La Monnaie, ce qu'on ignore, Denis La Plume
Libranova, 2018, 211 pages
Denis Laplume est l'auteur de plusieurs livres sur la monnaie, tous publiés en auto-édition et en version numérique, interdits de reproduction (PDF 2,99€ sur les librairies en ligne). Il semblerait que ce nom soit un pseudonyme qui cache un auteur français discret. Il publie un blog accessible sur https://blog.denislaplume.fr/, mais sans adresse de contact.
4ème de couverture: Notre vie dépend de la monnaie. Elle peut conduire des familles entières à être mises à la rue. Et pourtant, les gens ne savent pas comment fonctionne la monnaie, à part utiliser des espèces ou leur carte bleue. Le reste du système est un grand mystère.
Il y a beaucoup de livres sur la monnaie. Mais ils se concentrent tous sur un point particulier comme l'histoire de la monnaie, un système monétaire spécifique, les crypto-monnaies, les économies des états, ou alors sont trop académiques. Ce livre comble cette lacune, en résumant le fonctionnement de la monnaie de manière accessible à tous.
Le bitcoin, la blockchain et les crypto-monnaies remplaceront très probablement les pièces et les billets de notre vivant, puisque de nombreux pays commencent déjà à développer leurs propres crypto-monnaies nationales. Ce livre aide également le lecteur à se forger sa propre opinion sur de nombreux sujets, comme les crypto-monnaies, l'inflation et la déflation, les traités de libre-échange et les institutions internationales….
Cette présentation laisse planer un doute quant à la proposition qui en découle: l'auteur annonce qu'une solution existe pour résoudre les problèmes liés à l'argent. Or, ces problèmes datent de plus de 3 000 ans et perdurent avec une étonnante pérennité, ce qui semble donner raison aux postmonétaires: la seule solution réaliste est de sortir du système marchand pour ne plus avoir besoin de cette monnaie mortifère. Denis La Plume est-il déjà postmonétaire ou a-t-il trouvé une énième solution pour éviter l'abolition pure et simple?...
Je lève de suite le suspens : Denis La plume pense que nous serions tous sauvés si une "monnaie juste" était adoptée, les seules qui soient justes étant bien sûr les cryptomonnaies. Il peut être intéressant pour les Postmonétaires de bien comprendre comment on peut en arriver à cette conclusion, pourquoi il est si difficile de comprendre qu'une "monnaie juste" est un oxymore!...
p.6: …En fouinant, on va généralement de surprise en surprise, et on s'aperçoit que le système existant ressemble à un colosse aux pieds d'argile, alors même qu'il y a de multiples autres manières de gérer l'économie et la monnaie, et que des alternatives sont possibles…
p.7: …Ce n'est que grâce à une réappropriation du concept même de la monnaie par l'ensemble du peuple que l'on pourra construire un monde meilleur pour tous… La réappropriation de la monnaie est le grand mythe qui permet de rester dans le système monétaire que par ailleurs on dénonce, de se dire anti-capitaliste quand on aspire à un "alter-capitalisme", à un capitalisme privé ou d'État, juste tronqué de quelques réformes. C'est justement ce que cherchent à éviter les postmonétaires: «Quand on veut quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut faire quelque chose qui n'a jamais été faite…». C'est ce que disait déjà le stratège grec Périclès, au 4ème siècle av. J.-C., en pleine guerre entre aristocrates et démocrates…
