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14 jours dans un écovillage a-monétaire

14 jours vécus dans un

écovillage a-monétaire

(sans monnaie ni troc)

Marc chinal

éd. RJTP, 95 p., sept.2024

 

Couverture-chinal4.jpeg4ème de couverture: Tout le monde ou presque voit que notre monde marche sur la tête, qu'il est de plus en plus pollué malgré nos efforts pour le "verdir". Et nous avons presque tous en permanence au-dessus de nous l'enclume: "aurais-je assez d'argent à la fin du mois ou de l'année ou pendant ma retraite?" Face à cela, chaque jour des citoyens, des ingénieurs, des salariés, des étudiants décident de ne plus avoir comme priorité l'argent. On a appelé ce mouvement "La grande démission". Elles et ils veulent retrouver du sens, une réelle utilité. Bien qu'ayant toujours ce fil à la patte de devoir "gagner sa vie", on peut voir dans cette grande démission un premier pas pour construire un nouveau monde. Mais est-ce suffisant?

 

      «Je n'ai pas échappé à ce ras-le-bol. En cherchant sur Internet des alternatives, des lieux où certains se donnent du mal pour construire un autre modèle de société, je suis tombé sur "la société postmonétaire, ou a-monétaire, ou civilisation de l'accès libre, ou économie basée sur les ressources." Pendant mes vacances familiales, nous sommes allés visiter cet endroit, pour découvrir comment ils arrivent à vivre sans argent, sans troc, sans échange tout en faisant société. Ce livre est la transcription de mon journal audio de cette aventure…
    Qui parle? L'auteur Hugo, sa compagne Judith, sa fille Laura et son fils Louis, les amis Steavy, Isabelle, et Mohamed, les gens de lieu: Clément à l'accueil, Sophia au bureau de la réciprocité, Jacques le sociologue, Donatien l'orateur, Madame Claude la vieille dame habitant le hameau voisin, un des fondateur, Fanny une autre visiteuse. Hugo et sa petite famille partent donc dans l'écovillage trouvé sur Internet, lui étant curieux, les autres étant sceptiques. Accueil sympathique, mais d'emblée la discussion démarre sur l'argent qui subsiste dans une communauté sensée vivre hors de tout argent, démonétarisée. Prise de tête sur la différence entre démonétiser et démonétariser....

"Démonétiser veut dire qu'on enlève la qualité de monnaie à un billet ou une pièce. On ne peut donc plus s'en servir pour réaliser des achats ou de la vente… Par contre démonétariser veut dire sortir définitivement de la sphère marchande. On ne peut plus acheter ou vendre un bien démonétarisé…."
     Démonétariser n'existe pas dans le dictionnaire français, c'est un néologisme fabriqué sur mesure par les gens de la communauté postmonétaire. S'ils se contentaient de démonétiser, cela n'aurait plus aucun sens. Le seul moyen de démonétiser un billet de banque quand on n'est pas la Banque de France, c'est de le brûler ou de le déchirer en petits bouts. C'est stupide tant que la société de l'argent a encore cours. Quant à démonétiser un objet, un légume ou le mouton qui est dans le près, cela voudrait dire en bon français qu'on ne lui reconnaît plus aucune valeur. Et même un poireau a une valeur, ne serait-ce que nutritive. En revanche, démonétariser le poireau, c'est ne plus le vendre, n'en plus acheter, mais c'est lui redonner une valeur qu'il n'a plus tellement dans un monde monétisé….

       Ainsi la famille d'Hugo va aller de surprise en surprise, et vont en ressortir tout chamboulés…, mais c'est là une autre histoire qui peut être vous chamboulera si vous lisez la première histoire jusqu'au bout des 14 jours…

 

 

