Fin du Monde et petits fours, Edouard Morena

Les ultra riches face à la crise climatique (sous-titre)
Editions La découverte, 2023, 168 pages

 

Morena.jpeg4ème de couverture: À l'heure de l'urgence climatique, les ultra-riches ont mauvaise presse. Des trajets Paris-Londres en jets privés de Bernard Arnault au tourisme spatial de Jeff Bezos, les modes de vie carbonifères des élites économiques sont de plus en plus pointés du doigt. Les actions symboliques, les rapports et les articles de presse se multiplient pour dénoncer leur escapisme. À l'image de ces milliardaires qui, en pleine crise Covid, envoyaient des selfies depuis leurs ranchs en Patagonie ou leurs îles privées aux Caraïbes, les ultras riches  sont accusés de fuir leurs responsabilités. Or, loin d'être des observateurs passifs et détachés ou des preppers haut de gamme, les élites économiques sont des acteurs clés du débat climatique international. Elles sont les promoteurs acharnés du capitalisme vert, un projet politique taillé sur mesure et qui garantit leurs intérêts de classe dans un monde en surchauffe. Ce livre est le premier à en exposer non pas uniquement les mots d'ordre (qui sont déjà assez connus), mais les ressorts, et en particulier les réseaux d'acteurs (ONG, fondations, think-tanks, cabinets de conseil et autres lobbyistes) qui, au cours des vingt dernières années, ont imposé le capitalisme vert – et les élites qui le soutiennent – comme unique issue " réaliste " face à la crise climatique en cours.

  Moréna interviewé par Reporterre résume lui-même son texte:   Article paru dans Reporterre  

       «Les faits sont têtus : ce sont les ultras riches qui détruisent la planète. Depuis plusieurs mois, des comptes Twitter suivent les super-yachts et les jets privés de Bernard Arnault (milliardaire et directeur de LVMH) et consort, et des actions de désobéissance civile dénoncent leurs excès. Mais la responsabilité des élites dans la crise climatique ne se limite pas à leurs modes de vie carbonifères ou à certaines attitudes de repli dans des bunkers : ils ont pris la barre du bateau, d’où ils orientent les politiques de transition bas carbone…
        «Ce qui distingue les ultras riches du commun des mortels, c’est leurs immenses fortunes. Ils ne les conservent pas sous leurs oreillers mais les investissent dans tout un tas de projets climaticides. L’an dernier, Greenpeace et Oxfam ont révélé que le patrimoine financier de 63 milliardaires français émettait autant de gaz à effet de serre que celui de la moitié de la population française [34 millions de personnes]. Et en même temps, ces centaines de milliards d’euros investis sont exposées aux conséquences du dérèglement climatique, voire aux politiques climatiques, qui peuvent dévaluer leurs actifs. Imaginez un hôtel de luxe en bord de mer à Miami, menacé par la montée des eaux. Il perd de la valeur. Ces détenteurs d’actifs sont donc à la fois "forceurs de climat" et très "vulnérables au climat"…
           «Pour préserver leurs fortunes, les ultra-riches ont donc compris qu’ils devaient mouiller la chemise et s’engager dans le débat climatique, à la fois pour réduire la menace, mais aussi pour la transformer en nouvelle source de profits. C’est cette dimension-là, peut-être moins visible mais qui pose des problèmes profonds, que j’ai voulu documenter dans Fin du monde et petits fours…
        «C’est une sorte d’avant-garde éclairée de la classe dominante, qui a identifié avant les autres, à partir du début des années 2000, l’intérêt qu’avaient les super-riches à orienter le débat climatique. Plusieurs figures de proue de ce capitalisme climatique sont de riches hommes d’affaires qui ont bâti leurs richesses grâce au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ou de la finance privée.»
         «La philanthropie climatique a joué un rôle central dans la diffusion et la normalisation de leur « esprit vert ». Tout comme leurs interventions publiques, savant mélange de constats d’urgence, de critiques du manque d’ambition des États, et de célébrations des forces du marché. À l’image de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon et du Bezos Earth Fund, qui a tenu un discours à la COP26 en 2021, ils n’hésitent pas à personnaliser l’enjeu climatique en mettant en avant leur trajectoire personnelle, à se présenter comme les seuls capables de nous tirer d’affaire…»
         «Al Gore, l’activiste, s’est soigneusement bâti une image de « héros du climat » en parcourant le monde pour alerter sur l’urgence climatique. Al Gore, l’homme d’affaires, est un allié historique de la Silicon Valley, qui n’a eu de cesse de vanter les mérites de l’innovation comme moteur de la croissance économique. Il a cofondé la société de gestion d’investissements "durables" Generation Investment Management (GIM), dont le portefeuille d’investissement est composé des grands noms de la tech, comme Amazon, Alphabet (Google) ou Alibaba. Ce n’est pas anodin. Dans Une vérité qui dérange, son célèbre documentaire, Al Gore vante les mérites des voitures hybrides, des panneaux solaires, des autobus à pile, des réseaux électriques intelligents… Ce film est bien plus qu’une vulgarisation destinée au grand public, c’est aussi un programme motivant pour les élites…»
       «Ils partagent une même vision de ce qu’il convient de faire : remplacer le capitalisme fossile par un capitalisme vert pour créer de nouvelles possibilités d’enrichissement, en faisant la part belle aux mécanismes de marché et au techno-solutionnisme.  Ils assignent également un rôle très particulier à l’État. Pour eux, plutôt que d’intervenir directement avec des politiques de nationalisation de l’énergie ou des investissements massifs dans les services publics de transport, les gouvernements doivent se mettre au service de fonds d’investissements et d’entreprises en transition, en garantissant leurs emprunts et leurs investissements. Résultat : s’il y a des profits, ils sont pour les acteurs privés. S’il y a des pertes, elles sont pour l’État, et donc pour la collectivité. C’est une philosophie qui s’est largement répandue, et infuse par exemple dans le pacte vert européen…»
       «La "jet-set climatique" s’est adjoint les services de tout un tas d’experts, de consultants en tous genres, représentants d’ONG, bureaucrates onusiens, communicants, célébrités, fondations et think tanks, scientifiques, pour orienter l’agenda climatique et « naturaliser » le capitalisme vert. Dans le livre, j’évoque notamment McKinsey & Co, la prestigieuse société de conseil en management qui joue un rôle en conseillant de nombreux acteurs publics et privés, du Nord comme du Sud, et propage une compréhension commune de l’enjeu climatique et des solutions : pour elle, les entreprises et les investisseurs privés sont les mieux à même de porter cette transition…»
         «Après Copenhague, un effort particulier a été mis à la production de récits "enchanteurs" autour du climat et des solutions possibles pour lutter contre la crise. Lors de la COP21, l’influence des experts de la com était particulièrement manifeste : ils ont cherché à coordonner et aligner les discours des différentes parties prenantes au cœur et à la marge du processus climatique onusien, afin qu’ils aillent dans le sens de l’accord en cours de construction. Ces communicants se sont mis gracieusement au service d’acteurs identifiés comme influents : journalistes, représentants des grandes entreprises, gouvernements, institutions internationales, ONG, think tanks et, bien sûr, scientifiques, auxquels ils prodiguent conseils et "éléments de langage". Les voix discordantes, comme celles du chercheur Kevin Anderson, qui critiquait l’accord, ont été marginalisées. On a fait peser la responsabilité d’un éventuel échec de la COP21 sur leurs épaules…»
     «Finalement, l’Accord de Paris n’a fait que renforcer leur rôle. Son mécanisme, fondé sur des annonces, place l’incantation au cœur du régime de gouvernance climatique. La priorité n’est pas tant d’agir et de réguler, mais de produire des "signaux" spectaculaires pour inciter les politiques, les entreprises et les consommateurs à s’engager sur la voie de la transition…»
     «Quelque part, ce mouvement représente l’ultime obstacle à surmonter dans la lutte hégémonique des ultrariches. En réponse à son essor, elles ont fourni un effort de réappropriation et d’instrumentalisation du mouvement. Ils ont applaudi, encouragé et même financé des marches pour le climat, voire des actions de désobéissance civile. Ils se sont bousculés pour partager la scène ou être pris en photo avec Greta Thunberg lorsqu’elle est venue les secouer à Davos, le 21 janvier 2020…» 
         «En apportant leur soutien, en s’affichant aux côtés du mouvement climat, les élites sous-tendent que, contrairement aux apparences, elles sont dans le même camp, unies par une même indignation face à l’inaction et au manque d’ambition des décideurs politiques. Elles installent peu à peu l’idée que le salut, du moins en apparence, viendra d’un mix d’activistes mobilisés dans la rue, qui entretiennent le sentiment d’urgence, et d’investisseurs et d’entrepreneurs qui sont célébrés comme la solution à la crise…»
        «Au-delà de leur empreinte carbone et portés par un même intérêt climatique de classe, les ultrariches pèsent de tout leur poids sur les choix politiques qui, à défaut de réduire les émissions, consolident leur pouvoir. Leur urgence climatique n’est pas la nôtre et encore moins celle des populations les plus vulnérables, durement frappées par les effets du changement climatique. Il serait nécessaire de repolitiser l’enjeu et d’engager un rapport de force avec ces élites. Toute expression de désobéissance et d’émancipation vis-à-vis d’elles est un pied de nez au cadrage dominant que les ultra-riches façonnent…» 
       «C’est également un moyen de rassembler au-delà du seul mouvement climat. Car les politiques mises en œuvre à leur profit, comme les cadeaux fiscaux, les crédits d’impôt et les prêts garantis, ont un coût élevé pour nos sociétés. Ces cadeaux faits aux riches sont autant de milliards non investis dans les services publics de transport, d’énergies vertes, et de coupes dans les dépenses sociales, de santé ou d’éducation. Fin du monde. Fin du mois. Fin des ultra-riches. Même combat !»
        Ce qu'il y a d'intéressant dans ce texte, c'est que l'analyse que fait Morena démontre, si ce n'était pas déjà fait, que les ultra-riches ont un sens de la stratégie plus développé que les écologistes, et qu'ils sont et seront encore vainqueurs de cette guerre idéologique, tant qu'un effondrement n'aura pas lieu. Et d'ici là, ils auront eu le temps de se préparer des ilots de survie, bien à l'abri des hordes affamées. La seule solution réelle, et de plus en plus de monde le comprend, c'est de sortir du capitalisme, dont du capital, du commerce, de l'argent, de l'État, du marché… Mais c'est changer de paradigme, ce qui est pour le moins difficile à imaginer donc à promouvoir. Même si le discours d'Algor est plus que suspect, il est bien plus rassurant de faire semblant de le croire.

                L'interview publié par Reporterre est suivi d'un message d'Hervé Kemft,  pour obtenir des dons et abonnements:  "Nous avons eu tort en 2013 quand nous avons créé Reporterre en pensant que l'écologie manquait de couverture médiatique: l'écrasante majorité des médias est aux mains des ultra-riches."  C'est avouer que le gagnant de cette guerre idéologique est forcement celui qui est le mieux financé. Que peut donc faire un écologiste face à un Bolloré?.
       La faille du système, ce sont les trois conditions d'existence du capitalisme: une monnaie relativement rare, une croissance obligatoire et constante, une rotation monétaire la plus rapide possible. Or, ces trois piliers sont en piteux état. Les déficits mondiaux explosent et la seule réponse que les économistes trouvent, c'est soit la rigueur (donc plus d'investissement et donc décroissance) soit la relance par le Quantitative Easing (la planche à billets).  La croissance ne cesse de faiblir et ce dans le monde entirer, si on exepte quelques pays dont le PIB est si bas et la population si jeune qu'ils peuvent encore croître un peu. Enfin la consommation ne peut que chuter, entrainant dans sa chute la production, les échances, les profits.  
        Cela induit mécaniquement des inégalités sociales croissantes, des guerres économiques de tous niveaux, une prédation sans limite sur toutes les ressources soit, à long ou myen terme, un effondrement global. Se battre pour l'écologie, c'est bien, mais sans la prise en compte de ces trois constantes monétaires, c'est vain. Lutter contre la misère c'est bien, mais en oubliant le rôle de l'argent, c'est une perte de temps. Imaginer une décroissance dans un système monétaire, c'est un splendide oxymore…
        La seule question qui vaille est de se demander comment et pourquoi des gens aussi brillants, aussi prompts à défendre la veuve et l'orphelin que Morena et Kemft, attendent-ils, contre toute raison, que les riches deviennent généreux, que les rois du pétrole s'intéressent aux grenouilles, que les politiques perdent toute audience en disant la vérité?... Nous pouvons cependant remercier ces sympathiques intellectuels  de nous offrir sur un plateau l'argument choc qui manque parfois aux Postmonétaires… Lire de tels auteurs glosant sur de tels sujets, nous permet de peaufiner nos arguments....    

Tout sur l'économie (ou presque), Gilles Mitteau

Pour comprendre vraiment tout ce qui cloche dans le système, (sous-titre)
Editions Payot, déc. 2023

4ème de converture:  Mitteau.jpegAvec pédagogie et humour, en s'appuyant sur des infographies éclairantes, Gilles Mitteau nous explique tout d'un système omniprésent dans nos vies. Une lecture intéressante pour interroger les règles que le système capitaliste a érigées en lois immuables et qu'il est urgent de remettre en cause aujourd'hui. 
     Après avoir été trader à Wall Street, il est devenu vulgarisateur afin de combattre les préjugés sur l'économie et la finance. Il a créé en 2015 la chaine Youtube Heu?reka qui rassemble plus de 400 000 abonnés. Depuis peu, il a été engagé dans l'équipe du média indépendant Blast pour animer la chronique économique. 

 

Commentaires: Gilles Mitteau a produit là un condensé des principaux aspects du système économique actuel qu'il explique et commente. Sa formation universitaire et sa pratique professionnelle a-t-elle influencé durablement cet ancien tradeur ou son engagement du côté des économistes hétérodoxes nous apportera-t-il une critique du système pouvant nous intéresser? Sa nouvelle participation au média Blast permettra-t-elle de soutenir nos idées postmonétaires ou y fera obstacles? C'est dans cette optique que j'ai analysé cet essai...  

             Les critiques de l'économie capitaliste: (selon l'auteur) 
p.9: L'économiste qui s'intéresse à la maximisation de la richesse créée par son pays plutôt qu'à sa répartition est déjà dans une démarche politique en ce qu'il préjuge de la priorité à apporter à un critère plutôt qu'à un autre. Le déni de cette priorité constitue la grande arnaque du système capitaliste actuellement uniformément admis sur le globe.
p.11: Il n'existe pas des lois économiques naturelles aussi inviolables que celles de la physique, contre lesquelles il est impossible d'aller. On est donc en droit de se demander où sont les véritables contraintes du système, ce qui est très généralement contesté.
p.19:  Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…

           Les lois incontournables (selon l'auteur)
p.14: Les déficits (dépenses dépassant les revenus) des uns sont les bénéfices (revenus dépassant les dépenses) des autres.

p.19: La création monétaire: Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…

p.20: La monnaie est le sang de l'économie. Si le nombre des humains augmente, il doit y avoir de la croissance et donc plus de monnaie en circulation. Comment cette monnaie est injectée?

p.23: Les théories de la monnaie: Trois modèles différents:

p.24: La théorie des intermédiaires: Le schéma de l'économie est celui d'un circuit: Revenus=>dépenses + dépôts bancaires (épargne) => l'épargne est utilisée par des intermédiaires financiers (banques et fonds d'investissement => les intermédiaires financiers  investissent l'épargne (dépenses). La banque de dépôt collecte les dépôts des agents économiques et gèrent leurs économies des uns en investissant dans les entreprises des autres (sous forme de prêts).

Le problème de cette théorie simpliste, c'est qu'elle n'explique pas les crises financières. Tout au moins elle ne peut les concevoir que comme de simples "coups de malchance". Elle n'explique pas plus la création monétaire.

p.27: La théorie des réserves fractionaires: La monnaie est en partie physique (billets, pièces) mais surtout informatique (en zone euro, 85% de la monnaie n'est rien d'autre qu'une suite de lignes de code dans des ordinateurs, via les chèques, les CB, les smartphones). La banque de France, comme toutes les banques centrales de la Zone euro sont sous l'autorité de la BCE.

Les Banques centrales contrôlent la quantité de monnaie présente sur le marché. Elles fixent aussi la réserve de monnaie que les banques de dépôts doivent garder selon un certain pourcentage des dépôts. Mais cette théorie dit aussi que les banques de dépôts possèdent leur propre "planche à billets". Cela veut dire qu'elles ont le droit de créer de la monnaie mais pas sous forme de billets imprimés. Exemple: La BC imprime 100€. Un agent économique A récupère ces 100€ (un fonctionnaire par exemple). Il dépose ces 100€ à sa banque (1), laquelle met de côté 1% de la somme comme réserve, soit 1€. La banque (1) prête ces 99€ à un autre agent B, lequel dépense ces 99€ dans le magasin de l'agent C. L'agent C dépose ses 99€ dans une autre banque (2) qui constitue ses réserves de 1% des 99€, soit 0,99€ et peut ainsi prêter à un autre agent D les 98,01€ restants. Les agents A et C sont tous deux persuadés d'avoir à la banque et respectivement leur 100€ pour A et 99 pour C. Le pouvoir d'achat de A et C est de 199€ alors qu'il n'y eu que 100€ mis en circulation au départ.

Ce tour de passe-passe des banques de dépôt ne fonctionne qu'en vertu de la différence entre la monnaie (100€) et la promesse de mise à disposition (99€, puis 98,01, etc.). L'argent du banquier c'est essentiellement un tas de promesses qu'il affirme pouvoir vous donner quand vous lui demandez de l'argent mais qu'il na pas. Si vous avez un billet, vous pouvez le dépenser quand et où vous voulez. Si vous avez une promesse du banquier, vous n'avez pas la garantie qu'il l'ait encore s'il n'a pas assez de réserve. Les montants inscrits sur les comptes des clients A, B, C, D, E, F, G... totalisent les promesses (100+99+98.01+97,03….= environ 10 000€, pour 100 euro de vraie monnaie émise par la BCE. Les banques ont multiplié la monnaie, la dépense globale des agents économique est de 10 000-100= 9 900€! Les dépenses sont les revenus des autres.

Le tour de passe-passe correspond en fait au flux de monnaie, les 100 euros de départ au stock. La seule limite, c'est le taux de la réserve (1% dans l'exemple). Tant que le 1% ne tombe pas à zéro, on peut prédire la multiplication de la monnaie. Plus le taux est élevé, plus la circulation de la monnaie est entravée, moins l'effet multiplicateur est important.

Cette théorie est confortable car conservatrice. Cela permet de modéliser un marché de la monnaie qui s'autorégule en fonction de l'offre et de la demande.

Le mythe de l'offre et de la demande: Les offreurs veulent faire monter les prix de la production mais étant en compétition avec les autres, ils se limitent. Les demandeurs doivent se rendre sur le marché pour négocier au plus bas, mais ils sont en compétition avec les autres demandeurs qui peuvent faire monter les prix (s'il n'y a pas plus de stock que de clients). Le marché est censé établir naturellement le "juste prix" grâce à ces intérêts divergents. Si tant est que le juste prix s'établisse rapidement et durablement, ce qui n'arrive jamais. En effet, le compromis idéal est un mythe et les prix fluctuent en permanence…

Il est légitime de remettre en cause ce mythe du marché autorégulateur pourtant défendu par les privilégies de tous les pays, quelques soient les configurations politiques (communiste, capitaliste, socialiste…), les cultures (religieuses et morales), les époques (antiquité, Moyen-âge, moderne, contemporaines, les régions (Orient, Occident, Afrique…). Les rapports de force sont toujours inégalitaires: entre un patron de multinationale et l'ouvrier à la chaîne, entre un ouvrier français et un ouvrier pakistanais, entre un riche et un pauvre, entre le rusé et le naïf…toute marchandise (objet, nourriture, salaire…) fluctue selon le bon vouloir du plus puissant. C'est la guerre économique qu'aucune régulation n'a jamais réussi à adoucir. Même les régimes centralisés, dictatoriaux, prolétariens n'y ont pas échappé. On ne peut en conclure qu'une chose, l'argent limite la justice, empêche toute fraternité, entrave la liberté…

p.39: La théorie de la création monétaire ex nihilo: En plus des banques centrales, il y aurait autant de planches à billet que de banque de dépôt. Le seul moyen de faire en sorte que la banque tienne sa promesse inscrite sur votre compte, c'est de vous rendre au distributeur de billet et de retirer l'argent inscrit sur votre relevé de compte. La banque est alors obligée de supprimer la promesse qu'elle vous a faite et de sortir de la banque la liasse de billets correspondante. Si vous avez besoin de récupérer  une dette d'un quidam qui est dans une autre banque, c'est cette deuxième banque qui vous paiera. Si cette deuxième banque est en faillite, vous perdez votre argent. Les banques ne se font pas de promesses entre elles. C'est alors l'État (via la banque centrale) qui, jusqu'à 100 000€, est tenu de vous rembourser quand votre banque fait faillite.

