Pour comprendre vraiment tout ce qui cloche dans le système, (sous-titre)
Editions Payot, déc. 2023
4ème de converture: Avec pédagogie et humour, en s'appuyant sur des infographies éclairantes, Gilles Mitteau nous explique tout d'un système omniprésent dans nos vies. Une lecture intéressante pour interroger les règles que le système capitaliste a érigées en lois immuables et qu'il est urgent de remettre en cause aujourd'hui.
Après avoir été trader à Wall Street, il est devenu vulgarisateur afin de combattre les préjugés sur l'économie et la finance. Il a créé en 2015 la chaine Youtube Heu?reka qui rassemble plus de 400 000 abonnés. Depuis peu, il a été engagé dans l'équipe du média indépendant Blast pour animer la chronique économique.
Commentaires: Gilles Mitteau a produit là un condensé des principaux aspects du système économique actuel qu'il explique et commente. Sa formation universitaire et sa pratique professionnelle a-t-elle influencé durablement cet ancien tradeur ou son engagement du côté des économistes hétérodoxes nous apportera-t-il une critique du système pouvant nous intéresser? Sa nouvelle participation au média Blast permettra-t-elle de soutenir nos idées postmonétaires ou y fera obstacles? C'est dans cette optique que j'ai analysé cet essai...
Les critiques de l'économie capitaliste: (selon l'auteur)
p.9: L'économiste qui s'intéresse à la maximisation de la richesse créée par son pays plutôt qu'à sa répartition est déjà dans une démarche politique en ce qu'il préjuge de la priorité à apporter à un critère plutôt qu'à un autre. Le déni de cette priorité constitue la grande arnaque du système capitaliste actuellement uniformément admis sur le globe.
p.11: Il n'existe pas des lois économiques naturelles aussi inviolables que celles de la physique, contre lesquelles il est impossible d'aller. On est donc en droit de se demander où sont les véritables contraintes du système, ce qui est très généralement contesté.
p.19: Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…
Les lois incontournables (selon l'auteur)
p.14: Les déficits (dépenses dépassant les revenus) des uns sont les bénéfices (revenus dépassant les dépenses) des autres.
p.19: La création monétaire: Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…
p.20: La monnaie est le sang de l'économie. Si le nombre des humains augmente, il doit y avoir de la croissance et donc plus de monnaie en circulation. Comment cette monnaie est injectée?
p.23: Les théories de la monnaie: Trois modèles différents:
p.24: La théorie des intermédiaires: Le schéma de l'économie est celui d'un circuit: Revenus=>dépenses + dépôts bancaires (épargne) => l'épargne est utilisée par des intermédiaires financiers (banques et fonds d'investissement => les intermédiaires financiers investissent l'épargne (dépenses). La banque de dépôt collecte les dépôts des agents économiques et gèrent leurs économies des uns en investissant dans les entreprises des autres (sous forme de prêts).
Le problème de cette théorie simpliste, c'est qu'elle n'explique pas les crises financières. Tout au moins elle ne peut les concevoir que comme de simples "coups de malchance". Elle n'explique pas plus la création monétaire.
p.27: La théorie des réserves fractionaires: La monnaie est en partie physique (billets, pièces) mais surtout informatique (en zone euro, 85% de la monnaie n'est rien d'autre qu'une suite de lignes de code dans des ordinateurs, via les chèques, les CB, les smartphones). La banque de France, comme toutes les banques centrales de la Zone euro sont sous l'autorité de la BCE.
Les Banques centrales contrôlent la quantité de monnaie présente sur le marché. Elles fixent aussi la réserve de monnaie que les banques de dépôts doivent garder selon un certain pourcentage des dépôts. Mais cette théorie dit aussi que les banques de dépôts possèdent leur propre "planche à billets". Cela veut dire qu'elles ont le droit de créer de la monnaie mais pas sous forme de billets imprimés. Exemple: La BC imprime 100€. Un agent économique A récupère ces 100€ (un fonctionnaire par exemple). Il dépose ces 100€ à sa banque (1), laquelle met de côté 1% de la somme comme réserve, soit 1€. La banque (1) prête ces 99€ à un autre agent B, lequel dépense ces 99€ dans le magasin de l'agent C. L'agent C dépose ses 99€ dans une autre banque (2) qui constitue ses réserves de 1% des 99€, soit 0,99€ et peut ainsi prêter à un autre agent D les 98,01€ restants. Les agents A et C sont tous deux persuadés d'avoir à la banque et respectivement leur 100€ pour A et 99 pour C. Le pouvoir d'achat de A et C est de 199€ alors qu'il n'y eu que 100€ mis en circulation au départ.
Ce tour de passe-passe des banques de dépôt ne fonctionne qu'en vertu de la différence entre la monnaie (100€) et la promesse de mise à disposition (99€, puis 98,01, etc.). L'argent du banquier c'est essentiellement un tas de promesses qu'il affirme pouvoir vous donner quand vous lui demandez de l'argent mais qu'il na pas. Si vous avez un billet, vous pouvez le dépenser quand et où vous voulez. Si vous avez une promesse du banquier, vous n'avez pas la garantie qu'il l'ait encore s'il n'a pas assez de réserve. Les montants inscrits sur les comptes des clients A, B, C, D, E, F, G... totalisent les promesses (100+99+98.01+97,03….= environ 10 000€, pour 100 euro de vraie monnaie émise par la BCE. Les banques ont multiplié la monnaie, la dépense globale des agents économique est de 10 000-100= 9 900€! Les dépenses sont les revenus des autres.
Le tour de passe-passe correspond en fait au flux de monnaie, les 100 euros de départ au stock. La seule limite, c'est le taux de la réserve (1% dans l'exemple). Tant que le 1% ne tombe pas à zéro, on peut prédire la multiplication de la monnaie. Plus le taux est élevé, plus la circulation de la monnaie est entravée, moins l'effet multiplicateur est important.
Cette théorie est confortable car conservatrice. Cela permet de modéliser un marché de la monnaie qui s'autorégule en fonction de l'offre et de la demande.
Le mythe de l'offre et de la demande: Les offreurs veulent faire monter les prix de la production mais étant en compétition avec les autres, ils se limitent. Les demandeurs doivent se rendre sur le marché pour négocier au plus bas, mais ils sont en compétition avec les autres demandeurs qui peuvent faire monter les prix (s'il n'y a pas plus de stock que de clients). Le marché est censé établir naturellement le "juste prix" grâce à ces intérêts divergents. Si tant est que le juste prix s'établisse rapidement et durablement, ce qui n'arrive jamais. En effet, le compromis idéal est un mythe et les prix fluctuent en permanence…
Il est légitime de remettre en cause ce mythe du marché autorégulateur pourtant défendu par les privilégies de tous les pays, quelques soient les configurations politiques (communiste, capitaliste, socialiste…), les cultures (religieuses et morales), les époques (antiquité, Moyen-âge, moderne, contemporaines, les régions (Orient, Occident, Afrique…). Les rapports de force sont toujours inégalitaires: entre un patron de multinationale et l'ouvrier à la chaîne, entre un ouvrier français et un ouvrier pakistanais, entre un riche et un pauvre, entre le rusé et le naïf…toute marchandise (objet, nourriture, salaire…) fluctue selon le bon vouloir du plus puissant. C'est la guerre économique qu'aucune régulation n'a jamais réussi à adoucir. Même les régimes centralisés, dictatoriaux, prolétariens n'y ont pas échappé. On ne peut en conclure qu'une chose, l'argent limite la justice, empêche toute fraternité, entrave la liberté…
p.39: La théorie de la création monétaire ex nihilo: En plus des banques centrales, il y aurait autant de planches à billet que de banque de dépôt. Le seul moyen de faire en sorte que la banque tienne sa promesse inscrite sur votre compte, c'est de vous rendre au distributeur de billet et de retirer l'argent inscrit sur votre relevé de compte. La banque est alors obligée de supprimer la promesse qu'elle vous a faite et de sortir de la banque la liasse de billets correspondante. Si vous avez besoin de récupérer une dette d'un quidam qui est dans une autre banque, c'est cette deuxième banque qui vous paiera. Si cette deuxième banque est en faillite, vous perdez votre argent. Les banques ne se font pas de promesses entre elles. C'est alors l'État (via la banque centrale) qui, jusqu'à 100 000€, est tenu de vous rembourser quand votre banque fait faillite.
Il y a donc deux types de monnaie: les promesses (la monnaie dite scripturale) et la monnaie centrale (les billets). Chaque jour, le flux des promesses entrantes et sortantes est impossible à prévoir. Si les sorties dépassent les entrées, la banque centrale est contrainte de renflouer la banque déficitaire pour éviter la faillite de la banque, et par jeu de domino, les banques voisines avec qui elle collabore. Un refus de la Banque centrale mettrait en péril à la fois la bonne circulation de la monnaie scripturale (et donc l'économie globale) et la bonne santé de toutes les banques de dépôts. La monnaie n'est donc pas une denrée rare. Et pourtant, on entend régulièrement l'argument de "la monnaie qui ne pousse pas sur les arbres"…, "il n'y a pas d'argent magique"… Or, les banques centrales peuvent en injecter quand elles veulent (voir le quantitative easing). C'est donc un mensonge politique, mais un mensonge répété très souvent devient une vérité évidente pour tous…
p.57: La sacro-sainte question de la dette: Le paiement des intérêts d'un prêt ne correspond pas à un remboursement mais à la rémunération d'un service fourni par le banquier. Comme les intérêts ne sont pas des remboursements, ils ne peuvent être détruits comme la dette. Ils sont les revenus du banquier.
Ne pas confondre flux et stock (erreur fréquente, y compris chez certains économistes).
Ne pas mélanger toutes les formes de faillites : c'est soit un manque de liquidité (plus assez d'argent pour payer les factures en fin de mois), ce qui est une faillite technique, soit vous êtes insolvable (la valeur de vos actifs est plus faible que celle de vos dettes), ce qui est une faillite comptable. L'entreprise est mise sous tutelle et une instance judiciaire vend les biens de l'entreprise pour rembourser la dette. Game over!
Un État ne peut faire faillite car la valeur des actifs de l'État est considérée comme non mesurable, non pertinente ou même infinie… Un État couvert de dette ne peut être mis en vente! Quelle est la valeur de ses habitants, de ses lois, des traités signés avec d'autres pays. L'analyse comptable est une démarche marchande qui ne s'applique que dans le cas d'une propriété privée.
C'est le même problème que pour la nature dont on ne peut donner un prix. Nous sommes dans un système marchand, inventé et fait par les marchands qui ne savent tenir compte que de ce qui se mesure en euros. Notre environnement n'a pas de valeur financière. C'est ce qui permet de puiser du pétrole, des métaux, de l'eau sans débourser le moindre centime. Le prix du marteau, de l'essence, de la bouteille d'eau après la prédation, ne représentent que les frais d'exploitation. D’où la crise environnemental, la destruction du vivant, des sols, des océans….
p.77: Bank run: Par peur d'une faillite de leur banque, une grande quantité de clients retirent leur argent. Il y a donc un problème de liquidité et la banque ne peut compenser l'hémorragie que via les marchés financiers, l'État ou la Banque centrale. Les grandes entreprises étant aussitôt impactée, l'État peut difficilement accepter la faillite d'une banque et la sauve par l'argent des contribuables.
p.81: Conclusion sur la monnaie: Le moteur économique a besoin de carburant (argent) pour avancer et ce sont principalement les banques de dépôts qui le créent. Ce système de promesses centrales qui forment la tuyauterie reliant les banques de dépôts entre elles, correspond au système de graissage du moteur économique. Il ne s'agit pas de faire accélérer le moteur (c'est la fonction du carburant) mais de faire en sorte que les rouages soient suffisamment huilés pour ne pas casser. Les crises économiques qui apparaissent périodiquement sont l'expression du "grippage" du système. Mais il est évident que c'est un problème structurel (la conception du moteur) et en rien un problème conjoncturel (pénurie de matières première, déstabilisation d'une zone économique, pandémie, etc.)
La Banque centrale est également connectée au circuit qui apporte le carburant à l'économie. Elle peut décider de financer des prêts pour les agents économiques (sauf les banques de dépôt) ou injecter de la monnaie (Quantitative easing). En somme, il y a deux tuyauteries, une pour l'huile (les prêts) et une pour le carburant (l'argent). Ces règles sont toujours politiques, donc arbitraires: elles peuvent être faites, défaites ou modifiées en fonction de l'objectif politique. Donc par la voix du peuple souverain si on est en démocratie. Or, ce genre de décision n'est jamais laissé entre les mains du peuple. Comme l'avait voulu l'abbé Seiyès en 1789 ou la Convention de Philadelphie en 1787, la Démocratie à laquelle tout Politique se réfère n'est qu'un leurre…
Le concept de "monnaie" doit être rattaché au concept de richesse. La monnaie n'existe que pour permettre les échanges de richesse et les investissements pour les produire. De ce fait la capacité monétaire de financement de projet d'un pays est théoriquement illimitée. La limite n'est jamais le manque de monnaie mais les règles que l'on s'est imposée… Les règles étant faites généralement par les détenteurs de la richesse, il n'est pas étonnant que les règles soient établies dans l'intérêts des plus riches et non du peuple…
P.89: Tous pour la croissance:
Mister PIB: Le PIB se mesure de trois manières: la somme de la valeur ajoutée (prix de vente- coût), la somme consommée par la population (investissement compris) et la somme des revenus (salaires, dividendes, loyers, etc.). Exemple: un village de 4 habitants:
- S'ils ont acheté du poisson, le PIB est la somme des prix du poisson par exemple 120€ (calcul par la dépense).
- Si le poisson pêché sans frais est vendu par l'entrepreneur de pêche (1) 40€ à l'entreprise 2, il y a une Plus-value de 40€. Vendu à l'habitant 3 à 80€, il y a de nouveau une plus-value de 40€. Au troisème échange, il y a total de plus value de 120€.