pp.8-19: Historique: …C'est important de se replonger dans l'histoire pour comprendre la genèse de la monnaie, les problèmes qu'ont eus nos ancêtres et comment ils les ont résolus… On ne peut qu'être d'accord avec Denis Laplume sur l'importance de l'Histoire pour comprendre aujourd'hui, sauf que nos ancêtres, Aristote, Aristophane ou Thucydide n'ont rien résolu, malgré leurs beaux constats. La monnaie a toujours permis les pires dérives et contredit toutes les belles intentions morales… Il faut noter aussi que l'idée de donner une valeur aux objets d'échange, de la matérialiser avec des coquillages, des bouts de métal ou de simples écritures, est bien antérieure aux plus anciennes pièces de monnaies retrouvées. L'origine de la monnaie est certainement parallèle à l'invention de l'écriture. Nous n'avons donc quasiment pas de textes assez anciens pour nous expliquer comment cette "convention sociale" s'est inventée. Les historiens sont réduits à des hypothèses qui, aussi géniales soient-elles, ne garantit rien quant à leur validité. Il est donc bon de rester prudent et d'éviter les affirmations péremptoires du genre "le troc a précédé la monnaie!" L'argent peut avoir été induit par la constitution de formes étatiques, par l'augmentation des agglomérations d'humains en un même lieu, par la religion et l'accumulation des dons et offrandes aux Dieux, etc. Il est même probable que plusieurs causes différentes ont pu produire les mêmes effets, par une sorte de logique incontrôlable…
p.13: …À l'inverse des Égyptiens, la plupart des civilisations, et même jusqu'au siècle dernier, se sont tournées vers des ressources rares : l'or et les métaux précieux qu'ils avaient à leur disposition comme le bronze, le cuivre, l'argent, etc. Ils avaient déjà résolu ce qu'ils percevaient comme un problème : celui de la conservation. L'autre facteur est aussi que ces pièces de monnaie servaient à payer les armées, souvent loin de leur patrie, et il fallait trouver quelque chose de compact et transportable pour payer les soldats… C'est là typiquement le genre de déclaration que nul ne peut vérifier mais qui paraît plausible ou en tous les cas logique… Mais d'autres textes et d'autres civilisations ont eu des armées, les ont déplacées parfois très loin, sans user pour autant d'une quelconque monnaie.
p.16: Le faux-monnayage, cauchemar des pouvoirs depuis l'apparition des pièces de monnaies. L'auteur décrit parfaitement les mille et une manières de tricher ou de fabriquer des fausses pièces, les supplices pour le moins dissuasifs appliqués aux faux-monnayeurs et la permanence, encore aujourd'hui de ces pratiques frauduleuses. En somme, s'il y a de l'argent, il y a des faussaires et des gendarmes spécialisés dans leurs poursuites, même au 21ème siècle! Cela fait partie des problèmes insolubles à moins de se passer de l'argent! Si les faux-monneyeurs ne sont plus ébouillantés vivants comme au Moyen âge, les banquiers n'en sont pas moins des faussaires par la création d'argent-dette, certes couverts par la loi, mais tout autant décriés quand arrive une crise de liquidité par leur faute!
pp.19-20: En Europe, les « lettres de change » se développent et sont standardisées. C'est une première forme de « monnaie d'échange » par des reconnaissances de dettes…. En somme, entre les tablettes d'argile du royaume sumérien et nos chèques, il n'y a guère de différence. Les problèmes d'argent, comme les solutions, prennent des formes différentes mais fondamentalement, rien ne change… Entre le "bâton de compte" utilisé à Sparte pour comptabiliser les dettes (d'où l'expression "faire un chèque en bois") et les cryptomonnaies, le principe reste le même…
pp.21-34: La monnaie contemporaine: Banques centrales, déflation-inflation, BRI, monnaies-dettes, opacité, centralité…, ce qui fait dire à l'auteur: …On peut même se demander l'utilité d'avoir un intérêt sur de la monnaie qui peut être créée à partir de rien, mais je suis mauvaise langue… Non, Camarade Denis, tu n'es pas mauvaise langue, ou alors, elle n'est pas assez corrosive… C'est même pour les mêmes raisons que nous soutenons l'idée que parler d'une "banque éthique et solidaire" relève de l'oxymore, comme "argent sale" relève du pléonasme!!!