La revue Prosper, Jean-Paul Lambert

Lambert.jpegBiographie: Jean-Paul Lambert (1932-2018) après des études de philosphie, il obtient un diplôme d'enseignant spécialisé dans l'enfance inadaptée et dirige en fin de carière le collège spécialisé Pasteur à Créteil. Il participe à la revue Esprit dans les années 1970 et publie aux Éditions Ouvrières "Le gai massacre des cancres" sur la condition sociale des enfants dits inadaptés. Militant écologiste avant l'heure, il écrit plusieurs articles dans les revues "La Gueule ouverte", "Combat non-violent", "Silence". A la retraite, retiré dans sa maison des Cevennes, il consacre tout son temps à l'écriture. D'abord sur l'usologie, une forme de pensée qu'il tente de développer pour mieux comprendre le monde et l'amène à fonder une association de ce nom pour financer la "revue de l'usologie". Les éditions de l’Harmattan le présente ainsi : « Lecteur de Sartre (l’existentialisme) et de Wittgenstein (philosophie analytique anglo-saxonne), Jean-Paul Lambert réalise que, seuls les usages définissent le contexte et que l’on ne peut rien fonder en “être”, ce qui limite notre liberté. L'usologie le conduit à réfléchir aux usages de l'argent et à s'intéresser à l'économie. Il écrit plusieurs ouvrages sur l'économie distributive de Jacques Duboin. Puis, en réfléchissant aux impasses économiques, il en vient à imaginer une société sans argent et invente le terme de "désargence" pour désigner l'idée de se décoloniser de l'argent, puis de lui désobéir et enfin d'en venir à imaginer une société sans argent. Pour diffuser ses idées, il publie le numéro 1 de la revue Prosper en juin 2000. Il publie ainsi 28 numéros (presques) trimestriels, le dernier étant intitulé "Licencier Ploutos" (Ploutos étant le dieu de la richesse chez les Grecs de l'antiquité), et quatre hors séries. Jean-Paul nous a quitté en 2018 épuisé par son incessant travail...» 

L'ensemble de ses textes ont été numérisés et sont donc accessibles à tout chercheur  sur cette page spéciale.  Pour chaque numéro de la revue,  un lien ouvre le texte avec un clic sur l'image de couverture et quelques mots en présentent le contenu.  

 

Prosper-1.JPG                    N°1: Printemps 2000

De Gaule: « Le salariat ne doit être ni
la base définitive de l'économie 
française,
ni de la société  moderne. » 
     ....ni celle de l'Europe,
                 ni de la mondialisation.. 

Prospère-2.jpeg                                N°2: Été 2000

Ce qui est en cause c'est l'éducation dans
le monde moderne: 
École des usagers ou fabrique de consommateurs ?...

Prosper-3.JPG

N°3: Automne 2000

Vous achetez des bouteilles d'eau?
Alors, pourquoi pas d'air? 

C'est absurde?...On devrait réguler le marché?...  

 

Prosper-4.JPG N°4: Hiver 2000

«Il faut vivre en intelligence avec le système et en 
révolte contre ses conséquence »  (Jean Baudrillard).

D'accord avec le tout autos et contre les taxes carbones? 
Oui au tout viande, non à 
la vache folle?   Pour le droit de
polluer et contre les cancers?  D'accord pour déléguer

vcos pouvoirs  et contre les politiciens?... 

Prosper-5.JPG

N°5: Giboulées 2001

Quelle planète allons-nous laisser à nos
enfants?... Quels enfants allons-nous laisser 
à la planette ?...
                          Pas de panique! 
                      Lisez Prosper!

Prosper-6.JPG                             N°6:  Messidor 2001

- Pillage des ressources, laminages des
    peuples! Tu ne peux être écolo et
    pour le marché! 
- Et comment je les vends, mes piles solaires? 
         Comme des centrales éléctriques?

     Délocalise-toi: lis PROSPER 

 

 Prosper-7.JPG

N°7: chrysenthèmes 2001

      Terrorisme d'Ètat... La peine de mort!
      Terrorisme mondiale... La peine de fric

     On en a presque fini avec le premier, 
     C'est le moment de passer au second!... 

Prosper-8.JPGN°8:  équinoxe 2002 

- Le distributisme... qui va s'y intéresser?
- Les banquiers, les nantis 
- Tu plaisantes? 
        Tôt ou tard le distributisme passera. 
                 Lequel choisissez-vous? 

Prosper-9.JPG                        N°9:   thermidor 2002

-Levés en masse contre le petit chef...
- Couchés devant le grand chef...
...M. le Saint-Marché, ayez pitié de nous?! 

Un tamipen peut en cacher un autre! 