Il y a donc deux types de monnaie: les promesses (la monnaie dite scripturale) et la monnaie centrale (les billets). Chaque jour, le flux des promesses entrantes et sortantes est impossible à prévoir. Si les sorties dépassent les entrées, la banque centrale est contrainte de renflouer la banque déficitaire pour éviter la faillite de la banque, et par jeu de domino, les banques voisines avec qui elle collabore. Un refus de la Banque centrale mettrait en péril à la fois la bonne circulation de la monnaie scripturale (et donc l'économie globale) et la bonne santé de toutes les banques de dépôts. La monnaie n'est donc pas une denrée rare. Et pourtant, on entend régulièrement l'argument de "la monnaie qui ne pousse pas sur les arbres"…, "il n'y a pas d'argent magique"… Or, les banques centrales peuvent en injecter quand elles veulent (voir le quantitative easing). C'est donc un mensonge politique, mais un mensonge répété très souvent devient une vérité évidente pour tous…

p.57: La sacro-sainte question de la dette:  Le paiement des intérêts d'un prêt ne correspond pas à un remboursement mais à la rémunération d'un service fourni par le banquier. Comme les intérêts ne sont pas des remboursements, ils ne peuvent être détruits comme la dette. Ils sont les revenus du banquier.

Ne pas confondre flux et stock (erreur fréquente, y compris chez certains économistes).

Ne pas mélanger toutes les formes de faillites : c'est soit un manque de liquidité (plus assez d'argent pour payer les factures en fin de mois), ce qui est une faillite technique, soit vous êtes insolvable (la valeur de vos actifs est plus faible que celle de vos dettes), ce qui est une faillite comptable. L'entreprise est mise sous tutelle et une instance judiciaire vend les biens de l'entreprise pour rembourser la dette. Game over!

Un État ne peut faire faillite car la valeur des actifs de l'État est considérée comme non mesurable, non pertinente ou même infinie… Un État couvert de dette ne peut être mis en vente! Quelle est la valeur de ses habitants, de ses lois, des traités signés avec d'autres pays. L'analyse comptable est une démarche marchande qui ne s'applique que dans le cas d'une propriété privée.

C'est le même problème que pour la nature dont on ne peut donner un prix. Nous sommes dans un système marchand, inventé et fait par les marchands qui ne savent tenir compte que de ce qui se mesure en euros. Notre environnement n'a pas de valeur financière. C'est ce qui permet de puiser du pétrole, des métaux, de l'eau sans débourser le moindre centime. Le prix du marteau, de l'essence, de la bouteille d'eau après la prédation, ne représentent que les frais d'exploitation. D’où la crise environnemental, la destruction du vivant, des sols, des océans….

p.77: Bank run: Par peur d'une faillite de leur banque, une grande quantité de clients retirent leur argent. Il y a donc un problème de liquidité et la banque ne peut compenser l'hémorragie que via les marchés financiers, l'État ou la Banque centrale. Les grandes entreprises étant aussitôt impactée, l'État peut difficilement accepter la faillite d'une banque et la sauve par l'argent des contribuables.

p.81: Conclusion sur la monnaie: Le moteur économique a besoin de carburant (argent) pour avancer et ce sont principalement les banques de dépôts qui le créent. Ce système de promesses centrales qui forment la tuyauterie reliant les banques de dépôts entre elles, correspond au système de graissage du moteur économique. Il ne s'agit pas de faire accélérer le moteur (c'est la fonction du carburant) mais de faire en sorte que les rouages soient suffisamment huilés pour ne pas casser. Les crises économiques qui apparaissent périodiquement sont l'expression du "grippage" du système. Mais il est évident que c'est un problème structurel (la conception du moteur) et en rien un problème conjoncturel (pénurie de matières première, déstabilisation d'une zone économique, pandémie, etc.)

La Banque centrale est également connectée au circuit qui apporte le carburant à l'économie. Elle peut décider de financer des prêts pour les agents économiques (sauf les banques de dépôt) ou injecter de la monnaie (Quantitative easing). En somme, il y a deux tuyauteries, une pour l'huile (les prêts) et une pour le carburant (l'argent). Ces règles sont toujours politiques, donc arbitraires: elles peuvent être faites, défaites ou modifiées en fonction de l'objectif politique. Donc par la voix du peuple souverain si on est en démocratie. Or, ce genre de décision n'est jamais laissé entre les mains du peuple. Comme l'avait voulu l'abbé Seiyès en 1789 ou la Convention de Philadelphie en 1787, la Démocratie à laquelle tout Politique se réfère n'est qu'un leurre…

Le concept de "monnaie" doit être rattaché au concept de richesse. La monnaie n'existe que pour permettre les échanges de richesse et les investissements pour les produire. De ce fait la capacité monétaire de financement de projet d'un pays est théoriquement illimitée. La limite n'est jamais le manque de monnaie mais les règles que l'on s'est imposée… Les règles étant faites généralement par les détenteurs de la richesse, il n'est pas étonnant que les règles soient établies dans l'intérêts des plus riches et non du peuple…

P.89: Tous pour la croissance:

Mister PIB: Le PIB se mesure de trois manières: la somme de la valeur ajoutée (prix de vente- coût), la somme consommée par la population (investissement compris) et la somme des revenus (salaires, dividendes, loyers, etc.). Exemple: un village de 4 habitants:

- S'ils ont acheté du poisson, le PIB est la somme des prix du poisson par exemple 120€ (calcul par la dépense).

- Si le poisson pêché sans frais est vendu par l'entrepreneur de pêche (1) 40€ à l'entreprise 2, il y a une Plus-value de 40€. Vendu à l'habitant 3 à 80€, il y a de nouveau une plus-value de 40€. Au troisème échange, il y a total de plus value de 120€.

- S'il y a distribution de salaires et de dividendes par les entreprises, on arrive au même résultat de 120€ de PIB.

Dans la réalité, c'est aussi une création d'inégalité via les salaires et les dividendes, lesquels sont régulés par des rapports de force (une lutte des classes. Ce qui fait dire à Warren Buffet: "Il y a bien une guerre des classes, c'est vrai, mais c'est la classe à laquelle j'appartiens, celle des riches, qui est en train de la mener et de la gagner." Les revenus sont inévitablement divers selon qu'ils sont issus de la propriété d'un bien et d'une somme d'argent ou du travail matérialisé par le salaire. Ce calcul purement comptable du PIB vient masquer le fait que le PIB de 120€ (somme des revenus, somme des dépenses ou somme des richesses produites) ne corresponde pas aux situations individuelles: les dépenses des uns (des pauvres) font la richesse des autres (les riches). Il faut donc que les riches soient peu nombreux et les pauvres très nombreux…(C'est ce qu'explique Louis de Funès dans le film de Gérard Oury "Les aventures de Rabbi Jacob").

p.97: L'État et les richesses: Pour rendre des richesses accessibles à tous, l'État demande à chacun une contribution pour alimenter sa tirelire. Les non salariés doivent produire des services que l'État rémunère par des aides sociales (retraités, chômeurs, handicapés, étudiants, enfants…) les autres payent des taxes et impôts pour permettre l'aide fournie aux premiers. On est donc toujours dans la conditionnalité: Si on veut être éduqué, soigné, avoir des transports, de l'énergie, la sécurité …, il faut une participation en argent ou en activité (au Moyen âge il y avait les journées de corvées, rien n'a vraiment changé).

Deux visions s'opposent: - celle qui consiste à dire que la richesse n'est produite qu'en entreprise (entreprise privée par sa production de valeur ou État (par les impôts et taxes). - celle qui consiste à comprendre les aides sociales comme une participation de l'état à la circulation des richesses. Les principales ressources de l'État sont la TVA (uniquement sur la consommation des particuliers), l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les bénéfices et différentes cotisations. Vis-à-vis de l'État, il s'agit d'une boucle fermée: il récupère d'un côté et reverse de l'autre. Rien ne change pour le PIB. Les dépenses de l'Etat c'est tout ce qui sort du marché (salaires des fonctionnaires, aides sociales, investissements…).

p.103: Import-export: Nota: les importations n'entre pas dans le PIB car l'activité productive vient d'ailleurs. Les exportations à l'inverse entre dans le PIB. L'équilibre entre l'import et l'export, c'est la balance commerciale (excédentaire ou déficitaire). Un pays excédentaire produit plus et donc gagne plus qu'il ne dépense. Un pays déficitaire produit moins et donc gagne moins que ce qu'il dépense. Toutes les dépenses, déficit compris, se financent soit la l'épargne, soit par le crédit bancaire.

La France a une balance commerciale déficitaire, pour avoir désindustrialisé le pays en pratiquant le dumping social (implantation des usines à l'étranger) et en favorisant l'industrie agroalimentaire qui s'approvisionne dans les pays à bas coût social. C'est une politique qui a visé à privilégier le luxe (grands vins par exemple), marques à haute valeur ajoutée (mode, bijoux…) et services.

p.107: Les défauts de Mister PIB: Le marché de l'occasion (maisons anciennes, voitures…), aussi dynamique soit-il ne permet pas l'augmentation du PIB. Le neuf est donc toujours valorisé par rapport à l'ancien qui a déjà alimenté le PIB à sa création. Le PIB mesure le flux de nouvelles richesses créées, mais pas la richesse qui s'est accumulée et la vitesse de l'accumulation. La richesse vient des activités humaines, des matières extraites de la nature, des services. Le PIB se sert pourtant de la nature, du stock de richesses produites par le passé, d'une force de travail qui est créée par les particuliers hors marchés (naissances). Le PIB n=pousse à ne considérer que la valeur d'échange en fonction de la difficulté à produire, de la disponibilité et de la volonté d'achat. La nécessité ou l'utilité n'ont pour Mister PIB aucun intérêt.

Aucune activité économique est possible sans énergie, physique (aliments pour les machines et les corps humains) et humaine (force de travail manuelle et intellectuelle qui se calcule aussi en énergie).

Énergie primaire et secondaire: la primaire c'est celle que l'on récupère dans la nature (bois, charbon, pétrole, eau, etc.) L'électricité et l'hydrogène sont des énergies secondaires car elles sont inutilisables à l'état naturel et demandent à être produites.

Les hommes les plus forts peuvent produire chacun 1 500 watts. Si on imagine qu'ils puissent produire cette énergie 10h par jours durant une semaine cela représenterait  700Wh d'énergie (l'équivalent pour qu'un petit grill pain pendant une heure (de quoi rôtir une soixantaine de tartines). Un champion cycliste ne peut fournir 700 watts  pendant plus de quelques secondes.  Chaque habitant de la terre possède donc en moyenne l'équivalent de 110 esclaves énergétiques pour l'assister dans son travail et assurer son confort au quotidien (500 esclaves mécaniques en moyenne pour les Français). Pour les biens existant, il faut prévoir des services d'entretien et de maintenance, la fabrication des pièces de rechange. Le capital en matériel se déprécie ce que le PIB devrait actualiser chaque année.

En conclusion, le PIB est un fourre-tout qui n'indique pas grand-chose, même pas si une diminution correspond effectivement à un ralentissement de l'économie ou un véritable appauvrissement. Et c'est pire au niveau de la nature: un baril de pétrole de 90 dollar ne donne pas la valeur du pétrole mais le coût de son extraction. Va-t-on vers une marchandisation de la nature, vers l'intégration des valeurs d'usage et d'échange? Non, et c'est bien ce qui pose le principal obstacle au défi environnemental. La tarification du carbone émis dans l'atmosphère  est en cours un peu partout, mais à des prix extrêmement faibles et pose aussi un problème aussi important que celui qu'elle est censé résoudre: si la nature a un prix, il n'y a plus de limite à la prédation. Les brevets déposés sur des molécules découvertes dans la nature ont bien montré qu'il s'agissait plus d'un accaparement juteux de ressources communes et gratuites que d'une protection!...   Si les producteurs et salariés alimentent le PIB, il y a aussi les "invisibles du PIB", tous ceux qui œuvrent pour le bien commun bénévolement (18 millions de personnes en France, soit 36% de la population).

Le cynisme absolu du PIB c'est qu'une guerre produit des richesses (fabrication de l'armement, reconstruction des villes bombardées, etc.).

On se sert du PIB pour calculer la richesse moyenne des Français, ce qui est absurde: exemple: 3 groupes de 2 personnes on un revenu moyen de 50€. On peut imaginer 3 cas réels: 50€ + 50  ou  25 + 75  ou  0 + 100€. 3 situations différentes (0€, 2 5,50, 75, 100). Le PIB ne dit rien sur les inégalités sociales, c'est bien commode. Le calcul de l'inflation est tout aussi faussé. Le panier de la ménagère est fait à partir d'une liste de produits choisis arbitrairement. Un smartphone qui double ses capacités ne double pas son prix. On peut donc en déduire une envolée ou une contraction du prix. Trouver la composition exacte du panier de la ménagère est quasi impossible à trouver de façon exacte par un non spécialiste. Ce n'est pas un hasard!

p.128: PIB nominal: Le calcul de la croissance est généralement calculé à partir du PIB nominal c’est-à-dire de l'année. Avec les mêmes chiffres on peut ainsi annoncer une croissance ou une récession de 7,2% ou 4,9% à volonté. Les chiffres ont l'air sérieux mais sont bidons et choisis selon les circonstances: en cas de récession mieux vaut annoncer 4,9% et en cas de croissance 7,2%, toujours avec le même calcul.

p.129: PIB et chômage: Il n'est pas rare que les politiques promettent un emploi à ceux qui n'en trouvent pas, tout en garantissant à ceux qui en ont un qu'ils conserveront leur part du gâteau? C'est tout simplement impossible sans croissance! Quoi que l'on fasse, on ne peut satisfaire tout le monde. Si la croissance est nulle ou "négative" le nouveau pouvoir d'achat des embauchés viendra de la réduction du pouvoir d'achat des autres (système de vases communicants). La promesse d'une hausse du pouvoir d'achat pour tous, c'est juste un mensonge destiné à garantir la paix sociale…

p.131: Un PIB sur des richesses qui n'existent pas: Une norme comptable appelée mark to market prévoit que la valeur du marché est définie par la valeur de la dernière transaction du moment. Exemple, le marché de l'immobilier. Si la valeur des échanges d'immeubles à un instant T a augmenté de 20%, tous les prix des appartements prennent 20% sans que cela corresponde à une valeur ajoutée par des travaux, des aménagements ou plus de demandes que d'offres. C'est donc la porte grande ouverte à la spéculation, les grandes sociétés immobilières ayant les moyens d'augmenter artificiellement la valeur de leur patrimoine, le prix de cette augmentation étant payé par les nouveaux acquéreurs non spéculatifs et par les locataires. Les plus riches seront plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres, c'est là un des multiples exemples de spéculations qui condensent la richesse entre des mains de plus en plus riches et donc de plus en plus rares. Et plus la richesse se condense sur une minorité, plus cette minorité à des capacités spéculative accrues. C'est une courbe exponentielle qui est ainsi créé qui, comme dans le jeu du Monopoly, ne peut aboutir qu'à un seul riche (ou un petit groupe de riches associés et complices) et une masse de perdants. Ce procès est structurel, mécanique et ne peut être régulé sans un changement radical de système...

Petit schéma sur la spéculation: 1. X€ sont injectés dans l'économie  (le marché du neuf) et déclenchent l'augmentation du PIB et une nouvelle richesse est créée. 2. Les X€ financent ensuite le marché de l'occasion sans changer la quantité de richesse produite.  Cela veut dire que les prix de l'immobilier et des actifs financiers peuvent être totalement déconnectés du moteur économique réel.

A priori, une marchandise devrait se dégrader et perdre de sa valeur en vieillissant. Mais les agents économiques peuvent décider du contraire pour des raisons de manque de place pour du neuf, de villes plus dynamiques que d'autres, etc. Ils affirment qu'une maison est une valeur qui peut grimper en vieillissant.

L'argent peut effectuer plusieurs tours sans jamais atteindre le marché du neuf. C'est ce qui provoque des bulles spéculatives. En effet, les bénéfices du marché de l'occasion, plus faciles que ceux du neuf attirent les épargnants, les financiers, comme des guêpes sur un pot de miel. Les impressions de gains sont démultipliées par cette méthode de valorisation des stocks. Le PIB s'en trouve totalement faussé est une partie de la croissance est purement spéculative.(Illustration de l'auteur)  

Conclusion: l'argent n'enrichit que les riches ou, a minima, proportionnellement au capital dont on dispose. Les profits sont d'autant plus grands en pourcentage que le capital de départ est important. C'est comme une augmentation générale des revenus calculée au pourcentage (une augmentation de 1% de tous les revenus, cela représente +1€/mois pour un revenu de 100€ et  100€/mois pour un revenu de 10 000€, alors que l'équité serait d'inverser ce rapport: 100 € au plus pauvre, et 1€ au plus riche…). Mais opérer un tel changement est impossible dans le cadre imposé par le système monétaire  et marchand. Le système est fondé sur la création de valeur: à quoi servirait d'utiliser de l'argent, de vendre et d'acheter, en l'absence de profits? Si on interdit l'accès à ce qu'un système a été conçu pour produire, le système n'a plus de sens. Ce serait comme construire une splendide Ferrari et d'interdire la pose de roues à la Ferrari! La voiture ne servirait plus à rien. Sans profit, l'argent ne sert plus à rien. Donc en supprimant l'argent on supprime le profit. C'est le seul moyen de penser et espérer enfin une plus grande équité entre les humains. CQFD!  

p.139: Conclusion sur la croissance: Rappelons que la croissance mesure la variation de la valeur des richesses créées dans l'année (valeur ajoutée) par l'ensemble des agents économiques sur un territoire donné. Il faut garder toujours en tête que c'est une notion relative. On est plus ou moins riche que les autres, on se sent plus pauvre si l'écart entre la moyenne des revenus et le nôtre augmente. La pauvreté ressentie est relative à la richesse des autres, comme la température. Passer de 40° en dessous de zéro extérieur à 0° dans un igloo donne une impression de chaleur, 20° au thermomètre semble frais si le vent du Nord se let à souffler…

Tout ce qui échappe au marché n'est pas comptabilisé. Il peut y avoir croissance et récession en même temps.

Les bénéfices spéculatifs des entreprises financières et immobilières expliquent que les traders sont mieux payés que les infirmières et pourquoi le PIB mesure des richesses qui n'existent pas.

Et pourtant, la croissance du PIB reste l'unique objectif de l'économie mondiale!...     

 

p.147: Qu'est-ce qu'une crise économique:

Différence entre décroissance du PIB et chute du niveau de vie: Le PIB mesure l'activité humaine marchande et ne tient pas compte des activités qui augmentent le niveau de vie. Le PIB de l'humanité ne mesure pas les richesses environnementales. Le PIB confond valeur marchande  et utilité alors que c'est l'utilité qui prime dans le niveau de vie. Le PIB est une moyenne qui ne dit rien sur les plus riches et les moins riches. La seule chose qui soit sûre, c'est qu'une réduction du PIB provoque toujours la réduction du niveau de vie d'une partie de la population. L'écart de richesse s'accroit quand le PIB décroît.

Or, du point de vue environnemental une décroissance est une bonne chose (moins de pollutions, de gaspillages…). Le seul problème c'est que si toute la population consomme 5% de moins par rapport à l'habitude, les fournisseurs vont perdre bien plus que 5%.

Après tout 5% de baisse de revenus pour les plus riches, pour les grandes entreprises n'est pas un drame, ils peuvent s'en accommoder. Une baisse de 5% pour ceux qui sont au seuil de la pauvreté, c'est l'entrée dans la misère… Quant à la classe moyenne-basse, elle risque de sortir de la dite moyenne… Pour les Décroissants et les Postmonétaires qui crient "vive la crise", il va falloir affuter les arguments pour convaincre les "déclassés" que leurs propositions sont bonnes pour eux…

La crise se déclenche quand un trop grand nombre d'agents économiques, au lieu d'appuyer sur la pédale économique d'accélération des dépenses ou d'accélération de la production, se mettent à faire l'inverse. 

C'est peut être "l'arme fatale" que pourrait utiliser les anticapitalistes. Entraîner le maximum de gens à ne plus consommer ou produire met le capitalisme en mauvaise passe. Pourquoi les révolutionnaires de gauche et les écologistes n'en parlent-ils jamais?....

Deux types de crise, celle de l'offre et celle de la demande: La crise de la demande (volontaire ou faute de moyens) touche directement la pédale des dépenses. Les dépenses des uns étant les bénéfices des autres, ceux qui n'ont d'autre préoccupation que de produire feront moins de profits, donc investiront moins et licencieront en masse.

La crise de l'offre touche la pédale de la production. Il ne s'agit pas d'un problème de financement mais d'un problème physique d'absence d'une ressource essentielle au fonctionnement de la machine (les flux). En somme le bon fonctionnement du moteur économique dépend de ses fondements, de ses piliers. Un de ces piliers c'est le travail des agents économiques. S'il y a grèves, boycott, baisse du pouvoir d'achat, incapacité de travail, la crise de l'offre ne peut qu'éclater (pénuries).

p.153: L'environnement, le grand absent de l'économie: Sur 68 millions de Français 18,5% habitent les campagnes et les emplois agricoles ne représentent plus que 2,6% du total. La puissance des machines agricoles ont remplacé les humains. Il fallait 65 personnes pour nourrir 100 personnes en 1800, il n'en faut plus que 3 aujourd'hui. Le canal de Suez, 1859-1869, 190km, 1,5 million d'ouvriers. Le tunnel du St Gothard, 1996-2011, 150km de galerie, 1 500 personnes (1000 fois moins de bras).