- S'il y a distribution de salaires et de dividendes par les entreprises, on arrive au même résultat de 120€ de PIB.
Dans la réalité, c'est aussi une création d'inégalité via les salaires et les dividendes, lesquels sont régulés par des rapports de force (une lutte des classes. Ce qui fait dire à Warren Buffet: "Il y a bien une guerre des classes, c'est vrai, mais c'est la classe à laquelle j'appartiens, celle des riches, qui est en train de la mener et de la gagner." Les revenus sont inévitablement divers selon qu'ils sont issus de la propriété d'un bien et d'une somme d'argent ou du travail matérialisé par le salaire. Ce calcul purement comptable du PIB vient masquer le fait que le PIB de 120€ (somme des revenus, somme des dépenses ou somme des richesses produites) ne corresponde pas aux situations individuelles: les dépenses des uns (des pauvres) font la richesse des autres (les riches). Il faut donc que les riches soient peu nombreux et les pauvres très nombreux…(C'est ce qu'explique Louis de Funès dans le film de Gérard Oury "Les aventures de Rabbi Jacob").
p.97: L'État et les richesses: Pour rendre des richesses accessibles à tous, l'État demande à chacun une contribution pour alimenter sa tirelire. Les non salariés doivent produire des services que l'État rémunère par des aides sociales (retraités, chômeurs, handicapés, étudiants, enfants…) les autres payent des taxes et impôts pour permettre l'aide fournie aux premiers. On est donc toujours dans la conditionnalité: Si on veut être éduqué, soigné, avoir des transports, de l'énergie, la sécurité …, il faut une participation en argent ou en activité (au Moyen âge il y avait les journées de corvées, rien n'a vraiment changé).
Deux visions s'opposent: - celle qui consiste à dire que la richesse n'est produite qu'en entreprise (entreprise privée par sa production de valeur ou État (par les impôts et taxes). - celle qui consiste à comprendre les aides sociales comme une participation de l'état à la circulation des richesses. Les principales ressources de l'État sont la TVA (uniquement sur la consommation des particuliers), l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les bénéfices et différentes cotisations. Vis-à-vis de l'État, il s'agit d'une boucle fermée: il récupère d'un côté et reverse de l'autre. Rien ne change pour le PIB. Les dépenses de l'Etat c'est tout ce qui sort du marché (salaires des fonctionnaires, aides sociales, investissements…).
p.103: Import-export: Nota: les importations n'entre pas dans le PIB car l'activité productive vient d'ailleurs. Les exportations à l'inverse entre dans le PIB. L'équilibre entre l'import et l'export, c'est la balance commerciale (excédentaire ou déficitaire). Un pays excédentaire produit plus et donc gagne plus qu'il ne dépense. Un pays déficitaire produit moins et donc gagne moins que ce qu'il dépense. Toutes les dépenses, déficit compris, se financent soit la l'épargne, soit par le crédit bancaire.
La France a une balance commerciale déficitaire, pour avoir désindustrialisé le pays en pratiquant le dumping social (implantation des usines à l'étranger) et en favorisant l'industrie agroalimentaire qui s'approvisionne dans les pays à bas coût social. C'est une politique qui a visé à privilégier le luxe (grands vins par exemple), marques à haute valeur ajoutée (mode, bijoux…) et services.
p.107: Les défauts de Mister PIB: Le marché de l'occasion (maisons anciennes, voitures…), aussi dynamique soit-il ne permet pas l'augmentation du PIB. Le neuf est donc toujours valorisé par rapport à l'ancien qui a déjà alimenté le PIB à sa création. Le PIB mesure le flux de nouvelles richesses créées, mais pas la richesse qui s'est accumulée et la vitesse de l'accumulation. La richesse vient des activités humaines, des matières extraites de la nature, des services. Le PIB se sert pourtant de la nature, du stock de richesses produites par le passé, d'une force de travail qui est créée par les particuliers hors marchés (naissances). Le PIB n=pousse à ne considérer que la valeur d'échange en fonction de la difficulté à produire, de la disponibilité et de la volonté d'achat. La nécessité ou l'utilité n'ont pour Mister PIB aucun intérêt.
Aucune activité économique est possible sans énergie, physique (aliments pour les machines et les corps humains) et humaine (force de travail manuelle et intellectuelle qui se calcule aussi en énergie).
Énergie primaire et secondaire: la primaire c'est celle que l'on récupère dans la nature (bois, charbon, pétrole, eau, etc.) L'électricité et l'hydrogène sont des énergies secondaires car elles sont inutilisables à l'état naturel et demandent à être produites.
Les hommes les plus forts peuvent produire chacun 1 500 watts. Si on imagine qu'ils puissent produire cette énergie 10h par jours durant une semaine cela représenterait 700Wh d'énergie (l'équivalent pour qu'un petit grill pain pendant une heure (de quoi rôtir une soixantaine de tartines). Un champion cycliste ne peut fournir 700 watts pendant plus de quelques secondes. Chaque habitant de la terre possède donc en moyenne l'équivalent de 110 esclaves énergétiques pour l'assister dans son travail et assurer son confort au quotidien (500 esclaves mécaniques en moyenne pour les Français). Pour les biens existant, il faut prévoir des services d'entretien et de maintenance, la fabrication des pièces de rechange. Le capital en matériel se déprécie ce que le PIB devrait actualiser chaque année.
En conclusion, le PIB est un fourre-tout qui n'indique pas grand-chose, même pas si une diminution correspond effectivement à un ralentissement de l'économie ou un véritable appauvrissement. Et c'est pire au niveau de la nature: un baril de pétrole de 90 dollar ne donne pas la valeur du pétrole mais le coût de son extraction. Va-t-on vers une marchandisation de la nature, vers l'intégration des valeurs d'usage et d'échange? Non, et c'est bien ce qui pose le principal obstacle au défi environnemental. La tarification du carbone émis dans l'atmosphère est en cours un peu partout, mais à des prix extrêmement faibles et pose aussi un problème aussi important que celui qu'elle est censé résoudre: si la nature a un prix, il n'y a plus de limite à la prédation. Les brevets déposés sur des molécules découvertes dans la nature ont bien montré qu'il s'agissait plus d'un accaparement juteux de ressources communes et gratuites que d'une protection!... Si les producteurs et salariés alimentent le PIB, il y a aussi les "invisibles du PIB", tous ceux qui œuvrent pour le bien commun bénévolement (18 millions de personnes en France, soit 36% de la population).
Le cynisme absolu du PIB c'est qu'une guerre produit des richesses (fabrication de l'armement, reconstruction des villes bombardées, etc.).
On se sert du PIB pour calculer la richesse moyenne des Français, ce qui est absurde: exemple: 3 groupes de 2 personnes on un revenu moyen de 50€. On peut imaginer 3 cas réels: 50€ + 50 ou 25 + 75 ou 0 + 100€. 3 situations différentes (0€, 2 5,50, 75, 100). Le PIB ne dit rien sur les inégalités sociales, c'est bien commode. Le calcul de l'inflation est tout aussi faussé. Le panier de la ménagère est fait à partir d'une liste de produits choisis arbitrairement. Un smartphone qui double ses capacités ne double pas son prix. On peut donc en déduire une envolée ou une contraction du prix. Trouver la composition exacte du panier de la ménagère est quasi impossible à trouver de façon exacte par un non spécialiste. Ce n'est pas un hasard!
p.128: PIB nominal: Le calcul de la croissance est généralement calculé à partir du PIB nominal c’est-à-dire de l'année. Avec les mêmes chiffres on peut ainsi annoncer une croissance ou une récession de 7,2% ou 4,9% à volonté. Les chiffres ont l'air sérieux mais sont bidons et choisis selon les circonstances: en cas de récession mieux vaut annoncer 4,9% et en cas de croissance 7,2%, toujours avec le même calcul.
p.129: PIB et chômage: Il n'est pas rare que les politiques promettent un emploi à ceux qui n'en trouvent pas, tout en garantissant à ceux qui en ont un qu'ils conserveront leur part du gâteau? C'est tout simplement impossible sans croissance! Quoi que l'on fasse, on ne peut satisfaire tout le monde. Si la croissance est nulle ou "négative" le nouveau pouvoir d'achat des embauchés viendra de la réduction du pouvoir d'achat des autres (système de vases communicants). La promesse d'une hausse du pouvoir d'achat pour tous, c'est juste un mensonge destiné à garantir la paix sociale…
p.131: Un PIB sur des richesses qui n'existent pas: Une norme comptable appelée mark to market prévoit que la valeur du marché est définie par la valeur de la dernière transaction du moment. Exemple, le marché de l'immobilier. Si la valeur des échanges d'immeubles à un instant T a augmenté de 20%, tous les prix des appartements prennent 20% sans que cela corresponde à une valeur ajoutée par des travaux, des aménagements ou plus de demandes que d'offres. C'est donc la porte grande ouverte à la spéculation, les grandes sociétés immobilières ayant les moyens d'augmenter artificiellement la valeur de leur patrimoine, le prix de cette augmentation étant payé par les nouveaux acquéreurs non spéculatifs et par les locataires. Les plus riches seront plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres, c'est là un des multiples exemples de spéculations qui condensent la richesse entre des mains de plus en plus riches et donc de plus en plus rares. Et plus la richesse se condense sur une minorité, plus cette minorité à des capacités spéculative accrues. C'est une courbe exponentielle qui est ainsi créé qui, comme dans le jeu du Monopoly, ne peut aboutir qu'à un seul riche (ou un petit groupe de riches associés et complices) et une masse de perdants. Ce procès est structurel, mécanique et ne peut être régulé sans un changement radical de système...
Petit schéma sur la spéculation: 1. X€ sont injectés dans l'économie (le marché du neuf) et déclenchent l'augmentation du PIB et une nouvelle richesse est créée. 2. Les X€ financent ensuite le marché de l'occasion sans changer la quantité de richesse produite. Cela veut dire que les prix de l'immobilier et des actifs financiers peuvent être totalement déconnectés du moteur économique réel.
A priori, une marchandise devrait se dégrader et perdre de sa valeur en vieillissant. Mais les agents économiques peuvent décider du contraire pour des raisons de manque de place pour du neuf, de villes plus dynamiques que d'autres, etc. Ils affirment qu'une maison est une valeur qui peut grimper en vieillissant.
L'argent peut effectuer plusieurs tours sans jamais atteindre le marché du neuf. C'est ce qui provoque des bulles spéculatives. En effet, les bénéfices du marché de l'occasion, plus faciles que ceux du neuf attirent les épargnants, les financiers, comme des guêpes sur un pot de miel. Les impressions de gains sont démultipliées par cette méthode de valorisation des stocks. Le PIB s'en trouve totalement faussé est une partie de la croissance est purement spéculative.(Illustration de l'auteur)
Conclusion: l'argent n'enrichit que les riches ou, a minima, proportionnellement au capital dont on dispose. Les profits sont d'autant plus grands en pourcentage que le capital de départ est important. C'est comme une augmentation générale des revenus calculée au pourcentage (une augmentation de 1% de tous les revenus, cela représente +1€/mois pour un revenu de 100€ et 100€/mois pour un revenu de 10 000€, alors que l'équité serait d'inverser ce rapport: 100 € au plus pauvre, et 1€ au plus riche…). Mais opérer un tel changement est impossible dans le cadre imposé par le système monétaire et marchand. Le système est fondé sur la création de valeur: à quoi servirait d'utiliser de l'argent, de vendre et d'acheter, en l'absence de profits? Si on interdit l'accès à ce qu'un système a été conçu pour produire, le système n'a plus de sens. Ce serait comme construire une splendide Ferrari et d'interdire la pose de roues à la Ferrari! La voiture ne servirait plus à rien. Sans profit, l'argent ne sert plus à rien. Donc en supprimant l'argent on supprime le profit. C'est le seul moyen de penser et espérer enfin une plus grande équité entre les humains. CQFD!
p.139: Conclusion sur la croissance: Rappelons que la croissance mesure la variation de la valeur des richesses créées dans l'année (valeur ajoutée) par l'ensemble des agents économiques sur un territoire donné. Il faut garder toujours en tête que c'est une notion relative. On est plus ou moins riche que les autres, on se sent plus pauvre si l'écart entre la moyenne des revenus et le nôtre augmente. La pauvreté ressentie est relative à la richesse des autres, comme la température. Passer de 40° en dessous de zéro extérieur à 0° dans un igloo donne une impression de chaleur, 20° au thermomètre semble frais si le vent du Nord se let à souffler…
Tout ce qui échappe au marché n'est pas comptabilisé. Il peut y avoir croissance et récession en même temps.
Les bénéfices spéculatifs des entreprises financières et immobilières expliquent que les traders sont mieux payés que les infirmières et pourquoi le PIB mesure des richesses qui n'existent pas.
Et pourtant, la croissance du PIB reste l'unique objectif de l'économie mondiale!...
p.147: Qu'est-ce qu'une crise économique:
Différence entre décroissance du PIB et chute du niveau de vie: Le PIB mesure l'activité humaine marchande et ne tient pas compte des activités qui augmentent le niveau de vie. Le PIB de l'humanité ne mesure pas les richesses environnementales. Le PIB confond valeur marchande et utilité alors que c'est l'utilité qui prime dans le niveau de vie. Le PIB est une moyenne qui ne dit rien sur les plus riches et les moins riches. La seule chose qui soit sûre, c'est qu'une réduction du PIB provoque toujours la réduction du niveau de vie d'une partie de la population. L'écart de richesse s'accroit quand le PIB décroît.
Or, du point de vue environnemental une décroissance est une bonne chose (moins de pollutions, de gaspillages…). Le seul problème c'est que si toute la population consomme 5% de moins par rapport à l'habitude, les fournisseurs vont perdre bien plus que 5%.