pp. 34-46: La spéculation: La spéculation s'étend à toute la sphère économique : tout bien, tout service, toute entreprise, et même maintenant tout humain, est sujet à spéculation… L'idée d'une spéculation qui "s'étend à toute la sphère", cache le fait que la spéculation est inhérente au système monétaire. Dès qu'il y a la moindre pièce de monnaie en circulation, il y a des possibilités de spéculation (action consistant à réaliser un bénéfice, un profit). Dès que je sorts un euro de ma poche dans un quelconque commerce, c'est toujours avec l'idée que je fais une "bonne affaire", que le marchand y gagne le moins possible, etc. S'il y a des formes de spéculation qui "s'étendent" c'est simplement que l'objet de la spéculation est nouveau, mais pas la spéculation elle-même. Au 4ème siècle avant J.-C., on trouve des textes expliquant des fraudes à l'assurance sur des navires marchands, avant même qu'il y ait des assureurs professionnels. Étonnant, non?... Mais si les gens comprenaient qu'il y a toujours spéculation quand y a argent, ils cesseraient de croire que c'est un outil neutre et s'en méfieraient… Ce n'est pas non plus que tout le système soit fondé sur la confiance (confiance dans la validité de la pièce, dans son poids, dans sa valeur affichée, confiance dans tout contrat d'échange signé, dans tout grand argentier censé gérer les fonds en "bon père de famille". Un miroir aux alouettes tellement parfait qu'il dure depuis plus de deux millénaires!
p.34: Au sujet des "délits d'initiés": Comment espérer que les initiés ayant accès à des informations financières importantes n'en profitent pas? C'est demander au voleur de devenir honnête, à l'escroc d'avoir de l'empathie pour ses victimes. Comment alors ne pas se demander si le législateur qui punit l'initié au lieu d'interdire le "secret des affaires" n'est pas quelque peu pervers!...
p.35: Aujourd'hui, en fonction des estimations, c'est de 75 à 85 % des transactions qui sont faites par des algorithmes informatiques à la Bourse de New-York…. Sachant que ces informations sont transmises par milliards à chaque microseconde, que très peu sont maîtres des algorithmes, nous avons accepté de mettre nos vies entre les mains d'apprentis sorciers tout en accordant notre confiance au système. Cela relève d'un comportement infantile, encore que très vite l'enfant apprend à s'opposer aux parents (étape du NON), puis à s'en méfier (période du test), ce que l'acteur économique adulte ne semble pas capable de faire!
p.37: Un autre symbole du « marché », c'est le milliardaire George Soros, connu comme « l'homme qui a cassé la Banque d'Angleterre »… Ce qui est étonnant, c'est que Soros n'ait jamais été inquiété alors qu'il a tenté à trois reprises de réitérer son opération dans trois autres pays différents, qu'il en parle ouvertement dans des interviews et s'en amuse beaucoup, comme d'une simple farce "pour de rire". Les millions de gens affectés par ses "bons coups" continueront à croire au "mérite" des milliardaires…
p.38: Les "dark pool", les plateformes spéculatives parallèles au marché officiel qui se multiplient partout de façon inquiétante. Ces « marchés noirs » ajoutent de l'opacité dans un système déjà bien mal en point… Les tentatives de régulation, pour la BCE et la Commission européenne par exemple, « c'est une tentative que même Hercule dans ses bons jours n'oserait entreprendre ». L'économie moderne n'est pas très différente de celle des Athéniens de l'Antiquité, à part que la technologie a permis d'en multiplier les méfaits à l'infini. Ce que nous explique Denis La Plume dans ce chapitre, mais sans le préciser clairement pour l'instant, c'est que l'économie est un bateau ivre, d'abord petite trière grec ou romaine devenue supertanker. En cas de naufrage, les dégâts sont proportionnels. En outre, on comprend bien que le passage de la trière au supertanker n'est sans limite. Jusqu'à quand le bateau capitalisme peut-il croitre sans tomber dans l'absurde. La vraie et seule question est de savoir si nous n'en sommes pas là, ce qui donnerait raison aux collapsologues qui nous parlent d'effondrement global imminent. On peut alors imaginer ce que donnerait un effondrement mondial de la finance sans alternative qui ait été encore pensée…
p.50: Chapitre sur le QE (Assouplissement quantitatif). Cette pratique est dite "non-conventionnelle" et en effet, elle aurait parue tout à fait incongrue à n'importe quel économiste du siècle passé. C'est ce qui a entraîné les "taux d'intérêts négatifs", autre excentricité qui aurait fait rire tout banquier il y a vingt ans… Denis La Plume admet que "si demain l'économie se relançait par miracle, on assisterait à une inflation massive". Le fait étant mondial, qui pourrait relancer la machine, éviter que cela tourne à l'hyperinflation?