Dans l'économie moderne, si une usine a besoin d'une machine ou de créer une centaine d'emploi, la machine est considérée comme un investissement, les emplois comme des charges…

p.158: Le développement dépend de la géographie (terrain, nature des sols, écosystèmes, climat, ressources…), de la culture (statut social, valeurs, formation…), des institutions (Etat, santé, éducation, modes de production…) en plus de l'énergie indispensable pour alimenter machines et travailleurs. L'adoption de la machine à vapeur comme principale source d'énergie au 19° siècle a tout à voir avec le contexte politique, institutionnel et géographique  et pas grand-chose avec une réalité physique incontestable…

Cette analyse qui prétend nuancer les propos de Jean-Marc Jancovivi sur  la place des énergies fossiles est à nuancer. Encore une fois, ce sont des réflexions en silo (géographie, institutions, culture, types d'énergie…) et non systémique (cad prenant en compte globalement tous ces éléments).

p.162: Argument faux au sujet du TRE (Taux de retour énergétique). Il s'agit d'une fraction: Quantité d'énergie extraite de l'environnement / Quantité d'énergie nécessaire pour obtenir cette énergie. Avec les énergies fossiles le TRE mondial est 1/12, avec les énergies renouvelables d'antan de ½.

=> Pas de société complexe sans TRE élevé.

En outre, l'énergie d'un baril de pétrole doit être transformée, raffinée, re-transportée sous forme d'essence. Et ensuite 20% de cette énergie est transformée en mouvement de la voiture (contre 80% avec un moteur électrique…. La seule chose qui compte c'est que le TRE soit supérieur à 1 (plus d'énergie utilisable que d'énergie investie). Quand on parle de dépendance aux énergies fossiles, ne sont pas les causes du développement mais les outils qui ont été sélectionnés parmi d'autres. Il ne faut pas essentialiser notre histoire. Si on peut applaudir à cette remarque, on peut se demander pourquoi l'auteur ne voit pas que la même critique s'applique à l'argent qui est encore plus essentialisé, naturalisé, fétichisé au point de rendre cette "convention sociale" totalement incontournable, aussi nécessaire à une civilisation moderne que l'air pour respirer, l'eau potable pour survivre au-delà de quelques jours, de nourriture au-delà de quelques mois…  L'auteur conclue ce passage en déclarant: si la lutte contre le dérèglement climatique nous impose de nous passer des énergies fossiles, ne risque-t-on pas une dégringolade du PIB ou de voir revenir les affres de la crise de l'offre? Et il conclue très logiquement que pour éviter une crise économique, il nous faut entretenir en bon état notre parc de machines et continuer d'extraire suffisamment d'énergie de l'environnement pour les faire fonctionner. En somme, la conscience d'un risque d'effondrement environnemental dû à une consommation excessive d'énergie carbonée n'entraînerait pas une réduction drastique de l'offre et de la demande, et encore moins une sortie du système monétaire…

p.166: …réchauffement climatique rapide rime avec extinction de masse sur terre et dans les océans. La question est donc: à quel point notre civilisation dépend-elle des écosystèmes naturels. …  Il faut se mettre à brûler beaucoup moins de pétrole de charbon et de gaz  afin de se placer sur une trajectoire où ces sources d'énergie sont inutilisées en 2100. Sachant que ces trois énergies représentent 85% du carburant de nos machines, le défi est de taille. Il faut donc transiter vers des ressources renouvelables (qui n'empêchent pas les générations futures d'y avoir accès). L'auteur en est encore à la perspective de 2100, quand de plus en plus de monde rapproche cette échéance entre 2030-2040. On peut légitimement se demander si c'est une réaction d'optimiste invétéré où si la conscience du bouleversement que cela induit sur le mode de gestion de l'économie ne lui fait pas reculer l'échéance le plus loin possible faute de réelle solution….

p.168: La question du nucléaire: L'uranium 235 représente moins de 1% de l'uranium disponible sur terre (réserve estimée à 100ans maxi ou 15 ans si le nucléaire remplaçait le gaz et le charbon). Les surgénérateurs utilisent du thorium 232 (phénix et superphénix) bien moins rare que l'uranium.

Reste le problème des déchets radioactifs et des risques d'accident sur les centrales (Tchernobyl, Fukushima)… La fusion nucléaire est plus sûre, moins polluante, économique, mais pas encore au point. En revanche, une énergie quasi gratuite et abondante peut paraître la solution, mais lève toutes les limites énergétiques et pourrait être la véritable catastrophe à l'avenir. Sans une réforme profonde du système de production/consommation, les dégâts environnementaux serait rapidement décuplés. La fusion froide est le pire danger dans une société capitaliste (position d'Aurélien Barrau) mais pourrait devenir une solution dans un monde enfin postmonétaire, puisque la logique de croissance et de profit disparaîtrait. C'est un argument rarement évoqué en faveur d'une abolition du système marchand, et pourtant il illustre bien l'impasse dans laquelle nous sommes engagés depuis trois millénaires!

p.170: Lutte contre le réchauffement climatique: Depuis 2000, les émissions de GES ont augmenté de 50% dans le monde. Elles ont fortement baissé dans les pays riches (-0,85 par an en moyenne) mais elles ont augmenté dans les pays en voie de développement. …    Ne pas confondre sobriété d'usage et décroissance. Les enjeux de sobriété et de décroissance sont une manière de pousser la société à enfin agir de manière concrète pour réduire les inégalités.  …  Le soi=uci, c'est que cette approche perd pied si la science nous apprend un jour que l'on peut "sauver le climat" sans que les plus riches aient à modifier leur façon de vivre…

p.176: Le grand remplacement: remplacer un milliard d'automobiles, 50 000 navires marchands, 39 000 avions de ligne et 3,5millions de poids lourds, c'est titanesque… Mais électrifier les véhicules, c'est un gain d'efficacité de 40% sans changer les usages. On aurait besoin de 4 fois moins de TWh d'électricité que de TWh de pétrole.

Cependant, il y a toujours un effet rebond: Si on réduit les émissions de GES, ne va-t-on pas consommer plus et en revenir au même résultat?... A long terme, notre système économique n'est-il pas voué à l'échec? A court terme, la transition énergétique  va nécessiter le remplacement de toutes les infrastructures productrices/consommatrices d'énergie (béton, acier, métaux rares…). Notre planète est-elle apte à fournir tout cela?... On manque déjà de cuivre, de lithium de silicium, de terres rares, et on prévoit une augmentation de la demande de 0,9 à 1,3% par an…

p.183: Les limites planétaires: Le graph de Johan Rockström fait apparaître 9 limites à ne pas franchir  alors que 6 ont été déjà franchies: Température moyenne, intégrité de la biosphère, cycle du phosphore et de l'azote, changement d'usage de sols, consommation d'eau douce, acidification des océans , diminution de l'ozone atmosphérique, charge en aérosols atmosphérique, introduction d'entités nouvelles dans l'environnement… Il est évident que la croissance du PIB n'est pas un bon objectif à long terme. Mais le pire danger est celui du réchauffement climatique… L'auteur est là intoxiqué par l'usage abusif du réchauffement qui sert essentiellement à cacher la plupart des autres risques. D'autres surprises nous attendent, comme cela a été le cas avec la fonte du permafrost et de ses conséquences, chose qui a été longtemps oubliée par les scientifiques et le reste encore quant aux risques sanitaires (virus qui se réveillent après quelques millénaires de congélation par exemple). On peut aussi penser à l'extinction des insectes pollinisateurs qui risque de mettre à bas une grande part de l'agriculture…

p.187: Pourquoi les crises de la demande? Les deux grandes crises de 1930 et 2008 sont des crises de la demande. Elles démarrent par la formation d'une bulle spéculative. La situation économique est stable, favorable à la croissance. Phase 1: Les banques font confiance aux agents économiques et accordent des prêts sans précaution, sans distinguer les projets productifs (qui créent de la richesse) et les projets spéculatifs (qui ne servent qu'à tirer  profit de richesses existantes). Les acheteurs sont alors plus nombreux que les demandeurs et les prix montent. Les spéculateurs y gagnent, les banques touchent des intérêts. Tant que le nombre des joueurs voulant acheter  est supérieur au nombre de joueurs voulant vendre, les prix montent. Les bénéfices des sortants sont compensés par les crédits des entrants.  Phase 2: La bulle éclate. Les spéculateurs sont de plus en plus nombreux car les prix montent. Les plus modérés vont commencer à cesser d'acheter comprenant que les taux des crédits augmentent proportionnellement au prix et les banques rallongent les crédits à 20, 30, 40 ans! Mais le gisement de nouveaux entrants se tarie et la bulle ne tient que par la l'entrée de nouveaux spéculateurs type Ponzi qui prennent un crédit non pour acquérir un bien mais pour rembourser les prêts précédents. Les prix se mettant à baisser, les acheteurs attendent pour acheter que les prix soient au plus bas, ce qui fait encore baisser les prix. Les vendeurs se multiplient, les acheteurs se raréfient et les prix baissent encore plus. Les spéculateurs font faillite et ne remboursent pas les banques. Elles arrêtent d'accorder des crédits. L'heure n'est plus aux dépenses et aux investissements. La confiance des agents économiques privés  (entreprises et particuliers) s'effondre.

p.194: Le problème n'est pas la dette ni son remboursement, le problème c'est ma production de richesses réelles qui doit repartir. La véritable cause d'une crise n'est pas la dette, c'est son utilisation spéculative plutôt que productive. Il n'est pas fou de penser que la mise en exergue du "problème de la dette" sensée hypothéquer l'avenir de la génération suivante n'est qu'un trompe l'œil pour cacher le fait que la dette n'est pas une perte pour tout le monde. Les plus riches s'enrichissent encore et les spéculateurs sont euphoriques… On pourrait traduire ça en métaphore, la dépression des uns fait la santé des autres, "vice" et versa!...

En outre, quand les inégalités se creusent et que les plus aisés ne savent plus quoi s'offrir, ils investissent sur les marchés financiers. Mais il n'y a que l'État et les entrepreneurs qui puisse faire rentrer cet argent dans l'économie réelle et ce n'est jamais gagné quand les consommateurs sont en difficultés… C'est donc bien pour cela que la crise de la demande est déclenchée par la spéculation ou par l'augmentation des inégalités (voire les deux en même temps).

p.196: L'austérité, c'est le premier réflexe des politiques en temps de crise. Et pourtant, cela n'a aucun sens. C'est même largement démontré à l'expérience, aucun gouvernement n'a réussi à relancer l'économie après une crise financière par l'austérité. Le mythe de l'austérité, couplé avec celui de l'économie autorégulatrice, est tout autant intégré par les grands industriels qui au lieu d'investir pour relancer l'économie, deviennent frileux. La réduction du déficit public en Grèce en 2010 n'a pas du tout été compensée par une augmentation de l'endettement des entreprises  ou des particuliers , ce qui a plongé le pays dans un marasme économique colossal (Super pointus les modèles économiques du moment!…). Le problème est que chacun raisonne au niveau micro (même si ce micro est relatif à une multinationale) quand il faut penser macroéconomie (donc a minima au niveau d'une nation). Il semble que les agents économiques à la tête des grandes industries n'ont pas encore compris que le déficit de l'un (en l'occurrence ici l'État) correspond toujours aux bénéfices d'un autre (l'entrepreneur qui investit)

p.198: La peur de l'inflation: A quoi bon que les revenus augmentent de 5% si les prix augmentent d'autant? La plupart des économistes nous disent que cela entraîne une spirale inflationniste. Or, si c'était vrai, toutes les banques de dépôt qui créent de l'argent en permanence via le crédit devrait toutes être en faillite, ce qui n'est pas encore le cas. Cette histoire de prix qui évoluent en corrélation avec la masse monétaire n'a de sens que dans des modèles ultra simplificateurs. En réalité, on n'a jamais constaté aucun lien de cause à effet direct et simple entre l'évolution de la masse monétaire et l'évolution des prix. Voir le chapitre suivant pour l'explication…

p.203: Inflation, mythe ou réalité: Depuis 2021, la situation a changé: l'inflation est de retour dans le monde entier. France: 2,75% en 2021, 5,85% en 2022, 4,9% en 2023. L'inflation provoque la diminution de la valeur de l'épargne. L'inflation réduit le pouvoir d'achat des épargnants qui ne savent pas s'en protéger. Le meilleur moyen de s'en protéger est d'investir dans l'immobilier ou dans les produits financiers qui prennent de la valeur. En revanche, la hausse de l'immobilier appauvrit les locataires et les produits financiers ne concernent que ceux qui ont une épargne suffisante. Donc les écarts se creusent entre les gagnants (les plus riches) et les perdants (les plus pauvres).

La redistribution du pouvoir d'achat est activée par l'inflation. Les entreprises ayant besoin de plus de liquidité, elles favorisent les actionnaires sans augmenter les salaires. Les retraites ne suivent jamais totalement l'inflation. Dans les deux cas, les rapports de force ne sont favorables ni aux salariés ni aux retraités. Depuis 1980, le néolibéralisme a totalement brisé la représentation syndicale et le gouvernement français se moque royalement des 80% des retraités hostiles à la réforme des retraites. Les deux sont impuissants.  Les Banques centrales pensent qu'en cas d'inflation, le revenus des travailleurs (et des retraités) doivent être limités sous peine d'entretenir l'inflation. Les gouvernements sacrifient volontiers le pouvoir d'achat des travailleurs sur l'autel du maintient des marges des entreprises.

En plus l'inflation c'est une moyenne. Tous les prix n'augmentent pas dans une même proportion. Si on fait le calcul du pouvoir d'achat en fonction des types de dépenses obligées (nourriture, essence, logement, chauffage…) rapportées au pourcentages qu'elles représentent dans leur budget global, une inflation moyenne de 5% peut varier de 2 à 15% selon les individus. Exemple: sur un revenu de 2000€/mois, vous dépensez 140€ (7% du budget). Si le carburant double, ce budget monte à 280€. Les salaires n'augmentant pas, les statistiques de l'INSEE annonce une perte de 4% du pouvoir d'achat qui ne correspond pas à votre budget réel.

p.207: Le vrai danger de l'inflation: La répartition du pouvoir d'achat par la variation non homogène des prix est un phénomène constant. L'inflation est donc à craindre quand elle est très variable et imprévisible et si elle a tendance à augmenter d'une année sur l'autre. La première crainte rend la vie économique plus compliquée, la deuxième menace de nous amener vers l'hyperinflation qui, elle, est ingérable.

Une fois lancé le cercle devient vicieux: les dépenses diminuent, les revenus aussi. Les carnets de commande des entreprises sont moins remplis et l'entreprise licencie. Les licenciements font encore baisser les dépenses des consommateurs chômeurs ce qui vide encore les carnets de commandes. L'État perd une part de ses revenus issus de la TVA et des impôts sur les sociétés et les dépenses de chômage augmentent. Tout cela sans que la capacité productive soit réduite. En résumé, l'interprétation de l'inflation sous l'angle du manque d'offre ou de l'excès de demande a donc une dimension absolument politique: doit-on résoudre le problème de la hausse des prix par la diminution de la demande ou par l'augmentation de l'offre?...

Une autre source d'inflation vient de la hausse conjoncturelle des coûts d'approvisionnement en énergie (voir gaz russe) dont personne ne peut se passer, surtout pas les grandes entreprises qui en ont beaucoup besoin. C'est l'explication la plus en vogue depuis 2023… Mais comme les grandes entreprises cherchent les marges les plus hautes on a vu apparaître le terme de greedflation qu'on pourrait traduire par enflavidité! Les entreprise à ce jeu sont généralement gagnantes car l'effet volume est compensé par l'effet prix: si elles perdent 3% de leurs clients mais augmentent leurs prix  de 5% les marges augmentent encore.

La déflation: C'est une inflation à l'envers. Les prix baissent au lieu d'augmenter. Si c'est une bonne nouvelle individuellement  pour le consommateur, c'est une catastrophe parce que les gens en majorité vont retarder leurs achats pour les avoir à plus bas prix. C'est le cas du Japon qui est en déflation depuis 1991 avec un PIB quasi inexistant (0,45% par an en moyenne). La déflation accentue le poids de la dette sur les agents économiques (si les prix baisse, les remboursements d'emprunts restent constants et sont donc une charge plus lourde en proportion des revenus qui stagnent ou baissent). Les risques des prêteurs sont beaucoup plus grands en cas de déflation qu'en cas d'inflation. Un peu d'inflation rapporte, un peu de déflation nuit…

p.222: L'hyperinflation: L'exemple type c'est celui de la République de Weimar en 1923. Un bien valant 1 reichsmark en juillet 1941 en coûtait 36,7 en janvier 1922, 2 785 en janvier 2023 et 726 milliards en novembre 2023 (taux d'inflation de 26 mds%).  Cette hyperinflation est généralement expliquée par une situation inhabituelle: La défaite allemande en 1918 coûte au pays des fortunes en réparation et l'État est interdit par les alliés d'injecter de l'argent dans son économie. Toutes les petites banques de dépôt ont eu la possibilité de faire des crédits dont l'argent était simplement imprimé par la banque centrale à hauteur des prêts accordés. L'État étant défaillant, les banques de dépôts étaient cependant en risque permanent de non remboursement de leurs prêts et donc de faillite. Les prêts étant essentiellement accordés aux entreprises et le pays étant dévasté, beaucoup de choses devaient être importées de l'étranger à un coût exorbitant, vu la valeur de la monnaie allemande… Hyperinflation =>petits épargnants ruinés =>baisse des dépenses des particuliers et des entreprises =>rigueur budgétaire de l'État => hyperinflation en hausse… Ce que l'auteur n'explique pas, c'est le rôle de la Conférence de Londres, du 23.02.au 06.03 puis du 20.04 au 07.06.1948, où les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg pour définir les modalités de redressement économique de l'Allemagne dans l'intérêt de l'ensemble européen (essentiellement une annulation de la dette de guerre). On dit souvent que l'acharnement des Allemands à limiter drastiquement tout mouvement inflationniste vient de ce drame, du traumatisme de 1923, en revanche, l'annulation de leur dette de guerre ne les a pas empêchés de crier haut et fort qu'une dette ne pouvait s'annuler et que seule l'austérité pouvait sauver la Grèce. Les Allemand s ont une mémoire économique sélective!  Pour les Postmonétaire qui (pour certains) ne croient pas à une possible hyperinflation mondiale, c'est aussi oublié que la dette Allemande de 1923 a été annulée par un ensemble d'États et une organisation politique internationale dans le cadre de la guerre froide. La même situation se reproduisant au niveau d'un grand pays (Chine, Europe, USA…) se répercutant au niveau mondial (puisque l'économie s'est globalisée) serait totalement insoluble dans le cadre monétaire tel qu'il est devenu aujourd'hui.

p.226: Le cas du Venezuela: Ce pays ne vit que de ses ressources en pétrole. L'essentiel est importé. Or la production de pétrole a diminué de 45% entre 2011 et 2019 (politique de l'OPEP, influence des USA, infrastructures d'extraction vieillissantes, les avis sont très partagés…) et le baril est passé de 125 à 71 dollars (soit une baisse de 42%). La faillite du gouvernement est une affaire de prix  et de production du pétrole. La situation d'hyperinflation au Venezuela est le résultat d'une pénurie de richesse importée elle-même provoquée par une baisse du prix du produit exporté en masse. Le même phénomène peut se produire sur toute la planète, par exemple avec une pénurie de cuivre (absolument essentiel dans tout ce qui est électrique). Or le Chili et le Pérou produisent à eux seuls 33,6% de la production mondiale, la demande mondiale devrait croître de 50% d'ici 2040 (soit 50 millions de tonnes). Dès 2035 le déficit mondial devrait atteindre  10 millions de tonnes. Or, le cuivre est partout, du grill pain à la centrale nucléaire en passant par l'armement et la plomberie. Le prix du cuivre va devenir extrême! On peut imaginer les conséquences financières, technologiques, industrielles et environnementales puisque l'extraction du cuivre sera d'autant plus polluante que le minerai sera en faible proportion… Ressortirons-nous les mêmes justifications que pour le Venezuela (politique de gauche de Chavez et Maduro, spéculation des financiers américains, mauvaise gestion des infrastructures…)?...

p.227: La stagflation des années 1970: Le problème se corse avec le chômage qui augmente en même temps que l'inflation (stagflation) et les politiques passent du modèle Keynes au modèle Friedman qui devient la norme…

En réalité, l'inflation et les ralentissements économiques (chômage compris) s'expliquent par la rareté des matières premières notamment quand elles sont aussi utilisées que le pétrole (qui est passé de 2,80$ en 1973 à 10$ en 1979.

p.235: A la fin des 30 glorieuses, un rapport des forces s'est établi entre les actionnaires capables d'augmenter les prix et les travailleurs capables de faire pression pour obtenir plus de salaire. La création monétaire n'est en rien la cause de l'inflation.