Après tout 5% de baisse de revenus pour les plus riches, pour les grandes entreprises n'est pas un drame, ils peuvent s'en accommoder. Une baisse de 5% pour ceux qui sont au seuil de la pauvreté, c'est l'entrée dans la misère… Quant à la classe moyenne-basse, elle risque de sortir de la dite moyenne… Pour les Décroissants et les Postmonétaires qui crient "vive la crise", il va falloir affuter les arguments pour convaincre les "déclassés" que leurs propositions sont bonnes pour eux…
La crise se déclenche quand un trop grand nombre d'agents économiques, au lieu d'appuyer sur la pédale économique d'accélération des dépenses ou d'accélération de la production, se mettent à faire l'inverse.
C'est peut être "l'arme fatale" que pourrait utiliser les anticapitalistes. Entraîner le maximum de gens à ne plus consommer ou produire met le capitalisme en mauvaise passe. Pourquoi les révolutionnaires de gauche et les écologistes n'en parlent-ils jamais?....
Deux types de crise, celle de l'offre et celle de la demande: La crise de la demande (volontaire ou faute de moyens) touche directement la pédale des dépenses. Les dépenses des uns étant les bénéfices des autres, ceux qui n'ont d'autre préoccupation que de produire feront moins de profits, donc investiront moins et licencieront en masse.
La crise de l'offre touche la pédale de la production. Il ne s'agit pas d'un problème de financement mais d'un problème physique d'absence d'une ressource essentielle au fonctionnement de la machine (les flux). En somme le bon fonctionnement du moteur économique dépend de ses fondements, de ses piliers. Un de ces piliers c'est le travail des agents économiques. S'il y a grèves, boycott, baisse du pouvoir d'achat, incapacité de travail, la crise de l'offre ne peut qu'éclater (pénuries).
p.153: L'environnement, le grand absent de l'économie: Sur 68 millions de Français 18,5% habitent les campagnes et les emplois agricoles ne représentent plus que 2,6% du total. La puissance des machines agricoles ont remplacé les humains. Il fallait 65 personnes pour nourrir 100 personnes en 1800, il n'en faut plus que 3 aujourd'hui. Le canal de Suez, 1859-1869, 190km, 1,5 million d'ouvriers. Le tunnel du St Gothard, 1996-2011, 150km de galerie, 1 500 personnes (1000 fois moins de bras).
Dans l'économie moderne, si une usine a besoin d'une machine ou de créer une centaine d'emploi, la machine est considérée comme un investissement, les emplois comme des charges…
p.158: Le développement dépend de la géographie (terrain, nature des sols, écosystèmes, climat, ressources…), de la culture (statut social, valeurs, formation…), des institutions (Etat, santé, éducation, modes de production…) en plus de l'énergie indispensable pour alimenter machines et travailleurs. L'adoption de la machine à vapeur comme principale source d'énergie au 19° siècle a tout à voir avec le contexte politique, institutionnel et géographique et pas grand-chose avec une réalité physique incontestable…
Cette analyse qui prétend nuancer les propos de Jean-Marc Jancovivi sur la place des énergies fossiles est à nuancer. Encore une fois, ce sont des réflexions en silo (géographie, institutions, culture, types d'énergie…) et non systémique (cad prenant en compte globalement tous ces éléments).
p.162: Argument faux au sujet du TRE (Taux de retour énergétique). Il s'agit d'une fraction: Quantité d'énergie extraite de l'environnement / Quantité d'énergie nécessaire pour obtenir cette énergie. Avec les énergies fossiles le TRE mondial est 1/12, avec les énergies renouvelables d'antan de ½.
=> Pas de société complexe sans TRE élevé.
En outre, l'énergie d'un baril de pétrole doit être transformée, raffinée, re-transportée sous forme d'essence. Et ensuite 20% de cette énergie est transformée en mouvement de la voiture (contre 80% avec un moteur électrique…. La seule chose qui compte c'est que le TRE soit supérieur à 1 (plus d'énergie utilisable que d'énergie investie). Quand on parle de dépendance aux énergies fossiles, ne sont pas les causes du développement mais les outils qui ont été sélectionnés parmi d'autres. Il ne faut pas essentialiser notre histoire. Si on peut applaudir à cette remarque, on peut se demander pourquoi l'auteur ne voit pas que la même critique s'applique à l'argent qui est encore plus essentialisé, naturalisé, fétichisé au point de rendre cette "convention sociale" totalement incontournable, aussi nécessaire à une civilisation moderne que l'air pour respirer, l'eau potable pour survivre au-delà de quelques jours, de nourriture au-delà de quelques mois… L'auteur conclue ce passage en déclarant: si la lutte contre le dérèglement climatique nous impose de nous passer des énergies fossiles, ne risque-t-on pas une dégringolade du PIB ou de voir revenir les affres de la crise de l'offre? Et il conclue très logiquement que pour éviter une crise économique, il nous faut entretenir en bon état notre parc de machines et continuer d'extraire suffisamment d'énergie de l'environnement pour les faire fonctionner. En somme, la conscience d'un risque d'effondrement environnemental dû à une consommation excessive d'énergie carbonée n'entraînerait pas une réduction drastique de l'offre et de la demande, et encore moins une sortie du système monétaire…
p.166: …réchauffement climatique rapide rime avec extinction de masse sur terre et dans les océans. La question est donc: à quel point notre civilisation dépend-elle des écosystèmes naturels. … Il faut se mettre à brûler beaucoup moins de pétrole de charbon et de gaz afin de se placer sur une trajectoire où ces sources d'énergie sont inutilisées en 2100. Sachant que ces trois énergies représentent 85% du carburant de nos machines, le défi est de taille. Il faut donc transiter vers des ressources renouvelables (qui n'empêchent pas les générations futures d'y avoir accès). L'auteur en est encore à la perspective de 2100, quand de plus en plus de monde rapproche cette échéance entre 2030-2040. On peut légitimement se demander si c'est une réaction d'optimiste invétéré où si la conscience du bouleversement que cela induit sur le mode de gestion de l'économie ne lui fait pas reculer l'échéance le plus loin possible faute de réelle solution….
p.168: La question du nucléaire: L'uranium 235 représente moins de 1% de l'uranium disponible sur terre (réserve estimée à 100ans maxi ou 15 ans si le nucléaire remplaçait le gaz et le charbon). Les surgénérateurs utilisent du thorium 232 (phénix et superphénix) bien moins rare que l'uranium.
Reste le problème des déchets radioactifs et des risques d'accident sur les centrales (Tchernobyl, Fukushima)… La fusion nucléaire est plus sûre, moins polluante, économique, mais pas encore au point. En revanche, une énergie quasi gratuite et abondante peut paraître la solution, mais lève toutes les limites énergétiques et pourrait être la véritable catastrophe à l'avenir. Sans une réforme profonde du système de production/consommation, les dégâts environnementaux serait rapidement décuplés. La fusion froide est le pire danger dans une société capitaliste (position d'Aurélien Barrau) mais pourrait devenir une solution dans un monde enfin postmonétaire, puisque la logique de croissance et de profit disparaîtrait. C'est un argument rarement évoqué en faveur d'une abolition du système marchand, et pourtant il illustre bien l'impasse dans laquelle nous sommes engagés depuis trois millénaires!
p.170: Lutte contre le réchauffement climatique: Depuis 2000, les émissions de GES ont augmenté de 50% dans le monde. Elles ont fortement baissé dans les pays riches (-0,85 par an en moyenne) mais elles ont augmenté dans les pays en voie de développement. … Ne pas confondre sobriété d'usage et décroissance. Les enjeux de sobriété et de décroissance sont une manière de pousser la société à enfin agir de manière concrète pour réduire les inégalités. … Le soi=uci, c'est que cette approche perd pied si la science nous apprend un jour que l'on peut "sauver le climat" sans que les plus riches aient à modifier leur façon de vivre…
p.176: Le grand remplacement: remplacer un milliard d'automobiles, 50 000 navires marchands, 39 000 avions de ligne et 3,5millions de poids lourds, c'est titanesque… Mais électrifier les véhicules, c'est un gain d'efficacité de 40% sans changer les usages. On aurait besoin de 4 fois moins de TWh d'électricité que de TWh de pétrole.
Cependant, il y a toujours un effet rebond: Si on réduit les émissions de GES, ne va-t-on pas consommer plus et en revenir au même résultat?... A long terme, notre système économique n'est-il pas voué à l'échec? A court terme, la transition énergétique va nécessiter le remplacement de toutes les infrastructures productrices/consommatrices d'énergie (béton, acier, métaux rares…). Notre planète est-elle apte à fournir tout cela?... On manque déjà de cuivre, de lithium de silicium, de terres rares, et on prévoit une augmentation de la demande de 0,9 à 1,3% par an…
p.183: Les limites planétaires: Le graph de Johan Rockström fait apparaître 9 limites à ne pas franchir alors que 6 ont été déjà franchies: Température moyenne, intégrité de la biosphère, cycle du phosphore et de l'azote, changement d'usage de sols, consommation d'eau douce, acidification des océans , diminution de l'ozone atmosphérique, charge en aérosols atmosphérique, introduction d'entités nouvelles dans l'environnement… Il est évident que la croissance du PIB n'est pas un bon objectif à long terme. Mais le pire danger est celui du réchauffement climatique… L'auteur est là intoxiqué par l'usage abusif du réchauffement qui sert essentiellement à cacher la plupart des autres risques. D'autres surprises nous attendent, comme cela a été le cas avec la fonte du permafrost et de ses conséquences, chose qui a été longtemps oubliée par les scientifiques et le reste encore quant aux risques sanitaires (virus qui se réveillent après quelques millénaires de congélation par exemple). On peut aussi penser à l'extinction des insectes pollinisateurs qui risque de mettre à bas une grande part de l'agriculture…
p.187: Pourquoi les crises de la demande? Les deux grandes crises de 1930 et 2008 sont des crises de la demande. Elles démarrent par la formation d'une bulle spéculative. La situation économique est stable, favorable à la croissance. Phase 1: Les banques font confiance aux agents économiques et accordent des prêts sans précaution, sans distinguer les projets productifs (qui créent de la richesse) et les projets spéculatifs (qui ne servent qu'à tirer profit de richesses existantes). Les acheteurs sont alors plus nombreux que les demandeurs et les prix montent. Les spéculateurs y gagnent, les banques touchent des intérêts. Tant que le nombre des joueurs voulant acheter est supérieur au nombre de joueurs voulant vendre, les prix montent. Les bénéfices des sortants sont compensés par les crédits des entrants. Phase 2: La bulle éclate. Les spéculateurs sont de plus en plus nombreux car les prix montent. Les plus modérés vont commencer à cesser d'acheter comprenant que les taux des crédits augmentent proportionnellement au prix et les banques rallongent les crédits à 20, 30, 40 ans! Mais le gisement de nouveaux entrants se tarie et la bulle ne tient que par la l'entrée de nouveaux spéculateurs type Ponzi qui prennent un crédit non pour acquérir un bien mais pour rembourser les prêts précédents. Les prix se mettant à baisser, les acheteurs attendent pour acheter que les prix soient au plus bas, ce qui fait encore baisser les prix. Les vendeurs se multiplient, les acheteurs se raréfient et les prix baissent encore plus. Les spéculateurs font faillite et ne remboursent pas les banques. Elles arrêtent d'accorder des crédits. L'heure n'est plus aux dépenses et aux investissements. La confiance des agents économiques privés (entreprises et particuliers) s'effondre.
p.194: Le problème n'est pas la dette ni son remboursement, le problème c'est ma production de richesses réelles qui doit repartir. La véritable cause d'une crise n'est pas la dette, c'est son utilisation spéculative plutôt que productive. Il n'est pas fou de penser que la mise en exergue du "problème de la dette" sensée hypothéquer l'avenir de la génération suivante n'est qu'un trompe l'œil pour cacher le fait que la dette n'est pas une perte pour tout le monde. Les plus riches s'enrichissent encore et les spéculateurs sont euphoriques… On pourrait traduire ça en métaphore, la dépression des uns fait la santé des autres, "vice" et versa!...
En outre, quand les inégalités se creusent et que les plus aisés ne savent plus quoi s'offrir, ils investissent sur les marchés financiers. Mais il n'y a que l'État et les entrepreneurs qui puisse faire rentrer cet argent dans l'économie réelle et ce n'est jamais gagné quand les consommateurs sont en difficultés… C'est donc bien pour cela que la crise de la demande est déclenchée par la spéculation ou par l'augmentation des inégalités (voire les deux en même temps).
p.196: L'austérité, c'est le premier réflexe des politiques en temps de crise. Et pourtant, cela n'a aucun sens. C'est même largement démontré à l'expérience, aucun gouvernement n'a réussi à relancer l'économie après une crise financière par l'austérité. Le mythe de l'austérité, couplé avec celui de l'économie autorégulatrice, est tout autant intégré par les grands industriels qui au lieu d'investir pour relancer l'économie, deviennent frileux. La réduction du déficit public en Grèce en 2010 n'a pas du tout été compensée par une augmentation de l'endettement des entreprises ou des particuliers , ce qui a plongé le pays dans un marasme économique colossal (Super pointus les modèles économiques du moment!…). Le problème est que chacun raisonne au niveau micro (même si ce micro est relatif à une multinationale) quand il faut penser macroéconomie (donc a minima au niveau d'une nation). Il semble que les agents économiques à la tête des grandes industries n'ont pas encore compris que le déficit de l'un (en l'occurrence ici l'État) correspond toujours aux bénéfices d'un autre (l'entrepreneur qui investit)
p.198: La peur de l'inflation: A quoi bon que les revenus augmentent de 5% si les prix augmentent d'autant? La plupart des économistes nous disent que cela entraîne une spirale inflationniste. Or, si c'était vrai, toutes les banques de dépôt qui créent de l'argent en permanence via le crédit devrait toutes être en faillite, ce qui n'est pas encore le cas. Cette histoire de prix qui évoluent en corrélation avec la masse monétaire n'a de sens que dans des modèles ultra simplificateurs. En réalité, on n'a jamais constaté aucun lien de cause à effet direct et simple entre l'évolution de la masse monétaire et l'évolution des prix. Voir le chapitre suivant pour l'explication…
p.203: Inflation, mythe ou réalité: Depuis 2021, la situation a changé: l'inflation est de retour dans le monde entier. France: 2,75% en 2021, 5,85% en 2022, 4,9% en 2023. L'inflation provoque la diminution de la valeur de l'épargne. L'inflation réduit le pouvoir d'achat des épargnants qui ne savent pas s'en protéger. Le meilleur moyen de s'en protéger est d'investir dans l'immobilier ou dans les produits financiers qui prennent de la valeur. En revanche, la hausse de l'immobilier appauvrit les locataires et les produits financiers ne concernent que ceux qui ont une épargne suffisante. Donc les écarts se creusent entre les gagnants (les plus riches) et les perdants (les plus pauvres).