p. 59: Chapitre sur le franc CFA: Nos politiciens, eux, le connaissent parfaitement, mais n'en parlent quasiment jamais, ou tellement rapidement que personne ne se pose vraiment de questions…Précisons pour celui qui pense que la colonisation, c'est du passé, que « CFA » signifie à l'origine, on s'accroche bien, « Colonies Françaises d'Afrique »… Le franc de la Communauté Financière Africaine, c'est le piège colonialiste génial qui nous permet d'exploiter les 15 pays africains qui y sont soumis en donnant l'impression qu'on les aide! En ce moment, les médias s'étonnent que ces pays aient tendance à nous chasser de leurs territoires…Peut-être ces pays commencent-ils à comprendre que les seuls à en profiter en Afrique sont les chefs d'État et les gros entrepreneurs mis en place ou agréés par le colonisateur, et protégés comme le fait toute mafia…
p. 64: Les services publics: …oui, un service public « perd de l'argent », c'est normal, il est financé par les impôts !... la dégradation de ce service public a un impact non négligeable sur les catégories de population déjà en difficulté… Denis La Plume enfile dans ce chapitre des concepts qu'ils qualifie à juste titre d'ineptes. Il aurait été bon qu'il explique que ce ne sont que des habillages de luxe pour les peuples incapablent de les comprendre tant l'habillage est habile. Plus le voleur est prédateur, plus il chante l'air de la maison…
Suivent des chapitres sur le problème des intérêts (p.66), la fuite des capitaux (p.69), le travail vs. Dividendes (p.73), la théorie du ruissellement (p.74) qui analyse très sérieusement les mécanismes et les intentions qui se cachent derrière, mais pour l'instant n'en tire pas la conclusion qui s'impose: il n'y a pas d'alternative à l'intérieur du système et la seule issue est d'en sortir. L'auteur se contente d'explique que l'État se comporte comme une vulgaire entreprise, que l'évasion fiscale est un fléau, que la dérégulation du marché accroit mes inégalités et le chômage… On s'en doutait un peu!
p. 115- Les monnaies alternatives : les monnaies fondantes (p.115), Le WIR suisse (p.117), les SEL et les monnaies locales (p.118), le Jardin d'Échange Universel JEU (p.121), le Sardex et le CES (p.122), les monnaies de jeux (p.123), M-Pesa (p.124), Se passer de monnaie? (p. 125) Chacune de ses alternatives a son intérêt, son originalité et les variantes sont multiples. Néanmoins, si l'une ou l'autre avait prouvé une quelconque alternative possible au capitalisme, cela se saurait et, vu la demande, elle aurait fait florès et se serait vite répandue à travers le monde. Le capitalisme s'en soucie autant que de sa première liasse de billets et récupère les bénéfices en assignant des dépôts en euro équivalent à la masse monétaire locale en circulation (loi du 31 juillet 2014). Il transforme ainsi les comptables de ces monnaies en "agents de change"… Tant que la concurrence "libre et non faussée" est respectée, l'État ne dit rien. En revanche, si ces monnaies alternatives ont si souvent une courte espérance de vie, c'est qu'elles reproduisent à l'identique certaines tares de la monnaie classique: elle se condense et donc accentue les inégalités, elle ouvre la porte aux spéculateurs jamais en panne d'idées innovantes, elle crée des monopoles parmi les acteurs du réseau, etc. Le seul réel avantage, c'est qu'elles confrontent les usagers aux rouages de l'économie. Ce n'est pas rien sur la forme, mais ne change rien sur le fond… En revanche la question enfin posée "se passer de monnaie?" me met l'eau à la bouche!