L'inflation mange les intérêts et les hausses de salaire mangent les marges qui forment les dividendes des actionnaires. Découragés, les capitalistes décident de moins financer les dépenses, ce qui provoque un ralentissement économique et donc du chômage, alors même que l'inflation reste élevée.

p.238: La crise post-covid:  La choc initial est énergétique. Le prix du baril de pétrole s'effondre (de 60$ à 20$  et la consommation est très faible (confinement). En 2022, la consommation de pétrole repart, les prix augmentent (115$), l'inflation par les coûts du transport et des dentées agricoles s'installe. Les consommateurs coincés chez eux reportent leurs achats. La guerre en Ukraine nous prive du gaz russe et les prix explosent dans l'été 2022: Le MWh passe de 35€ à 300€ (+33%) !

Les études empiriques montrent un mélange d'infl-avidité et de difficultés d'approvisionnement ou de production.

p.239: Comment sortir de l'inflation systémique: Par la mécanique des taux directeurs: les variations des taux directeurs décidés par les banques centrales se transmettent à tous les taux d'intérêts de l'économie (le taux de la BC américaine est passé de 0.7% en janvier 2022  à 5.3% en septembre 2023). Le système se stabilise autour de 2% d'inflation: au dessus c'est la surchauffe, en dessous c'est la sous-chauffe!

p.244 Théorie et réalité: le grand écart: Pendant plus de 20 ans (1985-2008) tout se passe comme si l'économie était domptée: cette période est perçue comme "la grande modération" et coïncide avec le sentiment de toute puissance des économistes. Sauf que la crise de 2008 vient tout chambouler alors que l'économie était bien réglée sur 2% d'inflation. Malgré des taux d'intérêts à 0% la mécanique semble cassée. Faut-il revoir la théorie?.... Sommes nous certains que l'objectif d'inflation stable à 2% par an soit le bon? Le rôle des banques centrales n'est-il pas une relique du passé?... Que voulons-nous faire de nos banques centrales?....Y a-t-il un autre moyen que de briser les reins des travailleurs et d'économiser sur les dépenses publiques?... La solution semblerait être dans la ré-industrialisation et de redistribuer la richesse.

Pour ce faire il faudrait revoir la répartition de tous les prix: exp. 1€ d'essence = 0,60 de taxes, 0,25 au producteur, 0,08 à la chaine de distribution, 0,07 au raffinage (Total)… Rappelons que tous les pays avaient des systèmes de régulation des prix avant l'invasion du néolibéralisme. C'est donc possible politiquement (voir David Cayla, Déclin et chute du néolibéralisme, 2022), mais les économistes qui défendent cette idée sont considérés comme "hétérodoxes" donc "communistes"… Il n'y a pas lieu d'être optimiste…

Rien n'a changé depuis l'époque du "distributisme" préconisé par Jacques Duboin dans son livre L'économie distributive s'impose (1950). C'était déjà la thèse énoncée par Pierre de Jean Olivi dans son Traité des contrats en 1293! Si une idée traverse 731 ans, étant mille fois répétée, et n'émergeant pas, c'est que la question n'est pas de soigner le système qui l'encadre mais d'en sortir du système et de le remplacer par autre chose. Si le capitalisme souffre d'une maladie, elle est à l'évidence chronique, et de ce fait, il est vain de tenter de le guérir. Il faut arriver à la page 253 pour réaliser que l'économiste, vidéaste et auteur de ce livre persiste comme la grande majorité  de ses confrères dans les soins palliatifs, pour ne pas dire dans l'acharnement thérapeutique!

Le pronostique vital est engagé pour le capitalisme malade et ses médecins économistes sont en état de mort cérébrale, sans aucun signe permettant d'espérer un réveil quelconque. Il est temps de débrancher le patient et de licencier Ploutos!

Si les historiens s'accordent à dire que le système monétaire est apparu en Mésopotamie puis dans la  civilisation minoenne vers 750 avant J.-C., le patient a 2 874 ans, ce qui est un âge tout à fait respectable. On peut considérer que toutes les options thérapeutiques ont été tentées sans résultat et qu'il n'y a plus aucune raison de s'entêter, au risque d'aboutir à une extinction de masse de toute espèce vivante…   

    Avec pédagogie et humour, en s'appuyant sur des infographies éclairantes, Gilles Mitteau nous explique tout d'un système omniprésent dans nos vies. Une lecture intéressante pour interroger les règles que le système capitaliste a érigées en lois immuables et qu'il est urgent de remettre en cause aujourd'hui.

    Après avoir été trader à Wall Street, il est devenu vulgarisateur afin de combattre les préjugés sur l'économie et la finance. Il a créé en 2015 la chaine Youtube Heu?reka qui rassemble plus de 400 000 abonnés.

Les agents économiques: 1° Les particuliers, producteurs, consommateurs, vous,                                                     2° Les entreprises, publiques ou privées 3° L'État, toutes les administrations centrales et locales

Les banques: 1° Banque centrale, qui s'occupe de la monnaie, des taux d'intérêts et de la stabilité des marchés. (Pour la France BCE). 2° Banques de dépôts, qui gardent notre argent ou nous en donne. 3° Banques d'investissement:   Sociétés de gestion (sur les marchés et épargne des agents économiques): hedges funds, assureurs, asset managers, OPCVM etc.

p.9: L'économie est une affaire absolument politique:

L'économiste qui s'intéresse à la maximisation de la richesse créée par son pays plutôt qu'à sa répartition est déjà dans une démarche politique en ce qu'il préjuge de la priorité à apporter à un critère plutôt qu'à un autre. Le déni de cette priorité constitue la grande arnaque du système capitaliste actuellement uniformément admis sur le globe.

p.11: Il n'existe pas des lois économiques naturelles aussi inviolables que celles de la physique, contre lesquelles il est impossible d'aller. On est donc en droit de se demander où sont les véritables contraintes du système, ce qui est très généralement contesté.

p.13: Nous devons oublier les automatismes de "bonne gestion". En macro économie, la règle la plus importante est «les dépenses des uns sont les revenus des autres». A l'inverse les revenus des uns ne sont pas les dépenses des autres. L'augmentation des revenus ne peuvent venir que de l'augmentation des dépenses. Une crise économique d'origine financière, c'est l'instant où suffisamment d'agents économiques se persuadent qu'il faut arrêter de dépenser ou qu'il faut dépenser moins.

p.14: Les déficits (dépense dépassant le revenu) des uns sont les bénéfices (revenu qui dépasse les dépenses) des autres.

p.15: La somme des dépenses mondiales correspond forcément à la somme des revenus mondiaux. En revanche au niveau micro, on vante le mérite de ceux qui font des bénéfices et de ceux qui font des déficits. Si chaque particulier, entreprise ou État gagnait exactement ce qu'il dépensait, ce serait la fin du capitalisme puisque la fin des profits. D'où la question absurde sur la pauvreté: l'idéal capitaliste, c'est que tous ceux qui sont en état de consommer (de la naissance à la mort) dépensent et consomment le plus possible. Alors pourquoi ne pas donner à tous les moyens de consommer? Un chômeur, un handicapé, un vieillard devrait être payé pour ce faire et donc avoir des aides financières conséquentes!...  

p.19: La création monétaire: Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…

p.20: La monnaie est le sang de l'économie. Si le nombre des humains augmente, il doit y avoir de la croissance et donc plus de monnaie en circulation. Comment cette monnaie est injectée?

p.23: Les théories de la monnaie: Trois modèles différents:

p.24: La théorie des intermédiaires: Le schéma de l'économie est celui d'un circuit: Revenus=>dépenses + dépôts bancaires (épargne) => l'épargne est utilisée par des intermédiaires financiers (banques et fonds d'investissement => les intermédiaires financiers  investissent l'épargne (dépenses). La banque de dépôt collecte les dépôts des agents économiques et gèrent leurs économies des uns en investissant dans les entreprises des autres (sous forme de prêts).

Le problème de cette théorie simpliste, c'est qu'elle n'explique pas les crises financières. Tout au moins elle ne peut les concevoir que comme de simples "coups de malchance". Elle n'explique pas plus la création monétaire.

p.27: La théorie des réserves fractionaires: La monnaie est en partie physique (billets, pièces) mais surtout informatique (en zone euro, 85% de la monnaie n'est rien d'autre qu'une suite de lignes de code dans des ordinateurs, via les chèques, les CB, les smartphones). La banque de France, comme toutes les banques centrales de la Zone euro sont sous l'autorité de la BCE.

Les Banques centrales contrôlent la quantité de monnaie présente sur le marché. Elles fixent aussi la réserve de monnaie que les banques de dépôts doivent garder selon un certain pourcentage des dépôts. Mais cette théorie dit aussi que les banques de dépôts possèdent leur propre "planche à billets". Cela veut dire qu'elles ont le droit de créer de la monnaie mais pas sous forme de billets imprimés. Exemple: La BC imprime 100€. Un agent économique A récupère ces 100€ (un fonctionnaire par exemple). Il dépose ces 100€ à sa banque (1), laquelle met de côté 1% de la somme comme réserve, soit 1€. La banque (1) prête ces 99€ à un autre agent B, lequel dépense ces 99€ dans le magasin de l'agent C. L'agent C dépose ses 99€ dans une autre banque (2) qui constitue ses réserves de 1% des 99€, soit 0,99€ et peut ainsi prêter à un autre agent D les 98,01€ restants. Les agents A et C sont tous deux persuadés d'avoir à la banque et respectivement leur 100€ pour A et 99 pour C. Le pouvoir d'achat de A et C est de 199€ alors qu'il n'y eu que 100€ mis en circulation au départ.

Ce tour de passe-passe des banques de dépôt ne fonctionne qu'en vertu de la différence entre la monnaie (100€) et la promesse de mise à disposition (99€, puis 98,01, etc.). L'argent du banquier c'est essentiellement un tas de promesses qu'il affirme pouvoir vous donner quand vous lui demandez de l'argent mais qu'il na pas. Si vous avez un billet, vous pouvez le dépenser quand et où vous voulez. Si vous avez une promesse du banquier, vous n'avez pas la garantie qu'il l'ait encore s'il n'a pas assez de réserve. Les montants inscrits sur les comptes des clients A, B, C, D, E, F, G... totalisent les promesses (100+99+98.01+97,03….= environ 10 000€, pour 100 euro de vraie monnaie émise par la BCE. Les banques ont multiplié la monnaie, la dépense globale des agents économique est de 10 000-100= 9 900€! Les dépenses sont les revenus des autres.

Le tour de passe-passe correspond en fait au flux de monnaie, les 100 euros de départ au stock. La seule limite, c'est le taux de la réserve (1% dans l'exemple). Tant que le 1% ne tombe pas à zéro, on peut prédire la multiplication de la monnaie. Plus le taux est élevé, plus la circulation de la monnaie est entravée, moins l'effet multiplicateur est important.

Cette théorie est confortable car conservatrice. Cela permet de modéliser un marché de la monnaie qui s'autorégule en fonction de l'offre et de la demande.

Le mythe de l'offre et de la demande: Les offreurs veulent faire monter les prix de la production mais étant en compétition avec les autres, ils se limitent. Les demandeurs doivent se rendre sur le marché pour négocier au plus bas, mais ils sont en compétition avec les autres demandeurs qui peuvent faire monter les prix (s'il n'y a pas plus de stock que de clients). Le marché est censé établir naturellement le "juste prix" grâce à ces intérêts divergents. Si tant est que le juste prix s'établisse rapidement et durablement, ce qui n'arrive jamais. En effet, le compromis idéal est un mythe et les prix fluctuent en permanence…

Il est légitime de remettre en cause ce mythe du marché autorégulateur pourtant défendu par les privilégies de tous les pays, quelques soient les configurations politiques (communiste, capitaliste, socialiste…), les cultures (religieuses et morales), les époques (antiquité, Moyen-âge, moderne, contemporaines, les régions (Orient, Occident, Afrique…). Les rapports de force sont toujours inégalitaires: entre un patron de multinationale et l'ouvrier à la chaîne, entre un ouvrier français et un ouvrier pakistanais, entre un riche et un pauvre, entre le rusé et le naïf…toute marchandise (objet, nourriture, salaire…) fluctue selon le bon vouloir du plus puissant. C'est la guerre économique qu'aucune régulation n'a jamais réussi à adoucir. Même les régimes centralisés, dictatoriaux, prolétariens n'y ont pas échappé. On ne peut en conclure qu'une chose, l'argent limite la justice, empêche toute fraternité, entrave la liberté…

p.39: La théorie de la création monétaire ex nihilo: En plus des banques centrales, il y aurait autant de planches à billet que de banque de dépôt. Le seul moyen de faire en sorte que la banque tienne sa promesse inscrite sur votre compte, c'est de vous rendre au distributeur de billet et de retirer l'argent inscrit sur votre relevé de compte. La banque est alors obligée de supprimer la promesse qu'elle vous a faite et de sortir de la banque la liasse de billets correspondante. Si vous avez besoin de récupérer  une dette d'un quidam qui est dans une autre banque, c'est cette deuxième banque qui vous paiera. Si cette deuxième banque est en faillite, vous perdez votre argent. Les banques ne se font pas de promesses entre elles. C'est alors l'État (via la banque centrale) qui, jusqu'à 100 000€, est tenu de vous rembourser quand votre banque fait faillite.

Il y a donc deux types de monnaie: les promesses (la monnaie dite scripturale) et la monnaie centrale (les billets). Chaque jour, le flux des promesses entrantes et sortantes est impossible à prévoir. Si les sorties dépassent les entrées, la banque centrale est contrainte de renflouer la banque déficitaire pour éviter la faillite de la banque, et par jeu de domino, les banques voisines avec qui elle collabore. Un refus de la Banque centrale mettrait en péril à la fois la bonne circulation de la monnaie scripturale (et donc l'économie globale) et la bonne santé de toutes les banques de dépôts. La monnaie n'est donc pas une denrée rare. Et pourtant, on entend régulièrement l'argument de "la monnaie qui ne pousse pas sur les arbres"…, "il n'y a pas d'argent magique"… Or, les banques centrales peuvent en injecter quand elles veulent (voir le quantitative easing). C'est donc un mensonge politique, mais un mensonge répété très souvent devient une vérité évidente pour tous…

p.57: La sacro-sainte question de la dette:  Le paiement des intérêts d'un prêt ne correspond pas à un remboursement mais à la rémunération d'un service fourni par le banquier. Comme les intérêts ne sont pas des remboursements, ils ne peuvent être détruits comme la dette. Ils sont les revenus du banquier.

Ne pas confondre flux et stock (erreur fréquente, y compris chez certains économistes).

Ne pas mélanger toutes les formes de faillites : c'est soit un manque de liquidité (plus assez d'argent pour payer les factures en fin de mois), ce qui est une faillite technique, soit vous êtes insolvable (la valeur de vos actifs est plus faible que celle de vos dettes), ce qui est une faillite comptable. L'entreprise est mise sous tutelle et une instance judiciaire vend les biens de l'entreprise pour rembourser la dette. Game over!

Un État ne peut faire faillite car la valeur des actifs de l'État est considérée comme non mesurable, non pertinente ou même infinie… Un État couvert de dette ne peut être mis en vente! Quelle est la valeur de ses habitants, de ses lois, des traités signés avec d'autres pays. L'analyse comptable est une démarche marchande qui ne s'applique que dans le cas d'une propriété privée.

C'est le même problème que pour la nature dont on ne peut donner un prix. Nous sommes dans un système marchand, inventé et fait par les marchands qui ne savent tenir compte que de ce qui se mesure en euros. Notre environnement n'a pas de valeur financière. C'est ce qui permet de puiser du pétrole, des métaux, de l'eau sans débourser le moindre centime. Le prix du marteau, de l'essence, de la bouteille d'eau après la prédation, ne représentent que les frais d'exploitation. D’où la crise environnemental, la destruction du vivant, des sols, des océans….

p.77: Bank run: Par peur d'une faillite de leur banque, une grande quantité de clients retirent leur argent. Il y a donc un problème de liquidité et la banque ne peut compenser l'hémorragie que via les marchés financiers, l'État ou la Banque centrale. Les grandes entreprises étant aussitôt impactée, l'État peut difficilement accepter la faillite d'une banque et la sauve par l'argent des contribuables.

p.81: Conclusion sur la monnaie: Le moteur économique a besoin de carburant (argent) pour avancer et ce sont principalement les banques de dépôts qui le créent. Ce système de promesses centrales qui forment la tuyauterie reliant les banques de dépôts entre elles, correspond au système de graissage du moteur économique. Il ne s'agit pas de faire accélérer le moteur (c'est la fonction du carburant) mais de faire en sorte que les rouages soient suffisamment huilés pour ne pas casser. Les crises économiques qui apparaissent périodiquement sont l'expression du "grippage" du système. Mais il est évident que c'est un problème structurel (la conception du moteur) et en rien un problème conjoncturel (pénurie de matières première, déstabilisation d'une zone économique, pandémie, etc.)

La Banque centrale est également connectée au circuit qui apporte le carburant à l'économie. Elle peut décider de financer des prêts pour les agents économiques (sauf les banques de dépôt) ou injecter de la monnaie (Quantitative easing). En somme, il y a deux tuyauteries, une pour l'huile (les prêts) et une pour le carburant (l'argent). Ces règles sont toujours politiques, donc arbitraires: elles peuvent être faites, défaites ou modifiées en fonction de l'objectif politique. Donc par la voix du peuple souverain si on est en démocratie. Or, ce genre de décision n'est jamais laissé entre les mains du peuple. Comme l'avait voulu l'abbé Seiyès en 1789 ou la Convention de Philadelphie en 1787, la Démocratie à laquelle tout Politique se réfère n'est qu'un leurre…

Le concept de "monnaie" doit être rattaché au concept de richesse. La monnaie n'existe que pour permettre les échanges de richesse et les investissements pour les produire. De ce fait la capacité monétaire de financement de projet d'un pays est théoriquement illimitée. La limite n'est jamais le manque de monnaie mais les règles que l'on s'est imposée… Les règles étant faites généralement par les détenteurs de la richesse, il n'est pas étonnant que les règles soient établies dans l'intérêts des plus riches et non du peuple…

P.89: Tous pour la croissance:

Mister PIB: Le PIB se mesure de trois manières: la somme de la valeur ajoutée (prix de vente- coût), la somme consommée par la population (investissement compris) et la somme des revenus (salaires, dividendes, loyers, etc.). Exemple: un village de 4 habitants:

- S'ils ont acheté du poisson, le PIB est la somme des prix du poisson par exemple 120€ (calcul par la dépense).

- Si le poisson pêché sans frais est vendu par l'entrepreneur de pêche (1) 40€ à l'entreprise 2, il y a une Plus-value de 40€. Vendu à l'habitant 3 à 80€, il y a de nouveau une plus-value de 40€. Au troisème échange, il y a total de plus value de 120€.

- S'il y a distribution de salaires et de dividendes par les entreprises, on arrive au même résultat de 120€ de PIB.

Dans la réalité, c'est aussi une création d'inégalité via les salaires et les dividendes, lesquels sont régulés par des rapports de force (une lutte des classes. Ce qui fait dire à Warren Buffet: "Il y a bien une guerre des classes, c'est vrai, mais c'est la classe à laquelle j'appartiens, celle des riches, qui est en train de la mener et de la gagner." Les revenus sont inévitablement divers selon qu'ils sont issus de la propriété d'un bien et d'une somme d'argent ou du travail matérialisé par le salaire. Ce calcul purement comptable du PIB vient masquer le fait que le PIB de 120€ (somme des revenus, somme des dépenses ou somme des richesses produites) ne corresponde pas aux situations individuelles: les dépenses des uns (des pauvres) font la richesse des autres (les riches). Il faut donc que les riches soient peu nombreux et les pauvres très nombreux…(C'est ce qu'explique Louis de Funès dans le film de Gérard Oury "Les aventures de Rabbi Jacob").

p.97: L'État et les richesses: Pour rendre des richesses accessibles à tous, l'État demande à chacun une contribution pour alimenter sa tirelire. Les non salariés doivent produire des services que l'État rémunère par des aides sociales (retraités, chômeurs, handicapés, étudiants, enfants…) les autres payent des taxes et impôts pour permettre l'aide fournie aux premiers. On est donc toujours dans la conditionnalité: Si on veut être éduqué, soigné, avoir des transports, de l'énergie, la sécurité …, il faut une participation en argent ou en activité (au Moyen âge il y avait les journées de corvées, rien n'a vraiment changé).