La redistribution du pouvoir d'achat est activée par l'inflation. Les entreprises ayant besoin de plus de liquidité, elles favorisent les actionnaires sans augmenter les salaires. Les retraites ne suivent jamais totalement l'inflation. Dans les deux cas, les rapports de force ne sont favorables ni aux salariés ni aux retraités. Depuis 1980, le néolibéralisme a totalement brisé la représentation syndicale et le gouvernement français se moque royalement des 80% des retraités hostiles à la réforme des retraites. Les deux sont impuissants. Les Banques centrales pensent qu'en cas d'inflation, le revenus des travailleurs (et des retraités) doivent être limités sous peine d'entretenir l'inflation. Les gouvernements sacrifient volontiers le pouvoir d'achat des travailleurs sur l'autel du maintient des marges des entreprises.
En plus l'inflation c'est une moyenne. Tous les prix n'augmentent pas dans une même proportion. Si on fait le calcul du pouvoir d'achat en fonction des types de dépenses obligées (nourriture, essence, logement, chauffage…) rapportées au pourcentages qu'elles représentent dans leur budget global, une inflation moyenne de 5% peut varier de 2 à 15% selon les individus. Exemple: sur un revenu de 2000€/mois, vous dépensez 140€ (7% du budget). Si le carburant double, ce budget monte à 280€. Les salaires n'augmentant pas, les statistiques de l'INSEE annonce une perte de 4% du pouvoir d'achat qui ne correspond pas à votre budget réel.
p.207: Le vrai danger de l'inflation: La répartition du pouvoir d'achat par la variation non homogène des prix est un phénomène constant. L'inflation est donc à craindre quand elle est très variable et imprévisible et si elle a tendance à augmenter d'une année sur l'autre. La première crainte rend la vie économique plus compliquée, la deuxième menace de nous amener vers l'hyperinflation qui, elle, est ingérable.
Une fois lancé le cercle devient vicieux: les dépenses diminuent, les revenus aussi. Les carnets de commande des entreprises sont moins remplis et l'entreprise licencie. Les licenciements font encore baisser les dépenses des consommateurs chômeurs ce qui vide encore les carnets de commandes. L'État perd une part de ses revenus issus de la TVA et des impôts sur les sociétés et les dépenses de chômage augmentent. Tout cela sans que la capacité productive soit réduite. En résumé, l'interprétation de l'inflation sous l'angle du manque d'offre ou de l'excès de demande a donc une dimension absolument politique: doit-on résoudre le problème de la hausse des prix par la diminution de la demande ou par l'augmentation de l'offre?...
Une autre source d'inflation vient de la hausse conjoncturelle des coûts d'approvisionnement en énergie (voir gaz russe) dont personne ne peut se passer, surtout pas les grandes entreprises qui en ont beaucoup besoin. C'est l'explication la plus en vogue depuis 2023… Mais comme les grandes entreprises cherchent les marges les plus hautes on a vu apparaître le terme de greedflation qu'on pourrait traduire par enflavidité! Les entreprise à ce jeu sont généralement gagnantes car l'effet volume est compensé par l'effet prix: si elles perdent 3% de leurs clients mais augmentent leurs prix de 5% les marges augmentent encore.
La déflation: C'est une inflation à l'envers. Les prix baissent au lieu d'augmenter. Si c'est une bonne nouvelle individuellement pour le consommateur, c'est une catastrophe parce que les gens en majorité vont retarder leurs achats pour les avoir à plus bas prix. C'est le cas du Japon qui est en déflation depuis 1991 avec un PIB quasi inexistant (0,45% par an en moyenne). La déflation accentue le poids de la dette sur les agents économiques (si les prix baisse, les remboursements d'emprunts restent constants et sont donc une charge plus lourde en proportion des revenus qui stagnent ou baissent). Les risques des prêteurs sont beaucoup plus grands en cas de déflation qu'en cas d'inflation. Un peu d'inflation rapporte, un peu de déflation nuit…
p.222: L'hyperinflation: L'exemple type c'est celui de la République de Weimar en 1923. Un bien valant 1 reichsmark en juillet 1941 en coûtait 36,7 en janvier 1922, 2 785 en janvier 2023 et 726 milliards en novembre 2023 (taux d'inflation de 26 mds%). Cette hyperinflation est généralement expliquée par une situation inhabituelle: La défaite allemande en 1918 coûte au pays des fortunes en réparation et l'État est interdit par les alliés d'injecter de l'argent dans son économie. Toutes les petites banques de dépôt ont eu la possibilité de faire des crédits dont l'argent était simplement imprimé par la banque centrale à hauteur des prêts accordés. L'État étant défaillant, les banques de dépôts étaient cependant en risque permanent de non remboursement de leurs prêts et donc de faillite. Les prêts étant essentiellement accordés aux entreprises et le pays étant dévasté, beaucoup de choses devaient être importées de l'étranger à un coût exorbitant, vu la valeur de la monnaie allemande… Hyperinflation =>petits épargnants ruinés =>baisse des dépenses des particuliers et des entreprises =>rigueur budgétaire de l'État => hyperinflation en hausse… Ce que l'auteur n'explique pas, c'est le rôle de la Conférence de Londres, du 23.02.au 06.03 puis du 20.04 au 07.06.1948, où les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg pour définir les modalités de redressement économique de l'Allemagne dans l'intérêt de l'ensemble européen (essentiellement une annulation de la dette de guerre). On dit souvent que l'acharnement des Allemands à limiter drastiquement tout mouvement inflationniste vient de ce drame, du traumatisme de 1923, en revanche, l'annulation de leur dette de guerre ne les a pas empêchés de crier haut et fort qu'une dette ne pouvait s'annuler et que seule l'austérité pouvait sauver la Grèce. Les Allemand s ont une mémoire économique sélective! Pour les Postmonétaire qui (pour certains) ne croient pas à une possible hyperinflation mondiale, c'est aussi oublié que la dette Allemande de 1923 a été annulée par un ensemble d'États et une organisation politique internationale dans le cadre de la guerre froide. La même situation se reproduisant au niveau d'un grand pays (Chine, Europe, USA…) se répercutant au niveau mondial (puisque l'économie s'est globalisée) serait totalement insoluble dans le cadre monétaire tel qu'il est devenu aujourd'hui.
p.226: Le cas du Venezuela: Ce pays ne vit que de ses ressources en pétrole. L'essentiel est importé. Or la production de pétrole a diminué de 45% entre 2011 et 2019 (politique de l'OPEP, influence des USA, infrastructures d'extraction vieillissantes, les avis sont très partagés…) et le baril est passé de 125 à 71 dollars (soit une baisse de 42%). La faillite du gouvernement est une affaire de prix et de production du pétrole. La situation d'hyperinflation au Venezuela est le résultat d'une pénurie de richesse importée elle-même provoquée par une baisse du prix du produit exporté en masse. Le même phénomène peut se produire sur toute la planète, par exemple avec une pénurie de cuivre (absolument essentiel dans tout ce qui est électrique). Or le Chili et le Pérou produisent à eux seuls 33,6% de la production mondiale, la demande mondiale devrait croître de 50% d'ici 2040 (soit 50 millions de tonnes). Dès 2035 le déficit mondial devrait atteindre 10 millions de tonnes. Or, le cuivre est partout, du grill pain à la centrale nucléaire en passant par l'armement et la plomberie. Le prix du cuivre va devenir extrême! On peut imaginer les conséquences financières, technologiques, industrielles et environnementales puisque l'extraction du cuivre sera d'autant plus polluante que le minerai sera en faible proportion… Ressortirons-nous les mêmes justifications que pour le Venezuela (politique de gauche de Chavez et Maduro, spéculation des financiers américains, mauvaise gestion des infrastructures…)?...
p.227: La stagflation des années 1970: Le problème se corse avec le chômage qui augmente en même temps que l'inflation (stagflation) et les politiques passent du modèle Keynes au modèle Friedman qui devient la norme…
En réalité, l'inflation et les ralentissements économiques (chômage compris) s'expliquent par la rareté des matières premières notamment quand elles sont aussi utilisées que le pétrole (qui est passé de 2,80$ en 1973 à 10$ en 1979.
p.235: A la fin des 30 glorieuses, un rapport des forces s'est établi entre les actionnaires capables d'augmenter les prix et les travailleurs capables de faire pression pour obtenir plus de salaire. La création monétaire n'est en rien la cause de l'inflation.
L'inflation mange les intérêts et les hausses de salaire mangent les marges qui forment les dividendes des actionnaires. Découragés, les capitalistes décident de moins financer les dépenses, ce qui provoque un ralentissement économique et donc du chômage, alors même que l'inflation reste élevée.
p.238: La crise post-covid: La choc initial est énergétique. Le prix du baril de pétrole s'effondre (de 60$ à 20$ et la consommation est très faible (confinement). En 2022, la consommation de pétrole repart, les prix augmentent (115$), l'inflation par les coûts du transport et des dentées agricoles s'installe. Les consommateurs coincés chez eux reportent leurs achats. La guerre en Ukraine nous prive du gaz russe et les prix explosent dans l'été 2022: Le MWh passe de 35€ à 300€ (+33%) !
Les études empiriques montrent un mélange d'infl-avidité et de difficultés d'approvisionnement ou de production.
p.239: Comment sortir de l'inflation systémique: Par la mécanique des taux directeurs: les variations des taux directeurs décidés par les banques centrales se transmettent à tous les taux d'intérêts de l'économie (le taux de la BC américaine est passé de 0.7% en janvier 2022 à 5.3% en septembre 2023). Le système se stabilise autour de 2% d'inflation: au dessus c'est la surchauffe, en dessous c'est la sous-chauffe!
p.244 Théorie et réalité: le grand écart: Pendant plus de 20 ans (1985-2008) tout se passe comme si l'économie était domptée: cette période est perçue comme "la grande modération" et coïncide avec le sentiment de toute puissance des économistes. Sauf que la crise de 2008 vient tout chambouler alors que l'économie était bien réglée sur 2% d'inflation. Malgré des taux d'intérêts à 0% la mécanique semble cassée. Faut-il revoir la théorie?.... Sommes nous certains que l'objectif d'inflation stable à 2% par an soit le bon? Le rôle des banques centrales n'est-il pas une relique du passé?... Que voulons-nous faire de nos banques centrales?....Y a-t-il un autre moyen que de briser les reins des travailleurs et d'économiser sur les dépenses publiques?... La solution semblerait être dans la ré-industrialisation et de redistribuer la richesse.
Pour ce faire il faudrait revoir la répartition de tous les prix: exp. 1€ d'essence = 0,60 de taxes, 0,25 au producteur, 0,08 à la chaine de distribution, 0,07 au raffinage (Total)… Rappelons que tous les pays avaient des systèmes de régulation des prix avant l'invasion du néolibéralisme. C'est donc possible politiquement (voir David Cayla, Déclin et chute du néolibéralisme, 2022), mais les économistes qui défendent cette idée sont considérés comme "hétérodoxes" donc "communistes"… Il n'y a pas lieu d'être optimiste…
Rien n'a changé depuis l'époque du "distributisme" préconisé par Jacques Duboin dans son livre L'économie distributive s'impose (1950). C'était déjà la thèse énoncée par Pierre de Jean Olivi dans son Traité des contrats en 1293! Si une idée traverse 731 ans, étant mille fois répétée, et n'émergeant pas, c'est que la question n'est pas de soigner le système qui l'encadre mais d'en sortir du système et de le remplacer par autre chose. Si le capitalisme souffre d'une maladie, elle est à l'évidence chronique, et de ce fait, il est vain de tenter de le guérir. Il faut arriver à la page 253 pour réaliser que l'économiste, vidéaste et auteur de ce livre persiste comme la grande majorité de ses confrères dans les soins palliatifs, pour ne pas dire dans l'acharnement thérapeutique!
Le pronostique vital est engagé pour le capitalisme malade et ses médecins économistes sont en état de mort cérébrale, sans aucun signe permettant d'espérer un réveil quelconque. Il est temps de débrancher le patient et de licencier Ploutos!
Si les historiens s'accordent à dire que le système monétaire est apparu en Mésopotamie puis dans la civilisation minoenne vers 750 avant J.-C., le patient a 2 874 ans, ce qui est un âge tout à fait respectable. On peut considérer que toutes les options thérapeutiques ont été tentées sans résultat et qu'il n'y a plus aucune raison de s'entêter, au risque d'aboutir à une extinction de masse de toute espèce vivante…
Avec pédagogie et humour, en s'appuyant sur des infographies éclairantes, Gilles Mitteau nous explique tout d'un système omniprésent dans nos vies. Une lecture intéressante pour interroger les règles que le système capitaliste a érigées en lois immuables et qu'il est urgent de remettre en cause aujourd'hui.
Après avoir été trader à Wall Street, il est devenu vulgarisateur afin de combattre les préjugés sur l'économie et la finance. Il a créé en 2015 la chaine Youtube Heu?reka qui rassemble plus de 400 000 abonnés.