 

Prosper-10.JPG 

 N°10: Bouchons d'hiver

- C'est quoi le IV° Reich?
- L'économie de marché.
- C'est pourtant la seule voie

        ....et le distributisme, 
                 vous connaissez?....

 

Prosper-11.JPG

N°11: Surprises de rentrée 2003

«Considérant que le fric ravage la planète...,
avons décidé d'en faire encore plus... avec 
du propre»
- Du fric propre ET de la propreté! Vive le 
marché! 
- Et de la croissance qu repart ! 
-Faut pas rater le train...

Décroissance ou 
démonnaie?....

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N°12: Giboulées sociales 2004

Faire dépendre le service public, 
les droits sociaux, la recherche, d'une 
Croissance obtenue à n'importe quel 
prix écologique et social...,

       ...est-ce bien Intelligent? 

 

Prosper-13.JPG

N°13 Massacres de septembre 2004

          Liibérer le travail du Marché
      Gauche de misère/ Travail et emploi/
      maximination du bonheur/Rateté.....

 

Prosper-14.JPG

N°14 Vrai-faux Mai 2003

Refonder les droits

Une Constitution /TCE / 
Une école sans obligation ni sanction
Faire de la décroissance
Premières mesures....

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N°15: Rumeurs de rentrée 2005

D'où vient l'argent ?
La monnaie scipturale, 
vous connaissez?
Comment s'en passer ?
La comptabilité matières...

 

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N°16: Misères de la Croissance

La décroissance sans regrets
ni complaisances.
Pourquoi les profits doivent-ils croître?
Eléments d'un modèle réellement autre 
pour un décroissantisme rigoureux
"Grève de la conso"

 

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N°17:

De l'écologie à l'usologie
Les ambiguités de la décroissance
Usages et besoins
Usologie politique
Retour sur la démocratie 
 

 

Prosper-18.JPG

N°18:
Adieu aux profits monétaires
Relocalisation
La décroissance trop sérieuse pour la confier aux écolos
Libérer le marché des profits monétaires 
Expérimenter ou expérencier  

 
Prosper-19.JPGN°19: 
Si le libéralisme est juste
la planète est fausse
Décoissance, une méprise sur l'objectif
Croissance et capitalisme vert
Grenelle de l'environnement
Maîtrise des usages....

Prosper-20.JPGN°20:
  
La politique du rétroviseur 

Abolition des profits monétaires
Usologie au quotidien
Attalisme et fétalisme (Allain Caillé)
Pierre Larrouturou et le 4-4-42

Prosper-21.JPG N°21:

De l'achat à l'accès

Pour une gestion de la monnaie sans crises:
un suivi des ressources sans évaluation monétaire
Labolition de la monnaie couronne celle 
des profits monétaires
Les cheminées «canon»
Usologie politique

 

 Prosper-22.JPG
N°22: Nouvelle série 
Pour un front antimonétaire
1

Les raisons d'abolir la monnaie
Que deviens la démocratie sans monnaie?
pensez usages ! L'accès selon Rifkin et Prosper 

 

Prosper-23.JPG
N°23:Nouvelle série

Les raisons d'abolir la monnaie :
La fin de la monnaie 

 

Prosper-24.JPG 


N°24: Nouvelle série 
3
Les raisons d'abolir la monnaie. 

 
Prosper-25.JPG N°25:Agir et penser sans argent
Les rencontre pour une Civilisation Sans Argent 
Premières mesures révolutionnaires 
l'argent au-delà de la morale et de l'économie
JF Aupetitgendre, "Le Porte-Monnaie"...

 


Prosper-26.JPGN°26: La Désargence ? ! 

Impasses des astuces monétaires
Esquisse d'une gestion postargentique
de l'achat à l'accès
Haut et bas de gamme....

Prosper-27.JPG N°27: La gratuité toute nue ! 

Le festivalm de la gratuité
Démocratie représentative ou participative? 
Esquisse d'une gestion post-monétaire
De l'achat à l'accès
Le progrès et son locataire

 

Prosper-28.JPGN° 28: Licencier Ploutos 

Ploutos: Dieu du fric chez les Grecs

HS-1.JPGHors Série 1
Politique fiction: 
A quoi ressemblerait une société où les entreprises   
seraient dispensées des profits financiers

HS-2.JPGHors Série 2 

Une redstribution "plus juste" c'est encore consentir
au modèlme libéral...