Deux visions s'opposent: - celle qui consiste à dire que la richesse n'est produite qu'en entreprise (entreprise privée par sa production de valeur ou État (par les impôts et taxes). - celle qui consiste à comprendre les aides sociales comme une participation de l'état à la circulation des richesses. Les principales ressources de l'État sont la TVA (uniquement sur la consommation des particuliers), l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les bénéfices et différentes cotisations. Vis-à-vis de l'État, il s'agit d'une boucle fermée: il récupère d'un côté et reverse de l'autre. Rien ne change pour le PIB. Les dépenses de l'Etat c'est tout ce qui sort du marché (salaires des fonctionnaires, aides sociales, investissements…).

p.103: Import-export: Nota: les importations n'entre pas dans le PIB car l'activité productive vient d'ailleurs. Les exportations à l'inverse entre dans le PIB. L'équilibre entre l'import et l'export, c'est la balance commerciale (excédentaire ou déficitaire). Un pays excédentaire produit plus et donc gagne plus qu'il ne dépense. Un pays déficitaire produit moins et donc gagne moins que ce qu'il dépense. Toutes les dépenses, déficit compris, se financent soit la l'épargne, soit par le crédit bancaire.

La France a une balance commerciale déficitaire, pour avoir désindustrialisé le pays en pratiquant le dumping social (implantation des usines à l'étranger) et en favorisant l'industrie agroalimentaire qui s'approvisionne dans les pays à bas coût social. C'est une politique qui a visé à privilégier le luxe (grands vins par exemple), marques à haute valeur ajoutée (mode, bijoux…) et services.

p.107: Les défauts de Mister PIB: Le marché de l'occasion (maisons anciennes, voitures…), aussi dynamique soit-il ne permet pas l'augmentation du PIB. Le neuf est donc toujours valorisé par rapport à l'ancien qui a déjà alimenté le PIB à sa création. Le PIB mesure le flux de nouvelles richesses créées, mais pas la richesse qui s'est accumulée et la vitesse de l'accumulation. La richesse vient des activités humaines, des matières extraites de la nature, des services. Le PIB se sert pourtant de la nature, du stock de richesses produites par le passé, d'une force de travail qui est créée par les particuliers hors marchés (naissances). Le PIB n=pousse à ne considérer que la valeur d'échange en fonction de la difficulté à produire, de la disponibilité et de la volonté d'achat. La nécessité ou l'utilité n'ont pour Mister PIB aucun intérêt.

Aucune activité économique est possible sans énergie, physique (aliments pour les machines et les corps humains) et humaine (force de travail manuelle et intellectuelle qui se calcule aussi en énergie).

Énergie primaire et secondaire: la primaire c'est celle que l'on récupère dans la nature (bois, charbon, pétrole, eau, etc.) L'électricité et l'hydrogène sont des énergies secondaires car elles sont inutilisables à l'état naturel et demandent à être produites.

Les hommes les plus forts peuvent produire chacun 1 500 watts. Si on imagine qu'ils puissent produire cette énergie 10h par jours durant une semaine cela représenterait  700Wh d'énergie (l'équivalent pour qu'un petit grill pain pendant une heure (de quoi rôtir une soixantaine de tartines). Un champion cycliste ne peut fournir 700 watts  pendant plus de quelques secondes.  Chaque habitant de la terre possède donc en moyenne l'équivalent de 110 esclaves énergétiques pour l'assister dans son travail et assurer son confort au quotidien (500 esclaves mécaniques en moyenne pour les Français). Pour les biens existant, il faut prévoir des services d'entretien et de maintenance, la fabrication des pièces de rechange. Le capital en matériel se déprécie ce que le PIB devrait actualiser chaque année.

En conclusion, le PIB est un fourre-tout qui n'indique pas grand-chose, même pas si une diminution correspond effectivement à un ralentissement de l'économie ou un véritable appauvrissement. Et c'est pire au niveau de la nature: un baril de pétrole de 90 dollar ne donne pas la valeur du pétrole mais le coût de son extraction. Va-t-on vers une marchandisation de la nature, vers l'intégration des valeurs d'usage et d'échange? Non, et c'est bien ce qui pose le principal obstacle au défi environnemental. La tarification du carbone émis dans l'atmosphère  est en cours un peu partout, mais à des prix extrêmement faibles et pose aussi un problème aussi important que celui qu'elle est censé résoudre: si la nature a un prix, il n'y a plus de limite à la prédation. Les brevets déposés sur des molécules découvertes dans la nature ont bien montré qu'il s'agissait plus d'un accaparement juteux de ressources communes et gratuites que d'une protection!...   Si les producteurs et salariés alimentent le PIB, il y a aussi les "invisibles du PIB", tous ceux qui œuvrent pour le bien commun bénévolement (18 millions de personnes en France, soit 36% de la population).

Le cynisme absolu du PIB c'est qu'une guerre produit des richesses (fabrication de l'armement, reconstruction des villes bombardées, etc.).

On se sert du PIB pour calculer la richesse moyenne des Français, ce qui est absurde: exemple: 3 groupes de 2 personnes on un revenu moyen de 50€. On peut imaginer 3 cas réels: 50€ + 50  ou  25 + 75  ou  0 + 100€. 3 situations différentes (0€, 2 5,50, 75, 100). Le PIB ne dit rien sur les inégalités sociales, c'est bien commode. Le calcul de l'inflation est tout aussi faussé. Le panier de la ménagère est fait à partir d'une liste de produits choisis arbitrairement. Un smartphone qui double ses capacités ne double pas son prix. On peut donc en déduire une envolée ou une contraction du prix. Trouver la composition exacte du panier de la ménagère est quasi impossible à trouver de façon exacte par un non spécialiste. Ce n'est pas un hasard!

p.128: PIB nominal: Le calcul de la croissance est généralement calculé à partir du PIB nominal c’est-à-dire de l'année. Avec les mêmes chiffres on peut ainsi annoncer une croissance ou une récession de 7,2% ou 4,9% à volonté. Les chiffres ont l'air sérieux mais sont bidons et choisis selon les circonstances: en cas de récession mieux vaut annoncer 4,9% et en cas de croissance 7,2%, toujours avec le même calcul.

p.129: PIB et chômage: Il n'est pas rare que les politiques promettent un emploi à ceux qui n'en trouvent pas, tout en garantissant à ceux qui en ont un qu'ils conserveront leur part du gâteau? C'est tout simplement impossible sans croissance! Quoi que l'on fasse, on ne peut satisfaire tout le monde. Si la croissance est nulle ou "négative" le nouveau pouvoir d'achat des embauchés viendra de la réduction du pouvoir d'achat des autres (système de vases communicants). La promesse d'une hausse du pouvoir d'achat pour tous, c'est juste un mensonge destiné à garantir la paix sociale…

p.131: Un PIB sur des richesses qui n'existent pas: Une norme comptable appelée mark to market prévoit que la valeur du marché est définie par la valeur de la dernière transaction du moment. Exemple, le marché de l'immobilier. Si la valeur des échanges d'immeubles à un instant T a augmenté de 20%, tous les prix des appartements prennent 20% sans que cela corresponde à une valeur ajoutée par des travaux, des aménagements ou plus de demandes que d'offres. C'est donc la porte grande ouverte à la spéculation, les grandes sociétés immobilières ayant les moyens d'augmenter artificiellement la valeur de leur patrimoine, le prix de cette augmentation étant payé par les nouveaux acquéreurs non spéculatifs et par les locataires. Les plus riches seront plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres, c'est là un des multiples exemples de spéculations qui condensent la richesse entre des mains de plus en plus riches et donc de plus en plus rares. Et plus la richesse se condense sur une minorité, plus cette minorité à des capacités spéculative accrues. C'est une courbe exponentielle qui est ainsi créé qui, comme dans le jeu du Monopoly, ne peut aboutir qu'à un seul riche (ou un petit groupe de riches associés et complices) et une masse de perdants. Ce procès est structurel, mécanique et ne peut être régulé sans un changement radical de système...

Petit schéma sur la spéculation: 1. X€ sont injectés dans l'économie  (le marché du neuf) et déclenchent l'augmentation du PIB et une nouvelle richesse est créée. 2. Les X€ financent ensuite le marché de l'occasion sans changer la quantité de richesse produite.  Cela veut dire que les prix de l'immobilier et des actifs financiers peuvent être totalement déconnectés du moteur économique réel.

A priori, une marchandise devrait se dégrader et perdre de sa valeur en vieillissant. Mais les agents économiques peuvent décider du contraire pour des raisons de manque de place pour du neuf, de villes plus dynamiques que d'autres, etc. Ils affirment qu'une maison est une valeur qui peut grimper en vieillissant.

L'argent peut effectuer plusieurs tours sans jamais atteindre le marché du neuf. C'est ce qui provoque des bulles spéculatives. En effet, les bénéfices du marché de l'occasion, plus faciles que ceux du neuf attirent les épargnants, les financiers, comme des guêpes sur un pot de miel. Les impressions de gains sont démultipliées par cette méthode de valorisation des stocks. Le PIB s'en trouve totalement faussé est une partie de la croissance est purement spéculative.(Illustration de l'auteur)  

Conclusion: l'argent n'enrichit que les riches ou, a minima, proportionnellement au capital dont on dispose. Les profits sont d'autant plus grands en pourcentage que le capital de départ est important. C'est comme une augmentation générale des revenus calculée au pourcentage (une augmentation de 1% de tous les revenus, cela représente +1€/mois pour un revenu de 100€ et  100€/mois pour un revenu de 10 000€, alors que l'équité serait d'inverser ce rapport: 100 € au plus pauvre, et 1€ au plus riche…). Mais opérer un tel changement est impossible dans le cadre imposé par le système monétaire  et marchand. Le système est fondé sur la création de valeur: à quoi servirait d'utiliser de l'argent, de vendre et d'acheter, en l'absence de profits? Si on interdit l'accès à ce qu'un système a été conçu pour produire, le système n'a plus de sens. Ce serait comme construire une splendide Ferrari et d'interdire la pose de roues à la Ferrari! La voiture ne servirait plus à rien. Sans profit, l'argent ne sert plus à rien. Donc en supprimant l'argent on supprime le profit. C'est le seul moyen de penser et espérer enfin une plus grande équité entre les humains. CQFD!  

p.139: Conclusion sur la croissance: Rappelons que la croissance mesure la variation de la valeur des richesses créées dans l'année (valeur ajoutée) par l'ensemble des agents économiques sur un territoire donné. Il faut garder toujours en tête que c'est une notion relative. On est plus ou moins riche que les autres, on se sent plus pauvre si l'écart entre la moyenne des revenus et le nôtre augmente. La pauvreté ressentie est relative à la richesse des autres, comme la température. Passer de 40° en dessous de zéro extérieur à 0° dans un igloo donne une impression de chaleur, 20° au thermomètre semble frais si le vent du Nord se let à souffler…

Tout ce qui échappe au marché n'est pas comptabilisé. Il peut y avoir croissance et récession en même temps.

Les bénéfices spéculatifs des entreprises financières et immobilières expliquent que les traders sont mieux payés que les infirmières et pourquoi le PIB mesure des richesses qui n'existent pas.

Et pourtant, la croissance du PIB reste l'unique objectif de l'économie mondiale!...     

 

p.147: Qu'est-ce qu'une crise économique:

Différence entre décroissance du PIB et chute du niveau de vie: Le PIB mesure l'activité humaine marchande et ne tient pas compte des activités qui augmentent le niveau de vie. Le PIB de l'humanité ne mesure pas les richesses environnementales. Le PIB confond valeur marchande  et utilité alors que c'est l'utilité qui prime dans le niveau de vie. Le PIB est une moyenne qui ne dit rien sur les plus riches et les moins riches. La seule chose qui soit sûre, c'est qu'une réduction du PIB provoque toujours la réduction du niveau de vie d'une partie de la population. L'écart de richesse s'accroit quand le PIB décroît.

Or, du point de vue environnemental une décroissance est une bonne chose (moins de pollutions, de gaspillages…). Le seul problème c'est que si toute la population consomme 5% de moins par rapport à l'habitude, les fournisseurs vont perdre bien plus que 5%.

Après tout 5% de baisse de revenus pour les plus riches, pour les grandes entreprises n'est pas un drame, ils peuvent s'en accommoder. Une baisse de 5% pour ceux qui sont au seuil de la pauvreté, c'est l'entrée dans la misère… Quant à la classe moyenne-basse, elle risque de sortir de la dite moyenne… Pour les Décroissants et les Postmonétaires qui crient "vive la crise", il va falloir affuter les arguments pour convaincre les "déclassés" que leurs propositions sont bonnes pour eux…

La crise se déclenche quand un trop grand nombre d'agents économiques, au lieu d'appuyer sur la pédale économique d'accélération des dépenses ou d'accélération de la production, se mettent à faire l'inverse. 

C'est peut être "l'arme fatale" que pourrait utiliser les anticapitalistes. Entraîner le maximum de gens à ne plus consommer ou produire met le capitalisme en mauvaise passe. Pourquoi les révolutionnaires de gauche et les écologistes n'en parlent-ils jamais?....

Deux types de crise, celle de l'offre et celle de la demande: La crise de la demande (volontaire ou faute de moyens) touche directement la pédale des dépenses. Les dépenses des uns étant les bénéfices des autres, ceux qui n'ont d'autre préoccupation que de produire feront moins de profits, donc investiront moins et licencieront en masse.

La crise de l'offre touche la pédale de la production. Il ne s'agit pas d'un problème de financement mais d'un problème physique d'absence d'une ressource essentielle au fonctionnement de la machine (les flux). En somme le bon fonctionnement du moteur économique dépend de ses fondements, de ses piliers. Un de ces piliers c'est le travail des agents économiques. S'il y a grèves, boycott, baisse du pouvoir d'achat, incapacité de travail, la crise de l'offre ne peut qu'éclater (pénuries).

p.153: L'environnement, le grand absent de l'économie: Sur 68 millions de Français 18,5% habitent les campagnes et les emplois agricoles ne représentent plus que 2,6% du total. La puissance des machines agricoles ont remplacé les humains. Il fallait 65 personnes pour nourrir 100 personnes en 1800, il n'en faut plus que 3 aujourd'hui. Le canal de Suez, 1859-1869, 190km, 1,5 million d'ouvriers. Le tunnel du St Gothard, 1996-2011, 150km de galerie, 1 500 personnes (1000 fois moins de bras).

Dans l'économie moderne, si une usine a besoin d'une machine ou de créer une centaine d'emploi, la machine est considérée comme un investissement, les emplois comme des charges…

p.158: Le développement dépend de la géographie (terrain, nature des sols, écosystèmes, climat, ressources…), de la culture (statut social, valeurs, formation…), des institutions (Etat, santé, éducation, modes de production…) en plus de l'énergie indispensable pour alimenter machines et travailleurs. L'adoption de la machine à vapeur comme principale source d'énergie au 19° siècle a tout à voir avec le contexte politique, institutionnel et géographique  et pas grand-chose avec une réalité physique incontestable…

Cette analyse qui prétend nuancer les propos de Jean-Marc Jancovivi sur  la place des énergies fossiles est à nuancer. Encore une fois, ce sont des réflexions en silo (géographie, institutions, culture, types d'énergie…) et non systémique (cad prenant en compte globalement tous ces éléments).

p.162: Argument faux au sujet du TRE (Taux de retour énergétique). Il s'agit d'une fraction: Quantité d'énergie extraite de l'environnement / Quantité d'énergie nécessaire pour obtenir cette énergie. Avec les énergies fossiles le TRE mondial est 1/12, avec les énergies renouvelables d'antan de ½.

=> Pas de société complexe sans TRE élevé.

En outre, l'énergie d'un baril de pétrole doit être transformée, raffinée, re-transportée sous forme d'essence. Et ensuite 20% de cette énergie est transformée en mouvement de la voiture (contre 80% avec un moteur électrique…. La seule chose qui compte c'est que le TRE soit supérieur à 1 (plus d'énergie utilisable que d'énergie investie). Quand on parle de dépendance aux énergies fossiles, ne sont pas les causes du développement mais les outils qui ont été sélectionnés parmi d'autres. Il ne faut pas essentialiser notre histoire. Si on peut applaudir à cette remarque, on peut se demander pourquoi l'auteur ne voit pas que la même critique s'applique à l'argent qui est encore plus essentialisé, naturalisé, fétichisé au point de rendre cette "convention sociale" totalement incontournable, aussi nécessaire à une civilisation moderne que l'air pour respirer, l'eau potable pour survivre au-delà de quelques jours, de nourriture au-delà de quelques mois…  L'auteur conclue ce passage en déclarant: si la lutte contre le dérèglement climatique nous impose de nous passer des énergies fossiles, ne risque-t-on pas une dégringolade du PIB ou de voir revenir les affres de la crise de l'offre? Et il conclue très logiquement que pour éviter une crise économique, il nous faut entretenir en bon état notre parc de machines et continuer d'extraire suffisamment d'énergie de l'environnement pour les faire fonctionner. En somme, la conscience d'un risque d'effondrement environnemental dû à une consommation excessive d'énergie carbonée n'entraînerait pas une réduction drastique de l'offre et de la demande, et encore moins une sortie du système monétaire…

p.166: …réchauffement climatique rapide rime avec extinction de masse sur terre et dans les océans. La question est donc: à quel point notre civilisation dépend-elle des écosystèmes naturels. …  Il faut se mettre à brûler beaucoup moins de pétrole de charbon et de gaz  afin de se placer sur une trajectoire où ces sources d'énergie sont inutilisées en 2100. Sachant que ces trois énergies représentent 85% du carburant de nos machines, le défi est de taille. Il faut donc transiter vers des ressources renouvelables (qui n'empêchent pas les générations futures d'y avoir accès). L'auteur en est encore à la perspective de 2100, quand de plus en plus de monde rapproche cette échéance entre 2030-2040. On peut légitimement se demander si c'est une réaction d'optimiste invétéré où si la conscience du bouleversement que cela induit sur le mode de gestion de l'économie ne lui fait pas reculer l'échéance le plus loin possible faute de réelle solution….

p.168: La question du nucléaire: L'uranium 235 représente moins de 1% de l'uranium disponible sur terre (réserve estimée à 100ans maxi ou 15 ans si le nucléaire remplaçait le gaz et le charbon). Les surgénérateurs utilisent du thorium 232 (phénix et superphénix) bien moins rare que l'uranium.

Reste le problème des déchets radioactifs et des risques d'accident sur les centrales (Tchernobyl, Fukushima)… La fusion nucléaire est plus sûre, moins polluante, économique, mais pas encore au point. En revanche, une énergie quasi gratuite et abondante peut paraître la solution, mais lève toutes les limites énergétiques et pourrait être la véritable catastrophe à l'avenir. Sans une réforme profonde du système de production/consommation, les dégâts environnementaux serait rapidement décuplés. La fusion froide est le pire danger dans une société capitaliste (position d'Aurélien Barrau) mais pourrait devenir une solution dans un monde enfin postmonétaire, puisque la logique de croissance et de profit disparaîtrait. C'est un argument rarement évoqué en faveur d'une abolition du système marchand, et pourtant il illustre bien l'impasse dans laquelle nous sommes engagés depuis trois millénaires!

p.170: Lutte contre le réchauffement climatique: Depuis 2000, les émissions de GES ont augmenté de 50% dans le monde. Elles ont fortement baissé dans les pays riches (-0,85 par an en moyenne) mais elles ont augmenté dans les pays en voie de développement. …    Ne pas confondre sobriété d'usage et décroissance. Les enjeux de sobriété et de décroissance sont une manière de pousser la société à enfin agir de manière concrète pour réduire les inégalités.  …  Le soi=uci, c'est que cette approche perd pied si la science nous apprend un jour que l'on peut "sauver le climat" sans que les plus riches aient à modifier leur façon de vivre…

p.176: Le grand remplacement: remplacer un milliard d'automobiles, 50 000 navires marchands, 39 000 avions de ligne et 3,5millions de poids lourds, c'est titanesque… Mais électrifier les véhicules, c'est un gain d'efficacité de 40% sans changer les usages. On aurait besoin de 4 fois moins de TWh d'électricité que de TWh de pétrole.