Les agents économiques: 1° Les particuliers, producteurs, consommateurs, vous, 2° Les entreprises, publiques ou privées 3° L'État, toutes les administrations centrales et locales
Les banques: 1° Banque centrale, qui s'occupe de la monnaie, des taux d'intérêts et de la stabilité des marchés. (Pour la France BCE). 2° Banques de dépôts, qui gardent notre argent ou nous en donne. 3° Banques d'investissement: Sociétés de gestion (sur les marchés et épargne des agents économiques): hedges funds, assureurs, asset managers, OPCVM etc.
p.9: L'économie est une affaire absolument politique:
L'économiste qui s'intéresse à la maximisation de la richesse créée par son pays plutôt qu'à sa répartition est déjà dans une démarche politique en ce qu'il préjuge de la priorité à apporter à un critère plutôt qu'à un autre. Le déni de cette priorité constitue la grande arnaque du système capitaliste actuellement uniformément admis sur le globe.
p.11: Il n'existe pas des lois économiques naturelles aussi inviolables que celles de la physique, contre lesquelles il est impossible d'aller. On est donc en droit de se demander où sont les véritables contraintes du système, ce qui est très généralement contesté.
p.13: Nous devons oublier les automatismes de "bonne gestion". En macro économie, la règle la plus importante est «les dépenses des uns sont les revenus des autres». A l'inverse les revenus des uns ne sont pas les dépenses des autres. L'augmentation des revenus ne peuvent venir que de l'augmentation des dépenses. Une crise économique d'origine financière, c'est l'instant où suffisamment d'agents économiques se persuadent qu'il faut arrêter de dépenser ou qu'il faut dépenser moins.
p.14: Les déficits (dépense dépassant le revenu) des uns sont les bénéfices (revenu qui dépasse les dépenses) des autres.
p.15: La somme des dépenses mondiales correspond forcément à la somme des revenus mondiaux. En revanche au niveau micro, on vante le mérite de ceux qui font des bénéfices et de ceux qui font des déficits. Si chaque particulier, entreprise ou État gagnait exactement ce qu'il dépensait, ce serait la fin du capitalisme puisque la fin des profits. D'où la question absurde sur la pauvreté: l'idéal capitaliste, c'est que tous ceux qui sont en état de consommer (de la naissance à la mort) dépensent et consomment le plus possible. Alors pourquoi ne pas donner à tous les moyens de consommer? Un chômeur, un handicapé, un vieillard devrait être payé pour ce faire et donc avoir des aides financières conséquentes!...
p.19: La création monétaire: Comment est-il possible qu'un projet que tout le monde juge utile et pour lequel toutes les ressources (force de travail, technologie et matières) sont disponibles puisse ne pas voir le jour à cause d'un problème de financement? Question rarement posée en ces termes alors que chacun peut aisément constater que, plus souvent, l'argent manque et empêche plus qu'il ne permet…
p.20: La monnaie est le sang de l'économie. Si le nombre des humains augmente, il doit y avoir de la croissance et donc plus de monnaie en circulation. Comment cette monnaie est injectée?
p.23: Les théories de la monnaie: Trois modèles différents:
p.24: La théorie des intermédiaires: Le schéma de l'économie est celui d'un circuit: Revenus=>dépenses + dépôts bancaires (épargne) => l'épargne est utilisée par des intermédiaires financiers (banques et fonds d'investissement => les intermédiaires financiers investissent l'épargne (dépenses). La banque de dépôt collecte les dépôts des agents économiques et gèrent leurs économies des uns en investissant dans les entreprises des autres (sous forme de prêts).
Le problème de cette théorie simpliste, c'est qu'elle n'explique pas les crises financières. Tout au moins elle ne peut les concevoir que comme de simples "coups de malchance". Elle n'explique pas plus la création monétaire.
p.27: La théorie des réserves fractionaires: La monnaie est en partie physique (billets, pièces) mais surtout informatique (en zone euro, 85% de la monnaie n'est rien d'autre qu'une suite de lignes de code dans des ordinateurs, via les chèques, les CB, les smartphones). La banque de France, comme toutes les banques centrales de la Zone euro sont sous l'autorité de la BCE.
Les Banques centrales contrôlent la quantité de monnaie présente sur le marché. Elles fixent aussi la réserve de monnaie que les banques de dépôts doivent garder selon un certain pourcentage des dépôts. Mais cette théorie dit aussi que les banques de dépôts possèdent leur propre "planche à billets". Cela veut dire qu'elles ont le droit de créer de la monnaie mais pas sous forme de billets imprimés. Exemple: La BC imprime 100€. Un agent économique A récupère ces 100€ (un fonctionnaire par exemple). Il dépose ces 100€ à sa banque (1), laquelle met de côté 1% de la somme comme réserve, soit 1€. La banque (1) prête ces 99€ à un autre agent B, lequel dépense ces 99€ dans le magasin de l'agent C. L'agent C dépose ses 99€ dans une autre banque (2) qui constitue ses réserves de 1% des 99€, soit 0,99€ et peut ainsi prêter à un autre agent D les 98,01€ restants. Les agents A et C sont tous deux persuadés d'avoir à la banque et respectivement leur 100€ pour A et 99 pour C. Le pouvoir d'achat de A et C est de 199€ alors qu'il n'y eu que 100€ mis en circulation au départ.
Ce tour de passe-passe des banques de dépôt ne fonctionne qu'en vertu de la différence entre la monnaie (100€) et la promesse de mise à disposition (99€, puis 98,01, etc.). L'argent du banquier c'est essentiellement un tas de promesses qu'il affirme pouvoir vous donner quand vous lui demandez de l'argent mais qu'il na pas. Si vous avez un billet, vous pouvez le dépenser quand et où vous voulez. Si vous avez une promesse du banquier, vous n'avez pas la garantie qu'il l'ait encore s'il n'a pas assez de réserve. Les montants inscrits sur les comptes des clients A, B, C, D, E, F, G... totalisent les promesses (100+99+98.01+97,03….= environ 10 000€, pour 100 euro de vraie monnaie émise par la BCE. Les banques ont multiplié la monnaie, la dépense globale des agents économique est de 10 000-100= 9 900€! Les dépenses sont les revenus des autres.
Le tour de passe-passe correspond en fait au flux de monnaie, les 100 euros de départ au stock. La seule limite, c'est le taux de la réserve (1% dans l'exemple). Tant que le 1% ne tombe pas à zéro, on peut prédire la multiplication de la monnaie. Plus le taux est élevé, plus la circulation de la monnaie est entravée, moins l'effet multiplicateur est important.
Cette théorie est confortable car conservatrice. Cela permet de modéliser un marché de la monnaie qui s'autorégule en fonction de l'offre et de la demande.
Le mythe de l'offre et de la demande: Les offreurs veulent faire monter les prix de la production mais étant en compétition avec les autres, ils se limitent. Les demandeurs doivent se rendre sur le marché pour négocier au plus bas, mais ils sont en compétition avec les autres demandeurs qui peuvent faire monter les prix (s'il n'y a pas plus de stock que de clients). Le marché est censé établir naturellement le "juste prix" grâce à ces intérêts divergents. Si tant est que le juste prix s'établisse rapidement et durablement, ce qui n'arrive jamais. En effet, le compromis idéal est un mythe et les prix fluctuent en permanence…
Il est légitime de remettre en cause ce mythe du marché autorégulateur pourtant défendu par les privilégies de tous les pays, quelques soient les configurations politiques (communiste, capitaliste, socialiste…), les cultures (religieuses et morales), les époques (antiquité, Moyen-âge, moderne, contemporaines, les régions (Orient, Occident, Afrique…). Les rapports de force sont toujours inégalitaires: entre un patron de multinationale et l'ouvrier à la chaîne, entre un ouvrier français et un ouvrier pakistanais, entre un riche et un pauvre, entre le rusé et le naïf…toute marchandise (objet, nourriture, salaire…) fluctue selon le bon vouloir du plus puissant. C'est la guerre économique qu'aucune régulation n'a jamais réussi à adoucir. Même les régimes centralisés, dictatoriaux, prolétariens n'y ont pas échappé. On ne peut en conclure qu'une chose, l'argent limite la justice, empêche toute fraternité, entrave la liberté…
p.39: La théorie de la création monétaire ex nihilo: En plus des banques centrales, il y aurait autant de planches à billet que de banque de dépôt. Le seul moyen de faire en sorte que la banque tienne sa promesse inscrite sur votre compte, c'est de vous rendre au distributeur de billet et de retirer l'argent inscrit sur votre relevé de compte. La banque est alors obligée de supprimer la promesse qu'elle vous a faite et de sortir de la banque la liasse de billets correspondante. Si vous avez besoin de récupérer une dette d'un quidam qui est dans une autre banque, c'est cette deuxième banque qui vous paiera. Si cette deuxième banque est en faillite, vous perdez votre argent. Les banques ne se font pas de promesses entre elles. C'est alors l'État (via la banque centrale) qui, jusqu'à 100 000€, est tenu de vous rembourser quand votre banque fait faillite.
Il y a donc deux types de monnaie: les promesses (la monnaie dite scripturale) et la monnaie centrale (les billets). Chaque jour, le flux des promesses entrantes et sortantes est impossible à prévoir. Si les sorties dépassent les entrées, la banque centrale est contrainte de renflouer la banque déficitaire pour éviter la faillite de la banque, et par jeu de domino, les banques voisines avec qui elle collabore. Un refus de la Banque centrale mettrait en péril à la fois la bonne circulation de la monnaie scripturale (et donc l'économie globale) et la bonne santé de toutes les banques de dépôts. La monnaie n'est donc pas une denrée rare. Et pourtant, on entend régulièrement l'argument de "la monnaie qui ne pousse pas sur les arbres"…, "il n'y a pas d'argent magique"… Or, les banques centrales peuvent en injecter quand elles veulent (voir le quantitative easing). C'est donc un mensonge politique, mais un mensonge répété très souvent devient une vérité évidente pour tous…
p.57: La sacro-sainte question de la dette: Le paiement des intérêts d'un prêt ne correspond pas à un remboursement mais à la rémunération d'un service fourni par le banquier. Comme les intérêts ne sont pas des remboursements, ils ne peuvent être détruits comme la dette. Ils sont les revenus du banquier.
Ne pas confondre flux et stock (erreur fréquente, y compris chez certains économistes).
Ne pas mélanger toutes les formes de faillites : c'est soit un manque de liquidité (plus assez d'argent pour payer les factures en fin de mois), ce qui est une faillite technique, soit vous êtes insolvable (la valeur de vos actifs est plus faible que celle de vos dettes), ce qui est une faillite comptable. L'entreprise est mise sous tutelle et une instance judiciaire vend les biens de l'entreprise pour rembourser la dette. Game over!
Un État ne peut faire faillite car la valeur des actifs de l'État est considérée comme non mesurable, non pertinente ou même infinie… Un État couvert de dette ne peut être mis en vente! Quelle est la valeur de ses habitants, de ses lois, des traités signés avec d'autres pays. L'analyse comptable est une démarche marchande qui ne s'applique que dans le cas d'une propriété privée.
C'est le même problème que pour la nature dont on ne peut donner un prix. Nous sommes dans un système marchand, inventé et fait par les marchands qui ne savent tenir compte que de ce qui se mesure en euros. Notre environnement n'a pas de valeur financière. C'est ce qui permet de puiser du pétrole, des métaux, de l'eau sans débourser le moindre centime. Le prix du marteau, de l'essence, de la bouteille d'eau après la prédation, ne représentent que les frais d'exploitation. D’où la crise environnemental, la destruction du vivant, des sols, des océans….
p.77: Bank run: Par peur d'une faillite de leur banque, une grande quantité de clients retirent leur argent. Il y a donc un problème de liquidité et la banque ne peut compenser l'hémorragie que via les marchés financiers, l'État ou la Banque centrale. Les grandes entreprises étant aussitôt impactée, l'État peut difficilement accepter la faillite d'une banque et la sauve par l'argent des contribuables.
p.81: Conclusion sur la monnaie: Le moteur économique a besoin de carburant (argent) pour avancer et ce sont principalement les banques de dépôts qui le créent. Ce système de promesses centrales qui forment la tuyauterie reliant les banques de dépôts entre elles, correspond au système de graissage du moteur économique. Il ne s'agit pas de faire accélérer le moteur (c'est la fonction du carburant) mais de faire en sorte que les rouages soient suffisamment huilés pour ne pas casser. Les crises économiques qui apparaissent périodiquement sont l'expression du "grippage" du système. Mais il est évident que c'est un problème structurel (la conception du moteur) et en rien un problème conjoncturel (pénurie de matières première, déstabilisation d'une zone économique, pandémie, etc.)
La Banque centrale est également connectée au circuit qui apporte le carburant à l'économie. Elle peut décider de financer des prêts pour les agents économiques (sauf les banques de dépôt) ou injecter de la monnaie (Quantitative easing). En somme, il y a deux tuyauteries, une pour l'huile (les prêts) et une pour le carburant (l'argent). Ces règles sont toujours politiques, donc arbitraires: elles peuvent être faites, défaites ou modifiées en fonction de l'objectif politique. Donc par la voix du peuple souverain si on est en démocratie. Or, ce genre de décision n'est jamais laissé entre les mains du peuple. Comme l'avait voulu l'abbé Seiyès en 1789 ou la Convention de Philadelphie en 1787, la Démocratie à laquelle tout Politique se réfère n'est qu'un leurre…
Le concept de "monnaie" doit être rattaché au concept de richesse. La monnaie n'existe que pour permettre les échanges de richesse et les investissements pour les produire. De ce fait la capacité monétaire de financement de projet d'un pays est théoriquement illimitée. La limite n'est jamais le manque de monnaie mais les règles que l'on s'est imposée… Les règles étant faites généralement par les détenteurs de la richesse, il n'est pas étonnant que les règles soient établies dans l'intérêts des plus riches et non du peuple…
P.89: Tous pour la croissance:
Mister PIB: Le PIB se mesure de trois manières: la somme de la valeur ajoutée (prix de vente- coût), la somme consommée par la population (investissement compris) et la somme des revenus (salaires, dividendes, loyers, etc.). Exemple: un village de 4 habitants:
- S'ils ont acheté du poisson, le PIB est la somme des prix du poisson par exemple 120€ (calcul par la dépense).
