seule valeur reconnue est celle de l'argent… Les seules motivations avouables sont le recherche effrénée de la réussite et l'enrichissement personnel.
p. 17: Si cette logique perdure, la réalité risque de dépasser bientôt nos cauchemars les plus fous.
p. 18: Pour la première fois dans son histoire, les êtres humains peuvent communiquer directement, par-delà les cultures et les continents, et imaginer collectivement les nouvelles modalités d'un devenir commun.
p. 20: Les plus réalistes envisagent l'avenir dans quelques années seulement… Ne laissons pas les experts transformer nos sociétés en jungle et notre terre en décharge
p. 21: …un véritable changement ne peut être que radical, il doit changer les fondements mêmes de notre société.
p.26: Lorsqu'on rêve d'une maison à construire, on commence par l'imaginer, par faire des plans, une maquette. […] Quant à l'édification d'une société idéale, c'est un objectif enviable mais qui reste flou, hors d'atteinte et dont on n'a même jamais vu le début du commencement…
p. 27: Curieusement, l'homme moderne est généralement empreint d'un fatalisme total: "c'est ça ou la bougie"… "C'est le progrès"… Pourtant ces calamités ne sortent pas d'un volcan, d'une volonté divine, mais bien des réalisations humaines…
p.29: Tout peut s'expliquer par la volonté de pouvoir et l'avidité de quelques-uns.
p.30: Exemple de la pêche: l'armateur a intérêt à armer des nouveaux bateaux aux équipements modernes. Ainsi, il prend plus de poissons et tous les autres en font autant. Partant de là, les prix baissent et la ressource s'amenuise. On augmente donc la technique et les prises… Les pêcheurs ne sont pas fous ou irrationnels. Ils sont juste prisonniers d'un système aberrant!
pp.33-34: Le libéralisme économique tire son nom du mot liberté. Et pourtant cette théorie systémique ne fait pas la promotion de la liberté des hommes, mais celle des entreprises, du marché, du commerce. Le libéralisme n'a rien à voir avec la liberté des hommes. Quand les mots en viennent à signifier le contraire de leur sens commun, il faut s'en méfier ou se les réapproprier et leur redonner un sens authentique.
p.37: L'économie et le progrès sont des dieux modernes qui soumettent les citadins aux gaz toxiques, les pauvres au chômage et le bétail aux farines animales. Les experts en légitimation et les présentateurs des journaux télévisés sont leurs prophètes.
p.38: Ils sont assistés de thuriféraires, les publicistes. La publicité est un mensonge institutionnel puissant, qui nous fait acheter des biens inutiles et entretiennent les médias…
p.43: La domination qui s'en suit se reproduit elle-même sur un mode générationnel, non pas en raison de la nature humaine mais à cause de la nature même de notre société. […] Or, l'homme est fondamentalement inadapté à la société actuelle car il a vécu des millénaires en petits groupes, en tribus, sans État, sans propriété privée, sans salariat. Au lieu de chercher à s'adapter, il devrait réfléchir à une structure sociale plus juste, plus adaptée à la nature humaine. Contrairement à la nature humaine non modifiable (sauf à délirer), les structures sociales peuvent changer en quelques décennies si nous sommes suffisamment nombreux à le vouloir.
p. 45: Il faut établir un mode de fonctionnement social qui ne favorise pas les comportements égoïstes et ne fournisse pas des moyens d'action aux dominateurs comme les systèmes hiérarchiques, la propriété privée, l'argent, l'État… […] Il est donc grand temps de réaliser que l'égoïsme et la concurrence ne sont plus les bons choix, et qu'il vaut mieux coopérer et partager.
p.46: La concurrence est une maladie grave de notre société. Supprimer la domination, la concurrence et les conditions qui les rendent possibles est donc un préalable à une société humaine.
p.46: Aucun système politique d'un passé récent ne satisfait ces conditions. Il faut donc inventer, construire, créer, puis améliorer une organisation répondant à ces objectifs. La société ne peut être dirigée par une élite et chaque être humain est compétent quant à son bien-être et au sens de sa vie
p.49: Les hommes peuvent être colériques, dominateurs ou violents, mais la violence et la domination ne doivent pas être institutionnalisées ni même encouragées.
p. 50: La propriété lucrative qui est un moyen de domination des possédants sur les non-possédants, doit donc disparaître. Elle peut être remplacée par la propriété commune, mais l'expérience soviétique en a montré tous les inconvénients. Le problème découle de la confusion entre la propriété de droit d'usage et la propriété de droit de domination (lucrative, capitaliste ou autre). C'est le capital qu'il faut abolir, pas l'usage. Les biens d'usage privé ne sont pas des biens communs, mais des biens personnels dont on a logiquement l'usage exclusif. J'ai le droit de circuler partout sauf dans l'appartement d'un autre sans invitation.