Cependant, il y a toujours un effet rebond: Si on réduit les émissions de GES, ne va-t-on pas consommer plus et en revenir au même résultat?... A long terme, notre système économique n'est-il pas voué à l'échec? A court terme, la transition énergétique  va nécessiter le remplacement de toutes les infrastructures productrices/consommatrices d'énergie (béton, acier, métaux rares…). Notre planète est-elle apte à fournir tout cela?... On manque déjà de cuivre, de lithium de silicium, de terres rares, et on prévoit une augmentation de la demande de 0,9 à 1,3% par an…

p.183: Les limites planétaires: Le graph de Johan Rockström fait apparaître 9 limites à ne pas franchir  alors que 6 ont été déjà franchies: Température moyenne, intégrité de la biosphère, cycle du phosphore et de l'azote, changement d'usage de sols, consommation d'eau douce, acidification des océans , diminution de l'ozone atmosphérique, charge en aérosols atmosphérique, introduction d'entités nouvelles dans l'environnement… Il est évident que la croissance du PIB n'est pas un bon objectif à long terme. Mais le pire danger est celui du réchauffement climatique… L'auteur est là intoxiqué par l'usage abusif du réchauffement qui sert essentiellement à cacher la plupart des autres risques. D'autres surprises nous attendent, comme cela a été le cas avec la fonte du permafrost et de ses conséquences, chose qui a été longtemps oubliée par les scientifiques et le reste encore quant aux risques sanitaires (virus qui se réveillent après quelques millénaires de congélation par exemple). On peut aussi penser à l'extinction des insectes pollinisateurs qui risque de mettre à bas une grande part de l'agriculture…

p.187: Pourquoi les crises de la demande? Les deux grandes crises de 1930 et 2008 sont des crises de la demande. Elles démarrent par la formation d'une bulle spéculative. La situation économique est stable, favorable à la croissance. Phase 1: Les banques font confiance aux agents économiques et accordent des prêts sans précaution, sans distinguer les projets productifs (qui créent de la richesse) et les projets spéculatifs (qui ne servent qu'à tirer  profit de richesses existantes). Les acheteurs sont alors plus nombreux que les demandeurs et les prix montent. Les spéculateurs y gagnent, les banques touchent des intérêts. Tant que le nombre des joueurs voulant acheter  est supérieur au nombre de joueurs voulant vendre, les prix montent. Les bénéfices des sortants sont compensés par les crédits des entrants.  Phase 2: La bulle éclate. Les spéculateurs sont de plus en plus nombreux car les prix montent. Les plus modérés vont commencer à cesser d'acheter comprenant que les taux des crédits augmentent proportionnellement au prix et les banques rallongent les crédits à 20, 30, 40 ans! Mais le gisement de nouveaux entrants se tarie et la bulle ne tient que par la l'entrée de nouveaux spéculateurs type Ponzi qui prennent un crédit non pour acquérir un bien mais pour rembourser les prêts précédents. Les prix se mettant à baisser, les acheteurs attendent pour acheter que les prix soient au plus bas, ce qui fait encore baisser les prix. Les vendeurs se multiplient, les acheteurs se raréfient et les prix baissent encore plus. Les spéculateurs font faillite et ne remboursent pas les banques. Elles arrêtent d'accorder des crédits. L'heure n'est plus aux dépenses et aux investissements. La confiance des agents économiques privés  (entreprises et particuliers) s'effondre.

p.194: Le problème n'est pas la dette ni son remboursement, le problème c'est ma production de richesses réelles qui doit repartir. La véritable cause d'une crise n'est pas la dette, c'est son utilisation spéculative plutôt que productive. Il n'est pas fou de penser que la mise en exergue du "problème de la dette" sensée hypothéquer l'avenir de la génération suivante n'est qu'un trompe l'œil pour cacher le fait que la dette n'est pas une perte pour tout le monde. Les plus riches s'enrichissent encore et les spéculateurs sont euphoriques… On pourrait traduire ça en métaphore, la dépression des uns fait la santé des autres, "vice" et versa!...

En outre, quand les inégalités se creusent et que les plus aisés ne savent plus quoi s'offrir, ils investissent sur les marchés financiers. Mais il n'y a que l'État et les entrepreneurs qui puisse faire rentrer cet argent dans l'économie réelle et ce n'est jamais gagné quand les consommateurs sont en difficultés… C'est donc bien pour cela que la crise de la demande est déclenchée par la spéculation ou par l'augmentation des inégalités (voire les deux en même temps).

p.196: L'austérité, c'est le premier réflexe des politiques en temps de crise. Et pourtant, cela n'a aucun sens. C'est même largement démontré à l'expérience, aucun gouvernement n'a réussi à relancer l'économie après une crise financière par l'austérité. Le mythe de l'austérité, couplé avec celui de l'économie autorégulatrice, est tout autant intégré par les grands industriels qui au lieu d'investir pour relancer l'économie, deviennent frileux. La réduction du déficit public en Grèce en 2010 n'a pas du tout été compensée par une augmentation de l'endettement des entreprises  ou des particuliers , ce qui a plongé le pays dans un marasme économique colossal (Super pointus les modèles économiques du moment!…). Le problème est que chacun raisonne au niveau micro (même si ce micro est relatif à une multinationale) quand il faut penser macroéconomie (donc a minima au niveau d'une nation). Il semble que les agents économiques à la tête des grandes industries n'ont pas encore compris que le déficit de l'un (en l'occurrence ici l'État) correspond toujours aux bénéfices d'un autre (l'entrepreneur qui investit)

p.198: La peur de l'inflation: A quoi bon que les revenus augmentent de 5% si les prix augmentent d'autant? La plupart des économistes nous disent que cela entraîne une spirale inflationniste. Or, si c'était vrai, toutes les banques de dépôt qui créent de l'argent en permanence via le crédit devrait toutes être en faillite, ce qui n'est pas encore le cas. Cette histoire de prix qui évoluent en corrélation avec la masse monétaire n'a de sens que dans des modèles ultra simplificateurs. En réalité, on n'a jamais constaté aucun lien de cause à effet direct et simple entre l'évolution de la masse monétaire et l'évolution des prix. Voir le chapitre suivant pour l'explication…

p.203: Inflation, mythe ou réalité: Depuis 2021, la situation a changé: l'inflation est de retour dans le monde entier. France: 2,75% en 2021, 5,85% en 2022, 4,9% en 2023. L'inflation provoque la diminution de la valeur de l'épargne. L'inflation réduit le pouvoir d'achat des épargnants qui ne savent pas s'en protéger. Le meilleur moyen de s'en protéger est d'investir dans l'immobilier ou dans les produits financiers qui prennent de la valeur. En revanche, la hausse de l'immobilier appauvrit les locataires et les produits financiers ne concernent que ceux qui ont une épargne suffisante. Donc les écarts se creusent entre les gagnants (les plus riches) et les perdants (les plus pauvres).

La redistribution du pouvoir d'achat est activée par l'inflation. Les entreprises ayant besoin de plus de liquidité, elles favorisent les actionnaires sans augmenter les salaires. Les retraites ne suivent jamais totalement l'inflation. Dans les deux cas, les rapports de force ne sont favorables ni aux salariés ni aux retraités. Depuis 1980, le néolibéralisme a totalement brisé la représentation syndicale et le gouvernement français se moque royalement des 80% des retraités hostiles à la réforme des retraites. Les deux sont impuissants.  Les Banques centrales pensent qu'en cas d'inflation, le revenus des travailleurs (et des retraités) doivent être limités sous peine d'entretenir l'inflation. Les gouvernements sacrifient volontiers le pouvoir d'achat des travailleurs sur l'autel du maintient des marges des entreprises.

En plus l'inflation c'est une moyenne. Tous les prix n'augmentent pas dans une même proportion. Si on fait le calcul du pouvoir d'achat en fonction des types de dépenses obligées (nourriture, essence, logement, chauffage…) rapportées au pourcentages qu'elles représentent dans leur budget global, une inflation moyenne de 5% peut varier de 2 à 15% selon les individus. Exemple: sur un revenu de 2000€/mois, vous dépensez 140€ (7% du budget). Si le carburant double, ce budget monte à 280€. Les salaires n'augmentant pas, les statistiques de l'INSEE annonce une perte de 4% du pouvoir d'achat qui ne correspond pas à votre budget réel.

p.207: Le vrai danger de l'inflation: La répartition du pouvoir d'achat par la variation non homogène des prix est un phénomène constant. L'inflation est donc à craindre quand elle est très variable et imprévisible et si elle a tendance à augmenter d'une année sur l'autre. La première crainte rend la vie économique plus compliquée, la deuxième menace de nous amener vers l'hyperinflation qui, elle, est ingérable.

Une fois lancé le cercle devient vicieux: les dépenses diminuent, les revenus aussi. Les carnets de commande des entreprises sont moins remplis et l'entreprise licencie. Les licenciements font encore baisser les dépenses des consommateurs chômeurs ce qui vide encore les carnets de commandes. L'État perd une part de ses revenus issus de la TVA et des impôts sur les sociétés et les dépenses de chômage augmentent. Tout cela sans que la capacité productive soit réduite. En résumé, l'interprétation de l'inflation sous l'angle du manque d'offre ou de l'excès de demande a donc une dimension absolument politique: doit-on résoudre le problème de la hausse des prix par la diminution de la demande ou par l'augmentation de l'offre?...

Une autre source d'inflation vient de la hausse conjoncturelle des coûts d'approvisionnement en énergie (voir gaz russe) dont personne ne peut se passer, surtout pas les grandes entreprises qui en ont beaucoup besoin. C'est l'explication la plus en vogue depuis 2023… Mais comme les grandes entreprises cherchent les marges les plus hautes on a vu apparaître le terme de greedflation qu'on pourrait traduire par enflavidité! Les entreprise à ce jeu sont généralement gagnantes car l'effet volume est compensé par l'effet prix: si elles perdent 3% de leurs clients mais augmentent leurs prix  de 5% les marges augmentent encore.

La déflation: C'est une inflation à l'envers. Les prix baissent au lieu d'augmenter. Si c'est une bonne nouvelle individuellement  pour le consommateur, c'est une catastrophe parce que les gens en majorité vont retarder leurs achats pour les avoir à plus bas prix. C'est le cas du Japon qui est en déflation depuis 1991 avec un PIB quasi inexistant (0,45% par an en moyenne). La déflation accentue le poids de la dette sur les agents économiques (si les prix baisse, les remboursements d'emprunts restent constants et sont donc une charge plus lourde en proportion des revenus qui stagnent ou baissent). Les risques des prêteurs sont beaucoup plus grands en cas de déflation qu'en cas d'inflation. Un peu d'inflation rapporte, un peu de déflation nuit…

p.222: L'hyperinflation: L'exemple type c'est celui de la République de Weimar en 1923. Un bien valant 1 reichsmark en juillet 1941 en coûtait 36,7 en janvier 1922, 2 785 en janvier 2023 et 726 milliards en novembre 2023 (taux d'inflation de 26 mds%).  Cette hyperinflation est généralement expliquée par une situation inhabituelle: La défaite allemande en 1918 coûte au pays des fortunes en réparation et l'État est interdit par les alliés d'injecter de l'argent dans son économie. Toutes les petites banques de dépôt ont eu la possibilité de faire des crédits dont l'argent était simplement imprimé par la banque centrale à hauteur des prêts accordés. L'État étant défaillant, les banques de dépôts étaient cependant en risque permanent de non remboursement de leurs prêts et donc de faillite. Les prêts étant essentiellement accordés aux entreprises et le pays étant dévasté, beaucoup de choses devaient être importées de l'étranger à un coût exorbitant, vu la valeur de la monnaie allemande… Hyperinflation =>petits épargnants ruinés =>baisse des dépenses des particuliers et des entreprises =>rigueur budgétaire de l'État => hyperinflation en hausse… Ce que l'auteur n'explique pas, c'est le rôle de la Conférence de Londres, du 23.02.au 06.03 puis du 20.04 au 07.06.1948, où les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg pour définir les modalités de redressement économique de l'Allemagne dans l'intérêt de l'ensemble européen (essentiellement une annulation de la dette de guerre). On dit souvent que l'acharnement des Allemands à limiter drastiquement tout mouvement inflationniste vient de ce drame, du traumatisme de 1923, en revanche, l'annulation de leur dette de guerre ne les a pas empêchés de crier haut et fort qu'une dette ne pouvait s'annuler et que seule l'austérité pouvait sauver la Grèce. Les Allemand s ont une mémoire économique sélective!  Pour les Postmonétaire qui (pour certains) ne croient pas à une possible hyperinflation mondiale, c'est aussi oublié que la dette Allemande de 1923 a été annulée par un ensemble d'États et une organisation politique internationale dans le cadre de la guerre froide. La même situation se reproduisant au niveau d'un grand pays (Chine, Europe, USA…) se répercutant au niveau mondial (puisque l'économie s'est globalisée) serait totalement insoluble dans le cadre monétaire tel qu'il est devenu aujourd'hui.

p.226: Le cas du Venezuela: Ce pays ne vit que de ses ressources en pétrole. L'essentiel est importé. Or la production de pétrole a diminué de 45% entre 2011 et 2019 (politique de l'OPEP, influence des USA, infrastructures d'extraction vieillissantes, les avis sont très partagés…) et le baril est passé de 125 à 71 dollars (soit une baisse de 42%). La faillite du gouvernement est une affaire de prix  et de production du pétrole. La situation d'hyperinflation au Venezuela est le résultat d'une pénurie de richesse importée elle-même provoquée par une baisse du prix du produit exporté en masse. Le même phénomène peut se produire sur toute la planète, par exemple avec une pénurie de cuivre (absolument essentiel dans tout ce qui est électrique). Or le Chili et le Pérou produisent à eux seuls 33,6% de la production mondiale, la demande mondiale devrait croître de 50% d'ici 2040 (soit 50 millions de tonnes). Dès 2035 le déficit mondial devrait atteindre  10 millions de tonnes. Or, le cuivre est partout, du grill pain à la centrale nucléaire en passant par l'armement et la plomberie. Le prix du cuivre va devenir extrême! On peut imaginer les conséquences financières, technologiques, industrielles et environnementales puisque l'extraction du cuivre sera d'autant plus polluante que le minerai sera en faible proportion… Ressortirons-nous les mêmes justifications que pour le Venezuela (politique de gauche de Chavez et Maduro, spéculation des financiers américains, mauvaise gestion des infrastructures…)?...

p.227: La stagflation des années 1970: Le problème se corse avec le chômage qui augmente en même temps que l'inflation (stagflation) et les politiques passent du modèle Keynes au modèle Friedman qui devient la norme…

En réalité, l'inflation et les ralentissements économiques (chômage compris) s'expliquent par la rareté des matières premières notamment quand elles sont aussi utilisées que le pétrole (qui est passé de 2,80$ en 1973 à 10$ en 1979.

p.235: A la fin des 30 glorieuses, un rapport des forces s'est établi entre les actionnaires capables d'augmenter les prix et les travailleurs capables de faire pression pour obtenir plus de salaire. La création monétaire n'est en rien la cause de l'inflation.

L'inflation mange les intérêts et les hausses de salaire mangent les marges qui forment les dividendes des actionnaires. Découragés, les capitalistes décident de moins financer les dépenses, ce qui provoque un ralentissement économique et donc du chômage, alors même que l'inflation reste élevée.

p.238: La crise post-covid:  La choc initial est énergétique. Le prix du baril de pétrole s'effondre (de 60$ à 20$  et la consommation est très faible (confinement). En 2022, la consommation de pétrole repart, les prix augmentent (115$), l'inflation par les coûts du transport et des dentées agricoles s'installe. Les consommateurs coincés chez eux reportent leurs achats. La guerre en Ukraine nous prive du gaz russe et les prix explosent dans l'été 2022: Le MWh passe de 35€ à 300€ (+33%) !

Les études empiriques montrent un mélange d'infl-avidité et de difficultés d'approvisionnement ou de production.

p.239: Comment sortir de l'inflation systémique: Par la mécanique des taux directeurs: les variations des taux directeurs décidés par les banques centrales se transmettent à tous les taux d'intérêts de l'économie (le taux de la BC américaine est passé de 0.7% en janvier 2022  à 5.3% en septembre 2023). Le système se stabilise autour de 2% d'inflation: au dessus c'est la surchauffe, en dessous c'est la sous-chauffe!

p.244 Théorie et réalité: le grand écart: Pendant plus de 20 ans (1985-2008) tout se passe comme si l'économie était domptée: cette période est perçue comme "la grande modération" et coïncide avec le sentiment de toute puissance des économistes. Sauf que la crise de 2008 vient tout chambouler alors que l'économie était bien réglée sur 2% d'inflation. Malgré des taux d'intérêts à 0% la mécanique semble cassée. Faut-il revoir la théorie?.... Sommes nous certains que l'objectif d'inflation stable à 2% par an soit le bon? Le rôle des banques centrales n'est-il pas une relique du passé?... Que voulons-nous faire de nos banques centrales?....Y a-t-il un autre moyen que de briser les reins des travailleurs et d'économiser sur les dépenses publiques?... La solution semblerait être dans la ré-industrialisation et de redistribuer la richesse.

Pour ce faire il faudrait revoir la répartition de tous les prix: exp. 1€ d'essence = 0,60 de taxes, 0,25 au producteur, 0,08 à la chaine de distribution, 0,07 au raffinage (Total)… Rappelons que tous les pays avaient des systèmes de régulation des prix avant l'invasion du néolibéralisme. C'est donc possible politiquement (voir David Cayla, Déclin et chute du néolibéralisme, 2022), mais les économistes qui défendent cette idée sont considérés comme "hétérodoxes" donc "communistes"… Il n'y a pas lieu d'être optimiste…

Rien n'a changé depuis l'époque du "distributisme" préconisé par Jacques Duboin dans son livre L'économie distributive s'impose (1950). C'était déjà la thèse énoncée par Pierre de Jean Olivi dans son Traité des contrats en 1293! Si une idée traverse 731 ans, étant mille fois répétée, et n'émergeant pas, c'est que la question n'est pas de soigner le système qui l'encadre mais d'en sortir du système et de le remplacer par autre chose. Si le capitalisme souffre d'une maladie, elle est à l'évidence chronique, et de ce fait, il est vain de tenter de le guérir. Il faut arriver à la page 253 pour réaliser que l'économiste, vidéaste et auteur de ce livre persiste comme la grande majorité  de ses confrères dans les soins palliatifs, pour ne pas dire dans l'acharnement thérapeutique!

Le pronostique vital est engagé pour le capitalisme malade et ses médecins économistes sont en état de mort cérébrale, sans aucun signe permettant d'espérer un réveil quelconque. Il est temps de débrancher le patient et de licencier Ploutos!

Si les historiens s'accordent à dire que le système monétaire est apparu en Mésopotamie puis dans la  civilisation minoenne vers 750 avant J.-C., le patient a 2 874 ans, ce qui est un âge tout à fait respectable. On peut considérer que toutes les options thérapeutiques ont été tentées sans résultat et qu'il n'y a plus aucune raison de s'entêter, au risque d'aboutir à une extinction de masse de toute espèce vivante…   

Le top 100 des lobbies européens, Collectif

Agir pour l'environnement (Collectif)
PDF 15p., juin 2024

Lobbies.jpegDéfinition: Un lobby, ou groupe d'intérêt, groupe de pression, groupe d'influence, est un groupe de personnes créé pour promouvoir et défendre des intérêts, en exerçant des pressions ou une influence sur des personnes ou des institutions publiques détentrices de pouvoir. Cette définition assez floue permet de classer sous ce terme des associations aussi diverses que les groupements professionnels (corporations, syndicats, multinationales…), les groupes de réflexions (think tanks, instituts de recherches, mouvements socio ou culturels…), les partis politiques et  les groupe de défense d'une pratique (lobby des chasseurs, des pêcheurs à la ligne, des randonneurs, des conducteurs de quads…).

                Une autre définition plus restrictives est celle qui a suscité le document du collectif ici commenté: le "lobbying" consiste à procéder à des interventions destinées à influencer de façon officielle ou officieuse, directement ou indirectement l'élaboration, l'application ou l'interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, toute intervention ou décision des pouvoirs publics.

                La première définition sert la plupart du temps à banaliser des pratiques parfois à la limite de la légalité et ne visant qu'a protéger des intérêts purement financiers, très éloignés de ce que l'on nomme généralement l'intérêt commun. Entre le lobbyiste grassement payé par une industrie chimique pour empêcher une loi interdisant l'usage d'un pesticide à l'évidence nuisible pour l'environnement et la santé des humains et la protection d'une zone humide riche en biodiversité mise en danger par un grand projet inutile mais imposé par l'État, la différence est claire. Mais l'ambigüité dans les termes est savamment entretenue et le sera tant qu'il y aura des fortunes en jeu, des profits à réaliser "quoiqu'il en coûte".