- Si le poisson pêché sans frais est vendu par l'entrepreneur de pêche (1) 40€ à l'entreprise 2, il y a une Plus-value de 40€. Vendu à l'habitant 3 à 80€, il y a de nouveau une plus-value de 40€. Au troisème échange, il y a total de plus value de 120€.
- S'il y a distribution de salaires et de dividendes par les entreprises, on arrive au même résultat de 120€ de PIB.
Dans la réalité, c'est aussi une création d'inégalité via les salaires et les dividendes, lesquels sont régulés par des rapports de force (une lutte des classes. Ce qui fait dire à Warren Buffet: "Il y a bien une guerre des classes, c'est vrai, mais c'est la classe à laquelle j'appartiens, celle des riches, qui est en train de la mener et de la gagner." Les revenus sont inévitablement divers selon qu'ils sont issus de la propriété d'un bien et d'une somme d'argent ou du travail matérialisé par le salaire. Ce calcul purement comptable du PIB vient masquer le fait que le PIB de 120€ (somme des revenus, somme des dépenses ou somme des richesses produites) ne corresponde pas aux situations individuelles: les dépenses des uns (des pauvres) font la richesse des autres (les riches). Il faut donc que les riches soient peu nombreux et les pauvres très nombreux…(C'est ce qu'explique Louis de Funès dans le film de Gérard Oury "Les aventures de Rabbi Jacob").
p.97: L'État et les richesses: Pour rendre des richesses accessibles à tous, l'État demande à chacun une contribution pour alimenter sa tirelire. Les non salariés doivent produire des services que l'État rémunère par des aides sociales (retraités, chômeurs, handicapés, étudiants, enfants…) les autres payent des taxes et impôts pour permettre l'aide fournie aux premiers. On est donc toujours dans la conditionnalité: Si on veut être éduqué, soigné, avoir des transports, de l'énergie, la sécurité …, il faut une participation en argent ou en activité (au Moyen âge il y avait les journées de corvées, rien n'a vraiment changé).
Deux visions s'opposent: - celle qui consiste à dire que la richesse n'est produite qu'en entreprise (entreprise privée par sa production de valeur ou État (par les impôts et taxes). - celle qui consiste à comprendre les aides sociales comme une participation de l'état à la circulation des richesses. Les principales ressources de l'État sont la TVA (uniquement sur la consommation des particuliers), l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les bénéfices et différentes cotisations. Vis-à-vis de l'État, il s'agit d'une boucle fermée: il récupère d'un côté et reverse de l'autre. Rien ne change pour le PIB. Les dépenses de l'Etat c'est tout ce qui sort du marché (salaires des fonctionnaires, aides sociales, investissements…).
p.103: Import-export: Nota: les importations n'entre pas dans le PIB car l'activité productive vient d'ailleurs. Les exportations à l'inverse entre dans le PIB. L'équilibre entre l'import et l'export, c'est la balance commerciale (excédentaire ou déficitaire). Un pays excédentaire produit plus et donc gagne plus qu'il ne dépense. Un pays déficitaire produit moins et donc gagne moins que ce qu'il dépense. Toutes les dépenses, déficit compris, se financent soit la l'épargne, soit par le crédit bancaire.
La France a une balance commerciale déficitaire, pour avoir désindustrialisé le pays en pratiquant le dumping social (implantation des usines à l'étranger) et en favorisant l'industrie agroalimentaire qui s'approvisionne dans les pays à bas coût social. C'est une politique qui a visé à privilégier le luxe (grands vins par exemple), marques à haute valeur ajoutée (mode, bijoux…) et services.
p.107: Les défauts de Mister PIB: Le marché de l'occasion (maisons anciennes, voitures…), aussi dynamique soit-il ne permet pas l'augmentation du PIB. Le neuf est donc toujours valorisé par rapport à l'ancien qui a déjà alimenté le PIB à sa création. Le PIB mesure le flux de nouvelles richesses créées, mais pas la richesse qui s'est accumulée et la vitesse de l'accumulation. La richesse vient des activités humaines, des matières extraites de la nature, des services. Le PIB se sert pourtant de la nature, du stock de richesses produites par le passé, d'une force de travail qui est créée par les particuliers hors marchés (naissances). Le PIB n=pousse à ne considérer que la valeur d'échange en fonction de la difficulté à produire, de la disponibilité et de la volonté d'achat. La nécessité ou l'utilité n'ont pour Mister PIB aucun intérêt.
Aucune activité économique est possible sans énergie, physique (aliments pour les machines et les corps humains) et humaine (force de travail manuelle et intellectuelle qui se calcule aussi en énergie).
Énergie primaire et secondaire: la primaire c'est celle que l'on récupère dans la nature (bois, charbon, pétrole, eau, etc.) L'électricité et l'hydrogène sont des énergies secondaires car elles sont inutilisables à l'état naturel et demandent à être produites.
Les hommes les plus forts peuvent produire chacun 1 500 watts. Si on imagine qu'ils puissent produire cette énergie 10h par jours durant une semaine cela représenterait 700Wh d'énergie (l'équivalent pour qu'un petit grill pain pendant une heure (de quoi rôtir une soixantaine de tartines). Un champion cycliste ne peut fournir 700 watts pendant plus de quelques secondes. Chaque habitant de la terre possède donc en moyenne l'équivalent de 110 esclaves énergétiques pour l'assister dans son travail et assurer son confort au quotidien (500 esclaves mécaniques en moyenne pour les Français). Pour les biens existant, il faut prévoir des services d'entretien et de maintenance, la fabrication des pièces de rechange. Le capital en matériel se déprécie ce que le PIB devrait actualiser chaque année.
En conclusion, le PIB est un fourre-tout qui n'indique pas grand-chose, même pas si une diminution correspond effectivement à un ralentissement de l'économie ou un véritable appauvrissement. Et c'est pire au niveau de la nature: un baril de pétrole de 90 dollar ne donne pas la valeur du pétrole mais le coût de son extraction. Va-t-on vers une marchandisation de la nature, vers l'intégration des valeurs d'usage et d'échange? Non, et c'est bien ce qui pose le principal obstacle au défi environnemental. La tarification du carbone émis dans l'atmosphère est en cours un peu partout, mais à des prix extrêmement faibles et pose aussi un problème aussi important que celui qu'elle est censé résoudre: si la nature a un prix, il n'y a plus de limite à la prédation. Les brevets déposés sur des molécules découvertes dans la nature ont bien montré qu'il s'agissait plus d'un accaparement juteux de ressources communes et gratuites que d'une protection!... Si les producteurs et salariés alimentent le PIB, il y a aussi les "invisibles du PIB", tous ceux qui œuvrent pour le bien commun bénévolement (18 millions de personnes en France, soit 36% de la population).
Le cynisme absolu du PIB c'est qu'une guerre produit des richesses (fabrication de l'armement, reconstruction des villes bombardées, etc.).
On se sert du PIB pour calculer la richesse moyenne des Français, ce qui est absurde: exemple: 3 groupes de 2 personnes on un revenu moyen de 50€. On peut imaginer 3 cas réels: 50€ + 50 ou 25 + 75 ou 0 + 100€. 3 situations différentes (0€, 2 5,50, 75, 100). Le PIB ne dit rien sur les inégalités sociales, c'est bien commode. Le calcul de l'inflation est tout aussi faussé. Le panier de la ménagère est fait à partir d'une liste de produits choisis arbitrairement. Un smartphone qui double ses capacités ne double pas son prix. On peut donc en déduire une envolée ou une contraction du prix. Trouver la composition exacte du panier de la ménagère est quasi impossible à trouver de façon exacte par un non spécialiste. Ce n'est pas un hasard!
p.128: PIB nominal: Le calcul de la croissance est généralement calculé à partir du PIB nominal c’est-à-dire de l'année. Avec les mêmes chiffres on peut ainsi annoncer une croissance ou une récession de 7,2% ou 4,9% à volonté. Les chiffres ont l'air sérieux mais sont bidons et choisis selon les circonstances: en cas de récession mieux vaut annoncer 4,9% et en cas de croissance 7,2%, toujours avec le même calcul.
p.129: PIB et chômage: Il n'est pas rare que les politiques promettent un emploi à ceux qui n'en trouvent pas, tout en garantissant à ceux qui en ont un qu'ils conserveront leur part du gâteau? C'est tout simplement impossible sans croissance! Quoi que l'on fasse, on ne peut satisfaire tout le monde. Si la croissance est nulle ou "négative" le nouveau pouvoir d'achat des embauchés viendra de la réduction du pouvoir d'achat des autres (système de vases communicants). La promesse d'une hausse du pouvoir d'achat pour tous, c'est juste un mensonge destiné à garantir la paix sociale…
p.131: Un PIB sur des richesses qui n'existent pas: Une norme comptable appelée mark to market prévoit que la valeur du marché est définie par la valeur de la dernière transaction du moment. Exemple, le marché de l'immobilier. Si la valeur des échanges d'immeubles à un instant T a augmenté de 20%, tous les prix des appartements prennent 20% sans que cela corresponde à une valeur ajoutée par des travaux, des aménagements ou plus de demandes que d'offres. C'est donc la porte grande ouverte à la spéculation, les grandes sociétés immobilières ayant les moyens d'augmenter artificiellement la valeur de leur patrimoine, le prix de cette augmentation étant payé par les nouveaux acquéreurs non spéculatifs et par les locataires. Les plus riches seront plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres, c'est là un des multiples exemples de spéculations qui condensent la richesse entre des mains de plus en plus riches et donc de plus en plus rares. Et plus la richesse se condense sur une minorité, plus cette minorité à des capacités spéculative accrues. C'est une courbe exponentielle qui est ainsi créé qui, comme dans le jeu du Monopoly, ne peut aboutir qu'à un seul riche (ou un petit groupe de riches associés et complices) et une masse de perdants. Ce procès est structurel, mécanique et ne peut être régulé sans un changement radical de système...
Petit schéma sur la spéculation: 1. X€ sont injectés dans l'économie (le marché du neuf) et déclenchent l'augmentation du PIB et une nouvelle richesse est créée. 2. Les X€ financent ensuite le marché de l'occasion sans changer la quantité de richesse produite. Cela veut dire que les prix de l'immobilier et des actifs financiers peuvent être totalement déconnectés du moteur économique réel.
A priori, une marchandise devrait se dégrader et perdre de sa valeur en vieillissant. Mais les agents économiques peuvent décider du contraire pour des raisons de manque de place pour du neuf, de villes plus dynamiques que d'autres, etc. Ils affirment qu'une maison est une valeur qui peut grimper en vieillissant.
L'argent peut effectuer plusieurs tours sans jamais atteindre le marché du neuf. C'est ce qui provoque des bulles spéculatives. En effet, les bénéfices du marché de l'occasion, plus faciles que ceux du neuf attirent les épargnants, les financiers, comme des guêpes sur un pot de miel. Les impressions de gains sont démultipliées par cette méthode de valorisation des stocks. Le PIB s'en trouve totalement faussé est une partie de la croissance est purement spéculative.(Illustration de l'auteur)
Conclusion: l'argent n'enrichit que les riches ou, a minima, proportionnellement au capital dont on dispose. Les profits sont d'autant plus grands en pourcentage que le capital de départ est important. C'est comme une augmentation générale des revenus calculée au pourcentage (une augmentation de 1% de tous les revenus, cela représente +1€/mois pour un revenu de 100€ et 100€/mois pour un revenu de 10 000€, alors que l'équité serait d'inverser ce rapport: 100 € au plus pauvre, et 1€ au plus riche…). Mais opérer un tel changement est impossible dans le cadre imposé par le système monétaire et marchand. Le système est fondé sur la création de valeur: à quoi servirait d'utiliser de l'argent, de vendre et d'acheter, en l'absence de profits? Si on interdit l'accès à ce qu'un système a été conçu pour produire, le système n'a plus de sens. Ce serait comme construire une splendide Ferrari et d'interdire la pose de roues à la Ferrari! La voiture ne servirait plus à rien. Sans profit, l'argent ne sert plus à rien. Donc en supprimant l'argent on supprime le profit. C'est le seul moyen de penser et espérer enfin une plus grande équité entre les humains. CQFD!
p.139: Conclusion sur la croissance: Rappelons que la croissance mesure la variation de la valeur des richesses créées dans l'année (valeur ajoutée) par l'ensemble des agents économiques sur un territoire donné. Il faut garder toujours en tête que c'est une notion relative. On est plus ou moins riche que les autres, on se sent plus pauvre si l'écart entre la moyenne des revenus et le nôtre augmente. La pauvreté ressentie est relative à la richesse des autres, comme la température. Passer de 40° en dessous de zéro extérieur à 0° dans un igloo donne une impression de chaleur, 20° au thermomètre semble frais si le vent du Nord se let à souffler…
Tout ce qui échappe au marché n'est pas comptabilisé. Il peut y avoir croissance et récession en même temps.
Les bénéfices spéculatifs des entreprises financières et immobilières expliquent que les traders sont mieux payés que les infirmières et pourquoi le PIB mesure des richesses qui n'existent pas.
Et pourtant, la croissance du PIB reste l'unique objectif de l'économie mondiale!...
p.147: Qu'est-ce qu'une crise économique:
Différence entre décroissance du PIB et chute du niveau de vie: Le PIB mesure l'activité humaine marchande et ne tient pas compte des activités qui augmentent le niveau de vie. Le PIB de l'humanité ne mesure pas les richesses environnementales. Le PIB confond valeur marchande et utilité alors que c'est l'utilité qui prime dans le niveau de vie. Le PIB est une moyenne qui ne dit rien sur les plus riches et les moins riches. La seule chose qui soit sûre, c'est qu'une réduction du PIB provoque toujours la réduction du niveau de vie d'une partie de la population. L'écart de richesse s'accroit quand le PIB décroît.