p.52: Un logement doit appartenir à ceux qui l'habitent et non à une société financière ou à une personne qui n'y réside pas.
p. 53: Les poissons n'appartiennent pas à ceux qui les pêchent pour les vendre mais aux riverains qui en ont besoin pour se nourrir. […] Dès que quelqu'un n'utilise plus un bien, celui-ci doit redevenir libre, ou aller dans un "pot commun", administré par un organisme dédié à cet usage, lequel l'attribuera à un autre usager.
p.54: Ainsi, l'intérêt personnel sera limité aux affaires personnelles.
p.56: Souvent la propriété privée crée la rareté, alors que la propriété commune assure automatiquement le partage le plus équitable possible. L'exemple des plages privées et publiques le montre bien.
p.57: Il va sans dire que l'industrie combat avec la dernière énergie le partage des biens car cela diminue son marché.
p.59: Si les automobiles étaient des biens communs, il en suffirait 100 fois moins pour un service égal. Ce serait plus intéressant pour tous sauf qu'il faudrait modifier quelques éléments des voitures spécialement conçus pour un usage privé.
p.61: La valeur des biens telle que définie par le marché est toujours fondée sur un rapport de force. Dans une société voulant éviter la domination et les rapports de force, comment parvenir à une définition de la valeur? Vouloir fonder une économie sur des échanges équitables au juste prix est tout simplement une utopie impossible. […] Même équitable, l'échange monétaire nécessite de l'argent et une comptabilité tatillonne. De plus le contrôle des flux financiers favorise toujours la prise de pouvoir, donc la domination.
p. 62: Le nœud du problème, c'est l'échange quantifié et la propriété privée, symbolisé et rendu effectifs par l'argent. […] La nature ne pratique pas l'échange tarifé car elle ne connait pas l'argent. Elle n'en est pas moins dotée d'une haute technologie et des pratiques de collaboration de grande sophistication.
p.63: Le principe d'une société sans argent est en fait très simple. Chacun remet à la société le fruit de son activité et reçoit de la société ce dont il a besoin: un échange global sans comptabilité.
Attention au don qui semble évident et pacifique mais qui peut très vite appeler au "contre-don", puis à la surenchère, jusqu'à la guerre et l'extermination du plus faible. Autant il est facile de parler d'échange de bons procédés, autant s'organiser pour que nulle part existe un contre-don, c’est-à-dire en fait une conditionnalité à la validité du don, c'est compliqué et conflictuel. Ce n'est pas pour autant impossible. Le contre don est tellement incrusté dans nos cerveaux après des siècles de marchandisation que le don gratuit, sans retour sur investissement finit tôt ou tard par se terminer en réflexe de replis de classe: de la part de celui qui ne peut rendre un très bon repas, autant de la part de celui qui ne supportera pas de partager un repas ordinaire. C'est peut être l'un des problèmes les plus épineux à résoudre… Ce n'est pas un problème de transformation de la nature humaine (donc une utopie) mais juste un problème de "désintoxication" de siècles d'usages de l'argent. Seule l'expérience est capable de prouver que c'est possible, l'expérience induit la conversion individuelle, soit un reconditionnement autre qui ne vaudra pas mieux que l'ancien ou le temps long et nous ne sommes pas sûr d'avoir ce temps long…
p.66: A partir du moment où on se rend compte de l'évidence c’est-à-dire que l'économie n'est absolument pas organisée de manière équitable, on comprend que les rapports économiques peuvent être interprétés en termes non monétaires… Supprimer l'échange monétaire rend à l'activité son caractère libre, et aux produits leur caractère humain.
L'auteur ne peut être plus clair dans sa déclaration de postmonétaire… Bricolage et rafistolage sont les deux mamelles du système monétaire. Liberté et équité sont les mamelles de la civilisation sans argent…
p. 67: Le risque que, sans argent, plus personne ne travaille et que la production matérielle s'arrête est peu vraisemblable. Cela peut être la crainte légitime du maître ou du patron qui craint que ses travailleurs cessent de travailler pour lui. Mais ce n'est pas pour autant que les travailleurs cessent leur activité. Les hommes n'aiment pas l'inactivité hors des temps nécessaires de repos. Ils aiment être utile et rendre service, iles aiment s'activer en groupe… Surtout si la contrainte d'exercer la même activité durant 40 ans disparaît…
p. 69: En revanche, il risque d'être très difficile de trouver des volontaires pour fabriquer des mines antipersonnel ou des chars d'assaut! Il risque de paraître curieux d'aller chercher des tomates du Maroc et des avocats d'Afrique du sud si des jardiniers les produisent à quelques kilomètres de chez nous! Pourquoi un industriel s'embêterait à produire son nouveau produit pour le monde entier s'il est plus simple d'en donner gratuitement les plans à ceux qui le demandent?
