Les finances des banques centrales, David Archer & Paul Moser-Behm

Revue Bis Papers N°7
PDF 90p., éd. BRI, avril 2013.
En accès libre ici. 

BRI.jpegA quoi sert la BRI ? La Banque des Règlements Internationaux (BRI) [en anglais Bank for International Settlements (BIS)]  créée en 1930 est une organisation financière internationale (société anonyme) dont les actionnaires sont les Banques Centrales de chaque État. Elle siège à Bâle, en Suisse. C'est la banque des banques centrales qui gèrent les questions de coopérations et les réserves de devises des banques nationales. Au départ, la BRI avait pour mission de régler le problème des impossibles réparations de guerre imposées à l'Allemagne par le traité de Versailles. Aujourd'hui, la BRI a pour essentielle mission de limiter les dettes des banques centrales et d'assurer la stabilité monétaire des pays membres. Elle assure aussi la collecte et le traitement des données du marché international, édicte des règles et normes économiques. Les États membres de la BRI sont au nombre de 63 (depuis la guerre en Ukraine, la BC de Russie en est exclue).

                Beaucoup de banques centrales ont adopté des politiques dépassant largement le cadre des stratégies conventionnelles. Les politiques sans précédent suivies par certaines d’entre elles, comme le quantitative easing for peaple (QE4P) par exemple, entraînent des charges qui constituent régulièrement un sujet de préoccupation pour la BRI. Du point de vue de leurs propres finances, les banques centrales ont habituellement les ressources nécessaires pour gérer elles-mêmes de telles charges. La BRI n’a aucun doute quant à ces banques centrales qui assument actuellement des risques financiers extraordinaires. Mais sa compréhension des spécificités des banques centrales, sur laquelle repose sa confiance, n’est pas forcément partagée par les marchés ni par les autres parties prenantes. Une crise systémique mondiale sans précédent risque aujourd'hui de déstabiliser l'ensemble du système et les pratiques de la BRI sont fortement questionnées par les économistes au point que deux "retraités de la BRI" ont éprouvé le besoin de lever le voile dans un livre intitulé Revolution Required, de Hervé Hannoun et Peter Dittus (Voir interview et commentaire du livre )…

Rappel sur les Banques centrales:

p.7: «La raison d’être des banques centrales diffère de celle des banques commerciales. Au service de l’intérêt national, elles ne recherchent pas le profit. Leurs résultats financiers ne sont donc pas nécessairement un indice de leur succès. Les gains et les pertes de la banque centrale appartiennent à la société dans son ensemble. Certes, une banque centrale peut toujours créer de l’argent pour régler ses factures, ne peut pas être mise en faillite par un tribunal et n’a pas pour but de dégager des bénéfices. Pour autant, ses résultats financiers peuvent avoir leur importance. Même si cela est injustifié, des pertes ou des fonds propres négatifs peuvent faire naître le doute sur la capacité de la banque à atteindre ses objectifs et l’exposer ainsi à des pressions politiques…

L'étage inférieur de la finance:
       Les banques commerciales servent les particuliers et les entreprises en acceptant les dépôts, en créant des comptes chèques et des compte d'épargne, en proposant des prêts ou en facilitant des découverts, en offrant des services de change. C'est l'outil des flux d'argent pour tous. Les banques commerciales s'échangent entre elles des actifs financiers sur un marché de gré à gré à court terme (de un jour à un an).
     Les établissements bancaires font profession d'effectuer pour leur propre compte des opérations de crédit ou de change. Ils sont dit non bancaires puisqu'ils n'acceptent ni dépôts ni crédits, mais gèrent des fonds privés, des fonds de placements, de retraites… C'est le secteur le plus opaque et le lieu des profits financiers les plus conséquents. C'est ce que l'on appelle la finance spéculative, responsable de la plupart des crises et à ce titre décriée par la vox populi…
       La masse d'argent géré par ces différents étages de la pyramide est proportionnelle à la hauteur de l'étage. En revanche, les pouvoirs donnés à ces institutions bancaires sont en sens inverse. Si la BRI apparaît comme l'instance la plus importante financièrement, ses pouvoirs sont très limités et si les établissements bancaires apparaissent anecdotiques en masse monétaire, ils font et défont la prospérité d'un pays…
       Si la banque de France a été longtemps le socle de stabilité de l'économie du pays, elle a perdu quelques prérogatives essentielles: influer sur les politiques économiques,  et créer la monnaie. Ce sont désormais les grands financiers qui imposent les politiques depuis que le marché s'est imposé comme seul "régulateur" et la création monétaire appartient aux banques commerciales via le crédit et à la BCE, seule habilitée à créer de l'euro. L'Union Européenne a ainsi réduit considérablement les pouvoirs des banques centrales et instauré de fait une dépendance des États européens d'influer sur la politique économique.
          Ce texte émanant de la BRI montre à l'évidence que les grandes institutions internationales sont coincées dans un cadre empêchant toute réflexion de fond, épistémologique, axiologique ou pratique… Les personnalités à la tête de ces institutions sont parfois mues par des intentions louables mais réduits à des déclarations de principe générales et sans effets. António Gutteres, le Secrétaire général de l'ONU en est l'exemple parfait. Agustín Guillermo Carstens Carstens, l'actuel directeur général de la BRI est globalement dans la même situation inconfortable, contraint de radoter autour de la même glose économique du moment… Les contraintes imposées par le système monétaire impuissante les élites administratives et politiques et il en sera ainsi tant que l'humanité ne sera pas "désargentée"!...