Or, du point de vue environnemental une décroissance est une bonne chose (moins de pollutions, de gaspillages…). Le seul problème c'est que si toute la population consomme 5% de moins par rapport à l'habitude, les fournisseurs vont perdre bien plus que 5%.
Après tout 5% de baisse de revenus pour les plus riches, pour les grandes entreprises n'est pas un drame, ils peuvent s'en accommoder. Une baisse de 5% pour ceux qui sont au seuil de la pauvreté, c'est l'entrée dans la misère… Quant à la classe moyenne-basse, elle risque de sortir de la dite moyenne… Pour les Décroissants et les Postmonétaires qui crient "vive la crise", il va falloir affuter les arguments pour convaincre les "déclassés" que leurs propositions sont bonnes pour eux…
La crise se déclenche quand un trop grand nombre d'agents économiques, au lieu d'appuyer sur la pédale économique d'accélération des dépenses ou d'accélération de la production, se mettent à faire l'inverse.
C'est peut être "l'arme fatale" que pourrait utiliser les anticapitalistes. Entraîner le maximum de gens à ne plus consommer ou produire met le capitalisme en mauvaise passe. Pourquoi les révolutionnaires de gauche et les écologistes n'en parlent-ils jamais?....
Deux types de crise, celle de l'offre et celle de la demande: La crise de la demande (volontaire ou faute de moyens) touche directement la pédale des dépenses. Les dépenses des uns étant les bénéfices des autres, ceux qui n'ont d'autre préoccupation que de produire feront moins de profits, donc investiront moins et licencieront en masse.
La crise de l'offre touche la pédale de la production. Il ne s'agit pas d'un problème de financement mais d'un problème physique d'absence d'une ressource essentielle au fonctionnement de la machine (les flux). En somme le bon fonctionnement du moteur économique dépend de ses fondements, de ses piliers. Un de ces piliers c'est le travail des agents économiques. S'il y a grèves, boycott, baisse du pouvoir d'achat, incapacité de travail, la crise de l'offre ne peut qu'éclater (pénuries).
p.153: L'environnement, le grand absent de l'économie: Sur 68 millions de Français 18,5% habitent les campagnes et les emplois agricoles ne représentent plus que 2,6% du total. La puissance des machines agricoles ont remplacé les humains. Il fallait 65 personnes pour nourrir 100 personnes en 1800, il n'en faut plus que 3 aujourd'hui. Le canal de Suez, 1859-1869, 190km, 1,5 million d'ouvriers. Le tunnel du St Gothard, 1996-2011, 150km de galerie, 1 500 personnes (1000 fois moins de bras).
Dans l'économie moderne, si une usine a besoin d'une machine ou de créer une centaine d'emploi, la machine est considérée comme un investissement, les emplois comme des charges…
p.158: Le développement dépend de la géographie (terrain, nature des sols, écosystèmes, climat, ressources…), de la culture (statut social, valeurs, formation…), des institutions (Etat, santé, éducation, modes de production…) en plus de l'énergie indispensable pour alimenter machines et travailleurs. L'adoption de la machine à vapeur comme principale source d'énergie au 19° siècle a tout à voir avec le contexte politique, institutionnel et géographique et pas grand-chose avec une réalité physique incontestable…
Cette analyse qui prétend nuancer les propos de Jean-Marc Jancovivi sur la place des énergies fossiles est à nuancer. Encore une fois, ce sont des réflexions en silo (géographie, institutions, culture, types d'énergie…) et non systémique (cad prenant en compte globalement tous ces éléments).
p.162: Argument faux au sujet du TRE (Taux de retour énergétique). Il s'agit d'une fraction: Quantité d'énergie extraite de l'environnement / Quantité d'énergie nécessaire pour obtenir cette énergie. Avec les énergies fossiles le TRE mondial est 1/12, avec les énergies renouvelables d'antan de ½.
=> Pas de société complexe sans TRE élevé.
En outre, l'énergie d'un baril de pétrole doit être transformée, raffinée, re-transportée sous forme d'essence. Et ensuite 20% de cette énergie est transformée en mouvement de la voiture (contre 80% avec un moteur électrique…. La seule chose qui compte c'est que le TRE soit supérieur à 1 (plus d'énergie utilisable que d'énergie investie). Quand on parle de dépendance aux énergies fossiles, ne sont pas les causes du développement mais les outils qui ont été sélectionnés parmi d'autres. Il ne faut pas essentialiser notre histoire. Si on peut applaudir à cette remarque, on peut se demander pourquoi l'auteur ne voit pas que la même critique s'applique à l'argent qui est encore plus essentialisé, naturalisé, fétichisé au point de rendre cette "convention sociale" totalement incontournable, aussi nécessaire à une civilisation moderne que l'air pour respirer, l'eau potable pour survivre au-delà de quelques jours, de nourriture au-delà de quelques mois… L'auteur conclue ce passage en déclarant: si la lutte contre le dérèglement climatique nous impose de nous passer des énergies fossiles, ne risque-t-on pas une dégringolade du PIB ou de voir revenir les affres de la crise de l'offre? Et il conclue très logiquement que pour éviter une crise économique, il nous faut entretenir en bon état notre parc de machines et continuer d'extraire suffisamment d'énergie de l'environnement pour les faire fonctionner. En somme, la conscience d'un risque d'effondrement environnemental dû à une consommation excessive d'énergie carbonée n'entraînerait pas une réduction drastique de l'offre et de la demande, et encore moins une sortie du système monétaire…
p.166: …réchauffement climatique rapide rime avec extinction de masse sur terre et dans les océans. La question est donc: à quel point notre civilisation dépend-elle des écosystèmes naturels. … Il faut se mettre à brûler beaucoup moins de pétrole de charbon et de gaz afin de se placer sur une trajectoire où ces sources d'énergie sont inutilisées en 2100. Sachant que ces trois énergies représentent 85% du carburant de nos machines, le défi est de taille. Il faut donc transiter vers des ressources renouvelables (qui n'empêchent pas les générations futures d'y avoir accès). L'auteur en est encore à la perspective de 2100, quand de plus en plus de monde rapproche cette échéance entre 2030-2040. On peut légitimement se demander si c'est une réaction d'optimiste invétéré où si la conscience du bouleversement que cela induit sur le mode de gestion de l'économie ne lui fait pas reculer l'échéance le plus loin possible faute de réelle solution….
p.168: La question du nucléaire: L'uranium 235 représente moins de 1% de l'uranium disponible sur terre (réserve estimée à 100ans maxi ou 15 ans si le nucléaire remplaçait le gaz et le charbon). Les surgénérateurs utilisent du thorium 232 (phénix et superphénix) bien moins rare que l'uranium.
Reste le problème des déchets radioactifs et des risques d'accident sur les centrales (Tchernobyl, Fukushima)… La fusion nucléaire est plus sûre, moins polluante, économique, mais pas encore au point. En revanche, une énergie quasi gratuite et abondante peut paraître la solution, mais lève toutes les limites énergétiques et pourrait être la véritable catastrophe à l'avenir. Sans une réforme profonde du système de production/consommation, les dégâts environnementaux serait rapidement décuplés. La fusion froide est le pire danger dans une société capitaliste (position d'Aurélien Barrau) mais pourrait devenir une solution dans un monde enfin postmonétaire, puisque la logique de croissance et de profit disparaîtrait. C'est un argument rarement évoqué en faveur d'une abolition du système marchand, et pourtant il illustre bien l'impasse dans laquelle nous sommes engagés depuis trois millénaires!
p.170: Lutte contre le réchauffement climatique: Depuis 2000, les émissions de GES ont augmenté de 50% dans le monde. Elles ont fortement baissé dans les pays riches (-0,85 par an en moyenne) mais elles ont augmenté dans les pays en voie de développement. … Ne pas confondre sobriété d'usage et décroissance. Les enjeux de sobriété et de décroissance sont une manière de pousser la société à enfin agir de manière concrète pour réduire les inégalités. … Le soi=uci, c'est que cette approche perd pied si la science nous apprend un jour que l'on peut "sauver le climat" sans que les plus riches aient à modifier leur façon de vivre…
p.176: Le grand remplacement: remplacer un milliard d'automobiles, 50 000 navires marchands, 39 000 avions de ligne et 3,5millions de poids lourds, c'est titanesque… Mais électrifier les véhicules, c'est un gain d'efficacité de 40% sans changer les usages. On aurait besoin de 4 fois moins de TWh d'électricité que de TWh de pétrole.
Cependant, il y a toujours un effet rebond: Si on réduit les émissions de GES, ne va-t-on pas consommer plus et en revenir au même résultat?... A long terme, notre système économique n'est-il pas voué à l'échec? A court terme, la transition énergétique va nécessiter le remplacement de toutes les infrastructures productrices/consommatrices d'énergie (béton, acier, métaux rares…). Notre planète est-elle apte à fournir tout cela?... On manque déjà de cuivre, de lithium de silicium, de terres rares, et on prévoit une augmentation de la demande de 0,9 à 1,3% par an…
p.183: Les limites planétaires: Le graph de Johan Rockström fait apparaître 9 limites à ne pas franchir alors que 6 ont été déjà franchies: Température moyenne, intégrité de la biosphère, cycle du phosphore et de l'azote, changement d'usage de sols, consommation d'eau douce, acidification des océans , diminution de l'ozone atmosphérique, charge en aérosols atmosphérique, introduction d'entités nouvelles dans l'environnement… Il est évident que la croissance du PIB n'est pas un bon objectif à long terme. Mais le pire danger est celui du réchauffement climatique… L'auteur est là intoxiqué par l'usage abusif du réchauffement qui sert essentiellement à cacher la plupart des autres risques. D'autres surprises nous attendent, comme cela a été le cas avec la fonte du permafrost et de ses conséquences, chose qui a été longtemps oubliée par les scientifiques et le reste encore quant aux risques sanitaires (virus qui se réveillent après quelques millénaires de congélation par exemple). On peut aussi penser à l'extinction des insectes pollinisateurs qui risque de mettre à bas une grande part de l'agriculture…
p.187: Pourquoi les crises de la demande? Les deux grandes crises de 1930 et 2008 sont des crises de la demande. Elles démarrent par la formation d'une bulle spéculative. La situation économique est stable, favorable à la croissance. Phase 1: Les banques font confiance aux agents économiques et accordent des prêts sans précaution, sans distinguer les projets productifs (qui créent de la richesse) et les projets spéculatifs (qui ne servent qu'à tirer profit de richesses existantes). Les acheteurs sont alors plus nombreux que les demandeurs et les prix montent. Les spéculateurs y gagnent, les banques touchent des intérêts. Tant que le nombre des joueurs voulant acheter est supérieur au nombre de joueurs voulant vendre, les prix montent. Les bénéfices des sortants sont compensés par les crédits des entrants. Phase 2: La bulle éclate. Les spéculateurs sont de plus en plus nombreux car les prix montent. Les plus modérés vont commencer à cesser d'acheter comprenant que les taux des crédits augmentent proportionnellement au prix et les banques rallongent les crédits à 20, 30, 40 ans! Mais le gisement de nouveaux entrants se tarie et la bulle ne tient que par la l'entrée de nouveaux spéculateurs type Ponzi qui prennent un crédit non pour acquérir un bien mais pour rembourser les prêts précédents. Les prix se mettant à baisser, les acheteurs attendent pour acheter que les prix soient au plus bas, ce qui fait encore baisser les prix. Les vendeurs se multiplient, les acheteurs se raréfient et les prix baissent encore plus. Les spéculateurs font faillite et ne remboursent pas les banques. Elles arrêtent d'accorder des crédits. L'heure n'est plus aux dépenses et aux investissements. La confiance des agents économiques privés (entreprises et particuliers) s'effondre.
p.194: Le problème n'est pas la dette ni son remboursement, le problème c'est ma production de richesses réelles qui doit repartir. La véritable cause d'une crise n'est pas la dette, c'est son utilisation spéculative plutôt que productive. Il n'est pas fou de penser que la mise en exergue du "problème de la dette" sensée hypothéquer l'avenir de la génération suivante n'est qu'un trompe l'œil pour cacher le fait que la dette n'est pas une perte pour tout le monde. Les plus riches s'enrichissent encore et les spéculateurs sont euphoriques… On pourrait traduire ça en métaphore, la dépression des uns fait la santé des autres, "vice" et versa!...