p. 70: En revanche il y aura toujours des boulangers qui tous feront du bon pain, au levain, avec des céréales bio et rustiques, des pêcheurs qui ne pêcheront que les poissons qui lui ont été demandé, des fabricants de presse-purée et de machines à laver…
p. 72: il y aura toujours des industries mais autogérées, ne produisant que ce qui leur est commandé, pouvant s'arrêter quand la demande est satisfaite, sans risquer la faillite… Chacun pourra créer, de sa propre initiative, une unité de production. Si un projet est une lubie, il ne trouvera tout simplement personne pour s'y engager…
p. 75 [On nous objecte que si] un boulanger décide de quitter son fournil trois jours sans prévenir ses usagers pour rester chez lui ou aller voir de la famille éloignée, de graves problèmes d'approvisionnement sont à craindre! Pire encore quand il s'agit d'une production d'énergie, de transports en commun, de services de santé… Mais tout humain peut avoir le sens des responsabilités. Y a-t-il beaucoup de parents qui "oublient" de donner à manger à leurs enfants sous prétexte d'une sortie au cinéma ? En outre, activité libre ne signifie pas absence de règles!...
p.77: Des bourses d'offres et de besoins mettront en relation des agents du "commerce libre" et remplaceront ainsi le marché, tout en en préservant l'aspect utilitaire…
p.78: Les gens feront alors circuler des recettes, des plans, des inventions et des procédés plutôt que des produits et ce, chaque fois que ce sera possible…
p.79: Dégagée de la vision limitée du monde qu'impulse l'argent, la société fera intervenir les critères écologiques dans ses choix, ce que l'économie marchande est incapable de faire, sauf sous forme de réglementations.
p.80: Comment prévenir le gaspillage des ressources mises à disposition de chacun? Il ne s'agit pas de tout faire bien, mais faire moins de gaspillage que la société marchande, ce n'est pas difficile. Avoir peur de cette question, c'est refuser le mieux par crainte du pire…
p.81: Depuis que les hommes réfléchissent aux formes d'organisations politiques, la meilleure idée est celle de la Démocratie. Il faut donc préciser ce que cela veut dire et corriger les défauts des démocraties existantes. On a vu que ce n'était pas simple, mais il est sûr qu'une société fondée sur le partage et la coopération sera plus facilement démocratique au sens propre du terme qu'une société fondée sur la compétition et l'intérêt privé.
p.84: Contrairement à ce qu'on croit, la démocratie ne consiste pas à entériner par un vote le choix d'une majorité… Le choix de la majorité doit donc être la dernière solution, celle qui prévaut quand aucune autre n'est possible. … La majorité n'ayant pas forcément raison, elle n'a pas à imposer sa manière de vivre ou sa domination à une minorité.
p.85: Dans une société ayant des cultures différentes [presque tous les États sont dans ce cas] la démocratie ne consiste pas à les fondre tous dans le moule réducteur au peuple le plus nombreux ou le plus fort. … Les élus seront tenus de rester sous le contrôle effectif de leurs électeurs et pourront être révoqués dans le cas où ils ne respecteraient pas leur programme. … Aucun système n'étant parfait, mieux vaut avoir plusieurs systèmes qui cohabitent. Par exemple le vote de représentants dans certains cas, le tirage au sort dans d'autre, le comité d'expert ailleurs… et d'autres restent à inventer. … Cela exige une information complète et objective de tous les participants. La mise à l'écart de certains sujets réservés tels que les secrets d'État est inadmissible.
p. 86: Les organes démocratiques doivent être tous en démocratie directe ou en démocratie confédérale selon la taille du groupe concerné (du village aux nations). Mais cela ne suffit pas encore: la démocratie est lente, bavarde, conflictuelle.
p. 87: Dans le cas de situations urgentes exigeant des décisions rapides, elles peuvent aussi être confiées à des personnes de confiance…, mais toujours sous le contrôle de ceux qu'elles représentent. Et leur pouvoir doit rester circonscrit à un domaine précis et limité… Une société sans argent ni propriété privée n'a pas besoin d'un État. En lieu et place, on peut penser à des organismes gérant chacun un domaine à l'échelle du pays er dans ses relations avec les autres pays.