p.125: La Plume cite d'entrée les théories qui pensent pouvoir fonctionner par "l'économie du don" comme Jean-François Noubel. Mais il ajoute de suite: il me semble que la société dans son ensemble nécessiterait de profonds changements avant de parvenir à implanter des solutions à base du don… L'une des principale critique que l'on peut faire c'est que ces théories partent du principe de l'abondance des ressources alors que la terre est finie et la population en augmentation constante. D'autre part, toutes les expériences ont été tentées sur des groupes de taille très restreinte… On ne trouve aucun exemple qui soit passé à l'échelle supérieure. Visiblement Denis La Plume n'a rien lu des écrits postmonétaires pourtant nombreux. Cela se soigne, il faudra peut être lui fournir quelques liens….
pp.127-162 : Bitcoin et blockchain: les enjeux (p.127), la création du bitcoin (p.129), le réseau pair à pair (p.130), la blockchain (p.131), les "forks", la démocratie et la blockchain (p. 135), les adresses et transactions (p.137), le minage de bitcoins (p.139), Les avantages du bitcoins (p.139). Les crypto-monnaies dans la pratique: La création monétaire (p.142), qui possède des bitxoins? (p.144), Bitcoins et la montée en charge (p.146), autres problèmes techniques (p. 149), les problèmes sociaux (p.151), les "altcoins" (p.154), Litecoin et le Nxt (p.156 ), le Nem et le Ripple (p.154), le Dash et Monero (p.155) , Ethereum (p.159), Iota (p. 160), AuroraCoin et Siacoin (p.161)
Le fonctionnement des cryptomonnaies est parfaitement décrit mais on peine à trouver une originalité par rapport aux monnaies nationales. Le capitalisme, après s'être méfier de cette concurrence, l'a parfaitement intégrée. Les banques utiliseront tôt ou tard les cryptomonnaies qui présentent quasiment les mêmes avantages pratiques et les mêmes dérives possibles.
p.167: Qu'est-ce que la valeur? …la monnaie ne sert pas à "mesurer" des valeurs d'objets… lesquels n'ont pas de valeur intrinsèque quand il s'agit de qualité… La TRM réfute toute valeur absolue dans le temps et dans l'espace…Un objet n'a de valeur que par rapport à un autre, à un moment donné et un lieu particulier…
p.169: Valeur, rémunération, travail : C'est là que cela se gâte!... Aucune crypto-monnaie échappe aux règles et usage des monnaies classiques, avec en plus une compréhension plus qu'approximative des grandes catégories du capitalisme bien définie par tous les économistes de droite comme de gauche. Mais ce qui m'a semblé le plus significatif, c'est le côté dogmatique, voire religieux de l'économie qui s'observe aussi bien dans l'économie classique que dans les cryptomonaies. Les dogmes qui les fondent relèvent plus de la croyance, du fétichisme, que de la raison. Il suffit de poster une critique polie et prudente de ces monnaies sur un réseau social pour aussitôt être inondé d'invectives, d'insultes, de propos aussi haineux que ce que l'on reçoit avec les islamistes radicaux à la moindre critique. La monnaie classique fonctionne comme une religion, le bitcoin comme une secte (usage du blasphème compris) !....