En outre, quand les inégalités se creusent et que les plus aisés ne savent plus quoi s'offrir, ils investissent sur les marchés financiers. Mais il n'y a que l'État et les entrepreneurs qui puisse faire rentrer cet argent dans l'économie réelle et ce n'est jamais gagné quand les consommateurs sont en difficultés… C'est donc bien pour cela que la crise de la demande est déclenchée par la spéculation ou par l'augmentation des inégalités (voire les deux en même temps).
p.196: L'austérité, c'est le premier réflexe des politiques en temps de crise. Et pourtant, cela n'a aucun sens. C'est même largement démontré à l'expérience, aucun gouvernement n'a réussi à relancer l'économie après une crise financière par l'austérité. Le mythe de l'austérité, couplé avec celui de l'économie autorégulatrice, est tout autant intégré par les grands industriels qui au lieu d'investir pour relancer l'économie, deviennent frileux. La réduction du déficit public en Grèce en 2010 n'a pas du tout été compensée par une augmentation de l'endettement des entreprises ou des particuliers , ce qui a plongé le pays dans un marasme économique colossal (Super pointus les modèles économiques du moment!…). Le problème est que chacun raisonne au niveau micro (même si ce micro est relatif à une multinationale) quand il faut penser macroéconomie (donc a minima au niveau d'une nation). Il semble que les agents économiques à la tête des grandes industries n'ont pas encore compris que le déficit de l'un (en l'occurrence ici l'État) correspond toujours aux bénéfices d'un autre (l'entrepreneur qui investit)
p.198: La peur de l'inflation: A quoi bon que les revenus augmentent de 5% si les prix augmentent d'autant? La plupart des économistes nous disent que cela entraîne une spirale inflationniste. Or, si c'était vrai, toutes les banques de dépôt qui créent de l'argent en permanence via le crédit devrait toutes être en faillite, ce qui n'est pas encore le cas. Cette histoire de prix qui évoluent en corrélation avec la masse monétaire n'a de sens que dans des modèles ultra simplificateurs. En réalité, on n'a jamais constaté aucun lien de cause à effet direct et simple entre l'évolution de la masse monétaire et l'évolution des prix. Voir le chapitre suivant pour l'explication…
p.203: Inflation, mythe ou réalité: Depuis 2021, la situation a changé: l'inflation est de retour dans le monde entier. France: 2,75% en 2021, 5,85% en 2022, 4,9% en 2023. L'inflation provoque la diminution de la valeur de l'épargne. L'inflation réduit le pouvoir d'achat des épargnants qui ne savent pas s'en protéger. Le meilleur moyen de s'en protéger est d'investir dans l'immobilier ou dans les produits financiers qui prennent de la valeur. En revanche, la hausse de l'immobilier appauvrit les locataires et les produits financiers ne concernent que ceux qui ont une épargne suffisante. Donc les écarts se creusent entre les gagnants (les plus riches) et les perdants (les plus pauvres).
La redistribution du pouvoir d'achat est activée par l'inflation. Les entreprises ayant besoin de plus de liquidité, elles favorisent les actionnaires sans augmenter les salaires. Les retraites ne suivent jamais totalement l'inflation. Dans les deux cas, les rapports de force ne sont favorables ni aux salariés ni aux retraités. Depuis 1980, le néolibéralisme a totalement brisé la représentation syndicale et le gouvernement français se moque royalement des 80% des retraités hostiles à la réforme des retraites. Les deux sont impuissants. Les Banques centrales pensent qu'en cas d'inflation, le revenus des travailleurs (et des retraités) doivent être limités sous peine d'entretenir l'inflation. Les gouvernements sacrifient volontiers le pouvoir d'achat des travailleurs sur l'autel du maintient des marges des entreprises.
En plus l'inflation c'est une moyenne. Tous les prix n'augmentent pas dans une même proportion. Si on fait le calcul du pouvoir d'achat en fonction des types de dépenses obligées (nourriture, essence, logement, chauffage…) rapportées au pourcentages qu'elles représentent dans leur budget global, une inflation moyenne de 5% peut varier de 2 à 15% selon les individus. Exemple: sur un revenu de 2000€/mois, vous dépensez 140€ (7% du budget). Si le carburant double, ce budget monte à 280€. Les salaires n'augmentant pas, les statistiques de l'INSEE annonce une perte de 4% du pouvoir d'achat qui ne correspond pas à votre budget réel.
p.207: Le vrai danger de l'inflation: La répartition du pouvoir d'achat par la variation non homogène des prix est un phénomène constant. L'inflation est donc à craindre quand elle est très variable et imprévisible et si elle a tendance à augmenter d'une année sur l'autre. La première crainte rend la vie économique plus compliquée, la deuxième menace de nous amener vers l'hyperinflation qui, elle, est ingérable.
Une fois lancé le cercle devient vicieux: les dépenses diminuent, les revenus aussi. Les carnets de commande des entreprises sont moins remplis et l'entreprise licencie. Les licenciements font encore baisser les dépenses des consommateurs chômeurs ce qui vide encore les carnets de commandes. L'État perd une part de ses revenus issus de la TVA et des impôts sur les sociétés et les dépenses de chômage augmentent. Tout cela sans que la capacité productive soit réduite. En résumé, l'interprétation de l'inflation sous l'angle du manque d'offre ou de l'excès de demande a donc une dimension absolument politique: doit-on résoudre le problème de la hausse des prix par la diminution de la demande ou par l'augmentation de l'offre?...
Une autre source d'inflation vient de la hausse conjoncturelle des coûts d'approvisionnement en énergie (voir gaz russe) dont personne ne peut se passer, surtout pas les grandes entreprises qui en ont beaucoup besoin. C'est l'explication la plus en vogue depuis 2023… Mais comme les grandes entreprises cherchent les marges les plus hautes on a vu apparaître le terme de greedflation qu'on pourrait traduire par enflavidité! Les entreprise à ce jeu sont généralement gagnantes car l'effet volume est compensé par l'effet prix: si elles perdent 3% de leurs clients mais augmentent leurs prix de 5% les marges augmentent encore.
La déflation: C'est une inflation à l'envers. Les prix baissent au lieu d'augmenter. Si c'est une bonne nouvelle individuellement pour le consommateur, c'est une catastrophe parce que les gens en majorité vont retarder leurs achats pour les avoir à plus bas prix. C'est le cas du Japon qui est en déflation depuis 1991 avec un PIB quasi inexistant (0,45% par an en moyenne). La déflation accentue le poids de la dette sur les agents économiques (si les prix baisse, les remboursements d'emprunts restent constants et sont donc une charge plus lourde en proportion des revenus qui stagnent ou baissent). Les risques des prêteurs sont beaucoup plus grands en cas de déflation qu'en cas d'inflation. Un peu d'inflation rapporte, un peu de déflation nuit…
p.222: L'hyperinflation: L'exemple type c'est celui de la République de Weimar en 1923. Un bien valant 1 reichsmark en juillet 1941 en coûtait 36,7 en janvier 1922, 2 785 en janvier 2023 et 726 milliards en novembre 2023 (taux d'inflation de 26 mds%). Cette hyperinflation est généralement expliquée par une situation inhabituelle: La défaite allemande en 1918 coûte au pays des fortunes en réparation et l'État est interdit par les alliés d'injecter de l'argent dans son économie. Toutes les petites banques de dépôt ont eu la possibilité de faire des crédits dont l'argent était simplement imprimé par la banque centrale à hauteur des prêts accordés. L'État étant défaillant, les banques de dépôts étaient cependant en risque permanent de non remboursement de leurs prêts et donc de faillite. Les prêts étant essentiellement accordés aux entreprises et le pays étant dévasté, beaucoup de choses devaient être importées de l'étranger à un coût exorbitant, vu la valeur de la monnaie allemande… Hyperinflation =>petits épargnants ruinés =>baisse des dépenses des particuliers et des entreprises =>rigueur budgétaire de l'État => hyperinflation en hausse… Ce que l'auteur n'explique pas, c'est le rôle de la Conférence de Londres, du 23.02.au 06.03 puis du 20.04 au 07.06.1948, où les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg pour définir les modalités de redressement économique de l'Allemagne dans l'intérêt de l'ensemble européen (essentiellement une annulation de la dette de guerre). On dit souvent que l'acharnement des Allemands à limiter drastiquement tout mouvement inflationniste vient de ce drame, du traumatisme de 1923, en revanche, l'annulation de leur dette de guerre ne les a pas empêchés de crier haut et fort qu'une dette ne pouvait s'annuler et que seule l'austérité pouvait sauver la Grèce. Les Allemand s ont une mémoire économique sélective! Pour les Postmonétaire qui (pour certains) ne croient pas à une possible hyperinflation mondiale, c'est aussi oublié que la dette Allemande de 1923 a été annulée par un ensemble d'États et une organisation politique internationale dans le cadre de la guerre froide. La même situation se reproduisant au niveau d'un grand pays (Chine, Europe, USA…) se répercutant au niveau mondial (puisque l'économie s'est globalisée) serait totalement insoluble dans le cadre monétaire tel qu'il est devenu aujourd'hui.
p.226: Le cas du Venezuela: Ce pays ne vit que de ses ressources en pétrole. L'essentiel est importé. Or la production de pétrole a diminué de 45% entre 2011 et 2019 (politique de l'OPEP, influence des USA, infrastructures d'extraction vieillissantes, les avis sont très partagés…) et le baril est passé de 125 à 71 dollars (soit une baisse de 42%). La faillite du gouvernement est une affaire de prix et de production du pétrole. La situation d'hyperinflation au Venezuela est le résultat d'une pénurie de richesse importée elle-même provoquée par une baisse du prix du produit exporté en masse. Le même phénomène peut se produire sur toute la planète, par exemple avec une pénurie de cuivre (absolument essentiel dans tout ce qui est électrique). Or le Chili et le Pérou produisent à eux seuls 33,6% de la production mondiale, la demande mondiale devrait croître de 50% d'ici 2040 (soit 50 millions de tonnes). Dès 2035 le déficit mondial devrait atteindre 10 millions de tonnes. Or, le cuivre est partout, du grill pain à la centrale nucléaire en passant par l'armement et la plomberie. Le prix du cuivre va devenir extrême! On peut imaginer les conséquences financières, technologiques, industrielles et environnementales puisque l'extraction du cuivre sera d'autant plus polluante que le minerai sera en faible proportion… Ressortirons-nous les mêmes justifications que pour le Venezuela (politique de gauche de Chavez et Maduro, spéculation des financiers américains, mauvaise gestion des infrastructures…)?...
p.227: La stagflation des années 1970: Le problème se corse avec le chômage qui augmente en même temps que l'inflation (stagflation) et les politiques passent du modèle Keynes au modèle Friedman qui devient la norme…
En réalité, l'inflation et les ralentissements économiques (chômage compris) s'expliquent par la rareté des matières premières notamment quand elles sont aussi utilisées que le pétrole (qui est passé de 2,80$ en 1973 à 10$ en 1979.
p.235: A la fin des 30 glorieuses, un rapport des forces s'est établi entre les actionnaires capables d'augmenter les prix et les travailleurs capables de faire pression pour obtenir plus de salaire. La création monétaire n'est en rien la cause de l'inflation.
L'inflation mange les intérêts et les hausses de salaire mangent les marges qui forment les dividendes des actionnaires. Découragés, les capitalistes décident de moins financer les dépenses, ce qui provoque un ralentissement économique et donc du chômage, alors même que l'inflation reste élevée.
p.238: La crise post-covid: La choc initial est énergétique. Le prix du baril de pétrole s'effondre (de 60$ à 20$ et la consommation est très faible (confinement). En 2022, la consommation de pétrole repart, les prix augmentent (115$), l'inflation par les coûts du transport et des dentées agricoles s'installe. Les consommateurs coincés chez eux reportent leurs achats. La guerre en Ukraine nous prive du gaz russe et les prix explosent dans l'été 2022: Le MWh passe de 35€ à 300€ (+33%) !
Les études empiriques montrent un mélange d'infl-avidité et de difficultés d'approvisionnement ou de production.
p.239: Comment sortir de l'inflation systémique: Par la mécanique des taux directeurs: les variations des taux directeurs décidés par les banques centrales se transmettent à tous les taux d'intérêts de l'économie (le taux de la BC américaine est passé de 0.7% en janvier 2022 à 5.3% en septembre 2023). Le système se stabilise autour de 2% d'inflation: au dessus c'est la surchauffe, en dessous c'est la sous-chauffe!
p.244 Théorie et réalité: le grand écart: Pendant plus de 20 ans (1985-2008) tout se passe comme si l'économie était domptée: cette période est perçue comme "la grande modération" et coïncide avec le sentiment de toute puissance des économistes. Sauf que la crise de 2008 vient tout chambouler alors que l'économie était bien réglée sur 2% d'inflation. Malgré des taux d'intérêts à 0% la mécanique semble cassée. Faut-il revoir la théorie?.... Sommes nous certains que l'objectif d'inflation stable à 2% par an soit le bon? Le rôle des banques centrales n'est-il pas une relique du passé?... Que voulons-nous faire de nos banques centrales?....Y a-t-il un autre moyen que de briser les reins des travailleurs et d'économiser sur les dépenses publiques?... La solution semblerait être dans la ré-industrialisation et de redistribuer la richesse.
Pour ce faire il faudrait revoir la répartition de tous les prix: exp. 1€ d'essence = 0,60 de taxes, 0,25 au producteur, 0,08 à la chaine de distribution, 0,07 au raffinage (Total)… Rappelons que tous les pays avaient des systèmes de régulation des prix avant l'invasion du néolibéralisme. C'est donc possible politiquement (voir David Cayla, Déclin et chute du néolibéralisme, 2022), mais les économistes qui défendent cette idée sont considérés comme "hétérodoxes" donc "communistes"… Il n'y a pas lieu d'être optimiste…
Rien n'a changé depuis l'époque du "distributisme" préconisé par Jacques Duboin dans son livre L'économie distributive s'impose (1950). C'était déjà la thèse énoncée par Pierre de Jean Olivi dans son Traité des contrats en 1293! Si une idée traverse 731 ans, étant mille fois répétée, et n'émergeant pas, c'est que la question n'est pas de soigner le système qui l'encadre mais d'en sortir du système et de le remplacer par autre chose. Si le capitalisme souffre d'une maladie, elle est à l'évidence chronique, et de ce fait, il est vain de tenter de le guérir. Il faut arriver à la page 253 pour réaliser que l'économiste, vidéaste et auteur de ce livre persiste comme la grande majorité de ses confrères dans les soins palliatifs, pour ne pas dire dans l'acharnement thérapeutique!
Le pronostique vital est engagé pour le capitalisme malade et ses médecins économistes sont en état de mort cérébrale, sans aucun signe permettant d'espérer un réveil quelconque. Il est temps de débrancher le patient et de licencier Ploutos!
Si les historiens s'accordent à dire que le système monétaire est apparu en Mésopotamie puis dans la civilisation minoenne vers 750 avant J.-C., le patient a 2 874 ans, ce qui est un âge tout à fait respectable. On peut considérer que toutes les options thérapeutiques ont été tentées sans résultat et qu'il n'y a plus aucune raison de s'entêter, au risque d'aboutir à une extinction de masse de toute espèce vivante…