 

 HS-3.JPGHors série 3

Par ici la sortie...
Comment abolir l'argent
Receuil d'article Prosper n°16-25

 

HS-4.JPG Hors Série 4

Une civilisation sans arge nt: 
Les cent premiers jours


Usologie-1.JPG

Cahiers de l'usologie 1

 

 

Usologie-2.JPGCahiers de l'usologie 2

 

 

Usologie-3.JPG

 Cahierts de l'usologie 3

 

 

 

 

 

 

 

Usologie-4.JPG

 Cahiers de l'usologie 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                           

        


 

               
   

ΤΟ ΠΟΡΤΟΦΟΛΙ· ΜΙΑ ΚΟΙΝΩΝΙΑ ΧΩΡΙΣ ΧΡΗΜΑ; JF Aupetitgendre

ΤΟ ΠΟΡΤΟΦΟΛΙ

 

Εκδόσεις Απαρσις, Αθηνα, μαιο 2018, 156 σ.
Δυνατότητα λήψης εδώ  

Κι αν εν To-portoφολι.JPGμέσω γενικευμένης κρίσης το χρηματοπιστωτικό σύστημα γινόταν πλέον μη διαχειρίσιμο, σε τέτοιο βαθμό ώστε το χρήμα να χάσει ολοκληρωτικά τη λειτουργία του; Τι θα γινόταν; Ο κόσμος μας ο ίδιος, θα καταστρεφόταν δίχως τους... ναούς του χρήματος;

Στη μυθοπλασία του Ζαν-Φρανσουά Οπετιζάντρ, μια παγκόσμια κατάσταση υπερπληθωρισμού υποχρεώνει τις κοινωνίες να επιβιώσουν πλέον δίχως μετρητά και μετρημένα, ευρώ, γιεν ή δολάρια. Το παζλ συντίθεται στην πολυκατοικία μιας επαρχιακής γαλλικής πόλης, αίφνης έπειτα από τη χρηματοπιστωτική κατάρρευση. Εκεί κατοικούν ένας συμβολαιογράφος, ένας ξυλουργός, μια δασκάλα, ένας επαγγελματίας απατεώνας, ένας αστυνομικός διευθυντής κι άλλοι ένοικοι. Ο καθένας τους βιώνει την κρίση με τον τρόπο του, ως δράμα ή ως μεγάλη ευκαιρία, με φόβο ή με ελπίδα.

Φιλοσοφική παραβολή, πολιτική μυθοπλασία ή προαίσθημα ως προς τα μελλούμενα; Το έργο του Ζαν-Φρανσουά Οπετιζάντρ είναι ένα δοκίμιο, μια σαφέστατη άσκηση επί του μέλλοντός μας, έξω από τετελεσμένες τρέχουσες ιδεολογίες και στερεότυπα, κυρίως οικονομικά, όπως εκείνα που για την ώρα μας διαφεντεύουν...

Ne réparez pas ce qui vous détruit, Revue Streitzüge

Article de la revue de Streifzüge,  PDF 3p., octobre 2013.

 Streizüge.jpeg               Streifzüge est un groupe et un magazine autrichien (surtout basé à Vienne) sur la critique de la valeur (Wertkritik), créé en 1996 autour de Franz Schandl, Andreas Exner, Stefan Meretz, Thomas Konics, Maria Wölflingseder, etc. Streifzüge s'est rangé en 2004 du côté des personnes qui ont gardé le nom de Krisis lors d'une scission plus importante que les précédentes, avec les amis de Robert Kurz et Roswitha Scholz qui fondèrent eux la revue Exit ! 

1.