On peut lire cette étonnante phrase de La Plume: Le seul moyen d'enlever l'économie (donc l'argent), c'est de supprimer l'homme. (sic) Le raisonnement est fou: une économie a-monétaire est possible et la preuve c'est que des peuples entiers (et pas seulement des toutes petites tribus comme le dit l'auteur) ont vécu des siècles avec une économie de leurs ressources, de la gestion des travaux communs, etc. Les Inuits ont une culture et une organisation sociale très sophistiquées et sans argent qu'ils ont malheureusement perdues en partie avec l'arrivée des explorateurs fin 19° siècle. Les Jarawas des îles andaman, eux aussi sans argent, ont résisté à l'invasion des investisseurs Indiens jusquà la deuxième moitié du 20° siècle. Les femmes sont en effet créatrices de richesses en produisant des enfants, en les élevant, les éduquant, sans compter toutes les tâches dites ménagères qui continuent à leur être assignées comme si c'était "dans leur nature", et sans qu'aucune rémunération, ni financière ni honorifique, n'y soit liée. Les logiciels libres ne sont produits que par passion et sens du service. Le Web, générateur de milliards sonnants et trébuchants a été offert à l'humanité par son créateur, qui se contentait de sa paye d'enseignant. Pourquoi ces exemples ne seraient-ils pas autant de preuves que le travail n'est pas nécessairement lié au salaire, qu'il n'y a pas besoin d'économie marchande pour innover, inventer, créer, fabriquer?
p. 177: Les quatre libertés économiques: Libre choix de son système monétaire. Je ne sais pas d'où l'auteur tire cette idée, à moins de considérer que nous sommes tous faux-monnayeurs, ou chacun capable de créer sa propre monnaie à partir des feuilles d'arbres…
p.180-193: La monnaie libre : L'humain comme référentiel; le dividende universel; croissance de la masse monétaire en absolu; stabilité de la masse monétaire en relatif; attraction de la moyenne; une monnaie communiste? Monnaie libre et revenu de base.... Sous ses aspects innovants et révolutionnaires, nous savons tous que ces types de moralisations de la monnaie et de l'échange ont été tentés à moult reprises sur les cinq continents, dans toutes les cultures et sous toutes les configurations politiques. Cela n'enlève absolument rien aux tares classiques et structurelles de toute monnaie qui sont la condensation mécanique de la masse monétaire entre des mains de moins en moins nombreuses, la nécessité d'une rotation monétaire de plus en plus rapide, la concurrence sans fin entre les créateurs de richesses qui contraint à la guerre économique généralisé, à l'extractivisme, au productivisme.
pp.194: Implémentation d'une monnaie libre: Diniter, la Ğ1; la toile de confiance; la crainte: l'épargne; les multinationales; la discrimination; autres critiques; et après?...
La conclusion de tout cela, c'est que la seule solution n'est de se réapproprier la monnaie, pas demain, mais dès aujourd'hui ! Nous n'éviterons pas l'effondrement global vers lequel le système monétaire nous entraîne, mais en revanche en abolissant l'argent, la valeur, l'échange marchand, le salariat..., il est possible d'éviter que notre unique planète devienne inhabitable et que l'exctinction de masse ne concerne pas l'humanité.
Pour ceux qui aurait des doutes quant à ma vision des crypto-monnaies, il est bon de visionner l'interview de Nastasia Hadjadji (journaliste française autrice du livre "No Crypto") par Salomé Saké. Voir Si Blast a décidé de donner la parole à une journaliste critique des crypto-monnaies, c'est parce que sur YouTube et Internet de manière générale, le simple fait de rappeler le réel, par exemple que 73 à 81% des investisseurs particuliers y ont perdu de l'argent (statistiques réalisées par une équipe de la BRI) soulève d'interminables polémiques, bien au-delà des insultes que l'on reçoit à la moindre critique de l'islamisme…
Analyser l'argumentaire des cryptomonnaies est indispensable pour tout postmonétaire puisqu'il ne pourra éviter, tôt ou tard, d'être interpelé par des "adeptes" acharnés et vindicatifs…