                Le mot anglais lobby désigne l'antichambre, le vestibule, le couloir, et se traduit en français par salle des pas perdus, le grand hall sur lequel s'ouvraient les bureaux des instances judiciaires et où traînaient les plaignants et avocats dans l'espoir d'un "arrangement"…

Les auteurs: Le collectif Agir pour l'environnement est une association de mobilisation citoyenne œuvrant pour une planète viable et fédérant un large réseau d'associations et de citoyens. Il refuse tout financement issu des pouvoirs publics pour préserver son indépendance. Depuis 27 ans, cette association produit des rapports d'enquête et organise des manifestations diverses. Pour plus d'explication voir leur site

Notes de lecture:

p.3: Ce premier "Top 100 des lobbies européens " rassemble les principales associations commerciales et professionnelles, les compagnies et groupes influençant les institutions européennes (Commission/Parlement etc.). Il met en évidence une débauche inouïe de moyens humains et financiers conduisant la Commission européenne et les députés européens à être exposés à un lobbying intense. […] D'après les données mise à jour récemment dans le registre de transparence, les 100 principaux lobbies européens ont dépensé entre 265  000  000 et 297  499  901 millions d'euros afin d'influencer le processus législatif européen. Cela équivaut à une dépense moyenne de 398 936,1 euros par député. Les 5  715 organisations professionnelles ont, dans leur ensemble, employé 7 621 équivalents temps plein, soit une moyenne de 10,80 lobbyistes par député européen. En 2022, les «  Associations commerciales et professionnelles  » ainsi que les «  Compagnies & groupes » ont dépensé plus d’un milliard d’euros dans leurs activités de lobbying.
Ces pratiques pour le moins douteuses mériteraient à l'évidence d'être encadrées par une instance de contrôle et les allers-retours entre professionnels et institutions publiques devraient être interdits…
p.4: Agir pour l'Environnement a entrepris une étude approfondie du registre de transparence de l'Union européenne afin d'éclairer le rôle de certains groupes de pression dans le processus législatif européen. Ce rapport soutient que, compte tenu des importantes ressources financières investies et du nombre considérable de lobbyistes présents à Bruxelles, il est impératif de réguler les activités de lobbying de l'arène politique afin de garantir la transparence et l'intégrité du processus démocratique… Le registre de transparence met à disposition des fichiers téléchargeables sur son site web. Nous avons pu récupérer et analyser les données des 12 469 entités enregistrées comme lobby.       
    Le registre de transparence est en réalité un leurre, une coquille vide qui n'a strictement rien changé à l'influence des puissances d'argent sur les décisions politiques des fonctionnaires et élus européens. Cette source de renseignements est pourtant publiée sur un site de l'UE    
p. 6-8: Tableau des dépenses des 100 plus grandes entités de lobbying.
    Les sociétés concernés touchent essentiellement les domaines de l'industrie chimique et pharmaceutique, du numérique, de l'énergie, du plastique, des banques et assurances… Le lobbying a donc des répercussions sur les choix économiques en matière d'énergie, sur l'agriculture, sur la santé en général, sur l'environnement, sur la gestion monétaire, bref sur l'essentiel de nos vies…
p.9: A elles seules, ces 100 entités ont dépensé entre 285 et 297 millions d'euros, soit 399 000€ par député sur 11 mois!... Les lobbies représentent 7 621 ETP, chiffre à comparer avec les 32 262 fonctionnaires travaillant pour la Commission Européenne (1 lobbyiste pour 4 fonctionnaires).
p.11: Nous avons également analysé les subventions octroyées aux entités participant à des activités de lobbying au sein de l’Union Européenne. En filtrant les 100 entités recevant le plus de subventions, nous en avons identifié 29 qui correspondent à des «  Associations commerciales et professionnelles  » ainsi qu'à des «  Compagnies & groupes  » et qui promeuvent «  leurs propres intérêts ou les intérêts collectifs de leurs membres  ». Parmi ces 29 entités, plusieurs ont été reconnues comme responsables, de manière directe ou indirecte, de la dégradation de l’environnement ou de l'accentuation du réchauffement climatique.
Les mêmes politiques qui prétendent lutter contre le réchauffement climatique et les problèmes écologiques subventionnent des lobbies payés pour saboter toute action environnementale. Le comble de l'hypocrisie… Parmi les pollueurs subventionnés, on voit General electric, Total énergie, Thales (aérospatial et défense), Agrofert (agro-alimentaire), IBM…  A titre d'exemple, Total énergie  dépense 2,75 millions d'euros par an en lobbying et reçoit 2,99 millions par an de subvention alors que l'entreprise est impliquée dans de nombreux litiges pour ses activités contribuant au dérèglement climatique. Cherchez l'erreur….
p.13: Agir pour l'environnement demande une réglementation plus stricte et plus contraignante: instauration d'une limite de dépenses annuelles consacrées au lobbying,  informations financières plus détaillées des dépenses des entreprises, déclaration des contributions financières versées au personnel européen (fonctionnaires et élus), déclarations sur les antécédents professionnels des lobbyistes, etc., bien sûr sans grand résultats…

         Cette histoire de lobbying est insoluble et le restera tant qu'il y aura de l'argent en circulation, tant qu'il y aura nécessité vitale pour les entreprises de réaliser des profits. Le Collectif agir pour l'environnement, devrait être pour l'abolition du système marchand et pourtant se limite aux effets en oubliant la cause, l'argent… On peut les remercier toutefois d'apporter autant d'eau au moulin postmonétaire…              

Le droit à la paresse, Paul Lafargue

1881, Éd. Altiplano, 96 pages
PDF en accès ici

Lafargue.jpegPaul Lafargue, 1842-1911, journaliste, économiste, homme politique socialiste et anticolonialiste, fait rare à son époque. Ce pamphlet est le résultat de "l'étrange folie"  ressentie par  Lafargue  en voyant l'amour que  la classe ouvrière porte au travail, aux conditions particulièrement rudes à l'époque. Pour lui, le travail est "la cause de toute dégénérescence intellectuelle, de toute déformation organique". A ce titre, il intéressera les Postmonétaires convaincu que le salariat est un fameux piège dont nous pouvons et devons sortir…
      Paul Lafargue a voulu par cet ouvrage démythifier le travail et son statut de valeur. Il introduit son texte par une citation d'Adolphe Thiers: «Je veux rendre toute puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : “Jouis”.»
    Face à un tel état d'esprit, on comprend que Lafargue ait eu du mal à publier ses écrits et qu'il ait fait quelques séjours en prison pour  participation à des manifestations et des réunions interdites!

Commentaires:
p.5: La bourgeoisie en lutte contre la noblesse arbora le libre examen et l'athéisme; triomphante, elle changea de ton et d'allure. Aujourd'hui elle entend étayer de la religion sa suprématie économique et politique…
p.6: Les socialistes révolutionnaires ont aujourd'hui à démolir, dans les têtes de la classe appelée à l'action, les préjugés semés par la classe régnante.
      Rien n'a changé: la bourgeoisie du 21° siècle, même celle qui se dit militante, écologiste, anticapitaliste, s'appuiera sur les oligarchies dominantes pour conserver ses privilèges, ses vacances aux Seychelles et ses résidences secondaires. Et le peuple les excusera tant ils sont intoxiqués par la réussite individuelle, l'auto entreprenariat d'eux-mêmes, la concurrence libre et non faussée. Lafargue a rédigé cette introduction en 1883 depuis la prison de Sainte Pélagie (prison qui se trouvait jusqu'en 1899 à l'angle de la rue du Puits de l'Ermite près du Jardin des Plantes à Paris).

p.9: Une étrange folie possède les classes ouvrières…, celle de l'amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu'à l'épuisement des forces vitales et l'individu et de sa progéniture. C'est toujours vrai en 2024, les burnouts, les dépressions , les accidents du travail, les troubles du sommeil ne cessent d'augmenter.
p.11: Quand, dans notre Europe civilisée, on veut retrouver une trace de beauté native de l’homme, il faut l’aller chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déraciné la haine du travail. Là en revanche, il n'y a plus en Europe de pays n'ayant pas déraciné la haine du travail. Il faut aller chercher beaucoup plus loin…
p.14:  Jéhovah, le dieu barbu et rébarbatif, donna à ses adorateurs le suprême exemple de la paresse idéale ; après six jours de travail, il se reposa pour l’éternité… Les prêtres l'on vite oublié au profit du verdict post-éden: "tu travailleras à la sueur de ton front et ta femme (en travail) accouchera dans la douleur…"
p.15-16: Il est extrêmement dangereux dans un état commercial de laisser trainer l'idée [que l'ouvrier puisse être libre et indépendant] quand les sept huitièmes de la population n'ont que peu ou pas de propriété.  Mais rien n'y fait et aujourd'hui encore, la plupart des syndicats ouvriers défendent le droit au travail quand il était fait, au mieux, pour la défense du droit du travail!
p.17: Douze heures de travail par jour, voilà l’idéal des philanthropes et des moralistes du XVIIIe siècle. Que nous avons dépassé ce nec plus ultra ! Nous avons inventé la semaine de 35 heures, c'est un progrès social, largement contourné pour beaucoup de salariés (et pas seulement ouvriers) contraint pour survivre de ne pas compter les heures…
Les ateliers modernes sont devenus des maisons de correction où l’on incarcère les masses ouvrières, où l’on condamne aux travaux forcés… Le diable est dans le détail : un travail de salarié est toujours un "travail forcé" puisque l'on est obligé d'avoir de l'argent pour simplement exister. C'est surtout vrai quand il s'agit de métiers inintéressants, fatigants, répétitifs, voire avilissants… En somme, les révolutionnaires de 1848 ont applaudi à la loi limitant les travaux forcés à un maximum de 12h par jour!  Merci Paul de nous le rappeler en 2024!...
p.18: Et si les douleurs du travail forcé, si les tortures de la faim se sont abattues sur le prolétariat, plus nombreuses que les sauterelles de la Bible, c’est lui qui les a appelées. Il en va de même aujourd'hui pour la consommation forcée à laquelle nous nous sommes collectivement soumis quand une simple objection à la consommation aurait pu mettre à bas le capitalisme depuis longtemps. Si nos dépenses étaient réduites au strict nécessaire, la moitié des usines polluantes et anthropophages seraient fermées
Ce travail, qu’en juin 1848 les ouvriers réclamaient les armes à la main, ils l’ont imposé à leurs familles.  De leurs propres mains, ils ont démoli leur foyer domestique ; de leurs propres mains, ils ont tari le lait de leurs femmes; les malheureuses, enceintes et allaitant leurs bébés, ont dû aller dans les mines et les manufactures tendre l’échine et épuiser leurs nerfs; de leurs propres mains, ils ont brisé la vie et la vigueur de leurs enfants. – Honte aux prolétaires!  Il faut croire que le piège capitaliste est particulièrement compétitif puisqu'il perdure au-delà du 20° siècle et qu'on nous le ressert encore…
p.24: Villermé observait que les forçats des bagnes ne travaillaient que 10 heures, les esclaves des Antilles, 9 heures en moyenne quand il y avait des manufactures qui imposaient16 heures par jour (une heure et demi en moins pour le repas).  Ô lugubre présent du Dieu Progrès de la bourgeoisie…  Les économistes du temps de Lafargue répétaient aux ouvriers, "travaillez pour augmenter la fortune sociale", ce qui vaut bien le "travaillez plus pour gagner plus" de Sarkozy, La remarque de Macron au chômeur "qu'il suffit de traverser la rue pour en trouver du travail…"
p.27: Parce que, prêtant l’oreille aux fallacieuses paroles des économistes, les prolétaires se sont livrés corps et âme au vice du travail, ils précipitent la société tout entière dans ces crises industrielles de surproduction qui convulsent l’organisme social.   Lafargue avait tout compris: le fonctionnement de l'économie capitaliste, le rôle de ses grands prêtres et de leurs thuriféraires, la naïveté des prolétaires qui croient au ruissellement de la fortune comme les enfants croient au père Noël, à la surproduction qui invite à la surconsommation et par suite à l'extractivisme fou…
Ce qui n'empêche pas Lafargue d'être "raisonnablement antisémite", c'était aussi dans l'air du temps: "Tant que le fabricant a du crédit, il lâche la bride à la rage du travail, il emprunte et emprunte encore pour fournir la matière première aux ouvriers. Il fait produire, sans réfléchir que le marché s’engorge et que, si ses marchandises n’arrivent pas à la vente, ses billets viendront à l’échéance. Acculé, il va implorer le juif, il se jette à ses pieds, lui offre son sang, son honneur. «Un petit peu d’or ferait mieux mon affaire, répond le Rothschild, vous avez 20 000 paires de bas en magasin, ils valent vingt sous, je les prends à quatre sous. » Les bas obtenus, le juif les vend six et huit sous, et empoche les frétillantes pièces de cent sous. Enfin la débâcle arrive et les magasins dégorgent; on jette alors tant de marchandises par la fenêtre, qu’on ne sait comment elles sont entrées par la porte. C’est par centaines de millions que se chiffre la valeur des marchandises détruites…" 
On a là, la suite logique des événements. Le capitalisme n'est qu'une suite de crises, mais comme ces crises créent la fortune de quelques uns, il rebondit. Le système était bon puisqu'il a été capable de produire les Trente Glorieuses. Il aura fallu attendre 2020 et la fin de la croissance pour que quelques économistes réalisent que les Trente glorieuses n'étaient qu'une anomalie dans le déroulement normal du capitalisme, un simple effet de rebond après la deuxième guerre mondiale, cette "destruction créatrice" façon Schumpeter!
p.33:  Mais convaincre le prolétariat que la parole qu’on lui a inoculée est perverse, que le travail effréné auquel il s’est livré dès le commencement du siècle est le plus terrible fléau qui ait jamais frappé l’humanité, que le travail ne deviendra un condiment de plaisir de la paresse, un exercice bienfaisant à l’organisme humain, une passion utile à l’organisme social que lorsqu’il sera sagement réglementé et limité à un maximum de trois heures par jour, est une tâche ardue au-dessus de mes forces. Comme il est aujourd'hui au-dessus de nos forces de convaincre le peuple que le salariat est le piège le plus aliénant qui soit, qu'il n'est obligé que par l'existence de l'argent, lequel n'est une convention sociale qui pourrait être toute autre… Déjà en son temps, Lafargue avait calculé que trois heures de travail par jour suffirait à produire ce qui nous est nécessaire. Au-delà, c'est du vol organisé par les plus riches…
p.35: Un poète grec du temps de Cicéron, Antipatros, chantait ainsi l’invention du moulin à eau (pour la mouture du grain) qui allait émanciper les femmes esclaves et ramener l’âge d’or : «Épargnez le bras qui fait tourner la meule, ô meunières, et dormez paisiblement!» Voilà 2 000 ans que la technologie libère peu à peu les humains de corvée inutiles et qu'une minorité transforme cette libération en esclavage pour s'enrichir éhontément. Quand donc les humains comprendront-ils que la seule possibilité de réaliser des profits financiers suffit à annihiler tout progrès social? "La machine libératrice continue à se transformer en instrument d'asservissement des hommes libres…"  La question aujourd'hui est de comprendre comment et pourquoi les humains ont de moins en moins de temps libre alors qu'ils sont de plus en plus libérés par les machines. La machine à laver le linge ou l'ordinateur fait à l'évidence gagner du temps, et nous en avons de moins en moins. Qu'en faisons-nous?... Plus nous sommes maîtres du temps, plus nous en perdons. Comme disait Boris Vian "y'a quelque chose qui cloche là-dedans, j'y retourne immédiatement…"       
p.38: Parce que la classe ouvrière, avec sa bonne foi simpliste, s’est laissé endoctriner, parce que, avec son impétuosité native, elle s’est précipitée en aveugle dans le travail et l’abstinence, la classe capitaliste s’est trouvée condamnée à la paresse et à la jouissance forcée, à l’improductivité et à la surconsommation. Cette remarque de Lafargue est intéressante en ce sens qu'elle nous montre le côté irréversible de la course au temps. Si les capitalistes du 19° étaient condamnés à la paresse et à la jouissance, nos milliardaires modernes sont généralement surbookés et frustrés au point de se perdre dans des jouissances factices et vénales mais coûteuses… La classe bourgeoise aspirant toujours à entrer dans le cercle supérieur aussi restreint soit-ils en font de même. Le prolétaire qui ne rêve plus que d'être considéré comme bourgeois copie la bourgeoisie avec les plaisirs factices à sa mesure. C'est ainsi que les citoyens se sont volontairement réduits à l'état "d'agent économiques"….
p.44: …c’est ainsi que les forts de Paris et de Lyon n’ont pas été construits pour défendre la ville contre l’étranger, mais pour l’écraser en cas de révolte.  Lafargue parlait de la révolte des canuts de Lyon en 1831, de celle de mars 1871 à Paris, dite "Révolution du travail" et début de la Commune. Nous pouvons presque dire la même chose aujourd'hui en pensant à la répression des manifestations, des protestations contre les méga-bassines mutilant quantités de citoyens et la longue liste des réformes judiciaires permettant des gardes à vue abusives, des perquisitions inutiles, des réponses policières de plus en  plus disproportionnées… Rien ne change vraiment, sinon dans la forme, du moins sur le fond. Et si rien ne change vraiment, c'est qu'il faut changer d'objectif et de stratégie. L'abolition de l'argent et l'échange marchand ferait peut-être bien l'affaire, question changement!... Et quand une miette est accordée aux plus pauvres par le capitalisme, c'est uniquement pour alimenter le marché, en incitant les masses à dépenser intégralement leur salaire selon les besoins de l'industrie…
p.48: à Lyon, au lieu de laisser à la fibre soyeuse sa simplicité et sa souplesse naturelle, on la surcharge de sels minéraux qui, en lui ajoutant du poids, la rendent friable et de peu d’usage. Tous nos produits sont adultérés pour en faciliter l’écoulement et en abréger l’existence. Tiens donc!... L'obsolescence programmée existait donc déjà à l'époque de Lafargue, même si l'expression n'avait pas encore été inventée. Sans garantie, l'expression obsolescence programmée aurait été inventée par Bernard London, un agent immobilier New-yorkais en 1932, et vulgarisée en 1950 par un designer américain. Ce sont les décroissants qui s'en sont emparés dans les années 1980 comme argument choc de leurs thèses…  
p.53: Lafargue cite un manufacturiers alsacien qui, en 1860, expliquait qu'une réduction du temps de travail de 12 à 11h par jour et l'arrêt le samedi à 14h, n'avait pas augmenté le coût de la production, et que bien au contraires, la productivité avait augmenté. Il n'a visiblement pas convaincu ses homologues industriels! La réforme des 35 heures par semaine sous Jospin en 2000 a soulevé le même débat, les mêmes réticences et toujours avec les mêmes arguments. Faute de faire de l'Histoire, on se condamne à la répéter… Sarkozy n'avait toujours pas ouvert son livre d'Histoire pour faire du travailler plus pour gagner plus le slogan phare de sa campagne en 2007!
p.60: Les rentiers, les capitalistes, tout les premiers, se rallieront au parti populaire, une fois convaincus que, loin de leur vouloir du mal, on veut au contraire les débarrasser du travail de surconsommation et de gaspillage dont ils ont été accablés dès leur naissance… Rien n'est plus difficile à prévoir que l'avenir, Lafargue nous le montre dans cette phrase. Le temps a passé, les rentiers capitalistes sont plus riches et plus nombreux, mais ne se sont pas ralliés, n'ont toujours pas compris que leur système n'était pas pérenne…
Mais les ouvriers, employés et autres exploités non plus n'ont pas encore compris que ce n'est pas le travail en tant qu'activité humaine qui est critiquable, mais seulement le salariat. Or, comment supprimer le salariat sinon en supprimant l'argent? Lafargue ne pouvait non plus le percevoir en cette fin de 19° siècle: Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail, qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… La classe ouvrière défile encore en réclamant "plus de pouvoir d'achat et d'emplois" et quiconque s'en étonne passe encore pour un ennemi du peuple, au mieux pour un utopiste Bobo. Et la vieille terre ne frémit pas d'allégresse!...

Conclusion:
       Il est bon de relire Paul Lafargue avec le recul d'un siècle et plus. Le désuet de l'ancien se mêle à la permanence du moderne sans cesse renouvelé et c'est une leçon, au sens pédagogique du terme (pas étonnant puisque lecture et leçon viennent tous deux du latin lectio).
     Il est bon aussi de relire ce texte en se demandant comment pendant si longtemps, le terme de paresse et dont Lafargue fait un droit, a été pris dans le sens péjoratif de "dégoût de toute activité". C'est à n'y pas douter une manœuvre pour discréditer toute critique de l'exploitation par le salariat. Pourtant Lafargue n'a pas réellement fait recette avec son "droit à la paresse". Le poids des mots est parfois cruel. La Novlang s'étend rudement perfectionnée depuis, il est bon d'être attentif à la langue du 19ème siècle afin de ne pas refaire les mêmes erreurs dans le choix de nos mots, slogans, concepts, métaphores et autres véhicules de la pensée….      

              

La Monnaie, ce qu'on ignore, Denis La Plume

Libranova, 2018, 211 pages

La-plume.jpegDenis Laplume est l'auteur de plusieurs livres sur la monnaie, tous publiés en auto-édition et en version numérique, interdits de reproduction (PDF 2,99€ sur les librairies en ligne). Il semblerait que ce nom soit un pseudonyme qui cache un auteur français discret. Il publie un blog accessible sur https://blog.denislaplume.fr/, mais sans adresse de contact.

4ème de couverture: Notre vie dépend de la monnaie. Elle peut conduire des familles entières à être mises à la rue. Et pourtant, les gens ne savent pas comment fonctionne la monnaie, à part utiliser des espèces ou leur carte bleue. Le reste du système est un grand mystère.
       Il y a beaucoup de livres sur la monnaie. Mais ils se concentrent tous sur un point particulier comme l'histoire de la monnaie, un système monétaire spécifique, les crypto-monnaies, les économies des états, ou alors sont trop académiques. Ce livre comble cette lacune, en résumant le fonctionnement de la monnaie de manière accessible à tous.
      Le bitcoin, la blockchain et les crypto-monnaies  remplaceront très probablement les pièces et les billets de notre vivant, puisque de nombreux pays commencent déjà à développer leurs propres crypto-monnaies nationales. Ce livre aide également le lecteur à se forger sa propre opinion sur de nombreux sujets, comme les crypto-monnaies, l'inflation et la déflation, les traités de libre-échange et les institutions internationales….