p. 90: Grace à Internet, la démocratie, l'ensemble des citoyens auto-organisés, peut devenir plus efficace que la structure hiérarchique. … La richesse et l'abondance sont des notions relatives: Des sociétés primitives peuvent considérer qu'elles ne manquent de rien, jusqu'au jour où elles découvrent le réfrigérateur ou la télévision…
p.93: L'égalité naturelle n'existe pas. Une société sans argent n'y changera rien. Qu'il y ait donc au moins une égalité des droits, ce qui est impossible dans un système marchand mais possible dans une société a-monétaire.
p.95: Internet a été conçu et continue de fonctionner parfois selon un modèle économique sans argent. Le libéralisme voir dans Internet le vecteur de la croissance, de la mondialisation, ce qui est tout à fait opposé.
p.97: Au début de l'Internet, ce sont les utilisateurs qui ont défini leurs besoins, inventé les logiciels à leur mesure, échangé leurs savoirs. Dès l'entrée des industriels dans cet outil, on a posé des normes RFC (Request For Comment), d'abord suivies par tous pour leur commodité, puis inspirées par le seul profit des multinationales du numérique. L'Open source est devenu propriété de Microsoft, Apple, Windows, etc. Depuis c'est la lutte inégale entre le gratuit et le payant…
p. 103: S'étant développé tout seul et dans l'indifférence quasi générale des pouvoirs publics et des principaux agents économiques, Internet est vite devenu un terrain propice à de grandes manœuvres de la part de prédateurs qui, depuis essaient de se l'approprier ou de le parasiter. A coup de milliards, les entreprises commerciales peuvent effectivement créer des services que les bénévoles ne peuvent concurrencer, y drainant le grand public et introduisant la publicité et le commerce.
p. 104: Ce que certains commentateurs présentent comme les failles d'Internet (la pornographie, les messages haineux ou commerciaux, les virus, les trafics d'armes, la pédophilie…) ne sont que l'expression des effets pervers du marché. Avant l'ouverture d'Internet au marché et au grand public, ses utilisateurs n'avaient rien à vendre et tout à partager. Internet a été conçu selon des principes d'ouverture, de coopération, de service, de démocratie, d'échanges non monétaires, d'absence de structures hiérarchiques.
p.106: Si les services offerts sur Internet avaient dû être payant, la plupart d'entre eux n'auraient tout simplement pas vu le jour.
p.110: Une société sans argent connaîtra des problèmes et devra faire face à certains inconvénients, mais elle bénéficiera d'une foule d'avantages.
p.111: La plupart des habitants des grandes mégalopoles se plaignent de leur taille inhumaine et des problèmes qui en découlent. Mais cette taille est liée à l'organisation hiérarchique des grandes sociétés et des États.
p.113: Prôner comme préalable un changement de mentalité qui permettrait ultérieurement un changement de société n'a aucun sens. La mentalité des gens est liée surtout liée au milieu et à l'environnement social. Vivre dans un monde où les biens personnels serait garantis et où le bien commun pourvoirait aux dangers ou aux accidents n peut que libérer du besoin d'accumuler.
p. 114: Si des individus se comportent en parasites dans un monde sans argent, il faudra se rappeler qu'ils sont moins nombreux que les parasites du système monétaire. Par exemple l'armée qui ne produit rien et réclame sans cesse des armes de plus en plus sophistiquées est un parasite bien plus vorace que très peu critiquent…
p. 118: Cet essai ne constitue rien d'autre qu'un point de départ pour une réflexion. Il appartient à chaque personne souhaitant s'affranchir de la société marchande, de le critiquer, de l'amender, de l'infléchir. Le salut ne viendra aps d'un programme, d'une idéologie, ou d'un maître, mais de la construction par les hommes eux-mêmes de leur maison commune: la société de demain… Une ère nouvelle commence!
J'ai très peu à redire à ce manifeste pour une société sans argent. Écrit au tout début de ce siècle, cet auteur mérite, malheureusement à titre posthume, toute notre reconnaissance. Ce qui me fait le plus réfléchir, c'est que j'ai commencé ce même genre d'essai presque dix ans plus tard, que je découvre ce livre dix ans après… Il aura donc fallu deux décennies pour que le lien entre Jean-Pierre Gallou et moi s'établisse. Il est possible qu'un effondrement advienne au début des années 2030. Au rythme où nous allons, il y a peu de chance pour que nous soyons prêts à temps pour abolir l'argent. A moins que la courbe des adhésions à la cause postmonétaire soit encore plus exponentielle que celle de la chute du capitalisme…. Tout espoir n'est donc pas perdu. La seule chose qui est sûr, c'est que le meilleur moyen de perdre est de ne rien faire…