«…La politique ne crée pas d’alternatives. Son but n’est pas de nous laisser développer nos possibilités et nos capacités ; dans la politique, nous ne faisons que réaliser les intérêts qui découlent des rôles que nous exerçons dans l’ordre existant. La politique est un programme bourgeois. Elle est toujours une attitude et une action dont le point de référence est l’État et le marché. La politique est l’animatrice de la société, son médium est l’argent. Les règles auxquelles elle obéit ressemblent à celles du marché. D’un côté comme de l’autre, c’est la publicité qui est au centre ; d’un côté comme de l’autre, c’est une affaire de valorisation et de mise en conditions de celle-ci…Il est rare que des auteurs démarrent une réflexion globale sur la société en plaçant le point de départ résolument sur la question centrale, comme le pivot autour duquel tournent tous les systèmes complexes qui ensemble font une société. C'est pour cette raison que j'ai choisi ce court article. La revue Treitzüge, publiée en français sous le titre Krisis, est accessible sur le site  

«…Le spécimen bourgeois moderne a fini par absorber complètement les contraintes de la valeur et de l’argent ; il est même incapable de se concevoir sans ceux-ci. En effet, il se maîtrise lui-même, le Maître et l’Esclave se rencontrant dans le même corps. La démocratie, cela ne signifie rien d’autre que l’auto-domination des supports de rôles sociaux. Comme nous sommes à la fois contre tout pouvoir et contre le Peuple, pourquoi serions-nous pour le pouvoir du Peuple ?  Être pour la démocratie, voilà le consensus totalitaire de notre époque, la profession de foi collective de notre temps. La démocratie, c’est l’instance d’appel et le moyen de résoudre les problèmes. La démocratie est considérée comme le résultat final de l’Histoire. Elle est certes corrigible, mais derrière elle, il ne peut plus y avoir rien d’autre. La démocratie est partie intégrante du régime de l’argent et de la valeur, de l’État et de la Nation, du Capital et du Travail. C’est une parole vide de sens, tout peut être halluciné dans ce fétiche.

Le système politique lui-même se délite de plus en plus. Il ne s’agit pas, ici, d’une crise des partis et des hommes politiques, mais d’une érosion du politique sous tous ses aspects. La politique est-elle nécessaire ? Que nenni et, de toute façon, dans quel but ? Aucune politique n’est possible ! L’antipolitique, cela signifie que les individus eux-mêmes se mobilisent contre les rôles sociaux qui leur sont imposés….Voilà bien l'idée la plus folle que l'on puisse imaginer pour se retrouver isoler dans la case improbable des "paranoïaques". Que nous ne soyons pas tout à fait en démocratie, c'est évident. Que La bourgeoisie n'aime pas la démocratie au point d'en avoir récupérer le vocable pour ne pas être en démocratie, comme l'exprimait Séyiès, c'est tout aussi évident. Pour le peuple, c'est moins clair….De là à être "contre la démocratie et contre le peuple" par haine de tout pouvoir, c'est une formulation propre à être exclu de tout débat.    

2. 

«…Capital et Travail ne sont pas antagoniques, ils constituent, au contraire, le bloc de valorisation de l’accumulation du Capital. Qui est contre le capital, doit être contre le Travail. La religion pratiquée du Travail est un scénario auto-agressif et autodestructeur dont nous sommes les prisonniers, à la fois matériellement et intellectuellement. Le dressage au travail a été – et demeure – un des objectifs déclarés de la modernisation occidentale.

                Or, c’est au moment même où la prison du Travail s’écroule, que cet enfermement intellectuel vire au fanatisme. C’est le Travail qui nous rend stupides et, de plus, malades. Usines, bureaux, magasins, chantiers de construction et écoles sont autant d’institutions légales de la destruction. Quant aux traces du Travail, nous les voyons tous les jours sur les visages et sur les corps.

                Le Travail est la rumeur centrale de la convention. Il passe pour être une nécessité naturelle, alors qu’il n’est rien d’autre que la forme sous laquelle le capitalisme façonne l’activité humaine. Or, être actif est autre chose dès lors que cette activité se fait non en fonction de l’argent et du marché, mais sous la forme du cadeau, du don, de la contribution, de la création pour nous-mêmes, pour la vie individuelle et collective d’individus librement associés.

                Une partie considérable des produits et des services sert exclusivement aux fins de la multiplication de l’argent, qui contraint à un labeur qui n’est pas nécessaire, nous fait perdre notre temps et met en danger les bases naturelles de la vie. Certaines technologies ne peuvent être comprises autrement que comme apocalyptiques…

                C'est bien l'analyse qu'en ont fait la plupart des postmonétaires: le capital induit l'esclavage, le servage, le salariat, trois formes d'un même système. Mais j'aurais quelques réserves quant à la formulation, laquelle me fait penser à l'anarchiste si bien campé dans le train bolchévique du film "Le docteur Jivago" qui énonçait des évidences avec tant de haine qu'il ne pouvait être entendu! 