            Cette présentation laisse planer un doute quant à la proposition qui en découle: l'auteur annonce qu'une solution existe pour résoudre les problèmes liés à l'argent. Or, ces problèmes datent de plus de 3 000 ans et perdurent avec une étonnante pérennité, ce qui semble donner raison aux postmonétaires: la seule solution réaliste est de sortir du système marchand pour ne plus avoir besoin de cette monnaie mortifère. Denis La Plume est-il déjà postmonétaire ou a-t-il trouvé une énième solution pour éviter l'abolition pure et simple?...
      Je lève de suite le suspens : Denis La plume pense que nous serions tous sauvés si une "monnaie juste" était adoptée, les seules qui soient justes étant bien sûr les cryptomonnaies. Il peut être intéressant pour les Postmonétaires de bien comprendre comment on peut en arriver à cette conclusion, pourquoi il est si difficile de comprendre qu'une "monnaie juste" est un oxymore!...

p.6:  …En fouinant, on va généralement de surprise en surprise, et on s'aperçoit que le système existant ressemble à un colosse aux pieds d'argile, alors même qu'il y a de multiples autres manières de gérer l'économie et la monnaie, et que des alternatives sont possibles…
p.7: …Ce n'est que grâce à une réappropriation du concept même de la monnaie par l'ensemble du peuple que l'on pourra construire un monde meilleur pour tous… La réappropriation de la monnaie  est le grand mythe qui permet de rester dans le système monétaire que par ailleurs on dénonce, de se dire anti-capitaliste quand on aspire à un "alter-capitalisme", à un capitalisme privé ou d'État, juste tronqué de quelques réformes. C'est justement ce que cherchent à éviter les postmonétaires: «Quand on veut quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut faire quelque chose qui n'a jamais été faite…». C'est ce que disait déjà le stratège grec Périclès, au 4ème siècle av. J.-C., en pleine guerre entre aristocrates et démocrates… 
pp.8-19: Historique: C'est important de se replonger dans l'histoire pour comprendre la genèse de la monnaie, les problèmes qu'ont eus nos ancêtres et comment ils les ont résolus… On ne peut qu'être d'accord avec Denis Laplume sur l'importance de l'Histoire pour comprendre aujourd'hui, sauf que nos ancêtres, Aristote, Aristophane ou Thucydide n'ont rien résolu, malgré leurs beaux constats. La monnaie a toujours permis les pires dérives et contredit toutes les belles intentions morales… Il faut noter aussi que l'idée de donner une valeur aux objets d'échange, de la matérialiser avec des coquillages, des bouts de métal ou de simples écritures, est bien antérieure aux plus anciennes pièces de monnaies retrouvées. L'origine de la monnaie est certainement parallèle à l'invention de l'écriture. Nous n'avons donc quasiment pas de textes assez anciens pour nous expliquer comment cette "convention sociale" s'est inventée. Les historiens sont réduits à des hypothèses qui, aussi géniales soient-elles, ne garantit rien quant à leur validité. Il est donc bon de rester prudent et d'éviter les affirmations péremptoires du genre "le troc a précédé la monnaie!" L'argent peut avoir été induit par la constitution de formes étatiques, par l'augmentation des agglomérations d'humains en un même lieu, par la religion et l'accumulation des dons et offrandes aux Dieux, etc. Il est même probable que plusieurs causes différentes ont pu produire les mêmes effets, par une sorte de logique incontrôlable…
p.13: …À l'inverse des Égyptiens, la plupart des civilisations, et même jusqu'au siècle dernier, se sont tournées vers des ressources rares : l'or et les métaux précieux qu'ils avaient à leur disposition comme le bronze, le cuivre, l'argent, etc. Ils avaient déjà résolu ce qu'ils percevaient comme un problème : celui de la conservation. L'autre facteur est aussi que ces pièces de monnaie servaient à payer les armées, souvent loin de leur patrie, et il fallait trouver quelque chose de compact et transportable pour payer les soldats… C'est là typiquement le genre de déclaration que nul ne peut vérifier mais qui paraît plausible ou en tous les cas logique… Mais d'autres textes et d'autres civilisations ont eu des armées, les ont déplacées parfois très loin, sans user pour autant d'une quelconque monnaie.
p.16: Le faux-monnayage, cauchemar des pouvoirs depuis l'apparition des pièces de monnaies. L'auteur décrit parfaitement les mille et une manières de tricher ou de fabriquer des fausses pièces, les supplices pour le moins dissuasifs appliqués aux faux-monnayeurs et la permanence, encore aujourd'hui de ces pratiques frauduleuses. En somme, s'il y a de l'argent, il y a des faussaires et des gendarmes spécialisés dans leurs poursuites, même au 21ème siècle! Cela fait partie des problèmes insolubles à moins de se passer de l'argent! Si les faux-monneyeurs ne sont plus ébouillantés vivants comme au Moyen âge, les banquiers n'en sont pas moins des faussaires par la création d'argent-dette,  certes couverts par la loi, mais  tout autant décriés quand arrive une crise de liquidité par leur faute!
pp.19-20: En Europe, les « lettres de change » se développent et sont standardisées. C'est une première forme de « monnaie d'échange » par des reconnaissances de dettes…. En somme, entre les tablettes d'argile du royaume sumérien et nos chèques, il n'y a guère de différence. Les problèmes d'argent, comme les solutions, prennent des formes différentes mais fondamentalement, rien ne change… Entre le "bâton de compte" utilisé à Sparte pour comptabiliser les dettes (d'où l'expression "faire un chèque en bois")  et les cryptomonnaies, le principe reste le même…
pp.21-34: La monnaie contemporaine: Banques centrales, déflation-inflation, BRI, monnaies-dettes, opacité, centralité…, ce qui fait dire à l'auteur:  …On peut même se demander l'utilité d'avoir un intérêt sur de la monnaie qui peut être créée à partir de rien, mais je suis mauvaise langue… Non, Camarade Denis, tu n'es pas mauvaise langue, ou alors, elle n'est pas assez corrosive… C'est même pour les mêmes raisons que nous soutenons l'idée que parler d'une "banque éthique et solidaire" relève de l'oxymore, comme "argent sale" relève du pléonasme!!!
pp. 34-46: La spéculation: La spéculation s'étend à toute la sphère économique : tout bien, tout service, toute entreprise, et même maintenant tout humain, est sujet à spéculation… L'idée d'une spéculation qui "s'étend à toute la sphère", cache le fait que la spéculation est inhérente au système monétaire. Dès qu'il y a la moindre pièce de monnaie en circulation, il y a des possibilités de spéculation (action consistant à réaliser un bénéfice, un profit). Dès que je sorts un euro de ma poche dans un quelconque commerce, c'est toujours avec l'idée que je fais une "bonne affaire", que le marchand y gagne le moins possible, etc. S'il y a des formes de spéculation qui "s'étendent" c'est simplement que l'objet de la spéculation est nouveau, mais pas la spéculation elle-même. Au 4ème siècle avant J.-C., on trouve des textes expliquant des fraudes à l'assurance sur des navires marchands, avant même qu'il y ait des assureurs professionnels. Étonnant, non?... Mais si les gens comprenaient qu'il y a toujours spéculation quand y a argent, ils cesseraient de croire que c'est un outil neutre et s'en méfieraient… Ce n'est pas non plus que tout le système soit fondé sur la confiance (confiance dans la validité de la pièce, dans son poids, dans sa valeur affichée, confiance dans tout contrat d'échange signé, dans tout grand argentier censé gérer les fonds en "bon père de famille". Un miroir aux alouettes tellement parfait qu'il dure depuis plus de deux millénaires!                                
p.34: Au sujet des "délits d'initiés": Comment espérer que les initiés ayant accès à des informations financières importantes n'en profitent pas? C'est demander au voleur de devenir honnête, à l'escroc d'avoir de l'empathie pour ses victimes. Comment alors ne pas se demander si le législateur qui punit l'initié au lieu d'interdire le "secret des affaires" n'est pas quelque peu pervers!...
p.35: Aujourd'hui, en fonction des estimations, c'est de 75 à 85 % des transactions qui sont faites par des algorithmes informatiques à la Bourse de New-York…. Sachant que ces informations sont transmises par milliards à chaque microseconde, que très peu sont maîtres des algorithmes, nous avons accepté de mettre nos vies entre les mains d'apprentis sorciers tout en accordant notre confiance au système. Cela relève d'un comportement infantile, encore que très vite l'enfant apprend à s'opposer aux parents (étape du NON), puis à s'en méfier (période du test), ce que l'acteur économique adulte ne semble pas capable de faire!
p.37: Un autre symbole du « marché », c'est le milliardaire George Soros, connu comme « l'homme qui a cassé la Banque d'Angleterre »… Ce qui est étonnant, c'est que Soros n'ait jamais été inquiété alors qu'il a tenté à trois reprises de réitérer son opération dans trois autres pays différents, qu'il en parle ouvertement dans des interviews et s'en amuse beaucoup, comme d'une simple farce "pour de rire". Les millions de gens affectés par ses "bons coups" continueront à croire au "mérite" des milliardaires…
p.38: Les "dark pool", les plateformes spéculatives parallèles au marché officiel qui se multiplient partout de façon inquiétante. Ces « marchés noirs » ajoutent de l'opacité dans un système déjà bien mal en point… Les tentatives de régulation, pour la BCE et la Commission européenne par exemple,  « c'est une tentative que même Hercule dans ses bons jours n'oserait entreprendre ». L'économie moderne n'est pas très différente de celle des Athéniens de l'Antiquité, à part que la technologie a permis d'en multiplier les méfaits à l'infini. Ce que nous explique Denis La Plume dans ce chapitre, mais sans le préciser clairement pour l'instant, c'est que l'économie est un bateau ivre, d'abord petite trière grec ou romaine devenue supertanker. En cas de naufrage, les dégâts sont proportionnels. En outre, on comprend bien que le passage de la trière au supertanker n'est sans limite. Jusqu'à quand le bateau capitalisme peut-il croitre sans tomber dans l'absurde. La vraie et seule question est de savoir si nous n'en sommes pas là, ce qui donnerait raison aux collapsologues qui nous parlent d'effondrement global imminent. On peut alors imaginer ce que donnerait un effondrement mondial de la finance sans alternative qui ait été encore pensée…

p.50: Chapitre sur le QE (Assouplissement quantitatif). Cette pratique est dite "non-conventionnelle" et en effet, elle aurait parue tout à fait incongrue à n'importe quel économiste du siècle passé. C'est ce qui a entraîné les "taux d'intérêts négatifs", autre excentricité qui aurait fait rire tout banquier il y a vingt ans… Denis La Plume admet que  "si demain l'économie se relançait par miracle, on assisterait à une inflation massive". Le fait étant mondial, qui pourrait relancer la machine, éviter que cela tourne à l'hyperinflation? 
p. 59: Chapitre sur le franc CFA: Nos politiciens, eux, le connaissent parfaitement, mais n'en parlent quasiment jamais, ou tellement rapidement que personne ne se pose vraiment de questionsPrécisons pour celui qui pense que la colonisation, c'est du passé, que « CFA » signifie à l'origine, on s'accroche bien, « Colonies Françaises d'Afrique »… Le franc de la Communauté Financière Africaine,  c'est le piège colonialiste génial qui nous permet d'exploiter les 15 pays africains qui y sont soumis en donnant l'impression qu'on les aide! En ce moment, les médias s'étonnent que ces pays aient tendance à nous chasser de leurs territoires…Peut-être ces pays commencent-ils à comprendre que les seuls à en profiter en Afrique sont les chefs d'État et les gros entrepreneurs mis en place ou agréés par le colonisateur, et protégés comme le fait toute mafia…
p. 64: Les services publics: …oui, un service public « perd de l'argent », c'est normal, il est financé par les impôts !... la dégradation de ce service public a un impact non négligeable sur les catégories de population déjà en difficulté… Denis La Plume enfile dans ce chapitre des concepts qu'ils qualifie à juste titre d'ineptes.  Il aurait été bon qu'il explique que ce ne sont que des habillages de luxe pour les peuples incapablent de les comprendre tant l'habillage est habile. Plus le voleur est prédateur, plus il chante l'air de la maison…

          Suivent des chapitres sur le problème des intérêts (p.66), la fuite des capitaux (p.69), le travail vs. Dividendes (p.73), la théorie du ruissellement (p.74) qui analyse très sérieusement les mécanismes et les intentions qui se cachent derrière, mais pour l'instant n'en tire pas la conclusion qui s'impose: il n'y a pas d'alternative à l'intérieur du système et la seule issue est d'en sortir. L'auteur se contente d'explique que l'État se comporte comme une vulgaire entreprise, que l'évasion fiscale est un fléau, que la dérégulation du marché accroit mes inégalités et le chômage… On s'en doutait un peu!
p. 115-  Les monnaies alternatives : les monnaies fondantes (p.115), Le WIR suisse (p.117), les SEL et les monnaies locales (p.118), le Jardin d'Échange Universel JEU (p.121), le Sardex et le CES (p.122), les monnaies de jeux (p.123),  M-Pesa (p.124), Se passer de monnaie? (p. 125)  Chacune de ses alternatives a son intérêt, son originalité et les variantes sont multiples. Néanmoins, si l'une ou l'autre avait prouvé une quelconque alternative possible au capitalisme, cela se saurait et, vu la demande, elle aurait fait florès et se serait vite répandue à travers le monde. Le capitalisme s'en soucie autant que de sa première liasse de billets et récupère les bénéfices en assignant des dépôts en euro équivalent à la masse monétaire locale en circulation (loi du 31 juillet 2014).  Il transforme ainsi les comptables de ces monnaies en "agents de change"… Tant que la concurrence "libre et non faussée" est respectée, l'État ne dit rien. En revanche, si ces monnaies alternatives ont si souvent une courte espérance de vie, c'est qu'elles reproduisent à l'identique certaines tares de la monnaie classique: elle se condense et donc accentue les inégalités, elle ouvre la porte aux spéculateurs jamais en panne d'idées innovantes, elle crée des monopoles parmi les acteurs du réseau, etc. Le seul réel avantage, c'est qu'elles confrontent les usagers aux rouages de l'économie. Ce n'est pas rien sur la forme,  mais ne change rien sur le fond… En revanche la question enfin posée "se passer de monnaie?" me met l'eau à la bouche!
p.125: La Plume cite d'entrée les théories qui pensent pouvoir fonctionner par "l'économie du don" comme Jean-François Noubel. Mais il ajoute de suite: il me semble que la société dans son ensemble nécessiterait de profonds changements avant de parvenir à implanter des solutions à base du don… L'une des principale critique que l'on peut faire c'est que ces théories partent du principe de l'abondance des ressources alors que la terre est finie et la population en augmentation constante. D'autre part, toutes les expériences ont été tentées sur des groupes de taille très restreinte… On ne trouve aucun exemple qui soit passé à l'échelle supérieure. Visiblement Denis La Plume n'a rien lu des écrits postmonétaires pourtant nombreux. Cela se soigne, il faudra peut être lui fournir quelques liens….
pp.127-162  : Bitcoin et blockchain: les enjeux (p.127), la création du bitcoin (p.129), le réseau pair à pair (p.130), la blockchain (p.131), les "forks", la démocratie et la blockchain (p. 135), les adresses et transactions (p.137), le minage de bitcoins (p.139), Les avantages du bitcoins  (p.139). Les crypto-monnaies dans la pratique: La création monétaire (p.142), qui possède des bitxoins? (p.144), Bitcoins et la montée en charge (p.146), autres problèmes techniques (p. 149), les problèmes sociaux (p.151),  les "altcoins" (p.154), Litecoin et le Nxt (p.156 ), le Nem et le Ripple (p.154), le Dash et Monero (p.155) , Ethereum (p.159), Iota (p. 160), AuroraCoin et Siacoin (p.161)
     
Le fonctionnement des cryptomonnaies est parfaitement décrit mais on peine à trouver une originalité par rapport aux monnaies nationales. Le capitalisme, après s'être méfier de cette concurrence, l'a parfaitement intégrée. Les banques utiliseront tôt ou tard les cryptomonnaies qui présentent quasiment les mêmes avantages pratiques et les mêmes dérives possibles.   
p.167: Qu'est-ce que la valeur?   …la monnaie ne sert pas à "mesurer" des valeurs d'objets…  lesquels n'ont pas de valeur intrinsèque quand il s'agit de qualité… La TRM réfute toute valeur absolue dans le temps et dans l'espace…Un objet n'a de valeur que par rapport à un autre, à un moment donné et un lieu particulier…

p.169: Valeur, rémunération, travail :  C'est là que cela se gâte!... Aucune crypto-monnaie échappe aux règles et usage des monnaies classiques, avec en plus une compréhension plus qu'approximative des grandes catégories du capitalisme bien définie par tous les économistes de droite comme de gauche. Mais ce qui m'a semblé le plus significatif, c'est le côté dogmatique, voire religieux de l'économie qui s'observe aussi bien dans l'économie classique que dans les cryptomonaies. Les dogmes qui les fondent relèvent plus de la croyance, du fétichisme, que de la raison. Il suffit de poster une critique polie et prudente de ces monnaies sur un réseau social pour aussitôt être inondé d'invectives, d'insultes, de propos aussi haineux que ce que l'on reçoit avec les islamistes radicaux à la moindre critique. La monnaie classique fonctionne comme une religion, le bitcoin comme une secte (usage du blasphème compris) !.... 
   On peut lire cette étonnante phrase de La Plume: Le seul moyen d'enlever l'économie (donc l'argent), c'est de supprimer l'homme. (sic) Le raisonnement est fou: une économie a-monétaire est possible et la preuve c'est que des peuples entiers (et pas seulement des toutes petites tribus comme le dit l'auteur) ont vécu des siècles avec une économie de leurs ressources, de la gestion des travaux communs, etc.  Les Inuits ont une culture et une organisation sociale très sophistiquées et sans argent qu'ils ont malheureusement perdues en partie avec l'arrivée des explorateurs fin 19° siècle. Les Jarawas des îles andaman,  eux aussi sans argent, ont résisté à l'invasion des investisseurs Indiens jusquà la deuxième moitié du 20° siècle. Les femmes sont en effet créatrices de richesses en produisant des enfants, en les élevant, les éduquant, sans compter toutes les tâches dites ménagères qui continuent à leur être assignées comme si c'était "dans leur nature", et sans qu'aucune rémunération, ni financière ni honorifique, n'y soit liée. Les logiciels libres ne sont produits que par passion et sens du service. Le Web, générateur de milliards sonnants et trébuchants a été offert à l'humanité par son créateur, qui se contentait de sa paye d'enseignant. Pourquoi ces exemples ne seraient-ils pas autant de preuves que le travail n'est pas nécessairement lié au salaire, qu'il n'y a pas besoin d'économie marchande pour innover, inventer, créer, fabriquer?         

p. 177: Les quatre libertés économiques: Libre choix de son système monétaire. Je ne sais pas d'où l'auteur tire cette idée, à moins de considérer que nous sommes tous faux-monnayeurs, ou chacun capable de créer sa propre monnaie à partir des feuilles d'arbres…
p.180-193: La monnaie libre : L'humain comme référentiel; le dividende universel; croissance de la masse monétaire en absolu; stabilité de la masse monétaire en relatif; attraction de la moyenne; une monnaie communiste? Monnaie libre et revenu de base....  Sous ses aspects innovants et révolutionnaires, nous savons tous que ces types de moralisations de la monnaie et de l'échange ont été tentés à moult reprises sur les cinq continents, dans toutes les cultures et sous toutes les configurations politiques. Cela n'enlève absolument rien aux tares classiques et structurelles de toute monnaie qui sont la condensation mécanique de la masse monétaire entre des mains de moins en moins nombreuses, la nécessité d'une rotation monétaire de plus en plus rapide, la concurrence sans fin entre les créateurs de richesses qui contraint à la guerre économique généralisé, à l'extractivisme, au productivisme. 
pp.194: Implémentation d'une monnaie libreDiniter, la Ğ1; la toile de confiance; la crainte: l'épargne; les multinationales; la discrimination; autres critiques; et après?...
      La conclusion de tout cela, c'est que la seule solution n'est de se réapproprier la monnaie, pas demain, mais dès aujourd'hui ! Nous n'éviterons pas l'effondrement global vers lequel le système monétaire nous entraîne, mais en revanche en abolissant l'argent, la valeur, l'échange marchand, le salariat..., il est possible d'éviter que notre unique planète devienne inhabitable et que l'exctinction de masse ne concerne pas l'humanité.  
     Pour ceux qui aurait des doutes quant à ma vision des crypto-monnaies, il est bon de visionner l'interview de Nastasia Hadjadji (journaliste française autrice du livre "No Crypto")  par Salomé Saké. Voir   Si Blast a décidé de donner la parole à une journaliste critique des crypto-monnaies, c'est parce que sur YouTube et Internet de manière générale, le simple fait de rappeler le réel, par exemple que 73 à 81% des investisseurs particuliers y ont perdu de l'argent (statistiques réalisées par une équipe de la BRI) soulève d'interminables polémiques, bien au-delà des insultes que l'on reçoit à la moindre critique de l'islamisme…
    Analyser l'argumentaire des cryptomonnaies est indispensable pour tout postmonétaire puisqu'il ne pourra éviter, tôt ou tard, d'être interpelé par des "adeptes" acharnés et vindicatifs…