« Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». (Emmanuel Macron)
Voilà un des plus bel exemple de solution absurde, iréalisable, grotesque jusqu'à en être à vomir, qui découle tout simplement d'une question mal posée. C'est d'abord une injonction pondue dans une circonstance très particulière, la crise Covid en 2021, pendant laquelle les seules personnes exemptes de confinement étaient ces travailleurs.euses de la "seconde ligne". Cela fait des décennies que ces personnes sont indispensables et mal rémunérées. Il faut croire que les politiques n'ont pas les yeux en face des trous! Combien y a-t-il de patrons susceptibles de bien les rémunérer? Aucun! Même les femmes de ménage de l'Assemblée Nationale et du Sénat sont méprisées et mal payées. Il faut croire que nos élus sont tous des esclavagistes à part Ruffin, le seul qui s'en soit inquiété! Les horaires de ces personnes sont souvent hachés, hors des temps habituels de travail, contraintes de faire parfois deux aller-retours dans une même journée, très tôt le matin et très tard le soir. Quel est le syndicat qui c'est occupé des Conventions Collectves des femmes de ménage, des éboueurs, des aides à domicile?... Comment se fait-il que ces malheureux.euses subissent de telles conditions de travail pour seulement survivre et que depuis des décennies personne ne s'en soit aperçu? Qui a pensé que c'était la logique marchande et le système monétaire qui étaient à l'oeuvre? Pas d'argent sans profit, pas de profits sans exploitation, pas d'exploitation possible des travailleurs de la "seconde ligne" s'il n'y avait pas de profits à réaliser pour exister. Voilà la seule question qui vaille: comment sortir du piège salarial?... Faute de poser la bonne question, il n'y a pas de bonne solution!
Les français mal logés, payant pourtant des loyers conséquents pour des passoires thermiques, insalubres et souvent exigües sont 5,5 millions et 300 000 personne sont SDF (chiffre approximatif car beaucoup passent à côté des radars). C'est que nous dit le 28ème rapport sur l'état du mal logement de 2022! Question: Combien de rapports de ce type seront encore produits par le gouvernement avant qu'il comprenne d'où vient le problème. Qui a pensé à chercher combien de logement sont vacants en France, combien de bâtiments appartenant à l'Etat seraient aménageables en logements à peu de frais? Combien de résidences secondaires ne sont occupées que quelques semaines par an? Qui osera dire qu'il n'y a aucun problème de logement, mais juste un problème de propriété privée qui empêchent les gens d'occuper les logements vides? Et d'où vient cette folle idée de propriété privée inscrite dans la Constitution, alors que la réquisition est prévue par la loi DALO (Droit d'Accès au Logement Opposable, loi 2007-290 du 5 mars 2007) qui l'autorise en cas de nécessité. Même les préfets font semblant d'ignorer cette loi. S'il y a de l'argent, la propriété est incontournable. Mais qui a décrété que ceux qui ont de l'argent peuvent s'approprier plus de biens que de besoins, quitte à en priver d'autres, sinon les bourgeois de 1789 qui rêvaient des privilèges réservés aux nobles! L'argent crée des situation immorales, iniques, en contradiction avec le bon sens et les fondements même de la République! Tant que l'on n'aura pas posé la question en ces termes, il n'y aura pas de solution!
Parfois, ce sujet de débat fleure bon le comique. Quand un ministre de l'Éducation Nationale fait mine de regretter que les élèves soient devenus ingérables, jusqu'à quel point se moque-t-il du monde? A-t-il découvert le drame seulement après la nomination à ce poste de ministre? Savait-il qu'un de ses prédécesseurs tenait le même discours il y a la bagatelle de 2 745 ans?...
« Je n'ai plus aucun espoir pour l'avenir de notre pays si la jeunesse d'aujourd'hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible…» (Hésiode, poète grec, 720 av. J.-C.). Quand un problème se répète si longtemps, c'est que la question est mal posée. Il parait évident qu'après plus de deux millénaires de dégradation constante, et sachant que les vieux croutons ont été jeunes en d'autres temps et que ce sont eux qui ont formé les jeunes d'aujourd'hui, Monsieur le ministre devrait relire ses classiques et chercher quelle erreur sa génération a commise. Quant au niveau scolaire, Socrate se plaignait de ses étudiants incultes et tyraniques 400 ans av. J.-C.! Au mieux on pense que l'enseignement est mal fait :
- "De mon temps on savait les départements par coeur, on ne faisait pas trois fautes à chaque ligne, on savait compyer de tête, Monsieur!"
- "C'est vrai monsieur, mais si vous passiez le bac aujourd'hui, vous seriez immédiatement disqualifié, en mathématique, sciences de la terre, biologie, méthode de recherche, etc.
Ces propos nous rappellent cependant que l'enseignement peut viser deux buts divergeants: fabriquer des têtes bien pleines ou des têtes bien faites. A voir la qualité de nos dirigeants et élites, il semblerait que depuis l'antiquité les connaissances s'acquièrent à l'école, l'intelligence par hasard. Et si la concurrence induite par l'argent avait induit une crainte maladive des têtes bien faites? Les moindres pouvoirs sont toujours inquiets d'avoir à faire face à une intelligence. Dans ma jeunesse, les enfants ne parlaient pas à table, droit réservé aux adultes. Leurs questions ou commentaires étaient toujours considérés comme des prétentions insupportables. Contrairement à ce qui se dit, les enfants aujourd'hui sont plus intelligents, plus réfléchis que nous l'étions. Ils ont des idées à défendre, des droits à faire respecter, des critiques qui souvent font mouche. Qu'est-ce que cela donnera quand il n'y aura plus d'argent et que les usagers pourront, dès l'enfance, reprendre la maîrise de leurs usages!...
Une autre façon de se priver de solution consiste à cantonner la question à un domaine bien circonscrit. Les inégalités sociales sont devenues indécentes entre les 99,9% et le 0,01% restant qui cumule la moitié des richesse des premiers. Voilà une bonne question mais qui reste totalement inutile tant elle est biaisée. Il faut faire payer les riches, il faut redistribuer les richesses, il faut, y'a qu'à... Voilà plus de deux mille ans que c'est le cas, et la seule chose qui ait changé, c'est la vitesse d'enrichissement des riches et la difficulté de s'enrichir pour les plus pauvres. Crésus est resté célèbre pour avoir été doté d'une rivière orifère, le "Pactole". Elon Musk gagne en trois secondes ce qu'un ouvrier gagne en un an. Si entre les deux époques des personnages on n'a pas trouvé de solution politique au problème ainsi posé, ce n'est pas la faute des milliardaires. Il nous faut penser autrement. L'eau mouille et nous n'y pouvons rien. L'argent se condense mécaniquement et fabrique des très riches et des très pauvre et nous n'y pouvons rien. Moralité, il y aura toujours des Crésus dans leurs palais et des Diogène dans leurs tonneaux... Sauf à se poser la bonne question, comment abolir l'argent, comment gérer la maison-terre, avoir une saine économie, sinon en inventant une économie a-monétaire? Au nom de quoi une convention sociale serait-elle impossible à changer? Est-ce une question technique ou une question purement mentale? Sommes-nous par trop remplis de dogmes économiques appris dès l'école pour pouvoir désobéir à l'argent? Les postmonétaires ont fait leur choix, faites le vôtre en vous posant les bonnes questions...
Bonnes réponses aux mauvaises questions!...