3.

                «…L’argent est notre fétiche à nous tous. Il n’y a personne qui ne veuille en avoir. Nous n’avons jamais décidé qu’il devait en être ainsi, mais c’est comme ça. L’argent est un impératif social ; ce n’est pas un instrument modelable. En tant que puissance qui nous oblige sans cesse à calculer, à dépenser, à économiser, à être débiteurs ou créditeurs, l’argent nous humilie et nous domine chaque heure qui passe. L’argent est une matière nocive qui n’a pas son pareil. La contrainte d’acheter et de vendre fait obstacle à toute libération et à toute autonomie. L’argent fait de nous des concurrents, voire des ennemis. L’argent dévore la vie. L’échange est une forme barbare du partage.

                 Il est absurde non seulement qu’un nombre incalculable de professions ait pour seul objet l’argent, mais aussi que tous les autres travailleurs intellectuels et manuels soient sans cesse en train de calculer et de spéculer. Nous sommes des calculettes dressées. L’argent nous coupe de nos possibilités, il ne permet que ce qui est lucratif en termes d’économie de marché. Nous ne voulons pas remettre à flot l’argent, mais nous en débarrasser.

                 Il faut non pas exproprier la marchandise et l’argent, mais les supprimer. Qu’il s’agisse d’individus, de logements, de moyens de production, de nature et d’environnement, bref : rien ne doit être une marchandise ! Nous devons cesser de reproduire des rapports qui nous rendent malheureux…

    Supprimer et non seulement exproprier l'argent et la marchandise, voilà une nuance à développer. Car il est si tentant de priver les capitalistes de l'accès à l'argent sans pour autant le supprimer….

                «…La libération, cela signifie que les individus reçoivent leurs produits et leurs services librement selon leurs besoins. Qu’ils se mettent directement en relations les uns avec les autres et ne s’opposent pas, comme maintenant, selon leurs rôles et leurs intérêts sociaux (comme capitalistes, ouvriers, acheteurs, citoyens, sujets de droit, locataires, propriétaires, etc.). Déjà aujourd’hui, il existe, dans nos vies, des séquences sans argent : dans l’amour, dans l’amitié, dans la sympathie et dans l’entraide. Nous donnons alors quelque chose à l’autre, puisons ensemble dans nos énergies existentielles et culturelles, sans présenter de facture. C’est alors que nous sentons, par moments, que nous pourrions nous passer de matrice…

    Nombre de militants pour un monde sans argent reconnaîtront ici les expériences de gratuité qu'ils inventent au quotidien: marchés et magasins gratuits, échanges de services, gratiférias, bénévolat….    

4.

                «…La critique est plus qu’une analyse radicale, elle demande le bouleversement des conditions existantes. La perspective cherche à dire comment on pourrait créer des conditions humaines qui n’auraient plus besoin d’une telle critique ; l’idée d’une société où la vie individuelle et collective peut et doit être inventée. La perspective sans la critique est aveugle, la critique sans la perspective est impuissante. La transformation est une expérience dont le fondement est la critique ayant pour horizon la perspective. « Réparez, ce qui vous détruit » ne peut être notre mot d’ordre…

    La perspective sans la critique, c'est le réformisme. La critique sans la perspective, se contente de l'indignation. Mais sans perspective ni critique, ce qui est le cas de la politique, cela relève du suicide collectif. La question subsidiaire est de comprendre pourquoi et comment la grande majorité regarde le doigt du sage et ne voit pas la lune, s'accroche à la politique et ne voit pas l'argent qui fait la politique…

                «…Il s’agit d’abolir la domination, rien de moins, peu importe si celle-ci se traduit par des dépendances personnelles ou par des contraintes objectives. Il est inacceptable que des individus soient soumis à d’autres individus ou soient livrés, impuissants, à leurs destins et structures. Nous ne voulons ni d’autocratie ni d’auto-domination. La domination est plus que le capitalisme, mais le capitalisme est, jusqu’à aujourd’hui, le système de domination le plus développé, le plus complexe et le plus destructeur. Notre quotidien est conditionné à un point tel que nous reproduisons le capitalisme chaque jour et que nous nous comportons comme s’il n’y avait aucune alternative.

                Nous sommes bloqués. L’argent et la valeur engluent nos cerveaux. L’économie de marché fonctionne comme une grande matrice. Notre objectif est de la nier et de la supprimer. Une bonne vie bien remplie suppose la rupture avec le capital et la domination. Aucune transformation des structures sociales n’est possible sans transformation de notre base mentale et aucun changement de la base mentale sans la suppression des structures….

     C'est pour le coup une bonne critique du système autant que des oppositions politiques, militantes, contestataires qu'il fait naître. La crainte de sortir d'un cadre "raisonnable", consensuel, synergique nous amène trop souvent à renforcer le pouvoir du système.  

5.

                «…Nous ne protestons pas, nous avons dépassé ce stade. Nous ne voulons réinventer ni la démocratie ni la politique. Nous ne luttons ni pour l’égalité, ni pour la justice et nous nous réclamons d’aucune libre volonté. Nous n’entendons pas non plus miser sur l’État social et l’État de droit. Et encore moins nous voulons nous faire les porte-à-porte de quelconques « valeurs ». Il est facile de répondre à la question quelles sont les valeurs dont nous avons besoin : aucune !  

                 Nous sommes pour la dévalorisation totale des valeurs, pour la rupture avec ce mantra des soumis appelés communément « citoyens ». Il faut rejeter ce statut. En idées, nous avons déjà résilié le rapport de domination. L’insurrection que nous avons en tête ressemble à un saut paradigmatique.

                 Nous devons sortir de cette cage qu’est la forme bourgeoise. Politique et État, démocratie et droit, nation et peuple sont des figures immanentes de la domination. Pour la transformation, nous ne pouvons disposer d’aucun parti et d’aucune classe, d’aucun Sujet et d’aucun mouvement.

    Annoncer brutalement ne pas vouloir de démocratie, de politique, d'égalité, de justice, de valeurs, c'est tout autant suicidaire. La pédagogie n'a jamais nuit au débat, réfléchir n'a jamais tué personne!  C'est peut être là le défaut du collectif Streifzüge qui, par trop de rigueur philosophique, en viendrait à être inaudibles. Péguy disait du Kantisme qu'il a les mains pures mais n'a plus de mains… Il est vrai cependant que la notion de peuple, brutalement récusé au début du texte, s'adoucit un peu ici. S'il est vrai que le système transforme les peuples en troupeaux, on peut le dire avec plus d'empathie. C'est la distinction qu'avait déjà faite Gracchus Babeuf entre peuple (une force souveraine) et populace (une masse asservie), ce qui place bien la responsabilité de l'asservissement là où elle doit être, chez les puissants, pas dans le peuple …

6.

                «…Ce qui est en jeu, c’est la libération de notre temps de vie. C’est elle seule qui nous permettra d’avoir plus de loisir, plus de plaisir et plus de satisfaction. Ce dont nous avons besoin, c’est plus de temps pour l’amour, l’amitié et les enfants, plus de temps pour réfléchir ou pour paresser, mais plus de temps aussi pour nous occuper, de façon intense et extensive, de ce que nous aimons. Nous sommes pour le développement tous azimuts des plaisirs.

                Une vie libérée, cela signifie de se reposer plus longtemps et mieux, mais, tout d’abord, dormir plus souvent ensemble, et plus intensément. Dans cette vie – la seule que nous ayons – l’enjeu est la bonne vie, il s’agit de rapprocher l’existence et les plaisirs, de faire reculer les nécessités et d’élargir les agréments. Le jeu, dans toutes ses variantes, requiert à la fois de l’espace et du temps. Il ne faut plus que la vie soit cette grande occasion manquée.

                Nous ne voulons plus être ceux que nous sommes forcés d’être.»

Rédaction du magazine Streifzüge

Quelles que soient les préventions que l'on peut voir vis-à-vis des revues telles que Krisis et Exit et des nuances qui les séparent, il nous faut bien reconnaître que ce sont les analyses les plus catégoriquement "postmonétaires" que l'on puisse trouver sur le "marché des idées".  Elles apportent à nos expérimentations et essais de vulgarisation un socle théorique et conceptuel remarquable…